*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
OCTOBRE 2022// 10^e édition
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/Un condensé mensuel des dernières publications s//cientifiques//sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
·L'impact des programmes de soutien sur les choix de parcours universitaires
·La hausse des frais de scolarité et la progressivité des université
américaines
·Les examens d'admissions standardisés et l'égalité des chances
·L'impact de l'arrivée des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires
Bonjour à tous.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
*Comment aider les étudiants du secondaire à choisir leur parcours
universitaire?
*
Le choix entre l’inscription à un programme universitaire et le
placement sur le marché du travail fait l’objet de nombreux travaux. On
se questionne notamment à savoir pourquoi, à compétences égales, les
étudiants provenant d’une famille aisée choisissent de suivre un
parcours universitaire dans une plus grande proportion que les étudiants
d’autres familles. L’étude de Ballarino et coll. (2022) tente d’évaluer
ces décisions à la lumière des informations qu’ils reçoivent face à
l’enseignement supérieur. Pour y arriver, les chercheurs élaborent une
expérience à assignation aléatoire où l’information sur les choix de
programmes universitaires varie entre le groupe test et le groupe contrôle.
L’expérience a pris place à travers 62 écoles secondaires en Italie, se
concentrant sur les étudiants finissants leur diplôme. Les étudiants du
groupe traitement ont été rencontrés par des conseillers d’orientation
afin de les informer sur les coûts, le processus de sélection
universitaire et les opportunités d’emploi des différents programmes
d’étude universitaire. Chaque étudiant des écoles du groupe traitement
ont eu droit à trois séances d’information de deux heures chacune. Le
groupe contrôle n’a bénéficié d’aucune rencontre. Les auteurs ont
ensuite étudié la décision des étudiants de s’inscrire à l’université ou
non, et dans quel domaine d’étude. Les domaines étaient catégorisés
comme « faible », « intermédiaire » et « fort » selon leur probabilité à
générer des mesures favorables sur un ensemble d’indicateurs liés au
marché du travail incluant le taux de chômage, le taux d’activité et la
stabilité des emplois.
La campagne d’information a eu deux effets principaux. D’abord, la
campagne d’information a mené à une réduction des inscriptions
universitaires. Cet effet est particulièrement important chez les hommes
venant de familles moins éduquées ayant été exposé à l’intervention
alors qu’ils se sont inscrits à l’université dans une proportion qui est
de 5,5% inférieure. Il s’agit d’un résultat surprenant qui contredit les
recherches précédentes. Les auteurs attribuent ce résultat à la
structure du marché du travail italien où la présence de petites
entreprises à faible valeur ajoutée est plus grande qu’ailleurs.
Ensuite, parmi les étudiants s’étant inscrits à l’université, les
données montrent que l’intervention a mené à une augmentation des
inscriptions dans des domaines d’étude ayant une plus grand retour
salarial. Cet effet est particulièrement observable chez les femmes
provenant d’un milieu familial éduqué. Pour cette catégorie, le
traitement a mené à une augmentation des inscriptions dans les domaines
« intermédiaires » (+7,1%) tout en baissant les inscriptions dans les
domaines « faibles » (-4,6%). Ce résultat est quant à lui aligné avec
les précédentes études sur la question.
Les auteurs concluent que l’offre d’information sur les effets de
l’enseignement supérieur aux élèves du secondaire peut avoir des effets
permanents sur certains sous-groupes d’individus. Ces effets sont
toutefois modérés et pourraient ne pas s’aligner avec l’objectif de
politique publique d’augmentation de la participation à l’enseignement
supérieur, ou encore de mobilité sociale.
_Pour en savoir plus: _
Ballarino, G., Filippin, A., Abbiati, G., Argentin, G., Barone, C. et
Schizzerotto, A. (2022). The Effects of an Information Campaign beyond
University Enrolment: A Large-scale Field Experiment on the Choices of
High School Students. /Economics of Education Review/, 91, 102308.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102308
*Les hausses des frais de scolarité rendent-elles le système éducatif
moins progressif?
*
Aux États-Unis, les frais de scolarité universitaires ont augmenté
considérablement dans la dernière décennie, soulevant plusieurs débats
concernant l’accès à l’enseignement supérieur. Cook et Turner (2022)
contribuent à ce domaine d’étude en décrivant l’impact de la hausse des
frais entre 2012 et 2018 sur la progressivité des prix à l’enseignement
supérieur.
Lorsqu’on discute des prix de l’enseignement supérieur, une grande
attention est portée uniquement sur les frais de scolarités. Toutefois,
rappellent Cook et Turner (2022), une analyse complète doit aussi
comprendre les subventions que reçoivent les étudiants. En ce sens, le
fardeau fiscal des étudiants est déterminé par les frais de scolarité
nets, c’est-à-dire frais de scolarité moins les subventions, comme les
bourses d’études. De fait, le gouvernement fédéral a transféré près de
29 milliards $ US aux étudiants en 2019 à travers son programme de Pell
Grants et les états ont transféré près de 11,9 milliards $ US.
Les auteurs utilisent des données tirées du National Center for
Education Statistics (NCES) sur les frais et subventions aux étudiants
de 1987 à 2018, en portant une attention particulière à la période
2012-2018. L’approche empirique des auteurs repose sur une estimation
des frais de scolarité nets à l’aide d’une régression à moindre carrée
ordinaire où la variable indépendante est les frais de scolarité et la
variable dépendante est les frais de scolarité nets. Pour décrire la
progressivité des frais de scolarité, les auteurs observent comment les
coefficients de corrélation varient selon cinq catégories de revenus des
familles des étudiants (0-30k, 30k-48k, 48-k-75k, 75k-110k, et 110k+).
Les résultats obtenus par les auteurs montrent qu’il existe une certaine
progressivité dans le système des prix universitaire, en particulier
dans les établissements ayant une forte proportion d’activité de
recherche. Par exemple, dans les établissements les plus intensifs au
niveau de la recherche (qualifiés R1), les frais de scolarité nets des
étudiants les moins bien nantis augmentent de 0,30$ US par dollar
supplémentaire de frais de scolarité alors que ceux des étudiants les
mieux nantis augmentent de 0,73 $US par dollar supplémentaire de frais
de scolarité. Toutefois, cette progressivité tend à se dissiper dans les
établissements axés sur l’enseignement comme les collèges communautaires
(community colleges).
En regardant spécifiquement la période 2012-2018, les auteurs observent
que les frais de scolarité nets payés par les étudiants des familles
moins favorisées (revenu de moins de 110 000$) ont baissé dans tous les
types d’établissements. Parallèlement, ceux pour les étudiants provenant
des familles dans le premier échelon (plus de 110 000$) ont augmenté
dans les établissements de recherche R2 et les établissements sans
recherche.
Les auteurs concluent que la hausse des frais de scolarité observée dans
la dernière décennie n’a pas diminué la progressivité de la tarification
et l’a, au contraire, potentiellement améliorée en termes de frais de
scolarité nets. Ils soulignent toutefois que les universités
communiquent mal l’accessibilité des programmes de bourses aux étudiants
potentiels.
_Pour en savoir plus: _
Cook, E. E. et Turner, S. (2022). Progressivity of Pricing at US Public
Universities. /Economics of Education Review/, 88, 102239.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102239
*Les examens standardisés d’admission ont-ils un impact sur l’égalité
des chances?
*
Rosinger et coll. (2022) évaluent l’impact des admissions de candidats
en droit sur la base du Graduate Record Examination plutôt que sur la
base du Law school admission test. Ils évaluent comment ce changement
affecte la diversité et la sélectivité institutionnelle des facultés de
droit.
Pour identifier l’effet causal, les chercheurs emploient une méthode de
différence en différence. Les données étudiées par les auteurs
proviennent l’association du barreau américain (ABA) qui contient des
informations sur les admissions, inscriptions et pratiques d’aide
financière des facultés de droit. Les auteurs ont identifié un
échantillon de 57 facultés ayant procédé à une réforme des processus
d’admission entre 2016 et 2020. La variable indépendante de l’étude est
un indicateur dichotomique spécifiant si une faculté acceptait le test
GRE dans son processus d’admission ou non. Les variables dépendantes
sont le nombre d’étudiants de premières années étant noirs, hispaniques
ou autochtones (logarithmique), le nombre de candidats (logarithmique)
et le taux d’admission.
Les résultats obtenus par Rosinger et coll. (2022) montrent globalement
que l’intégration du test GRE dans les processus d’admission n’a eu
aucun effet statistiquement significatif sur la diversité des facultés
de droit. De plus, cette réforme a eu pour effet d’augmenter la
sélectivité des processus d’admission à cause de la hausse des
candidatures (de 6,6% à 9,5% selon les modèles) et de la baisse des taux
d’admission (de 2,4% à 2,9% selon les modèles).
Les auteurs concluent que l’effet des processus d’admission basés sur le
GRE sur la diversité et l’inclusion sont au mieux très faibles. À leurs
yeux il s’agit d’un changement qui n’offrent pas de solution à l’enjeu
égalité des chances.
_Pour en savoir plus:_
Rosinger, K. O., Ford, K. S., Posselt, J. et Choi, J. (2022). Exploring
the Impact of GRE-Accepting Admissions on Law School Diversity and
Selectivity. /The Review of Higher Education/, 46(1), 109‑144.
https://doi.org/10.1353/rhe.2022.0014
**
*Les diplômes de baccalauréat au niveau des collèges communautaires
peuvent-ils améliorer l’accès à l’enseignement supérieur?
*
Les collèges communautaires américains sont des institutions
d’enseignement supérieur offrant typiquement des certificats sur une
période d’étude de deux ans. Ces institutions ont été créées dans le but
d’élargir l’accès à l’enseignement supérieur tout en amélioration
l’adéquation entre enseignement et marché du travail. Pour améliorer ces
résultats, certains collèges communautaires ont commencé à offrir des
diplômes de baccalauréat d’une durée de quatre ans. Wright-Kim (2022)
examine l’effet des CCB (community colleges baccalaureate) sur
l’accessibilité de l’enseignement supérieur.
Pour réaliser l’étude, l’auteur établit une stratégie de différence en
différence pour identifier l’effet des CCB. L’échantillon utilisé est
composé de 702 collèges communautaires, dont 78 ayant mis en place des
CCB entre les années 1999 et 2019 et qui composeront le groupe
traitement. Wright-Kim a ensuite testé différents modèles pour une
grande variété de variables dépendantes telles que les inscriptions
totales, les inscriptions des personnes à faibles revenus et la
proportion des étudiants à faibles revenus.
Les résultats montrent un effet significatif de l’offre de CCB sur
l’inscription aux collèges communautaires. L’offre de CCB est associée à
une augmentation de 6% à 9,6% des inscriptions selon les modèles. Elle
s’accompagne aussi d’une augmentation de 11% à 16% d’étudiant en
équivalent temps plein selon les modèles. L’introduction des CCB semble
aussi avoir un impact important sur l’inscription des étudiants à faible
revenu. Celui augmente d’environ 15%.
À la lumière des résultats de son étude, Wright-Kim affirme que
l’introduction des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires leur permettraient de mieux remplir leur mission
d’accessibilité à l’enseignement supérieur. L’auteur recommande
d’ailleurs aux décideurs d’envisager d’augmenter l’offre de CCB dans les
collèges communautaires puisque cette pratique semble être en mesure
d’atteindre une multiplicité d’objectifs simultanément.
_Pour en savoir plus:_
Wright-Kim, J. (2022). The Impact of Offering Baccalaureate Degrees on
Institutional Enrollment in Community Colleges. /Community College
Review/, 00915521221125500. https://doi.org/10.1177/00915521221125500
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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