*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Juin 2024
27^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Le rôle des facteurs organisationnels sur l’écart
socio-économique des programmes d’échange étudiant
* L’influence du statut socioéconomique des parents et de la
performance académique sur la participation universitaire
* La différence entre les bourses et les prêts sur la
participation universitaire
* Le rôle de la métagouvernance dans la création de partenariats
villes-universités
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*Le rôle des facteurs organisationnels sur l’écart socio-économique des
programmes d’échange étudiant*
Si les recherches tendent à indiquer que la participation d’étudiants à
des programmes d’échanges internationaux est bénéfique pour leur
développement professionnel futur, les étudiants en difficulté tendent à
être significativement sous-représentés dans ce type de programme.
S’éloignant des études précédentes se concentrant sur les
caractéristiques individuelles de ces étudiants, Granato et Schnepf
(2024) s’intéressent à ce phénomène d’écart socio-économique du point de
vue du rôle joué par les caractéristiques organisationnelles et de
programme académique, dans une approche se voulant mésoscopique.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données
longitudinales de nature administrative et liée tant aux applications de
programmes d’échanges qu’à des données socio-économiques et académiques
pour la période allant de 2010-2011 à 2018-2019. L’échantillon final
comprend un total de 46 096 étudiants provenant de 102 programmes de
baccalauréat donnés à l’Université de Bologne, la deuxième plus grande
université d’Italie. Le programme d’échange considéré est celui
d’Erasmus, le plus important en Europe. Les chercheurs mesurent les
compétences académiques des étudiants par leurs notes aux examens finaux
du secondaire, et identifient les étudiants considérés comme «
désavantagés socio-économiquement » par le fait de n’avoir aucun parent
détenant un niveau d’éducation postsecondaire. Ils utilisent ensuite des
régressions logistiques (modèle logit) de premier niveau afin d’estimer
les liens existant entre les caractéristiques socio-économiques, la
mobilité et des caractéristiques individuelles.
Les résultats obtenus indiquent qu’en moyenne 90% de l’ensemble de
l’écart socio-économique chez les programmes d’échanges étudiants serait
lié au fait que les étudiants désavantagés ne postulent pas à ce genre
de programme ; alors que les étapes suivantes, d’admissibilité et de
financement, n’auraient qu’un impact marginal. Les chercheurs remarquent
que cette faible représentation des étudiants désavantagés est constante
à travers tous les programmes d’études. Cette situation est plus modérée
dans le cas des programmes de langues alors qu’elle est pire chez les
programmes de sciences, de technologies et de mathématiques. Selon les
résultats des auteurs, plus de 28% de la variation liée aux applications
s’expliquerait par des différences existant entre les programmes
universitaires ; ce qui leur fait dire que les caractéristiques des
programmes universitaires seraient au moins aussi importantes que les
caractéristiques individuelles dans l’explication de l’écart
socio-économique.
Les chercheurs notent que, pour réduire l’écart socio-économique, il
serait indiqué d’intégrer les échanges internationaux à même les cursus
universitaires. Les auteurs concluent en notant le besoin de recherches
supplémentaires qui tiendraient compte de la personnalité des étudiants
et de leur situation financière.
_Pour en savoir plus :_
Granato, S., et Schnepf, S. V. (2024). Why are lower socioeconomic
background students underrepresented in Erasmus? A focus on the
selection into mobility and degree course organization. /Studies in
Higher Education/, 1–15. https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2349963
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*L’influence du statut socioéconomique des parents et de la performance
académique sur la participation universitaire*
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La décision de s’inscrire à l’université dépend de nombreux facteurs.
Tomaszewski, Xiang et Kubler (2024) cherchent à comprendre comment le
statut socioéconomique (SSE) des parents affecte la participation
universitaire en Australie. Les auteurs examinent également l'impact de
la performance académique au niveau secondaire sur cette décision.
Cette étude utilise un échantillon de 21 772 étudiants de l’État du
Queensland, suivi de 2014 à 2018. Les SSE des étudiants sont classés en
quatre catégories, basées sur le type d’emploi et le niveau d’éducation
des parents. La performance académique est évaluée à l’aide du /National
Assessment Program-Literary and Numeracy/ (NAPLAN), un examen
standardisé que les étudiants au niveau secondaire doivent effectuer.
Les auteurs utilisent un modèle de régression logistique à plusieurs
niveaux pour estimer la probabilité qu’un individu accède à l’université
en fonction de son SSE, de sa performance académique, et de plusieurs
variables de contrôle. Les résultats indiquent que, à performance
académique égale, les étudiants issus de milieux socioéconomiques bas
ont moins de chances d’aller à l’université comparativement à ceux de la
classe la plus élevée. Toutefois, l’écart de probabilité de
participation varie en fonction du niveau de réussite scolaire. La
différence entre les SSE est particulièrement marquée pour les étudiants
ayant une performance académique moyenne : l’écart s’élève à environ 10%
de moins de chances pour les étudiants de niveau socioéconomique bas par
rapport aux plus élevés, contre un écart de 5% pour les étudiants les
moins performants. Pour les étudiants réussissant très bien, aucune
différence entre les SSE n’est constatée. Par ailleurs, le niveau
d’éducation des parents s’avère être un déterminant plus significatif de
la participation universitaire que le type d’emploi des parents.
_Pour en savoir plus : _
Tomaszewski, W., Xiang, N., et Kubler, M. (2024). Socio-economic status,
school performance, and university participation: evidence from linked
administrative and survey data from Australia. /Higher Education/, 1-22.
https://doi.org/10.1007/s10734-024-01245-7
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*Changer des bourses pour des prêts : quel impact sur la participation
universitaire ?*
Une réforme de l’aide financière aux études aux Pays-Bas en 2015 a
remplacé les bourses universelles par des prêts liés aux revenus.
Bolhaar, Kuijpers, Webbink et Zumbuehl (2024) étudient l’impact de ce
changement sur la participation universitaire. Avant 2015, l’aide
financière néerlandaise comprenait quatre volets : une bourse
universelle basée sur le niveau d’indépendance de l’étudiant, une bourse
supplémentaire variant en fonction du revenu du ménage, des prêts
optionnels et une passe de transport public. La réforme a éliminé la
bourse universelle, mais a aussi augmenté le plafond des prêts pour les
étudiants non admissibles à la bourse supplémentaire. Le montant total
d’aide financière est le même pour tous les étudiants, seul le ratio
prêt/bourse changeant. Les prêts doivent être remboursés sur une période
de 35 ans, avec des mensualités ajustées selon le revenu de l’individu.
Les auteurs de l’étude ont accès aux données de l’ensemble des étudiants
des Pays-Bas. Ils ont sélectionné dix cohortes, chacune suivie pendant
sept ans. Utilisant une régression de probabilité pour estimer l’impact
de la réforme sur la participation universitaire, les auteurs ne
trouvent aucun effet significatif, positif ou négatif, même après avoir
contrôlé pour les différences entre les cohortes et estimé le modèle sur
les groupes vulnérables (étudiants défavorisés ou immigrants).
Les auteurs empruntent ensuite une régression de
différence-en-différence pour étudier l’impact de l’augmentation de la
bourse supplémentaire pour certains étudiants. En effet, seuls les
étudiants des ménages les plus défavorisés ont vu leur montant de
bourses rester inchangé, les autres ayant vu leurs bourses remplacées
par des prêts. Ces étudiants des ménages les plus défavorisés servent de
groupe de contrôle dans l’analyse. Encore une fois, aucune différence
significative dans la participation universitaire n’a été notée entre
les groupes. Cependant, les auteurs constatent que les étudiants ont
ajusté leur comportement en prenant plus de prêts et en augmentant leur
nombre d’heures de travail. L’effet sur le travail reste toutefois modéré.
_Pour en savoir plus: _
Bolhaar, J., Kuijpers, S., Webbink, D., et Zumbuehl, M. (2024). Does
replacing grants by income-contingent loans harm enrollment? New
evidence from a reform in Dutch higher education. /Economics of
Education Review/, 101(102546)
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2024.102546
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Le rôle de la métagouvernance dans la création de partenariats
villes-universités*
Au XXe siècle, les relations parfois tendues entre universités et villes
d’accueil ont évolué avec l’avènement de l’économie du savoir.
Aujourd’hui, la plupart des universités entretiennent des collaborations
avec leurs municipalités. Ces partenariats se divisent en trois types :
routiniers, stratégiques et transformatifs. Toutefois, divers obstacles
tels que l’inertie institutionnelle, les différences culturelles ou
encore les conflits organisationnels compromettent ces collaborations.
La métagouvernance joue un rôle important en connectant les niveaux
stratégiques, opérationnels et tactiques de la gouvernance. Torfing,
Sivertsen et Torvatn (2024) s’intéressent aux efforts locaux de
métagouvernance dans les collaborations interorganisationnelles
multiniveaux entre les universités et les villes, et aux conditions
nécessaires à leur succès.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent une approche
principalement qualitative et faisant appel à une étude de cas
détaillée. Cette dernière se rapporte aux efforts visant à créer un
partenariat transformatif entre l’Université norvégienne de Sciences et
de Technologie (NTNU) et la municipalité de Trondheim, en 2017, au sein
du projet TRD3 .0 dont l’objectif était de faciliter le partage de
connaissances et le développement de compétences tout en résolvant des
problèmes de sociétés par une cocréation de valeur publique. Afin de
réaliser leur étude de cas, les chercheurs ont d’abord analysé divers
documents institutionnels, puis ont réalisé des entrevues semi-dirigées,
auprès de divers acteurs de l’université et de la municipalité, en
2019-2020 et en 2021-2022. Ils ont également eu recours à des sondages
utilisant des questions ouvertes et fermées et ont observé plusieurs
réunions réalisées par le comité responsable du projet, afin d’en
comprendre les aspects et processus formels et informels.
Le principal résultat obtenu par les chercheurs est que la
métagouvernance de multiniveau doit impérativement combiner des outils
pratiques interventionnistes et non-interventionnistes tout en accordant
une attention particulière aux liens qui se font entre les niveaux. Ils
remarquent notamment que, dans le cas du partenariat de Trondheim, le
projet a souffert d’une déconnexion entre le niveau tactique et le
niveau stratégique. Les chercheurs émettent cinq recommandations.
Premièrement, les comités directeurs doivent être formés avec des
membres qui valorisent la collaboration et disposent de l’autorité
nécessaire pour effectuer des changements. Deuxièmement, les comités
doivent également interagir directement avec le niveau tactique et les
leaders intermédiaires. Troisièmement, il est important de mettre
l'accent sur la gestion continue de la collaboration, en clarifiant
continuellement la vision, les objectifs, les valeurs et les priorités
communs du projet. Quatrièmement, il peut être nécessaire de créer un
cycle intégré de planification annuelle. Enfin, il est nécessaire
d’anticiper le moment où le projet évoluera en un arrangement permanent.
Malgré les lacunes identifiées, les chercheurs notent que les
universités et municipalités auraient intérêt à entreprendre des
partenariats similaires au TRD3.0. Ils notent également les limites de
leur étude qui s’est limitée à un seul cas, et recommandent diverses
pistes pour les recherches futures.
_Pour en savoir plus : _
Torfing, J., Sivertsen, H., et Torvatn, H. (2024). Metagovernance of
co‐creation in city–university partnerships: How to avoid being stuck in
the middle? /Public Administration/. https://doi.org/10.1111/padm.12997
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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