Nous abordons les thèmes ci-dessous dans la deuxième édition 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur :

  • Démystifier la formule de financement des universités québécoises
  • Est-ce que les universités doivent être responsables de l’employabilité de leurs diplômés ?
  • L’impact de cours en ligne sur la réussite des étudiants : effets sur les résultats scolaires et la durée des études
  • Dons faits aux universités : quels sont les portraits types de donateurs universitaires ?
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici.

Démystifier la formule de financement des universités québécoises

Les assises économiques justifiant les subventions publiques dans l’enseignement supérieur sont connues. L’apport des systèmes universitaires, par leurs diplômés et leur production scientifique, aura mené le progrès social et économique des dernières décennies. Dès lors, une question centrale associée à leur financement public consiste à déterminer comment transmettre les subventions aux établissements universitaires. C’est ce qu’on appelle communément une « formule de financement ».

Cet ouvrage vise à démystifier cette formule de financement. Au Québec, plus de 70 % du financement public s’appuie sur les inscriptions étudiantes. Ce livre explore donc les effets des modifications possibles à la structure de la formule de financement pour évaluer les effets redistributifs induits, mais aussi comment les établissements pourraient changer leurs comportements d’inscriptions. Le livre s’interroge aussi sur les réformes qui seraient susceptibles d’être endossées par différents établissements en fonction de leurs intérêts, de l’évolution historique des autres composantes du financement universitaire, et il développe des perspectives prévisionnelles de financement.

Pour en savoir plus :

Bouchard St-Amant, P-A., Vallée, L., Raymond-Brousseau, L., B., & Allali, M. (2022). Démystifier la formule de financement des universités: compréhension des effets et des intérêts pour les institutions en enseignement supérieur. Presses de l'Université du Québec. 284 pages

Est-ce que les universités doivent être responsables de l’employabilité de leurs diplômés ?

Hartmann et Komljenovic (2021), dans une étude se concentrant sur les universités européennes, explorent la notion d’employabilité des étudiants dans le contexte de l’enseignement supérieur. Empruntant une perspective foucaldienne, les auteures étudient l’évolution de ce concept en fonction de son institutionnalisation au sein des établissements d’enseignement supérieur. Elles font l'hypothèse que des facteurs institutionnels, le taux de chômage national des jeunes adultes, la hauteur des frais de scolarité et les différents types de systèmes économiques capitalistes influencent le degré de responsabilité que les universités acceptent d’endosser quant au développement de l’employabilité de leurs étudiants.

À la suite de l’analyse d’un sondage diffusé en 2018 auprès d’associations européennes d’université et de bases de données EURYDICE et EUROSTAT, dont l’année de référence variait entre 2015 et 2018, les auteurs ont tout d’abord jeté un regard descriptif afin de mieux comprendre le dispositif d’employabilité. Elles ont ensuite exploré les différences entre les pays en utilisant de simples analyses de corrélations statistiques. Le sondage a permis de rejoindre 84 intervenants, principalement des membres de l’administration des établissements contactés, provenant de 26 pays européens, avec un taux de réponse de 11%. Le questionnaire comprenait cinq sections, touchants différents aspects de la perspective de l’établissement en matière d’employabilité, soit les stratégies institutionnelles, les activités et mesures visant à soutenir l'employabilité, les structures institutionnelles soutenant l'employabilité, la pratique des médias sociaux concernant l'employabilité et des données démographiques institutionnelles.

Leurs résultats indiquent que les facteurs institutionnels et le taux de chômage national des jeunes adultes n’influencent pas la culture de l’employabilité des universités. La hauteur des frais de scolarité était liée positivement avec l’importance de l’employabilité au sein des institutions. Enfin, les différents types d’économies capitalistes de pays européens, classifiés selon la méthodologie de Witt et al. (2018) et de Soskice et Hall (2001), avaient un fort pouvoir explicatif : les universités appartenant à un pays ayant une économie de marché coordonnée et les pays d’Europe de l’Est étaient moins sujettes à inclure l’employabilité dans leurs stratégies institutionnelles principales. Les universités localisées dans des pays adoptant un marché de marché libéral étaient les plus susceptibles d’admettre une plus grande importance à l’employabilité au sein de leur institution. Autre résultat intéressant, l’ensemble des pays, à l’exception des pays d’Europe de l’Est, accordait une très grande importance aux réseaux sociaux reliés à l’employabilité, tels que LinkedIn.

Pour en savoir plus :

Hartmann, E., & Komljenovic, J. (2021). The employability dispositif, or the re-articulation of the relationship between universities and their environment. Journal of Education Policy, 36(5), 708-733.

L’impact de cours en ligne sur la réussite des étudiants : effets sur les résultats scolaires et la durée des études

Fischer et al. (2021) étudient l’impact des cours en ligne sur la réussite des étudiants. Pour ce faire, ils utilisent les données de trois cohortes de diplômés du système d’enseignement supérieur public californien, réparties au sein de 13 campus où les professeurs prenaient généralement l’initiative d’offrir des cours en ligne entre 2009 et 2017. Ils examinent plus particulièrement si ces cours ont affecté la durée des études de ces étudiants. Ils font l'hypothèse que les cours en ligne offrent généralement une plus grande flexibilité, qui pourrait favoriser la réussite d’un plus grand nombre de cours, accélérant ainsi l’obtention du diplôme. Cette flexibilité est toutefois acquise au détriment de la présence en classe ce qui implique un accompagnement institutionnel plus faible.

Les campus offraient 18 cours en ligne en 2009. Ce nombre a augmenté jusqu’à 109 en 2017. Ces cours étaient majoritairement durant la session d’été, de façon asynchrone et uniquement en ligne. Les auteurs se concentrent sur les cours essentiels pour l’obtention du diplôme. 8% des étudiants s’étaient inscrits à au moins un cours en ligne durant cette période et ceux-ci représentaient 3% de l’offre totale de cours en moyenne. La majorité des cours (63%) était également des cours à suivre durant la première année du programme.

Les auteurs utilisent un modèle de régression linéaire à variables instrumentales, où ils tentent d’évaluer la relation entre l’inscription à des cours en ligne et les résultats de l’étudiant, l’instrument étant l’offre de cours en ligne. Leurs résultats indiquent que l’inscription à des cours en ligne hausse la probabilité que l’étudiant termine sa scolarité dans les délais prescrits, soit quatre ans. Les auteurs indiquent toutefois que les coefficients calculés sont à interpréter de façon prudente. Les auteurs encouragent plus d’études dans ce champ de recherche, considérant que l’offre de cours en ligne a augmenté de manière importante au cours des deux dernières années.

Pour en savoir plus :

Fischer, C., Baker, R., Li, Q., Orona, G. A., & Warschauer, M. (2021). Increasing success in higher education: The relationships of online course taking with college completion and time-to-degree. Educational Evaluation and Policy Analysis, 01623737211055768.

Dons faits aux universités : quels sont les portraits types de donateurs universitaires ?

McNamee et Drezner (2021) explorent les différents types de donateurs d’une université privée aux États-Unis. Utilisant les données de 3 404 diplômés de cette université ayant fait un don à celle-ci entre 2001 et 2012, les auteurs analysent le profil de ces donateurs. Les caractéristiques étudiées incluent l’ethnie des donateurs, leur genre, l’estimation de leur richesse personnelle (estimée à l’externe par une compagnie privée engagée par l’université) et le nombre et le type d’activités universitaires auxquelles les diplômés ont participé lors de leur passage à cet établissement, en plus d’informations sur leur programme et les cours suivis.

Les auteurs, par l’entremise d’un modèle de hasard à temps discret (discrete-time hazard model), concluent que, contrairement à la littérature passée, le fait d’être actif dans les activités étudiantes (impliqués dans la greek life, soit les fraternités sur les campus universitaires américains) était lié à une diminution de la probabilité de faire un don peu après la diplomation. Les auteurs suggèrent que ce phénomène est restreint à l’institution étudiée. Parmi les autres résultats notables, on relève notamment que les personnes noires ou métisses sont plus susceptibles de faire un don rapidement.

Pour en savoir plus :

McNamee, C. D., & Drezner, N. D. (2021). Breaking Stereotypes About Alumni Donors: Who Gives First? A Discrete-Time Hazard Model. The Journal of Higher Education, 1-28.