VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
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Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur l’enseignement supérieur |
Ce mois-ci :
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Le rôle des facteurs organisationnels sur l’écart socio-économique des programmes d’échange étudiant Si les recherches tendent à indiquer que la participation d’étudiants à des programmes d’échanges internationaux est bénéfique pour leur développement professionnel futur, les étudiants en difficulté tendent à être significativement sous-représentés dans ce type de programme. S’éloignant des études précédentes se concentrant sur les caractéristiques individuelles de ces étudiants, Granato et Schnepf (2024) s’intéressent à ce phénomène d’écart socio-économique du point de vue du rôle joué par les caractéristiques organisationnelles et de programme académique, dans une approche se voulant mésoscopique. Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données longitudinales de nature administrative et liée tant aux applications de programmes d’échanges qu’à des données socio-économiques et académiques pour la période allant de 2010-2011 à 2018-2019. L’échantillon final comprend un total de 46 096 étudiants provenant de 102 programmes de baccalauréat donnés à l’Université de Bologne, la deuxième plus grande université d’Italie. Le programme d’échange considéré est celui d’Erasmus, le plus important en Europe. Les chercheurs mesurent les compétences académiques des étudiants par leurs notes aux examens finaux du secondaire, et identifient les étudiants considérés comme « désavantagés socio-économiquement » par le fait de n’avoir aucun parent détenant un niveau d’éducation postsecondaire. Ils utilisent ensuite des régressions logistiques (modèle logit) de premier niveau afin d’estimer les liens existant entre les caractéristiques socio-économiques, la mobilité et des caractéristiques individuelles. Les résultats obtenus indiquent qu’en moyenne 90% de l’ensemble de l’écart socio-économique chez les programmes d’échanges étudiants serait lié au fait que les étudiants désavantagés ne postulent pas à ce genre de programme ; alors que les étapes suivantes, d’admissibilité et de financement, n’auraient qu’un impact marginal. Les chercheurs remarquent que cette faible représentation des étudiants désavantagés est constante à travers tous les programmes d’études. Cette situation est plus modérée dans le cas des programmes de langues alors qu’elle est pire chez les programmes de sciences, de technologies et de mathématiques. Selon les résultats des auteurs, plus de 28% de la variation liée aux applications s’expliquerait par des différences existant entre les programmes universitaires ; ce qui leur fait dire que les caractéristiques des programmes universitaires seraient au moins aussi importantes que les caractéristiques individuelles dans l’explication de l’écart socio-économique. Les chercheurs notent que, pour réduire l’écart socio-économique, il serait indiqué d’intégrer les échanges internationaux à même les cursus universitaires. Les auteurs concluent en notant le besoin de recherches supplémentaires qui tiendraient compte de la personnalité des étudiants et de leur situation financière. Pour en savoir plus : Granato, S., et
Schnepf, S. V. (2024). Why are lower socioeconomic
background students underrepresented in Erasmus? A
focus on the selection into mobility and degree course
organization. Studies in Higher Education,
1–15. https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2349963
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L’influence du statut socioéconomique des parents et de la performance académique sur la participation universitaire La décision de s’inscrire à l’université dépend de nombreux facteurs. Tomaszewski, Xiang et Kubler (2024) cherchent à comprendre comment le statut socioéconomique (SSE) des parents affecte la participation universitaire en Australie. Les auteurs examinent également l'impact de la performance académique au niveau secondaire sur cette décision.Cette étude utilise un échantillon de 21 772 étudiants de l’État du Queensland, suivi de 2014 à 2018. Les SSE des étudiants sont classés en quatre catégories, basées sur le type d’emploi et le niveau d’éducation des parents. La performance académique est évaluée à l’aide du National Assessment Program-Literary and Numeracy (NAPLAN), un examen standardisé que les étudiants au niveau secondaire doivent effectuer. Les auteurs utilisent un modèle de régression logistique à plusieurs niveaux pour estimer la probabilité qu’un individu accède à l’université en fonction de son SSE, de sa performance académique, et de plusieurs variables de contrôle. Les résultats indiquent que, à performance académique égale, les étudiants issus de milieux socioéconomiques bas ont moins de chances d’aller à l’université comparativement à ceux de la classe la plus élevée. Toutefois, l’écart de probabilité de participation varie en fonction du niveau de réussite scolaire. La différence entre les SSE est particulièrement marquée pour les étudiants ayant une performance académique moyenne : l’écart s’élève à environ 10% de moins de chances pour les étudiants de niveau socioéconomique bas par rapport aux plus élevés, contre un écart de 5% pour les étudiants les moins performants. Pour les étudiants réussissant très bien, aucune différence entre les SSE n’est constatée. Par ailleurs, le niveau d’éducation des parents s’avère être un déterminant plus significatif de la participation universitaire que le type d’emploi des parents. Pour en savoir plus : Tomaszewski, W.,
Xiang, N., et Kubler, M. (2024). Socio-economic
status, school performance, and university
participation: evidence from linked administrative and
survey data from Australia. Higher Education,
1-22. https://doi.org/10.1007/s10734-024-01245-7
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Changer des bourses pour des prêts : quel impact sur la participation universitaire ? Une réforme de l’aide financière aux études aux Pays-Bas en 2015 a remplacé les bourses universelles par des prêts liés aux revenus. Bolhaar, Kuijpers, Webbink et Zumbuehl (2024) étudient l’impact de ce changement sur la participation universitaire. Avant 2015, l’aide financière néerlandaise comprenait quatre volets : une bourse universelle basée sur le niveau d’indépendance de l’étudiant, une bourse supplémentaire variant en fonction du revenu du ménage, des prêts optionnels et une passe de transport public. La réforme a éliminé la bourse universelle, mais a aussi augmenté le plafond des prêts pour les étudiants non admissibles à la bourse supplémentaire. Le montant total d’aide financière est le même pour tous les étudiants, seul le ratio prêt/bourse changeant. Les prêts doivent être remboursés sur une période de 35 ans, avec des mensualités ajustées selon le revenu de l’individu. Les auteurs de l’étude ont accès aux données de l’ensemble des étudiants des Pays-Bas. Ils ont sélectionné dix cohortes, chacune suivie pendant sept ans. Utilisant une régression de probabilité pour estimer l’impact de la réforme sur la participation universitaire, les auteurs ne trouvent aucun effet significatif, positif ou négatif, même après avoir contrôlé pour les différences entre les cohortes et estimé le modèle sur les groupes vulnérables (étudiants défavorisés ou immigrants). Les auteurs empruntent ensuite une régression de différence-en-différence pour étudier l’impact de l’augmentation de la bourse supplémentaire pour certains étudiants. En effet, seuls les étudiants des ménages les plus défavorisés ont vu leur montant de bourses rester inchangé, les autres ayant vu leurs bourses remplacées par des prêts. Ces étudiants des ménages les plus défavorisés servent de groupe de contrôle dans l’analyse. Encore une fois, aucune différence significative dans la participation universitaire n’a été notée entre les groupes. Cependant, les auteurs constatent que les étudiants ont ajusté leur comportement en prenant plus de prêts et en augmentant leur nombre d’heures de travail. L’effet sur le travail reste toutefois modéré. Pour en savoir plus: Bolhaar, J., Kuijpers, S., Webbink, D., et
Zumbuehl, M. (2024). Does replacing grants by
income-contingent loans harm enrollment? New evidence
from a reform in Dutch higher education. Economics
of Education Review, 101(102546) https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2024.102546
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Le rôle de la métagouvernance dans la création de partenariats villes-universités Au XXe siècle, les relations parfois tendues entre universités et villes d’accueil ont évolué avec l’avènement de l’économie du savoir. Aujourd’hui, la plupart des universités entretiennent des collaborations avec leurs municipalités. Ces partenariats se divisent en trois types : routiniers, stratégiques et transformatifs. Toutefois, divers obstacles tels que l’inertie institutionnelle, les différences culturelles ou encore les conflits organisationnels compromettent ces collaborations. La métagouvernance joue un rôle important en connectant les niveaux stratégiques, opérationnels et tactiques de la gouvernance. Torfing, Sivertsen et Torvatn (2024) s’intéressent aux efforts locaux de métagouvernance dans les collaborations interorganisationnelles multiniveaux entre les universités et les villes, et aux conditions nécessaires à leur succès. Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent une approche principalement qualitative et faisant appel à une étude de cas détaillée. Cette dernière se rapporte aux efforts visant à créer un partenariat transformatif entre l’Université norvégienne de Sciences et de Technologie (NTNU) et la municipalité de Trondheim, en 2017, au sein du projet TRD3 .0 dont l’objectif était de faciliter le partage de connaissances et le développement de compétences tout en résolvant des problèmes de sociétés par une cocréation de valeur publique. Afin de réaliser leur étude de cas, les chercheurs ont d’abord analysé divers documents institutionnels, puis ont réalisé des entrevues semi-dirigées, auprès de divers acteurs de l’université et de la municipalité, en 2019-2020 et en 2021-2022. Ils ont également eu recours à des sondages utilisant des questions ouvertes et fermées et ont observé plusieurs réunions réalisées par le comité responsable du projet, afin d’en comprendre les aspects et processus formels et informels. Le principal résultat obtenu par les chercheurs est que la métagouvernance de multiniveau doit impérativement combiner des outils pratiques interventionnistes et non-interventionnistes tout en accordant une attention particulière aux liens qui se font entre les niveaux. Ils remarquent notamment que, dans le cas du partenariat de Trondheim, le projet a souffert d’une déconnexion entre le niveau tactique et le niveau stratégique. Les chercheurs émettent cinq recommandations. Premièrement, les comités directeurs doivent être formés avec des membres qui valorisent la collaboration et disposent de l’autorité nécessaire pour effectuer des changements. Deuxièmement, les comités doivent également interagir directement avec le niveau tactique et les leaders intermédiaires. Troisièmement, il est important de mettre l'accent sur la gestion continue de la collaboration, en clarifiant continuellement la vision, les objectifs, les valeurs et les priorités communs du projet. Quatrièmement, il peut être nécessaire de créer un cycle intégré de planification annuelle. Enfin, il est nécessaire d’anticiper le moment où le projet évoluera en un arrangement permanent. Malgré les lacunes identifiées, les chercheurs notent que les universités et municipalités auraient intérêt à entreprendre des partenariats similaires au TRD3.0. Ils notent également les limites de leur étude qui s’est limitée à un seul cas, et recommandent diverses pistes pour les recherches futures. Pour en savoir plus : Torfing, J.,
Sivertsen, H., et Torvatn, H. (2024). Metagovernance
of co‐creation in city–university partnerships: How to
avoid being stuck in the middle? Public
Administration. https://doi.org/10.1111/padm.12997
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques publiques.
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