VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
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Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur l’enseignement supérieur |
Ce mois-ci :
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Les prêts étudiants : sont-ils bénéfiques ou néfastes pour les étudiants en difficultés académiques ? Si les prêts étudiants peuvent théoriquement éliminer certaines barrières financières auxquelles sont confrontées les jeunes adultes candidats aux études supérieures, et ainsi réduire les écarts d’éducation entre riches et pauvres, les niveaux de dettes étudiantes atteignent, malgré tout, des niveaux records, à un point tel que le système de prêts étudiants est parfois remis en question. Certaines craintes existent, par exemple, à l’effet que donner l’accès à ces prêts aux étudiants en difficultés académiques pourraient les mener à s’endetter sans pour autant obtenir de diplôme. Luke Chu et Cuffe (2024) s’intéressent à ce phénomène et tentent d’évaluer l’impact de l’accès aux prêts aux étudiants en difficulté sur leurs rendements académiques et professionnels. Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données longitudinales du gouvernement néo-zélandais relatives à un total de 49 389 étudiants représentant près des trois-quarts des étudiants nationaux néo-zélandais ayant commencé leur baccalauréat entre 2008 et 2011. Les chercheurs tirent parti de l’introduction, en 2011, d’un seuil de réussite académique conditionnel au renouvellement à l’accès aux prêts étudiants. Ils utilisent ainsi une méthode de régression en discontinuité pour créer un groupe traitement composé des étudiants ayant atteint de justesse le seuil d’éligibilité par rapport à un groupe contrôle des étudiants ayant échoué de justesse à l’atteindre. Les résultats obtenus indiquent que, pour les étudiants autour du seuil d’éligibilité, le fait de conserver l’accès aux prêts augmente la probabilité d’obtenir éventuellement son diplôme de baccalauréat dans une proportion allant de 60% à 70%. Du côté professionnel, le fait de conserver l’accès aux prêts étudiants augmente le revenu mensuel moyen d’environ 2000 dollars néo-zélandais (approximativement 1600 dollars canadiens) et le percentile de revenu dans une proportion allant de 30 à 40 points de percentile. Les chercheurs notent toutefois que, bien que leurs effets de revenus soient statistiquement significatifs, ils demeurent moins précis que les effets obtenus sur la diplomation. Selon les auteurs, ces résultats permettent d’atténuer la préoccupation voulant qu’un accès trop facile aux prêts étudiants attire un trop grand nombre d’étudiants peu performants vers l’enseignement supérieur, en soulignant que la majorité des étudiants en difficulté réussiront ultimement à graduer. Pour en savoir plus : Luke Chu, Y. W.,
& Cuffe, H. E. (2024). Do Academically Struggling
Students Benefit from Continued Student Loan Access?
Evidence from University and Beyond. The Review of
Economics and Statistics, 106(1), 68–84. https://doi.org/10.1162/rest_a_01144
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Les programmes Honors : aussi efficace que les universités de haut prestige ? Pugatch et Thompson (2024) étudient l’impact sur les résultats scolaires de l’admission au programme Honors de l’Université de l’Oregon. L’admission à ce type de programme permet aux étudiants d’accéder à des classes de niveau de difficulté plus grand, de même qu’avoir une mention sur leur diplôme qu’ils ont effectué un programme plus rigoureux.Le processus d’admission est basé en grande partie sur un score numérique synthétisant la qualité du candidat. Ce score est calculé en tenant compte de divers critères tels que la moyenne générale au secondaire, les performances à un test standardisé, la qualité de rédaction d'un essai et l'expérience multiculturelle de l’étudiant. Ces critères, évalués sur une échelle de 0 à 20 (sauf l'expérience multiculturelle, notée de 0 à 5), déterminent la probabilité d'acceptation des candidats. Les chances d'admission sont quasi-nulles pour un score inférieur à 40, mais quasi-certaines pour un score dépassant 50. L’étude se concentre sur les candidats entre 2005 et 2014. Sur les 3 066 demandes reçues, 54% ont été acceptées. L'étude, utilisant un design de régression floue avec point de rupture, identifie deux points de rupture, fixés à 44 et 50. Ces points de rupture ont été estimés à l'aide d'un algorithme développé par les chercheurs. Le modèle de régression comporte deux parties. La première analyse d'abord l'admission au programme en fonction du score, en divisant l'équation en sections distinctes déterminées par les points de rupture. Ensuite, la deuxième partie estime les résultats scolaires en fonction de l'admission au programme. Tous les calculs d'erreur sont effectués par bootstrap. Les résultats de l'étude révèlent que l'admission au programme d'honneurs augmente la moyenne cumulative des étudiants de 0,1 point sur une échelle de 0 à 4. Cependant, ces effets sont surtout observés parmi les meilleurs étudiants. Paradoxalement, les étudiants de première génération voient leurs notes diminuer en réponse à leur admission dans le programme d'honneurs, par rapport à la fois aux étudiants de première génération admis et aux candidats de première génération non admis. Cette baisse des notes chez les étudiants de première génération est principalement attribuée à leurs faibles performances dans les cours de sciences naturelles. Pour en savoir plus : Pugatch, T., &
Thompson, P. (2024). Excellence for all? University
honors programs and human capital formation.
Educational Evaluation and Policy Analysis, 1-17. https://doi.org/10.3102/01623737241232971
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Les stratégies de financement externe en recherche : le cas de la Finlande C’est en 2014 que la formule de financement des universités finlandaises de sciences appliquées (ci-après UFSA) a été modifiée pour passer d’un financement basé principalement sur le nombre d’étudiants à un financement basé sur la performance. Cette réforme est accompagnée d’une diminution de 20% des subventions gouvernementales de base, et de l’introduction des activités de recherche, développement et innovation (ci-après RDI) parmi les mandats principaux des UFSA. En ce sens, les UFSA ont désormais une pression importante pour élargir leurs sources de financement externe en lien avec les activités de RDI. Kohtamäki et von Boguslawski (2024) s’intéressent aux objectifs stratégiques de financement externe et aux plans d’actions des UFSA qui sont développés dans un environnement dynamique complexe. Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent une approche principalement qualitative et faisant appel à la métaphore de l’écologie des jeux (ecology of game metaphor) permettant de comprendre et de conceptualiser les stratégies des UFSA en décomposant l’environnement en quatre groupes de jeux (financement disponible, parties prenantes externes, impacts des activités de RDI, et impact sur l’image institutionnelle). Les joueurs ont ainsi besoin des apports d’un des jeux pour atteindre les objectifs fixés dans un autre jeu. L’usage de cette métaphore permet de tenir compte de la myriade de facteurs et d’acteurs qui sont concernés, et de faire ressortir les aspects d’interconnectivité complexe qui existe tant à l’intérieur de chaque jeu qu’entre les différents jeux. Les chercheurs appliquent cette théorie en ayant recours à des données longitudinales de financement externe provenant de la base de données gouvernementale Vipunen (administrée par le ministère finlandais de l’Éducation) et aux documents de planification stratégique provenant des sites institutionnels. L’échantillon considéré comprend 22 universités pour la période allant de 2015 à 2022. Les résultats obtenus sont de plusieurs ordres. Premièrement, les stratégies des UFSA tendent à s’aligner sur la formule de financement du gouvernement et sur les réductions du financement public. Deuxièmement, les acteurs sont marqués par une forte interdépendance, alors que le succès ou l’échec d’un des acteurs affecte les résultats financiers des autres acteurs. Troisièmement, les UFSA diffèrent dans l’importance qu’elles accordent aux enjeux de développement régional. Quatrièmement, les UFSA reconnaissent la valeur de la collaboration et des partenariats avec d’autres acteurs tels les entreprises, les municipalités, les autres universités ou encore des partenaires internationaux. Toutefois, elles rivalisent activement pour le financement de la RDI. Leurs approches ne se caractérisent donc pas par une stratégie singulière et unidirectionnelle, mais plutôt par des ensembles de stratégies et de tactiques de jeu interconnectées et multiformes. Les chercheurs notent toutefois que, bien que les documents de stratégies institutionnelles discutent des buts et des objectifs centraux, ils ne peuvent pas être considérés comme des manuels de prise de décision car ils n’offrent pas d’informations sur la manière dont les objectifs seront atteints. Pour en savoir plus: Kohtamäki, V., & von Boguslawski, M.
(2024). Strategic ambitions of external RDI funding in
Finnish universities of applied sciences. Studies in
Higher Education, 1–16. https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2334840
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Évaluation de l’enseignement par les étudiants : biaisée ou non ? L'étude de Binderkrantz et Bisgaard (2024) explore les évaluations de l'enseignement universitaire et leur possible biais, en mettant en avant le rôle du genre des professeurs. Basée sur une base de données de près de 125 000 évaluations effectuée entre 2018 et 2020 provenant d’une université danoise, l'étude adopte une approche multidimensionnelle comprenant une analyse quantitative, basé sur un modèle de régression logistique ordinale généralisée, et deux volets qualitatifs, impliquant l'examen des commentaires laissés par les étudiants et des entrevues semi-dirigés avec 20 participants. Les évaluations, standardisées et anonymes, révèlent une prédominance de professeurs masculins (64%) et d’étudiantes féminines (56%) parmi les participants. L'analyse quantitative est centrée sur une seule question de l’évaluation portant sur l’évaluation de la communication du professeur. Les réponses possibles prennent la forme d’une échelle de Likert. L’estimation du modèle ne permet pas de révéler de biais de genre. Cependant, l'introduction d'une variable d'interaction entre le genre du professeur et celui de l’étudiant dévoile un effet notable : les étudiants notent mieux la communication lorsqu'ils partagent le même genre que le professeur, suggérant ainsi une affinité influençant les évaluations. L’estimation du modèle, qui résiste à plusieurs tests de robustesse, permet d’évaluer que la probabilité de donner une meilleure évaluation augmente de 46% et 52% lorsque le professeur correspond au genre de l’étudiant qui l’évalue. Les volets qualitatifs de la recherche confirment ces résultats : les évaluations négatives sur la communication sont souvent accompagnées de commentaires, en particulier chez les étudiants masculins lorsqu’ils ont des professeures appartenant au genre féminin. Les étudiantes laissent quant à elle plus de commentaires positifs avec des professeures du même genre et des commentaires neutres avec des professeurs masculins. Les entretiens avec les étudiants soulignent également une préférence pour les enseignants du même genre. Ces entrevues sont effectuées auprès d’étudiants étudiant en administration des affaires et en économie et comporte une part égale d’étudiants masculins et féminins. Ces entrevues permettent également de révéler que les étudiants masculins accordent une plus grande importance à l’humour et à la prestance de leur professeur. L’analyse des commentaires permettait en effet de constater que les étudiants masculins utilisent souvent le terme « humour » pour décrire le caractère de leur professeur masculin, ce qu’ils ne faisaient pas pour leur professeur féminin. Les auteures soulignent que, bien que l’étude n’ait pas révélée de biais de genre dans les évaluations, cette recherche évolue dans le contexte féministe danois, où l'égalité des genres est soutenue. Pour en savoir plus : Binderkrantz, A. S.,
& Bisgaard, M. (2024). A gender affinity effect:
the role of gender in teaching evaluations at a Danish
university. Higher Education, 87(3), 591-610. https://doi.org/10.1007/s10734-023-01025-9
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques publiques.
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