VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
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Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur l’enseignement supérieur |
Ce mois-ci :
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Bonjour à toutes et tous!
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Bonne lecture! |
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L’impact du paiement d’un prêt à remboursement proportionnel au revenu sur la vie des diplômés Les auteurs analysent l’impact de l’endettement étudiant sur la vie des diplômés en Angleterre. Ils fondent leur analyse sur 47 entrevues menées auprès de personnes diplômées depuis 10 à 12 ans. Les sujets partagent le fait d’avoir contracté un prêt à remboursement proportionnel au revenu (RPR) lors de leurs études. Les prêts RPR sont souvent caractérisés comme peu contraignants, puisque l’intérêt payé dépend du revenu du diplômé. Les auteurs contestent cette conception. On y rapporte une vaste gamme d’expériences diverses. La majorité des emprunteurs n’y déclare que des impacts mineurs. Par exemple, le remboursement du prêt influence le choix d’emploi pour certains. Le deuxième sous-groupe en importance déclare rencontrer des effets non désirés significatifs restreignant leur choix de vies allant jusqu’à les empêcher d’épargner pour leurs retraites. Les entrevues ont
été menées dans la période allant d’octobre à décembre
2020. L’échantillon représente selon plusieurs
caractéristiques la diversité du corps étudiant. Pendant
l’entrevue, les étudiants parlent de leur attitude face
à l’endettement et des conséquences du remboursement du
prêt sur leur vie courante.
Selon les réponses
obtenues lors des entretiens, les auteurs forment trois
groupes de diplômés distincts. D’abord, il y a les
étudiants qui n’ont pas été affectés par l’endettement
étudiant. Ce groupe est minoritaire et comprend 9
étudiants sur 47. Le second groupe est celui ayant
rencontré des conséquences mineures. Ce groupe comprend
21 étudiants sur 47. Certains membres de ce groupe se
distinguent du premier groupe par l'adoption de
stratégies d’évitement pour balayer les conséquences
potentielles de l’endettement. Ainsi, un étudiant de ce
groupe poursuit des études à temps partiel pour lui
permettre de gagner de l’argent tout en étudiant. Enfin,
le troisième groupe inclut les diplômés mentionnant un
impact majeur de l’endettement sur leur vie courante.
Ces étudiants voient leur vie de tous les jours affectée
par le paiement de leur dette étudiante. Les auteurs
jugent que ces résultats nuancent la rhétorique que les
prêts RPR sont inoffensifs pour les emprunteurs.
Pour en savoir plus : De Gayardon, A.
& Callender, C. (2025). What is the impact of
repaying income-contingent student loan debt on
graduates’ lives? Lessons from England. Policy
Reviews in Higher Education, 1–24. https://doi.org/10.1080/23322969.2025.2477574
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Pourquoi la croissance de l’enseignement supérieur ne réduit les inégalités salariales? Les auteurs explorent de manière théorique la relation entre l’augmentation de l’accès à l’enseignement supérieur et les inégalités salariales dans la société. Les auteurs construisent un modèle économique qui calque le comportement des futurs étudiants. Ils soutiennent que l’augmentation de l’accès à l’enseignement supérieur ne réduit pas nécessairement les inégalités dans les salaires. La raison derrière l’augmentation de l’accès aux études supérieures est déterminante. Si l’accès augmente à la suite d’une diminution du prix des études, les inégalités tendent à diminuer à long terme. À l’inverse, si l’accès accru provient d'une meilleure rémunération des compétences, elle exacerbe les inégalités entre les individus.Deux cas ressortent
de l’analyse des auteurs. Le premier cas est celui d’une
société méritocratique. Les employeurs accordent de la
valeur aux habiletés davantage qu’au diplôme. Les
emplois à hautes compétences sont davantage rémunérés.
Cela rend les études attrayantes. Dans ce cas d’espèce,
l’augmentation de la participation à l’enseignement
supérieur tend à exacerber les inégalités salariales.
Comme le salaire dépend davantage des habiletés, des
inégalités se creusent entre les détenteurs de diplômes.
Cela contredirait la pensée populaire selon laquelle les
inégalités diminuent lorsque les gens s’éduquent
davantage. Un problème sous-jacent à ce cas pratique est
celui de la difficulté d’observer les habiletés
directement pour l’employeur. Ce dernier peut plus
facilement discriminer sur la base d’un diplôme (donnée
objective) que sur la base des habiletés. Ce faisant, ce
serait moins probable que des inégalités se creusent
entre les détenteurs de diplômes. Le second cas est
celui où le caractère méritocratique d’une société est
plus faible. Le contraire se déroule. L’augmentation de
la participation à l’enseignement supérieur diminue les
inégalités.
Les auteurs
vérifient leurs hypothèses avec les données de certains
pays. Les données suggèrent que les pays en
développement, plutôt méritocratiques, voient en
majorité les inégalités se creuser lorsque l’accès à
l’enseignement supérieur augmente. Ces nouveaux
résultats permettent d’écarter ou de nuancer d’autres
explications liées à ce phénomène. Longtemps, les
chercheurs ont associé l’observation conjointe d’une
augmentation de l’accès à l’enseignement supérieur et
l’augmentation des inégalités salariales aux changements
technologiques favorisant les travailleurs qualifiés.
Lors de ces changements technologiques, la demande pour
les travailleurs qualifiés augmente, rendant les études
supérieures attrayantes. Certains auteurs ont montré que
l’augmentation de l’accès due à cette raison est
associée à l’augmentation des inégalités dans les pays
développés, comme aux États-Unis, où la main-d’œuvre
qualifiée est abondante. C’est moins le cas dans les
pays en développement où la main-d’œuvre qualifiée est
plus rare. L’angle méritocratique comble ce déficit dans
l'explication.
Pour en savoir plus : Kasuga, H. &
Morita, Y. (2025). Why doesn’t expanding higher
education decrease wage inequality? Education
Economics, 1–13. https://doi.org/10.1080/09645292.2025.2477469
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L’abandon chez les futurs enseignants : examen d’un modèle théorique en phases Les chercheurs évaluent empiriquement un modèle théorique en cinq phases décrivant le processus d’abandon des études universitaires. Les auteurs s’intéressent particulièrement aux programmes de formation des enseignants. Le modèle de Bäulke, Grunschel et Dresel (2022), conceptualise l’abandon comme un processus décisionnel en cinq étapes : (1) perception d’inadéquation, (2) pensées d’abandon, (3) délibération, (4) recherche d’alternatives et (5) décision finale. Les données suggèrent que le modèle décrit bien le processus d’abandon chez les étudiants en enseignement. On utilise un score de changement latent pour évaluer le modèle. L’article repose sur
des données longitudinales recueillies auprès de 215
étudiants inscrits dans des programmes de formation à
l’enseignement dans six universités allemandes. Les
étudiants sont interrogés à deux moments distincts de
leur première année d’études. Les résultats soutiennent
la validité du modèle proposé. Les cinq phases sont
empiriquement distinctes et suivent généralement une
séquence logique. Une analyse de scores de changement
latents montre que les changements dans une phase sont
fortement corrélés avec ceux de la phase suivante. Le
résultat est particulièrement important pour les trois
premières étapes.
Toutefois, la
transition entre les deux dernières phases (recherche
d’information et décision finale) s’avère moins claire,
et l’ordre de ces étapes semble moins robuste. Cela peut
être dû à des limites méthodologiques, comme un effet
plancher dans les données ou la complexité réelle du
processus de décision.
L’article souligne
l’intérêt d’un modèle en phases pour identifier
rapidement les étudiants à risque d’abandon. Il propose
des pistes d’intervention ciblées à chaque étape du
processus. Il recommande par exemple le mentorat en cas
de perception d’inadéquation, ou l’accompagnement par
des services de conseil lors de la délibération ou la
recherche d’alternatives. Une importante limite de
l’article provient du fait que les chercheurs
n’observent pas réellement si l’étudiant abandonne.
Malgré ses limites, cette recherche améliore la
compréhension de l’abandon comme un processus dynamique.
Elle offre une base pour des politiques de prévention
plus personnalisées.
Pour en savoir plus: Wild, S., Reisch, D., Kunina-Habenicht, O.
& Grassinger, R. (2025). Dropout among prospective
teachers: validation of a phase-oriented theoretical
model. Studies in Higher Education, 1–15. https://doi.org/10.1080/03075079.2025.2488476
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Les politiques d’admission et le taux de persévérance Les auteurs étudient la relation entre les caractéristiques de la politique d’admission d’un établissement et les taux de persévérance des étudiants. Un modèle de régression linéaire multiple est utilisé. Deux constats sont mis en lumière. D’abord, l’obligation de fournir une lettre de recommandation dans sa demande d’admission est associée à de plus hauts taux de persévérance. Ensuite, il n’existe pas de relation significative entre une politique de déclaration de note facultative et le taux de persévérance. Depuis la pandémie de Covid-19, plusieurs d’établissements ont enlevé l’obligation de fournir les résultats aux tests SAT dans l’admission. Pour tenir compte de certains biais liés aux facteurs confusionnels, les auteurs font appel à une stratégie d'estimation à variables instrumentales. Les auteurs fondent
leur analyse sur l’utilisation d’une base de données
provenant de deux sources de données administratives
américaines. Ils concentrent l’analyse sur la cohorte
d’étudiants ayant fait une demande d’admission à
l’automne 2020 pour un début à l’automne 2021. Les
établissements visés par l’étude sont toutes les
universités publiques et privées.
Dans le modèle de
régression, des variables continues et binaires
distinguent les caractéristiques des politiques
d’admissions. On indique, pour chacun des candidats, son
résultat au test d’admission, l’obligation de fournir
une lettre de recommandation et le rang de son école
secondaire. Quelques variables de contrôle sont ajoutées
au modèle pour tenir compte des différences entre
universités.
L’obligation de
fournir une lettre de recommandation est corrélée
positivement et largement avec le taux de persévérance
(+ 1,6 %). Pour les auteurs, ce paramètre d’une demande
d’admission agit comme un signal crédible de la
préparation d’un candidat à poursuivre des études
supérieures. Les résultats confirment les études
précédentes en montrant qu’il n’existe pas de lien
significatif entre la déclaration de note facultative et
le taux de persévérance des étudiants. Cette absence de
lien s’explique en partie par la généralisation de cette
politique d’admission dans l’échantillon
d’établissements étudiés. Cela pourrait indiquer une
importance accrue accordée aux autres éléments du
dossier de candidature.
Pour en savoir plus : Ma, A. C., Bouvet,
F., Ratcliff, R., Campbell, J., & Sumner, S.
(2025). Admissions policies and colleges’ retention
rates. Education Economics, 1–19. https://doi.org/10.1080/09645292.2025.2487504
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques publiques.
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