VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
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Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur l’enseignement supérieur |
Ce mois-ci :
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Bonjour à toutes et tous! Nous vous proposons ce mois-ci une veille de recherche axée sur les programmes d'aide financière aux études.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici.
Bonne lecture! |
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Les étudiants obtenant de l’aide financière sont-ils plus persistants? Au cœur des enjeux entourant l'accès et la réussite universitaire, la question de l'effet des prêts étudiants sur la persévérance demeure un sujet d'intérêt majeur. Card et Solis (2022) étudient l'impact des prêts étudiants sur la persévérance universitaire au Chili. Leur recherche vise à évaluer comment l'éligibilité à un programme de prêts influence les taux de diplomation et de rétention des étudiants. Les auteurs se penchent sur l'effet spécifique de l'admissibilité au programme de prêts chilien en se concentrant sur les étudiants de première année universitaire qui repassent le Prueba de Selección Universitaria (PSU), un examen national d'admission à l'université. Les étudiants dont le revenu familial se situe en dessous du 80e percentile et qui obtiennent un score de 475 points au PSU deviennent éligibles à un prêt couvrant 85% des frais de scolarité pour la durée restante de leurs études universitaires. Le design particulier de ce programme permet l'utilisation d'une méthodologie de régression en discontinuité pour comparer le parcours universitaire des étudiants juste en dessous et juste au-dessus de ce seuil. Pour ce faire, les auteurs combinent des bases de données relatives aux étudiants ayant passé le PSU avec des registres administratifs de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur chiliens. Cette approche leur permet de suivre les étudiants même en cas de changement d'institution, notamment s'ils décident de quitter l'université pour s'inscrire à un programme de formation professionnelle (équivalent au diplôme collégial technique au Québec). L’échantillon de cette étude comprend 3 627 étudiants. Les auteurs soulignent que cette sous-catégorie d’étudiants n’est pas représentative de l’ensemble de la population universitaire, étant donné leurs plus faibles résultats scolaires. Les résultats montrent que l’admissibilité aux prêts est associée à une augmentation significative des taux de réinscriptions dès la deuxième année et jusqu’à cinq ans après la première inscription, correspondant à la durée standard d’un baccalauréat au Chili. Plus précisément, les étudiants marginalement admissibles présentent un taux de rétention supérieur de 21 points de pourcentage par rapport à leurs pairs marginalement non admissibles après la première année. Cette tendance se maintient jusqu’à l’obtention du diplôme où les étudiants marginalement admissibles ont un taux de diplomation 12 points de pourcentage plus élevés. De plus, les auteurs observent une réduction du transfert vers les écoles de formation professionnelle chez les étudiants bénéficiant des prêts. Fait notable, la transformation des prêts en bourses, une option accessible aux étudiants atteignant un score de 550 points au PSU et se situant dans le bas du 2e quintile du revenu familial, n’a aucun impact sur le taux de réinscription ni sur le taux de diplomation. Les auteurs interprètent ce résultat comme démontrant l’effet causal des prêts, qui consiste à alléger les contraintes financières à l’enseignement supérieur. Une fois ces contraintes levées, la décision de se réinscrire n’est pas influencée par le coût de l’éducation universitaire, du moins pour les étudiants issus de familles à faible revenu. Pour en savoir plus : Card, D., & Solis, A. (2022). Measuring the effect of student loans on college persistence. Education Finance and Policy, 17(2), 335-366. https://doi.org/10.1162/edfp_a_00342
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L’aide financière rend-elle l’obtention du diplôme plus probable? Face au défi de l'accessibilité à l'enseignement supérieur pour les étudiants issus de milieux défavorisés, la question de l'efficacité des programmes d'aide financière étudiante (AFE) dans la promotion de la réussite universitaire demeure une préoccupation majeure. L'étude menée par Tenório de Freitas e Silva et Menezes Bezerra Sampaio (2023) se penche sur l'impact du Permanence Scholarship Program (PSP) sur la durée des études et le taux de diplomation des étudiants brésiliens. Le PSP est une bourse mensuelle destinée aux étudiants à faibles revenus, offerte dans le cadre d’un programme plus vaste d'aide financière, le University for all Program (PROUNI). L'étude comprend des étudiants inscrits dans des universités privées au Brésil, avec des données recueillies à partir des recensements annuels en enseignement supérieur colligé par la Nacional Institute of Research and Study Anísio Teixeira (INEP) de 2010 et 2017. Les auteurs ont ainsi pu suivre le parcours de l’ensemble des étudiants brésiliens admissibles au PROUNI pendant sept ans. La méthodologie adoptée par les auteurs repose sur une analyse de survie, prenant la forme de trois approches distinctes : l'estimateur de Kaplan-Meier, les risques concurrents et la régression de Cox. L’étude révèle que les étudiants bénéficiant du PSP ont réduit d'un an la durée moyenne de leurs études. De plus, une augmentation significative de la probabilité de diplomation dans les délais prévus est observée, avec une augmentation de 9 points de pourcentage pour l'obtention du diplôme en 3 ans et une augmentation de 7,6 points de pourcentage pour la diplomation en moins de 4 ans. Cependant, malgré ces améliorations, les étudiants bénéficiaires du PSP présentent une durée d'études plus longue en comparaison avec la moyenne générale, prenant environ six ans pour achever leur diplôme, contre trois ans pour les autres étudiants. Par ailleurs, certaines catégories d'étudiants bénéficient davantage du PSP, notamment les femmes, les personnes âgées de plus de 30 ans et les récipiendaires de bourses de mérite, qui présentent de plus grandes chances de réussir leur diplôme universitaire dans les délais impartis. Pour en savoir plus : Tenório de Freitas e Silva, P. & Menezes Bezerra Sampaio, L.(2023). Does student aid make a degree more likely? Evidence of the permanence scholarship program from survival models. International Journal of Educational Development, 96, 102697. https://doi.org/10.1016/j.ijedudev.2022.102697 |
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L’aversion à la dette et le programme de prêt des étudiants allemands Le gouvernement allemand a mis en place un généreux programme d’aide financière aux études (BAföG), où 50% de cette allocation est composée d'une subvention, tandis que les 50% restants consistent en un prêt à taux d'intérêt nul. Malgré ces conditions avantageuses, seulement 28% des étudiants éligibles profitent de ce programme. Fidan et Manger (2022) tentent de trouver les explications probables à ce phénomène. Se fondant sur l’état actuel de la littérature, les auteurs identifient des échecs potentiels d’anticipation économique de la part des étudiants qui pourrait influencer le faible taux d’application à la BAföG. Parmi ceux-ci, l’information imparfaite, l’aversion au risque et à la dette ainsi que le rôle des revenus étudiants sont déterminés comme des facteurs pouvant expliquer cette situation. Fidan et Manger (2022) construisent dans un premier temps un modèle microéconomique reflétant le processus décisionnel des étudiants en incluant ces échecs. En ajustant les paramètres à des niveaux vraisemblables, les auteurs réalisent des simulations où 63,52% des individus éligibles n’appliquent pas à la BAföG, ce qui correspond plus au moins aux niveaux observés. Afin de tester leurs hypothèses, les auteurs utilisent les données tirées du German Socio-Economic Panel (GSOEP). Ce panel comprend des informations sur 9170 étudiants allemands de 2001 à 2013. Les auteurs restreignent leur échantillon à 412 étudiants étant éligibles à la BAföG et dont les données socio-économiques sont complètes. En utilisant une régression Probit groupée, les auteurs identifient des corrélations entre la probabilité d’application à l’aide financière (variable dépendante) et différents indicateurs socio-économiques (variables indépendantes) tels que le revenu étudiant, celui des parents, et les préférences aux risques et à la dette. Les résultats de la régression montrent que le revenu des parents est hautement corrélé avec la décision d’obtenir de l’aide financière, montrant une surévaluation de leur importance dans le programme. Une augmentation de 1% du revenu parental est associée à une augmentation de 34,4% de ne pas appliquer au soutien financier. Une hausse du revenu étudiant est aussi faiblement associée à la non-application (+ 2,5%). Finalement, le fait d’avoir une grande aversion au risque est associé à une augmentation de 12,2% dans la probabilité de ne pas réclamer d’aide financière. Les auteurs concluent en soutenant qu’une politique d’aide financière visant à soutenir les étudiants les plus pauvres sans discrimination à l’égard de leurs caractéristiques psychologiques doit prendre en considération les comportements observés et s’assurer de bien communiquer les informations concernant les risques. Pour en savoir plus: Fidan, M. & Manger, C. (2022). Why do German students reject free money? Education Economics. 30:3, 303-319. https://doi.org/10.1080/09645292.2021.1978937
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Les effets du resserrement de l’admissibilité aux prêts et bourses sur la réussite académique La plupart des programmes d’aide financière aux études (AFE) ont des critères d’admissibilité basés sur les besoins afin de répondre à des impératifs d’équité. Toutefois, en y attachant des critères basés sur le mérite, les programmes peuvent devenir plus efficaces. Minaya, Agasisti et Bratti (2022) étudient l’impact d’un tel changement survenu dans un programme d’AFE en Italie. En 2011, à la suite de coupes budgétaires, le programme d’AFE de la région de Lombardie a resserré ses critères d’admissibilité pour le maintien de l’aide financière après la première année d’étude. Le nombre minimum de crédits réussi dans la première année est passé de 25 à 35 (sur 60). Les chercheurs ont concentré leur attention sur l’université polytechnique de Milan (ci-après PoliMi) au cours de la période 2008 à 2018. À l’aide des données administratives de cet établissement, un échantillon de 27 000 étudiants a été isolé. Afin d’estimer l’impact du changement de règle, les chercheurs ont utilisé un design de régression par différence-en-différence. Ils comparent les données des étudiants bénéficiant de l’aide financière (groupe traitement) à celles des étudiants n’en ayant pas bénéficié (groupe contrôle). Les variables d’intérêts observés par les chercheurs portaient principalement sur des indicateurs de réussite académique tels que le nombre de crédits complétés, les notes moyennes, le taux de rétention des étudiants et la probabilité de diplomation dans les délais normaux. Les auteurs montrent que le resserrement des règles d’admissibilité à un effet globalement positif sur la réussite académique. À court terme, on observe une hausse de 1,8 crédit complété lors de la première année ainsi qu’une hausse de 0,3 de la note globale des étudiants. À plus long terme, la probabilité de diplomation dans les délais normaux augmente de 9%. Toutefois, la réforme est aussi liée à des effets négatifs, notamment pour les étudiants à « habiletés plus faibles » qui ont vu leurs résultats académiques décliner. Enfin, il est important de noter que, comme l’étude porte sur un seul établissement d’enseignement, la validité externe des résultats est limitée. Pour en savoir plus : Minaya, V., Agasisti, T., & Bratti, M. (2022). When need meets merit: The effect of increasing merit requirements in need-based student aid. European Economic Review, 146, 104164. https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2022.104164
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques publiques.
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