*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Août 2024
28^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Le rôle des programmes de mathématiques sur la décision de
s’orienter vers les STIM
* La différence entre les cours intensifs et les cours
traditionnels sur la charge de travail
* Le rôle des projets interdisciplinaires sur le développement des
compétences collaboratives
* Les décisions gouvernementales de faire des coupes budgétaires
aux établissements d’enseignement supérieur
Bonjour à toutes et tous!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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*Les programmes spécialisés en mathématiques : permettent-ils d’orienter
les jeunes vers les STIM ? *
S’il est de plus en plus évident qu'une augmentation du nombre de
diplômés universitaires dans les domaines des sciences, technologies,
ingénieries et mathématiques (STIM) est requise pour faire face aux
défis croissants liés aux enjeux technologiques et économiques ; il est
également reconnu que ces diplômés tendent à être trop peu nombreux.
Greta Morando (2024) s’intéresse au phénomène des incitatifs visant à
influencer le choix des programmes universitaires, et plus
particulièrement aux incitatifs permettant d’orienter davantage
d’étudiants vers les STIM.
Pour analyser ce phénomène, la chercheuse examine l’effet d’une réforme
éducative réalisée en Angleterre et visant à encourager la
spécialisation en mathématiques dans les établissements scolaires lors
des deux dernières années d’enseignement secondaire. Plus précisément,
elle utilise des données longitudinales de nature administrative issue
du /National Pupil Database/ et du /Higher Education Student Record/
permettant de connaître le parcours académique détaillé ainsi que
certaines caractéristiques socio-économiques et démographiques.
L’échantillon final comprend un total de 1 460 000 étudiants pour la
période allant de 2003 à 2009. L’analyse utilise une méthode
quantitative basée sur une stratégie de différence-en-différence, qui
exploite ainsi la réforme comme un choc exogène. Cette approche permet
de comparer la situation des étudiants avant et après la réforme, tout
en contrôlant pour un certain nombre de variables.
Les résultats obtenus indiquent que la mise en place de cette réforme
aurait fait augmenter la probabilité des étudiants de s’inscrire dans
une filière universitaire de type STIM, en moyenne, de 1,5%. La
chercheuse note que cette hausse est principalement concentrée chez les
étudiants ayant un plus haut niveau de compétences en mathématiques,
soulignant que la hausse de probabilité atteint 5,4% dans le quintile
supérieur. Elle note également que cette réforme ne semble pas avoir eu
d’effet pour réduire les disparités reliées au genre et au statut
socio-économique. Ainsi, l’étude suggère qu’une orientation précoce vers
le secteur des mathématiques peut être un levier afin d’augmenter la
proportion de diplômés dans les domaines STIM, mais que d’autres mesures
sont nécessaires pour réduire les inégalités.
_Pour en savoir plus :_
Morando, G. (2024). Mathematics Specialization at High School and
Undergraduate Degree Choice: Evidence From England. /Educational
Evaluation and Policy Analysis./ https://doi.org/10.3102/01623737241255348
*
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*Choisir des cours intensifs plutôt que traditionnels : quels impacts
sur les autres cours du semestre ?*
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Si les cours intensifs connaissent une popularité croissante par rapport
aux cours traditionnels, et qu’ils sont présentés comme un moyen
efficace d’attirer et de retenir les étudiants en réduisant le temps
requis pour obtenir un diplôme, tout en développant chez ces étudiants
des méthodes d’études plus efficaces ; il demeure que la recherche sur
les effets de ces cours est parcellaire. Dayna Jean DeFeo, Brett Jordan
Watson, Sarah Gerken et Trang C. Tran (2024) s’intéressent à l’effet des
structures de cours (traditionnelles ou intensives) sur les résultats
des étudiants, et plus particulièrement aux effets de débordements
imprévus, afin de déterminer si les cours intensifs entraînent une
diminution de la performance des étudiants dans les autres cours qui
sont suivis simultanément.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs examinent l’effet d’une
restructuration des cours introductifs de biologie, passant de deux
semestres à un semestre, à l’Université de l’Alaska. Plus précisément,
ils utilisent des données de séries temporelles de nature administrative
provenant de l’établissement universitaire, et couvrant des informations
sur la performance des étudiants (à la fois dans les cours de biologie
et dans les autres cours suivis simultanément) ainsi que sur leurs
caractéristiques démographiques. L’échantillon final comprend un total
de 2 515 étudiants pour la période allant de 2009 à 2021. L’analyse
utilise une méthode quantitative basée sur une stratégie de séries
temporelles interrompue (/interrupted time series/) afin de comparer les
résultats avant et après la restructuration du cours tout en incorporant
des variables de contrôle. Cette approche permet de modéliser les
tendances préexistantes et d’ainsi évaluer l’impact de la
restructuration des cours en comparant les résultats observés aux
résultats prédits selon ces tendances.
Les résultats obtenus indiquent que les étudiants suivants des cours
intensifs ont des performances comparables à celles des étudiants
suivant des cours traditionnels. Les chercheurs notent qu’il n’y a aucun
effet significatif de débordement négatif sur les autres cours suivis
simultanément aux cours intensifs. Ils notent au contraire que des
effets de débordements positifs ont été observés en ce qui a trait à
l’augmentation du nombre de cours suivis ; ce qui signifierait que les
inquiétudes relatives au stress et à la baisse de performance ne se sont
pas matérialisées, car les étudiants ont réussi à bien gérer leur charge
de travail. Ainsi, les chercheurs suggèrent que les cours intensifs
pourraient être des alternatives viables et bénéfiques aux cours
traditionnels. Ils concluent en mettant en garde les établissements
universitaires voulant imiter l’Université de l’Alaska à bien considérer
les implications logistiques de ces changements, et évoquent le besoin
de recherche supplémentaire sur le résultat qu’ils ont obtenu.
_Pour en savoir plus : _
DeFeo, D. J., Watson, B. J., Gerken, S., & Tran, T. C. (2024). Spillover
Effects: A Comparison of Course and Institutional Outcomes for
Traditional and Intensive Introductory Biology. /The Journal of Higher
Education/, 1-28. https://doi.org/10.1080/00221546.2024.2369041
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*Les cours structurés sur des projets interdisciplinaires : un outil de
développement de compétences collaboratives ?*
Si les compétences de collaboration interpersonnelles et
interdisciplinaires ont une importance croissante dans les milieux
académiques et professionnels, et que les cours basés sur des projets
interdisciplinaires sont de plus en plus populaires dans les
universités, la littérature pertinente échoue à bien expliquer la façon
dont ces compétences se développent dans un contexte éducatif. Mette
Mari Wold Johnsen, Ela Sjølie et Vegard Johansen (2023) s’intéressent au
développement de ces compétences collaboratives, et plus
particulièrement aux variations qui peuvent exister entre les étudiants
et entre les groupes d’étudiants, et qui peuvent s’expliquer par
l’environnement d’apprentissage.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs examinent l’impact d’un cours
structuré en projets interdisciplinaires sur le développement des
compétences de collaboration chez les étudiants dans une université
publique scandinave. Plus précisément, ils utilisent des données
provenant de questionnaires réalisés avant (/pretest/) et après
(/posttest/) la participation aux cours, qui sont organisés selon deux
formats (un format semestriel et un format accéléré de 15 jours
consécutifs). L’échantillon final comprend un total de 2 921 étudiants
de deuxième cycle pour l’année 2021. L’analyse utilise une méthode
quantitative basée sur une analyse de régression à plusieurs niveaux
afin d’examiner l’influence des caractéristiques propres aux cours, aux
groupes d’étudiants et aux étudiants individuels. Cette approche permet
de tenir compte du fait que les étudiants provenant des mêmes groupes ou
des mêmes classes ne sont pas indépendants entre eux.
Les résultats obtenus indiquent que la participation aux cours du
programme tend à améliorer les compétences de collaboration des
étudiants. Les chercheurs notent également que le format accéléré du
cours permet une immersion plus profonde dans les projets ; ce qui
favorise le développement des compétences, en particulier celles reliées
à la gestion des conflits. Ils remarquent que les compétences de
collaboration tendent à se développer principalement au niveau des
groupes d’étudiants et non au niveau des classes, ce qui fait ressortir
l’importance des interactions au sein de petits groupes. Les chercheurs
soulignent que les variables de genre, de domaine d’étude et de moyenne
académique exercent une faible influence sur l’amélioration des
compétences de collaboration.
Ils concluent en notant que l’intégration de cours basés sur des projets
interdisciplinaires dans les programmes de formation pourrait mieux
préparer les étudiants à des environnements professionnels complexes ;
et que les établissements devraient promouvoir ces méthodes
d’enseignements notamment en intégrant explicitement des objectifs
d’apprentissage liés à la collaboration et des activités de réflexion de
groupe.
_Pour en savoir plus: _
Johnsen, M. M. W., Sjølie, E., & Johansen, V. (2024). Learning to
collaborate in a project-based graduate course: A multilevel study of
student outcomes. /Research in Higher Education/, /65/(3), 439-462.
https://doi.org/10.1007/s11162-023-09754-7
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Crises économiques : pourquoi les universités subissent-elles des
coupes budgétaires plus grandes que d'autres secteurs ?*
Si les crises économiques ont des impacts importants sur les finances
publiques des gouvernements, elles ont notamment un impact sur le
financement des universités et des autres établissements d’enseignement
supérieur. Dans le cas de certains États, cet impact tend à être
disproportionné par rapport à d’autres catégories de dépenses
gouvernementales. Denisa Gándara, Meredith S. Billings, Paul G. Rubin,
et Lindsey Hammond (2024) s’intéressent aux raisons expliquant les
décisions budgétaires concernant l’enseignement supérieur, aux motifs de
disproportion par rapport à d’autres secteurs comme l’éducation ou
encore la santé, et à la façon dont les décideurs perçoivent l’impact
sur les bénéficiaires des financements (institutions d’enseignement et
étudiants).
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs examinent la situation de la
Californie et du Texas en réaction à la crise de la pandémie de COVID-19
qui a provoqué une récession économique et menée à d’importants déficits
budgétaires dans ces deux États. L’analyse utilise une méthode
qualitative basée sur des informations obtenues par l’entremise de 28
entretiens semi-dirigés réalisés avec des acteurs clés des politiques
publiques dans les deux États, ainsi que 69 documents de nature
budgétaire, administrative ou médiatique. En analysant ces deux États
ayant des positionnements politiques opposés, les chercheurs visent
notamment à comparer les influences idéologiques liées aux décisions de
financement. Les chercheurs se réfèrent notamment à la théorie de la
construction sociale selon laquelle les décideurs politiques agissent
strictement en fonction de leur réélection.
Les résultats obtenus indiquent que, dans le cas du Texas et de la
Californie lors de la période de récession pandémique, les institutions
d’enseignement supérieur, du fait de leur capacité à pouvoir générer des
revenus, ont fait face à des réductions plus importantes de financement
gouvernemental ; mais que les gouvernements ont décidé de préserver les
aides financières attribuées à ceux-ci. Les chercheurs expliquent que
cette décision favorable aux étudiants s’explique par la perception des
décideurs quant à l’aspect méritant des étudiants, alors que ces
derniers sont souvent perçus de manière plus positive que les
institutions d’enseignement. Ils soulignent toutefois que les réductions
budgétaires ne reflètent pas nécessairement une opinion négative des
gouvernements sur le secteur, mais davantage un enjeu de priorités
politiques. Les chercheurs notent que les institutions d’enseignement
disposant de relations politiques plus fortes ont eu des coupes
budgétaires moins importantes, et évoquent la nécessité pour les
établissements de renforcer leurs relations politiques afin d’assurer un
financement adéquat lors de futures crises économiques. Enfin, les
chercheurs recommandent aux décideurs politiques de mieux prendre en
compte les besoins de long terme de l’enseignement supérieur.
_Pour en savoir plus : _
Gándara, D., Billings, M. S., Rubin, P. G., & Hammond, L. (2023). “One
of the Weakest Budget Players in the State”: State Funding of Higher
Education at the Onset of the COVID-19 Pandemic. /Educational Evaluation
and Policy Analysis/, /46/(3). https://doi.org/10.3102/01623737231168812
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Juin 2024
27^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Le rôle des facteurs organisationnels sur l’écart
socio-économique des programmes d’échange étudiant
* L’influence du statut socioéconomique des parents et de la
performance académique sur la participation universitaire
* La différence entre les bourses et les prêts sur la
participation universitaire
* Le rôle de la métagouvernance dans la création de partenariats
villes-universités
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*Le rôle des facteurs organisationnels sur l’écart socio-économique des
programmes d’échange étudiant*
Si les recherches tendent à indiquer que la participation d’étudiants à
des programmes d’échanges internationaux est bénéfique pour leur
développement professionnel futur, les étudiants en difficulté tendent à
être significativement sous-représentés dans ce type de programme.
S’éloignant des études précédentes se concentrant sur les
caractéristiques individuelles de ces étudiants, Granato et Schnepf
(2024) s’intéressent à ce phénomène d’écart socio-économique du point de
vue du rôle joué par les caractéristiques organisationnelles et de
programme académique, dans une approche se voulant mésoscopique.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données
longitudinales de nature administrative et liée tant aux applications de
programmes d’échanges qu’à des données socio-économiques et académiques
pour la période allant de 2010-2011 à 2018-2019. L’échantillon final
comprend un total de 46 096 étudiants provenant de 102 programmes de
baccalauréat donnés à l’Université de Bologne, la deuxième plus grande
université d’Italie. Le programme d’échange considéré est celui
d’Erasmus, le plus important en Europe. Les chercheurs mesurent les
compétences académiques des étudiants par leurs notes aux examens finaux
du secondaire, et identifient les étudiants considérés comme «
désavantagés socio-économiquement » par le fait de n’avoir aucun parent
détenant un niveau d’éducation postsecondaire. Ils utilisent ensuite des
régressions logistiques (modèle logit) de premier niveau afin d’estimer
les liens existant entre les caractéristiques socio-économiques, la
mobilité et des caractéristiques individuelles.
Les résultats obtenus indiquent qu’en moyenne 90% de l’ensemble de
l’écart socio-économique chez les programmes d’échanges étudiants serait
lié au fait que les étudiants désavantagés ne postulent pas à ce genre
de programme ; alors que les étapes suivantes, d’admissibilité et de
financement, n’auraient qu’un impact marginal. Les chercheurs remarquent
que cette faible représentation des étudiants désavantagés est constante
à travers tous les programmes d’études. Cette situation est plus modérée
dans le cas des programmes de langues alors qu’elle est pire chez les
programmes de sciences, de technologies et de mathématiques. Selon les
résultats des auteurs, plus de 28% de la variation liée aux applications
s’expliquerait par des différences existant entre les programmes
universitaires ; ce qui leur fait dire que les caractéristiques des
programmes universitaires seraient au moins aussi importantes que les
caractéristiques individuelles dans l’explication de l’écart
socio-économique.
Les chercheurs notent que, pour réduire l’écart socio-économique, il
serait indiqué d’intégrer les échanges internationaux à même les cursus
universitaires. Les auteurs concluent en notant le besoin de recherches
supplémentaires qui tiendraient compte de la personnalité des étudiants
et de leur situation financière.
_Pour en savoir plus :_
Granato, S., et Schnepf, S. V. (2024). Why are lower socioeconomic
background students underrepresented in Erasmus? A focus on the
selection into mobility and degree course organization. /Studies in
Higher Education/, 1–15. https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2349963
*
*
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*L’influence du statut socioéconomique des parents et de la performance
académique sur la participation universitaire*
**
La décision de s’inscrire à l’université dépend de nombreux facteurs.
Tomaszewski, Xiang et Kubler (2024) cherchent à comprendre comment le
statut socioéconomique (SSE) des parents affecte la participation
universitaire en Australie. Les auteurs examinent également l'impact de
la performance académique au niveau secondaire sur cette décision.
Cette étude utilise un échantillon de 21 772 étudiants de l’État du
Queensland, suivi de 2014 à 2018. Les SSE des étudiants sont classés en
quatre catégories, basées sur le type d’emploi et le niveau d’éducation
des parents. La performance académique est évaluée à l’aide du /National
Assessment Program-Literary and Numeracy/ (NAPLAN), un examen
standardisé que les étudiants au niveau secondaire doivent effectuer.
Les auteurs utilisent un modèle de régression logistique à plusieurs
niveaux pour estimer la probabilité qu’un individu accède à l’université
en fonction de son SSE, de sa performance académique, et de plusieurs
variables de contrôle. Les résultats indiquent que, à performance
académique égale, les étudiants issus de milieux socioéconomiques bas
ont moins de chances d’aller à l’université comparativement à ceux de la
classe la plus élevée. Toutefois, l’écart de probabilité de
participation varie en fonction du niveau de réussite scolaire. La
différence entre les SSE est particulièrement marquée pour les étudiants
ayant une performance académique moyenne : l’écart s’élève à environ 10%
de moins de chances pour les étudiants de niveau socioéconomique bas par
rapport aux plus élevés, contre un écart de 5% pour les étudiants les
moins performants. Pour les étudiants réussissant très bien, aucune
différence entre les SSE n’est constatée. Par ailleurs, le niveau
d’éducation des parents s’avère être un déterminant plus significatif de
la participation universitaire que le type d’emploi des parents.
_Pour en savoir plus : _
Tomaszewski, W., Xiang, N., et Kubler, M. (2024). Socio-economic status,
school performance, and university participation: evidence from linked
administrative and survey data from Australia. /Higher Education/, 1-22.
https://doi.org/10.1007/s10734-024-01245-7
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*Changer des bourses pour des prêts : quel impact sur la participation
universitaire ?*
Une réforme de l’aide financière aux études aux Pays-Bas en 2015 a
remplacé les bourses universelles par des prêts liés aux revenus.
Bolhaar, Kuijpers, Webbink et Zumbuehl (2024) étudient l’impact de ce
changement sur la participation universitaire. Avant 2015, l’aide
financière néerlandaise comprenait quatre volets : une bourse
universelle basée sur le niveau d’indépendance de l’étudiant, une bourse
supplémentaire variant en fonction du revenu du ménage, des prêts
optionnels et une passe de transport public. La réforme a éliminé la
bourse universelle, mais a aussi augmenté le plafond des prêts pour les
étudiants non admissibles à la bourse supplémentaire. Le montant total
d’aide financière est le même pour tous les étudiants, seul le ratio
prêt/bourse changeant. Les prêts doivent être remboursés sur une période
de 35 ans, avec des mensualités ajustées selon le revenu de l’individu.
Les auteurs de l’étude ont accès aux données de l’ensemble des étudiants
des Pays-Bas. Ils ont sélectionné dix cohortes, chacune suivie pendant
sept ans. Utilisant une régression de probabilité pour estimer l’impact
de la réforme sur la participation universitaire, les auteurs ne
trouvent aucun effet significatif, positif ou négatif, même après avoir
contrôlé pour les différences entre les cohortes et estimé le modèle sur
les groupes vulnérables (étudiants défavorisés ou immigrants).
Les auteurs empruntent ensuite une régression de
différence-en-différence pour étudier l’impact de l’augmentation de la
bourse supplémentaire pour certains étudiants. En effet, seuls les
étudiants des ménages les plus défavorisés ont vu leur montant de
bourses rester inchangé, les autres ayant vu leurs bourses remplacées
par des prêts. Ces étudiants des ménages les plus défavorisés servent de
groupe de contrôle dans l’analyse. Encore une fois, aucune différence
significative dans la participation universitaire n’a été notée entre
les groupes. Cependant, les auteurs constatent que les étudiants ont
ajusté leur comportement en prenant plus de prêts et en augmentant leur
nombre d’heures de travail. L’effet sur le travail reste toutefois modéré.
_Pour en savoir plus: _
Bolhaar, J., Kuijpers, S., Webbink, D., et Zumbuehl, M. (2024). Does
replacing grants by income-contingent loans harm enrollment? New
evidence from a reform in Dutch higher education. /Economics of
Education Review/, 101(102546)
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2024.102546
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Le rôle de la métagouvernance dans la création de partenariats
villes-universités*
Au XXe siècle, les relations parfois tendues entre universités et villes
d’accueil ont évolué avec l’avènement de l’économie du savoir.
Aujourd’hui, la plupart des universités entretiennent des collaborations
avec leurs municipalités. Ces partenariats se divisent en trois types :
routiniers, stratégiques et transformatifs. Toutefois, divers obstacles
tels que l’inertie institutionnelle, les différences culturelles ou
encore les conflits organisationnels compromettent ces collaborations.
La métagouvernance joue un rôle important en connectant les niveaux
stratégiques, opérationnels et tactiques de la gouvernance. Torfing,
Sivertsen et Torvatn (2024) s’intéressent aux efforts locaux de
métagouvernance dans les collaborations interorganisationnelles
multiniveaux entre les universités et les villes, et aux conditions
nécessaires à leur succès.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent une approche
principalement qualitative et faisant appel à une étude de cas
détaillée. Cette dernière se rapporte aux efforts visant à créer un
partenariat transformatif entre l’Université norvégienne de Sciences et
de Technologie (NTNU) et la municipalité de Trondheim, en 2017, au sein
du projet TRD3 .0 dont l’objectif était de faciliter le partage de
connaissances et le développement de compétences tout en résolvant des
problèmes de sociétés par une cocréation de valeur publique. Afin de
réaliser leur étude de cas, les chercheurs ont d’abord analysé divers
documents institutionnels, puis ont réalisé des entrevues semi-dirigées,
auprès de divers acteurs de l’université et de la municipalité, en
2019-2020 et en 2021-2022. Ils ont également eu recours à des sondages
utilisant des questions ouvertes et fermées et ont observé plusieurs
réunions réalisées par le comité responsable du projet, afin d’en
comprendre les aspects et processus formels et informels.
Le principal résultat obtenu par les chercheurs est que la
métagouvernance de multiniveau doit impérativement combiner des outils
pratiques interventionnistes et non-interventionnistes tout en accordant
une attention particulière aux liens qui se font entre les niveaux. Ils
remarquent notamment que, dans le cas du partenariat de Trondheim, le
projet a souffert d’une déconnexion entre le niveau tactique et le
niveau stratégique. Les chercheurs émettent cinq recommandations.
Premièrement, les comités directeurs doivent être formés avec des
membres qui valorisent la collaboration et disposent de l’autorité
nécessaire pour effectuer des changements. Deuxièmement, les comités
doivent également interagir directement avec le niveau tactique et les
leaders intermédiaires. Troisièmement, il est important de mettre
l'accent sur la gestion continue de la collaboration, en clarifiant
continuellement la vision, les objectifs, les valeurs et les priorités
communs du projet. Quatrièmement, il peut être nécessaire de créer un
cycle intégré de planification annuelle. Enfin, il est nécessaire
d’anticiper le moment où le projet évoluera en un arrangement permanent.
Malgré les lacunes identifiées, les chercheurs notent que les
universités et municipalités auraient intérêt à entreprendre des
partenariats similaires au TRD3.0. Ils notent également les limites de
leur étude qui s’est limitée à un seul cas, et recommandent diverses
pistes pour les recherches futures.
_Pour en savoir plus : _
Torfing, J., Sivertsen, H., et Torvatn, H. (2024). Metagovernance of
co‐creation in city–university partnerships: How to avoid being stuck in
the middle? /Public Administration/. https://doi.org/10.1111/padm.12997
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Une image contenant texte, signe Description générée automatiquement**
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion de la veille de recherche en enseignement supérieur
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Mai 2024
26^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'impact des frais sur les étudiants internationaux
* L'impact de l'aide financière aux études sur les frais de scolarité
* La satisfaction à l'égard des modèles d'enseignement immersif
* Le changement des préférences en enseignement supérieur en Colombie/
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Bonjour à toutes et tous!
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*L’impact des frais sur les étudiants internationaux : le cas de l’État
du Bade-Wurtemberg*
Si les dernières décennies ont vu une augmentation sans précédent du
nombre d’étudiants internationaux (avec une augmentation de 68% entre
2008 et 2018); on sait assez peu de choses sur la façon dont ces
étudiants sélectionnent leur pays d’étude et comment les politiques
publiques peuvent venir influencer ces décisions. Vortisch (2023)
s’intéresse à ce phénomène et tente d’évaluer l’impact de ce genre de
politiques sur les flux migratoires académiques et sur la réussite
académique de ces étudiants.
Pour analyser ce phénomène, le chercher utilise des données
longitudinales du gouvernement fédéral allemand et des États fédérés
allemands pour une période allant de 1998 à 2019. L’échantillon final
fédéral comprend un total de 10 603 observations pour 698
établissements, alors que l’échantillon final d’État comprend un total
de 6 921 observations pour 466 établissements. Les données issues des
États ont pour avantage de faire la distinction entre les étudiants
internationaux selon leur citoyenneté et leur région géographique
d’origine. Le chercheur tire parti de l’introduction en 2017 de frais de
1500 euros par semestre pour chaque étudiant provenant de l’extérieur de
l’Espace économique européen. Cette politique possède de nombreuses
exceptions, ce qui fait qu’uniquement la moitié des étudiants
internationaux y sont réellement assujettis. Comme cette mesure n’est
appliquée que par l’un des seize États fédérés allemands (l’État du
Bade-Wurtemberg), alors que les autres États conservent une politique de
gratuité, cela permet de créer deux groupes (un groupe traitement et un
groupe contrôle) afin de réaliser une analyse de différence-en-différence.
Les résultats obtenus indiquent que l’introduction de cette politique
entraîne une diminution d’environ deux points de pourcentage du taux
d’inscription internationale dans les établissements concernés. Le
chercheur remarque que cette diminution affecte de manière
disproportionnée les étudiants en provenance des continents africain et
asiatique. Ce résultat résiste aux tests de robustesse de l'auteur. Il
remarque également que, contrairement à l’un des arguments amenés par le
gouvernement du Bade-Wurtemberg, cette politique ne semble pas avoir
diminué le taux d’échec des étudiants internationaux aux examens finaux.
Il note toutefois qu’il est peut-être prématuré d'en tirer des conclusions.
Selon le chercheur, ces résultats suggèrent que le fait d’accroître les
frais aux étudiants internationaux peut modifier considérablement la
composition du corps étudiant d’un établissement. Les institutions
d’enseignement peuvent alors compenser ces effets-prix en jouant sur la
qualité afin d’attirer d’autres types d’étudiants internationaux ou
nationaux, davantage qualifiés. L’auteur conclut en notant le besoin de
recherches supplémentaires pour mieux évaluer les résultats de long
terme de ce genre de politiques.
_Pour en savoir plus :_
Vortisch, A. B. (2024). The land of the fee: the effect of
Baden-Württemberg’s tuition fees on international student outcomes.
/Education Economics/, /32/(2), 141–166.
https://doi.org/10.1080/09645292.2023.2194585
*
*
------------------------------------------------------------------------
*Les établissements d’enseignement supérieur augmentent-ils leurs frais
de scolarité suivant une hausse de l’aide financière reçue par les
étudiants ?*
**
Li et Katri (2024) étudient l’impact des programmes d’aide financière de
type /Promise/ sur la hauteur des frais de scolarité. Les programmes
Promise offrent aux étudiants des bourses ou des prêts s’ils choisissent
de fréquenter un établissement d’enseignement supérieur situé dans les
environs de leur école secondaire ou de leur lieu de résidence. Les
critères spécifiques varient en fonction des programmes, qui sont
déterminés par les États, les régions (/counties/) ou les villes. Les
autrices cherchent plus spécifiquement à identifier l’impact de
l’identité de l’autorité en mesure de déterminer les frais de scolarité,
soit l’université elle-même soit l’État.
Leur échantillon rassemble 29 programmes offrant de l’aide aux étudiants
inscrits à des collèges de deux ans, implanté entre 2003 et 2013. Les
programmes sélectionnés ciblent des collèges individuels, et non pas une
région entière, afin de pouvoir isoler l’effet du programme sur les
frais de scolarité. Le groupe contrôle de cette étude est donc composé
des collèges situés dans les environs de ceux ayant implanté un
programme Promise. De plus, afin d’éliminer un biais de sélection où les
collèges ayant implanté un programme Promise différeraient de ceux n’en
ayant pas instauré, le groupe contrôle inclut seulement des collèges
ayant développé un tel programme plus tard que ceux du groupe
traitement, soit entre 2016 et 2020.
Les autrices étudient l’effet de ces programmes sur les frais de
scolarité à travers une analyse de différence-en-différence à double
effet-fixes, en estimant les coefficients à l’aide de l’approche de
Callaway et Sant’Anna, qui cadre mieux avec les conditions du modèle.
Enfin, Li et Katri conduisent une analyse d’évènement (/event-study/)
afin d’explorer les effets potentiellement hétérogènes entre les
cohortes d’adoption de programme.
Les résultats obtenus contredisent l’intuition initiale des autrices.
Parmi les établissements qui n’ont pas l’autorité de fixer la hauteur de
leurs frais de scolarité, aucune différence entre le groupe contrôle et
le groupe traitement n’a été observée. Toutefois, pour les collèges
ayant ce pouvoir, les frais de scolarité des établissements du groupe
traitement ont diminué de 14% à 17% comparativement au groupe contrôle.
Les autrices expliquent ce résultat en indiquant que les programmes
d’aide Promise sont de petite taille comparativement à d’autres
programmes d’aide tels que les bourses /Pell/. Ces programmes ne
seraient donc pas assez importants pour permettre aux collèges
d’augmenter les frais de scolarité.
_Pour en savoir plus : _
Li, A. Y., & Katri, P. (2024). Does Tuition-Setting Authority Determine
Whether Tuition Increases at Community Colleges with New Promise
Programs?. /The Journal of Higher Education/, 1-30.
https://doi.org/10.1080/00221546.2024.2301914
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*Les modèles d’enseignement immersif sont-ils plus appréciés que les
modèles traditionnels ?*
Alors que le modèle traditionnel d’organisation du calendrier académique
est remis en question, des modèles alternatifs sont graduellement mis de
l’avant. C’est le cas du modèle dit « par bloc immersif » où les
étudiants apprennent sur des périodes d’enseignement de six semaines,
plus courtes que les semestres traditionnels de 12 à 15 semaines. Goode
et al. (2023) s’intéressent à la satisfaction des étudiants qui suivent
ce parcours atypique, et tentent d’examiner cette satisfaction à travers
de nombreux indicateurs.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données de
questionnaires d’évaluation de l’enseignement, réalisés par les
étudiants et collectés lors des dernières semaines de la période
d’enseignement, pour l’année 2019 et l’année 2021, dans une université
publique régionale australienne. Les étudiants sont conviés par courriel
à participer à ces questionnaires anonymes afin de répondre à 13
questions standards dont sept sont liées aux caractéristiques du cours
et six sont liées à l’enseignement en lui-même. L’échantillon final
comprend un total de 4 157 réponses. L’année 2021 est l’année pilote du
modèle de bloc immersif alors que l’année 2019 est celle utilisant la
prestation traditionnelle par trimestre. En faisant des appariements
entre les programmes de cours similaires avant (en 2019) et après (en
2021) le changement, les chercheurs peuvent déterminer l’effet de ce
nouveau mode sur la satisfaction des étudiants. Pour chaque cohorte
pertinente, les chercheurs effectuent notamment des tests de chi-carré
de Pearson. Ils font ensuite une analyse supplémentaire visant à
comprendre quel indicateur de satisfaction est le plus déterminant.
Les résultats obtenus indiquent que le passage du modèle traditionnel au
modèle par bloc immersif a accru significativement le taux de
satisfaction lié à cinq des sept indicateurs de cours et aux six
indicateurs d’enseignement. Les chercheurs notent que, bien que la
perception des étudiants concernant la charge de travail soit la plus
susceptible de voir sa satisfaction diminuer, les étudiants ont une
certaine tolérance à l’égard de celle-ci. Ils remarquent également que
la satisfaction globale tend à augmenter principalement à cause de la
satisfaction spécifiquement liée à l’enseignement ; surtout lorsque les
étudiants ont la perception que le contenu est présenté de manière
claire et que les enseignants témoignent d’une réelle préoccupation pour
leur apprentissage.
Selon les chercheurs, bien que cette étude soit de nature exploratoire,
elle apporte des constats pouvant aider les établissements, départements
et enseignants à mieux comprendre ce qui importe pour les étudiants. Il
apparaît notamment que ceux-ci apprennent plus efficacement et avec
davantage de satisfaction lorsque l’approche pédagogique est davantage
active que celle utilisée traditionnellement par une acquisition passive
de l’information. Parmi les activités de cette approche, on retrouve la
résolution de problèmes, la discussion, le questionnement, la pratique,
et la réflexion.
_Pour en savoir plus: _
Goode, E., Roche, T., Wilson, E., & McKenzie, J. W. (2024). Student
perceptions of immersive block learning: an exploratory study of student
satisfaction in the Southern Cross Model. /Journal of Further and Higher
Education/, /48/(2), 153–167. https://doi.org/10.1080/0309877X.2023.2277419
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Changement dans les préférences en enseignement supérieur en Colombie *
Bernal, Abadía, Álvarez-Arango et De Witte (2024) étudient l’impact de
l’arrêt abrupt de /Ser Pilo Paga/ (SPP), un programme d’aide financière
ciblant les étudiants post-secondaire provenant de milieux défavorisés
en Colombie. L’objectif de l’étude est d’observer s’il y a eu un
changement dans les préférences en enseignement supérieur des étudiants
ciblés par le SPP.
Ce programme a été instauré en 2014 et couvrait 100% des frais de
scolarité en plus de fournir une allocation variant entre 223$US et
892$US par trimestre, qui devait par la suite être remboursée. Il était
toutefois possible de faire annuler ce prêt sous certaines conditions.
Ce programme fournissait de l’aide à 10 000 étudiants par année,
représentant environ 3% de la population admissible. Pour l’obtenir, les
étudiants devaient réussir le /Saber11/, un examen standardisé similaire
au SAT aux États-Unis, et provenir d’une famille à faible revenu. Le
niveau de pauvreté des ménages est indiqué à partir de l’indice /Sisben/.
Après les élections de 2018, le SPP a été brusquement interrompu en
raison de son coût élevé, ce qui a pris la population par surprise. En
effet, le président élu était le seul parmi les candidats à s'engager à
maintenir le programme. Ce contexte permet aux auteurs d’emprunter une
régression sur discontinuité afin d’évaluer l’impact de l’élimination de
cette aide sur les préférences en enseignement supérieur des étudiants
provenant de familles à faibles revenus.
Les auteurs ont envoyé un sondage à un ensemble aléatoire d’école
secondaire quelques mois avant et après l’annulation de ce programme. Ce
sondage, répondu par 1567 étudiants en fin de parcours du secondaire,
permet d’évaluer les préférences des étudiants par rapport à divers
éléments relatifs à l’enseignement supérieur tel que la localisation de
l’université, le niveau de rigueur/de prestige de l’établissement (le
terme utilisé est « /quality of higher education/ », mesuré en nombre
d’étoiles), le type d’établissement (privé ou public) et l’aide
financière (taille de l’aide, modalité de remboursements et types de
l’aide).
Les coefficients du modèle mesurent l’importance de chaque critère par
rapport aux autres. Pour l’ensemble des étudiants, les bourses sont
l’élément qui est le plus important, suivi par la rigueur et le prestige
de l’éducation. Plus la taille des bourses est grande, plus celle-ci
sera préférée par rapport à d’autres caractéristiques. La fin du SPP a
changé ces préférences. L’importance des bourses chez les étudiants
ayant répondu au sondage après l’annonce de son interruption diminue de
7 à 16 points de pourcentage par rapport à ceux ayant répondu avant
l’annulation du SPP. Cet effet est plus important chez les étudiants les
plus défavorisés, montrant une diminution de 25 à 31 points de
pourcentage. L’annulation de ce programme est venue diminuer les
perceptions de l’enseignement supérieur chez l’ensemble de la population
ciblée par le SPP. Les auteurs indiquent que ce changement risque
d’influencer l’accumulation de capital humain de la Colombie dans les
prochaines années.
_Pour en savoir plus : _
Bernal, G. L., Abadía, L. K., Álvarez-Arango, L. E., & De Witte, K.
(2024). Financial aid uncertainty and low-income students’ higher
education preferences. /Higher Education/, /87/(6), 1845-1863.
https://doi.org/10.1007/s10734-023-01094-w
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**
Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Avril 2024
25^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* L'impact des prêts étudiants sur ceux en difficultés académiques
* L'efficacité des programmes Honors
* Les stratégies finlandaises de financement externe en recherche
* Les biais de genre dans l'évaluation de l'enseignement/
/
Bonjour à toutes et tous!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
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*Les prêts étudiants : sont-ils bénéfiques ou néfastes pour les
étudiants en difficultés académiques ?*
Si les prêts étudiants peuvent théoriquement éliminer certaines
barrières financières auxquelles sont confrontées les jeunes adultes
candidats aux études supérieures, et ainsi réduire les écarts
d’éducation entre riches et pauvres, les niveaux de dettes étudiantes
atteignent, malgré tout, des niveaux records, à un point tel que le
système de prêts étudiants est parfois remis en question. Certaines
craintes existent, par exemple, à l’effet que donner l’accès à ces prêts
aux étudiants en difficultés académiques pourraient les mener à
s’endetter sans pour autant obtenir de diplôme. Luke Chu et Cuffe (2024)
s’intéressent à ce phénomène et tentent d’évaluer l’impact de l’accès
aux prêts aux étudiants en difficulté sur leurs rendements académiques
et professionnels.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent des données
longitudinales du gouvernement néo-zélandais relatives à un total de 49
389 étudiants représentant près des trois-quarts des étudiants nationaux
néo-zélandais ayant commencé leur baccalauréat entre 2008 et 2011. Les
chercheurs tirent parti de l’introduction, en 2011, d’un seuil de
réussite académique conditionnel au renouvellement à l’accès aux prêts
étudiants. Ils utilisent ainsi une méthode de régression en
discontinuité pour créer un groupe traitement composé des étudiants
ayant atteint de justesse le seuil d’éligibilité par rapport à un groupe
contrôle des étudiants ayant échoué de justesse à l’atteindre.
Les résultats obtenus indiquent que, pour les étudiants autour du seuil
d’éligibilité, le fait de conserver l’accès aux prêts augmente la
probabilité d’obtenir éventuellement son diplôme de baccalauréat dans
une proportion allant de 60% à 70%. Du côté professionnel, le fait de
conserver l’accès aux prêts étudiants augmente le revenu mensuel moyen
d’environ 2000 dollars néo-zélandais (approximativement 1600 dollars
canadiens) et le percentile de revenu dans une proportion allant de 30 à
40 points de percentile. Les chercheurs notent toutefois que, bien que
leurs effets de revenus soient statistiquement significatifs, ils
demeurent moins précis que les effets obtenus sur la diplomation.
Selon les auteurs, ces résultats permettent d’atténuer la préoccupation
voulant qu’un accès trop facile aux prêts étudiants attire un trop grand
nombre d’étudiants peu performants vers l’enseignement supérieur, en
soulignant que la majorité des étudiants en difficulté réussiront
ultimement à graduer.
_Pour en savoir plus :_
Luke Chu, Y. W., & Cuffe, H. E. (2024). Do Academically Struggling
Students Benefit from Continued Student Loan Access? Evidence from
University and Beyond. The Review of Economics and Statistics, 106(1),
68–84. https://doi.org/10.1162/rest_a_01144
*
*
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*Les programmes Honors : aussi efficace que les universités de haut
prestige ?*
**
Pugatch et Thompson (2024) étudient l’impact sur les résultats scolaires
de l’admission au programme /Honors/ de l’Université de l’Oregon.
L’admission à ce type de programme permet aux étudiants d’accéder à des
classes de niveau de difficulté plus grand, de même qu’avoir une mention
sur leur diplôme qu’ils ont effectué un programme plus rigoureux.
Le processus d’admission est basé en grande partie sur un score
numérique synthétisant la qualité du candidat. Ce score est calculé en
tenant compte de divers critères tels que la moyenne générale au
secondaire, les performances à un test standardisé, la qualité de
rédaction d'un essai et l'expérience multiculturelle de l’étudiant. Ces
critères, évalués sur une échelle de 0 à 20 (sauf l'expérience
multiculturelle, notée de 0 à 5), déterminent la probabilité
d'acceptation des candidats. Les chances d'admission sont quasi-nulles
pour un score inférieur à 40, mais quasi-certaines pour un score
dépassant 50. L’étude se concentre sur les candidats entre 2005 et
2014. Sur les 3 066 demandes reçues, 54% ont été acceptées.
L'étude, utilisant un design de régression floue avec point de rupture,
identifie deux points de rupture, fixés à 44 et 50. Ces points de
rupture ont été estimés à l'aide d'un algorithme développé par les
chercheurs. Le modèle de régression comporte deux parties. La première
analyse d'abord l'admission au programme en fonction du score, en
divisant l'équation en sections distinctes déterminées par les points de
rupture. Ensuite, la deuxième partie estime les résultats scolaires en
fonction de l'admission au programme. Tous les calculs d'erreur sont
effectués par /bootstrap/.
Les résultats de l'étude révèlent que l'admission au programme
d'honneurs augmente la moyenne cumulative des étudiants de 0,1 point sur
une échelle de 0 à 4. Cependant, ces effets sont surtout observés parmi
les meilleurs étudiants. Paradoxalement, les étudiants de première
génération voient leurs notes diminuer en réponse à leur admission dans
le programme d'honneurs, par rapport à la fois aux étudiants de première
génération admis et aux candidats de première génération non admis.
Cette baisse des notes chez les étudiants de première génération est
principalement attribuée à leurs faibles performances dans les cours de
sciences naturelles.
_Pour en savoir plus : _
Pugatch, T., & Thompson, P. (2024). Excellence for all? University
honors programs and human capital formation. Educational Evaluation and
Policy Analysis, 1-17. https://doi.org/10.3102/01623737241232971
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*Les stratégies de financement externe en recherche : le cas de la Finlande*
C’est en 2014 que la formule de financement des universités finlandaises
de sciences appliquées (ci-après UFSA) a été modifiée pour passer d’un
financement basé principalement sur le nombre d’étudiants à un
financement basé sur la performance. Cette réforme est accompagnée d’une
diminution de 20% des subventions gouvernementales de base, et de
l’introduction des activités de recherche, développement et innovation
(ci-après RDI) parmi les mandats principaux des UFSA. En ce sens, les
UFSA ont désormais une pression importante pour élargir leurs sources de
financement externe en lien avec les activités de RDI. Kohtamäki et von
Boguslawski (2024) s’intéressent aux objectifs stratégiques de
financement externe et aux plans d’actions des UFSA qui sont développés
dans un environnement dynamique complexe.
Pour analyser ce phénomène, les chercheurs utilisent une approche
principalement qualitative et faisant appel à la métaphore de l’écologie
des jeux (/ecology of game metaphor/) permettant de comprendre et de
conceptualiser les stratégies des UFSA en décomposant l’environnement en
quatre groupes de jeux (financement disponible, parties prenantes
externes, impacts des activités de RDI, et impact sur l’image
institutionnelle). Les joueurs ont ainsi besoin des apports d’un des
jeux pour atteindre les objectifs fixés dans un autre jeu. L’usage de
cette métaphore permet de tenir compte de la myriade de facteurs et
d’acteurs qui sont concernés, et de faire ressortir les aspects
d’interconnectivité complexe qui existe tant à l’intérieur de chaque jeu
qu’entre les différents jeux.
Les chercheurs appliquent cette théorie en ayant recours à des données
longitudinales de financement externe provenant de la base de données
gouvernementale /Vipunen/ (administrée par le ministère finlandais de
l’Éducation) et aux documents de planification stratégique provenant des
sites institutionnels. L’échantillon considéré comprend 22 universités
pour la période allant de 2015 à 2022.
Les résultats obtenus sont de plusieurs ordres. Premièrement, les
stratégies des UFSA tendent à s’aligner sur la formule de financement du
gouvernement et sur les réductions du financement public. Deuxièmement,
les acteurs sont marqués par une forte interdépendance, alors que le
succès ou l’échec d’un des acteurs affecte les résultats financiers des
autres acteurs. Troisièmement, les UFSA diffèrent dans l’importance
qu’elles accordent aux enjeux de développement régional. Quatrièmement,
les UFSA reconnaissent la valeur de la collaboration et des partenariats
avec d’autres acteurs tels les entreprises, les municipalités, les
autres universités ou encore des partenaires internationaux. Toutefois,
elles rivalisent activement pour le financement de la RDI. Leurs
approches ne se caractérisent donc pas par une stratégie singulière et
unidirectionnelle, mais plutôt par des ensembles de stratégies et de
tactiques de jeu interconnectées et multiformes. Les chercheurs notent
toutefois que, bien que les documents de stratégies institutionnelles
discutent des buts et des objectifs centraux, ils ne peuvent pas être
considérés comme des manuels de prise de décision car ils n’offrent pas
d’informations sur la manière dont les objectifs seront atteints.
_Pour en savoir plus: _
Kohtamäki, V., & von Boguslawski, M. (2024). Strategic ambitions of
external RDI funding in Finnish universities of applied sciences.
Studies in Higher Education, 1–16.
https://doi.org/10.1080/03075079.2024.2334840
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Évaluation de l’enseignement par les étudiants : biaisée ou non ? *
L'étude de Binderkrantz et Bisgaard (2024) explore les évaluations de
l'enseignement universitaire et leur possible biais, en mettant en avant
le rôle du genre des professeurs. Basée sur une base de données de près
de 125 000 évaluations effectuée entre 2018 et 2020 provenant d’une
université danoise, l'étude adopte une approche multidimensionnelle
comprenant une analyse quantitative, basé sur un modèle de régression
logistique ordinale généralisée, et deux volets qualitatifs, impliquant
l'examen des commentaires laissés par les étudiants et des entrevues
semi-dirigés avec 20 participants. Les évaluations, standardisées et
anonymes, révèlent une prédominance de professeurs masculins (64%) et
d’étudiantes féminines (56%) parmi les participants.
L'analyse quantitative est centrée sur une seule question de
l’évaluation portant sur l’évaluation de la communication du professeur.
Les réponses possibles prennent la forme d’une échelle de Likert.
L’estimation du modèle ne permet pas de révéler de biais de genre.
Cependant, l'introduction d'une variable d'interaction entre le genre du
professeur et celui de l’étudiant dévoile un effet notable : les
étudiants notent mieux la communication lorsqu'ils partagent le même
genre que le professeur, suggérant ainsi une affinité influençant les
évaluations. L’estimation du modèle, qui résiste à plusieurs tests de
robustesse, permet d’évaluer que la probabilité de donner une meilleure
évaluation augmente de 46% et 52% lorsque le professeur correspond au
genre de l’étudiant qui l’évalue.
Les volets qualitatifs de la recherche confirment ces résultats : les
évaluations négatives sur la communication sont souvent accompagnées de
commentaires, en particulier chez les étudiants masculins lorsqu’ils ont
des professeures appartenant au genre féminin. Les étudiantes laissent
quant à elle plus de commentaires positifs avec des professeures du même
genre et des commentaires neutres avec des professeurs masculins. Les
entretiens avec les étudiants soulignent également une préférence pour
les enseignants du même genre. Ces entrevues sont effectuées auprès
d’étudiants étudiant en administration des affaires et en économie et
comporte une part égale d’étudiants masculins et féminins. Ces entrevues
permettent également de révéler que les étudiants masculins accordent
une plus grande importance à l’humour et à la prestance de leur
professeur. L’analyse des commentaires permettait en effet de constater
que les étudiants masculins utilisent souvent le terme « humour » pour
décrire le caractère de leur professeur masculin, ce qu’ils ne faisaient
pas pour leur professeur féminin.
Les auteures soulignent que, bien que l’étude n’ait pas révélée de biais
de genre dans les évaluations, cette recherche évolue dans le contexte
féministe danois, où l'égalité des genres est soutenue.
_Pour en savoir plus : _
Binderkrantz, A. S., & Bisgaard, M. (2024). A gender affinity effect:
the role of gender in teaching evaluations at a Danish university.
Higher Education, 87(3), 591-610.
https://doi.org/10.1007/s10734-023-01025-9
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Mars 2024
24^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Sommaire des crédits budgétaires à l'enseignement supérieur
* Sommaire des mesures ciblées en enseignement supérieur
Bonjour à toutes et tous!
Puisque nous sommes au mois de mars, nous vous présentons un sommaire
des annonces en enseignement supérieur incluses dans le dernier budget
du Québec.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
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*Sommaire des mesures budgétaires 2024-2025 en enseignement supérieur*
Le gouvernement québécois a déposé le 12 mars dernier le budget du
Québec. La composition des crédits dédiés à l’enseignement supérieur
suggère une relative continuation des politiques antérieures.
*Chiffres d’ensemble
*
Le budget québécois se base sur des estimations du niveau d’inflation de
2,8% en 2024 et de 2,2% en 2025. Par ailleurs, le taux de croissance du
PIB réel devrait passer de 0,6% en 2024 à 1,6% en 2025 (Ministère des
Finances du Québec, 2024).
Les crédits alloués aux cégeps augmentent de 2,98% (+ 76,9 M$) par
rapport à l’an dernier ; alors que ceux alloués à l’enseignement
collégial privé augmentent de 1,36% (+ 2,2 M$). Les crédits alloués aux
universités augmentent de 1,43% (+ 58,9 M$) par rapport à l’an dernier.
Le budget consacré aux infrastructures collégiales augmente de 4,15% (+
3,18 M$) alors que celui consacré aux infrastructures universitaires
augmente de 8,07% (+ 10,8 M$) (Secrétariat du Conseil du trésor du
Québec, 2024).
Les crédits accordés à l’aide financière aux études connaissent la plus
grande croissance avec une augmentation de 12,07% (+ 126,1 M$). La
grande partie de cette augmentation provient des bourses incitatives
avec une croissance de 22,59% (+ 50,0 M$). Les intérêts et
remboursements aux banques augmentent de 4,48% (+ 10,9 M$) et les
bourses consécutives aux prêts augmentent de 11,61% (+ 65,18 M$). Les
autres bourses n’ont aucune augmentation par rapport à l’an dernier.
Les crédits alloués au Fonds de recherche du Québec sont gelés pour la
présente année ; l’organisme conservant son budget de 245,8 M$. Le
gouvernement alloue aussi des crédits de 138,9 M$ dans un fonds
provisoire additionnel pour des dépenses discrétionnaires. De manière
générale, les crédits destinés à l’enseignement supérieur augmentent de
3,5% par rapport à l’an dernier.
*Mesures ciblées
*
Le gouvernement poursuit ses investissements dans le but d’améliorer la
réussite aux études supérieures. Cette année, les crédits alloués à ces
mesures totalisent 34,5 M$. La majeure partie de ces dépenses (25,0 M$)
est dédiée à soutenir l’apprentissage du français et aider à la
rétention des étudiants universitaires.
Le gouvernement prévoit également accroître l’offre de formation dans
les domaines prioritaires telle la transition énergétique (5 M$),
accroître l’offre de formation dans l’enseignement (2 M$) et soutenir la
transformation numérique des cégeps (1 M$). Il prévoit enfin de soutenir
les établissements d’enseignements afin d’accroître le logement étudiant
et d’entretenir le parc immobilier (1,5 M$).
Notons enfin que le gouvernement prévoit dévoiler une nouvelle politique
de financement des universités au printemps 2024 ; et dont les premiers
jalons entreront en vigueur lors de l’année universitaire 2024-2025.
Cette révision est, selon le gouvernement, l’occasion d’arrimer le
financement des universités aux objectifs gouvernementaux relatifs aux
secteurs stratégiques, aux services publics, à la vitalité du français
et à la commercialisation de la recherche.
_Pour en savoir plus :_
Ministère des Finances du Québec. (2024). /Budget 2024-2025 – Priorités
: santé et éducation – Plan budgétaire/. (url
<https://www.finances.gouv.qc.ca/Budget_et_mise_a_jour/budget/documents/Budg…>)
Secrétariat du Conseil du trésor. (2024). /Crédits et dépenses des
portefeuilles/. (url
<https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/budget_depenses/24-25/3-Credits…>)
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Février 2024
23e édition
Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur l’enseignement supérieur
Ce mois-ci :
* Syndrome de l’imposteur et détresse psychologique chez les femmes en STIM
* La persistance universitaire reste faible pour les étudiants issus de milieux à faible revenu
* L’augmentation d’aide financière pousse-t-elle les universités à accroître les frais de scolarité?
* Le soutien par les pairs peut-il contrer les problèmes d’inscription incomplète?
Bonjour à toutes et tous!
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Syndrome de l’imposteur et détresse psychologique chez les femmes en STIM
Yang et al. (2024) se penchent sur les divers facteurs qui influent sur la persistance des étudiantes en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Leur étude se concentre spécifiquement sur la corrélation entre la stratégie adoptée par les étudiantes pour atteindre leurs objectifs académiques, le syndrome de l'imposteur et la détresse psychologique. Cette recherche s'appuie sur les réponses recueillies lors d'un sondage administré en 2021 à 395 étudiantes en STIM dans une grande université du Midwest américain.
Les auteurs se basent sur la conceptualisation des stratégies d'atteinte des objectifs élaborée par Elliot et McGregor (2001), qui identifie quatre profils distincts créés à partir de deux dimensions : l’approche versus évitement de l’apprentissage et la maîtrise versus la performance dans l’apprentissage. L'approche-maîtrise réfère à une orientation vers l'amélioration des compétences et de la compréhension. À l'inverse, l'approche-performance privilégie la comparaison avec les autres en termes de résultats. L'évitement-maîtrise désigne la tendance à éviter les tâches perçues comme difficiles afin de prévenir l'échec, tandis que l'évitement-performance consiste à éviter les tâches risquant de révéler des lacunes comparativement aux autres étudiants.
Les auteurs analysent leurs données à partir d’une modélisation par équations structurelles. Dans ce modèle, les quatre profils sont considérés comme des variables prédictives alors que la détresse psychologique, comme une variable latente (non observée), et enfin, le syndrome de l’imposteur comme médiateur. Le modèle est ensuite estimé à partir de l’estimateur du maximum de vraisemblance.
Leurs résultats révèlent que les étudiantes adoptant une stratégie d'approche-maîtrise présentent la plus faible propension au syndrome de l'imposteur, tandis que celles préférant une stratégie d'évitement-performance y sont les plus enclines. Contrairement aux attentes des chercheurs, les étudiantes privilégiant une stratégie d'approche-performance ne semblent pas être affectées par le syndrome de l'imposteur. Par ailleurs, l'étude explore également le lien entre le syndrome de l'imposteur et les symptômes de détresse psychologique. Ils mettent en évidence une relation forte et significative entre ces deux variables, notamment en ce qui concerne les symptômes de somatisation, de dépression et d'anxiété. Enfin, les résultats indiquent que les étudiantes de première génération ne sont pas disproportionnellement affectées par le syndrome de l'imposteur ou par la détresse psychologique.
Pour en savoir plus : Yang, Y., Xu, C., Karatas, T., Glass, T. E., & Maeda, Y. (2024). Achievement Goals, Imposter Syndrome, and Psychological Distress Among Female STEM Students: A Structural Equation Model. Journal of College Student Retention: Research, Theory & Practice, (https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/15210251231219933?icid=int.sj-chal… (https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/15210251231219933?icid=int.sj-chal…)
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La persistance universitaire reste faible pour les étudiants issus de milieux à faible revenu Skinner et Doyle (2024) cherchent à déterminer si les politiques d’aide financière aux études visant les familles à faible revenu sont efficaces, c’est-à-dire si elles réussissent à augmenter la part des étudiants à faibles revenus au sein des universités. Les auteurs indiquent qu’à l’heure actuelle, les seules informations sur ce sujet sont disponibles au niveau national, et non au niveau des États. Leur recherche compte donc combler cette lacune dans la littérature.
Leur étude s'appuie sur les données du High School Longitudinal Study qui suit la cohorte de l’école secondaire de 2009 dans dix États américains. Pour estimer la probabilité d'inscription postsecondaire par revenu familial, ils ont recours à une méthode de régression multivariée avec post-stratification. Ces estimations sont ensuite ajustées en fonction des caractéristiques démographiques de la population de chaque État pour obtenir des taux d'inscription à l'université spécifiques à chaque État.
Les résultats révèlent que, dans les dix États étudiés, la proportion d'étudiants issus de familles à faible revenu est plus faible par rapport aux autres tranches de revenus. La médiane de cet écart est de 33,8 points de pourcentage. Il existe également une grande variation dans la probabilité de fréquenter l’université pour les individus provenant de familles à faible revenu. La probabilité de fréquentation pour les États qui réussissent le mieux à intégrer ces étudiants est de 67,8% alors que pour ceux qui réussissent moins bien, cette probabilité diminue à 34%. Ainsi, malgré les efforts pour améliorer l'accès à l'aide financière aux études, il subsiste encore des disparités significatives dans l'accès à l'enseignement postsecondaire pour les jeunes issus de milieux défavorisés.
Pour en savoir plus :Skinner, B. T., & Doyle, W. R. (2024). Predicting postsecondary attendance by family income in the United States using multilevel regression with poststratification. Economics of Education Review, 99, https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2024.102508 (https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272775724000025)
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L’augmentation d’aide financière pousse-t-elle les universités à accroître les frais de scolarité?
Dans l’administration des collèges communautaires (community colleges) américains, le phénomène des promise programs (ci-après PP) est de plus en plus commun. Les PP sont des initiatives offrant de l’aide financière qui couvrent généralement au moins la première année d’étude à temps plein. De plus, les PP sont typiquement offerts à des personnes résidant à l’intérieur de certaines limites géographiques. Li et Katri (2024) s’intéressent à ce phénomène et tentent d’évaluer son impact sur le niveau des frais de scolarité. En effet, l’un des impacts théoriques d’une augmentation de l’aide financière est une augmentation des frais de scolarité qui viendrait réduire en partie l’effet d’accroissement d’accessibilité espéré.
Pour analyser ces phénomènes, les chercheurs utilisent les données longitudinales de la State Higher Education Executive Officer (SHEEO) sur une période allant de 2001 à 2015. L’échantillon final comprend un groupe traitement de 29 universités qui ont adopté un PP au cours de la période de recherche. Les chercheurs ont aussi formé deux groupes contrôles. Le premier regroupe les universités ayant adopté un PP après la période d’étude et est composé de 34 universités. Le deuxième est composé d’un ensemble d’universités n’ayant jamais adopté de PP et est composé de 370 universités. Les chercheurs utilisent une méthode de régression par différence-en-différence pour identifier l’effet causal des PP sur le niveau de frais de scolarité.
Les résultats obtenus indiquent que dans l’ensemble, l’adoption peut mener à une réduction de 14% des frais de scolarité dans un intervalle de confiance de 99%. Il s’agit toutefois de résultats peu robustes puisqu’ils ne sont pas significatifs dans plusieurs spécifications de modèles. Pour approfondir l'analyse, les résultats sont segmentés selon l’autorité responsable du niveau des frais de scolarité, Quand l’institution universitaire a la charge d’établir sa propre politique, les frais ont tendance à baisser de 15% à 18%. En revanche, lorsque les frais de scolarité sont déterminés par la juridiction étatique, l’adoption d’un PP mène à une augmentation substantielle allant de 24% à 43%.
Selon les auteurs, ces résultats illustrent qu’on ne devrait pas craindre qu’une augmentation de l’aide financière entraîne automatiquement un comportement plus entrepreneurial de la part des collèges universitaires quant à la politique des frais de scolarité.
Pour en savoir plus: Li, A. Y., & Katri, P. (2024). Does Tuition-Setting Authority Determine Whether Tuition Increases at Community Colleges with New Promise Programs?. The Journal of Higher Education, 1-30. https://doi.org/10.1080/00221546.2024.2301914 (https://doi.org/10.1080/00221546.2024.2301914)
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Le soutien par les pairs peut-il contrer les problèmes d’inscription incomplète?
La fonte estivale (summer melt), un phénomène de plus en plus répandu aux États-Unis, fait référence aux étudiants fraichement diplômés de l’école secondaire qui ne complètent pas leur inscription à l’université même en y étant déjà admis. Il s’agit d’un phénomène touchant particulièrement les populations plus défavorisées. Li, Haralampoudis et Polon (2024) cherchent à savoir si un programme de soutien dans un réseau d’école secondaire publique peut aider à amoindrir ce problème.
En 2017, l’organisme College and Career Bridge for All (CCB4A) développe un programme de formation et de jumelage entre des étudiants tout juste diplômés de l’école secondaire de la ville de New York et des étudiants poursuivant des études universitaires. Ce jumelage a eu lieu durant l’été précédant l’entrée des jeunes finissants à l’université. Les chercheurs évaluent les résultats du processus d’inscription pour l’automne 2020.
Les données de l’étude sont tirées des sources administratives du réseau secondaire publique newyorkais. Les chercheurs ont réussi à créer un échantillon de 54 000 étudiants finissants. Pour évaluer la force du programme, les chercheurs ont recours à une technique des régressions par propension d’appariement (propensity score matching). Cette technique permet de traiter de large ensemble de données en créant des groupes contrôles artificiels en appariant des étudiants ayant bénéficiant du programme (groupe traitement) à d’autres partageant des caractéristiques socio-économiques, mais n’ayant pas bénéficié du programme (groupe contrôle).
Les résultats de l’étude montrent que le programme a un impact positif. En effet, les finissants ayant participé au programme ont des probabilités 6,7% plus élevées d’être inscrits à l’université à la fin de l’été. En observant les résultats des sous-groupes, les chercheurs notent que le programme est particulièrement bénéfique pour les finissants noirs (+8,2%) et hispaniques (+9,1%). Selon les auteurs, cette étude indique l’efficacité des programmes de soutien par les pairs en ce qui a trait aux problèmes de la fonte estivale.
Pour en savoir plus: Liu, V. Y. T., Haralampoudis, A., & Polon, I. (2024). Combating Summer Melt: The Impact of Near-Peer Mentor Matriculation Program in New York City. Research in Higher Education, 1-33. https://doi.org/10.1007/s11162-023-09773-4 (https://www.researchgate.net/publication/377763728_Combating_Summer_Melt_Th…)
(https://doi.org/10.1177/00915521231163855)
*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Janvier 2024
22^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Les mesures d,action positives et le capital humain
* Examens en ligne et performance académique
* Frais de scolarité et diversité du corps étudiant
* Les bienfaits de la « classe inversée » /
/
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*L’impact des mesures d’action positives sur le capital humain à début
des études postsecondaires*
Les mesures d’action positive (/affirmative action/) sont très
populaires dans les campus américains. L’action positive est définie
comme la prise en compte favorable de la race ou de l’ethnicité des
candidats dans le processus d’admission. Akhtari, Bau et Laliberté
(2024) tentent d’évaluer l’effet de ces politiques sur les disparités
entre les blancs et les minorités sous-représentées (MSR). Pour y
arriver, les chercheurs tirent profit d’une expérience naturelle
produite par une décision de la Cour suprême des États-Unis en 2003 dans
l’affaire Grutter v. Bollinger. Cette décision a forcé trois États (le
Texas, la Louisiane et le Mississippi) à réintroduire des mesures
d’action positive qui avaient été arrêtés en 1996.
Les auteurs utilisent un devis de recherche par différence en
différence. Ils utilisent les données provenant de quatre bases, soit
les scores du test standardisé SAT, les données du /Texas Education
Agency/ (TEA), du /Large Urban School Distric/t (LUSD) et du /Texas
Higher Education Opportunity Project/ (THEOP). Pour identifier le niveau
de disparités, ils comparent plusieurs variables comme les scores SAT,
la moyenne générale, présence en classe et inscription aux études
postsecondaires, et comparent les niveaux de ces variables entre les MSR
et les blancs. Les niveaux de disparités entre ces groupes forment les
variables dépendantes. La variable indépendante est le fait d’étudier
dans une université touchée par le jugement /Grutter v. Bollinger/. Les
étudiants des universités du Texas, de la Louisiane et du Mississippi
font donc partie du groupe traitement.
Les auteurs trouvent que les mesures d’action positive réduisent les
disparités existantes entre les blancs et les MSR. En effet, l’écart
d’inscription aux universités les plus sélectives est réduit de 13%
après la mise en place de mesures d’action positives. D’autre part, les
scores SAT des MSR augmentent de 4,78% relativement à ceux des blancs.
Enfin, la présence en cours augmente de 0,22% pour les MSR par rapport
aux blancs. Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que les mesures
d’action positive mènent à une diminution des disparités
socio-économiques et que les MSR ajustent leur comportement d’étude
positivement lorsqu’elles sont mises en place.
_Pour en savoir plus :_
Akhtari, M., Bau, N., & Laliberté, J. W. (2024). Affirmative Action and
Precollege Human Capital. /American Economic Journal: Applied
Economics/, 16(1), 1-32. DOI: 10.1257/app.20210807
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20210807>
*
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*Prime de performance lors d’examens en ligne*
**
À la suite de la généralisation des cours en ligne durant l’année 2020
et à la popularisation du mode d’enseignement co-modal en 2021 et en
2022, Hill et LoPalo (2024) cherchent à étudier l’impact des examens en
ligne sur les résultats scolaires. Pour ce faire, les auteurs
développent une expérience sur 1894 étudiants inscrits dans un cours
d’introduction en économie au cours des semestres d'automne 2021 et
d'hiver 2022. Le cours était offert en présentiel. Ces étudiants sont
divisés en deux groupes distincts selon un ordre alphabétique, chacun
passant un examen en ligne et un autre en personne, les rôles étant
inversés pour l'autre groupe. Les résultats révèlent une différence
notable entre les deux modes d'examen, avec une moyenne de 68% pour les
examens en personne et 79% pour les examens en ligne.
Afin d’observer si cette différence est statistiquement significative,
les auteurs utilisent un modèle de régression linéaire. Par la suite,
ils testent la robustesse du modèle selon différentes spécifications,
notamment le genre, la moyenne cumulative et le trimestre. Selon les
résultats de l'estimation de la régression, les étudiants ont obtenu une
note de 9,1 à 9,8 points de pourcentage supérieur lors des examens en
ligne par rapport à ceux en personne. L’effet est encore plus prononcé
pour les étudiants du 10e percentile (soit les étudiants ayant les plus
faibles notes), qui enregistrent une amélioration de 14 points de
pourcentage, tandis que ceux du 90e percentile connaissent une hausse de
2,9 points de pourcentage. Ces résultats sont tous robustes à l’ensemble
des spécifications du modèle.
Afin d'assurer de la validité de leurs conclusions, les auteurs
reproduisent l'expérience en présentant aux étudiants deux versions
différentes de l'examen : l'une comportant de nouvelles questions et
l'autre présentant des questions similaires aux examens passés
(disponibles en ligne). Dans ce contexte, la prime de performance
associée aux examens en ligne diminue. Les étudiants obtiennent une note
6,5 points de pourcentage supérieur lorsque de nouvelles questions
étaient présentées tandis que cette différence est de 10,5 points de
pourcentage sans nouvelles questions.
Les résultats de Hill et LoPalo soulignent l’importance du choix de la
modalité des évaluations dans les cours en enseignement supérieur. Les
étudiants obtiennent généralement de meilleures notes lors d’examens en
ligne, surtout si les questions auxquelles ils sont confrontés
ressemblent à celles des années antérieures.
_Pour en savoir plus : _
Hill, A. J., & LoPalo, M. (2024). The effects of online vs in-class
testing in moderate-stakes college environments. /Economics of Education
Review/, 98, 102505. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102505
<https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102505>
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*Les effets d’une baisse de frais de scolarité sur la diversité du corps
étudiant*
Le coût des études postsecondaires aux États-Unis a grandement augmenté
au cours des dernières décennies. Ce phénomène a visiblement affecté la
composition du corps étudiant. Corral et Ward (2023) tentent de trouver
l’effet d’une baisse des frais de scolarité sur le niveau de diversité
des étudiants.
Les auteurs se limitent à l’étude des établissements privés à but non
lucratif. Leurs données proviennent du /Integrated Postsecondary
Education Data System/ (IPEDS) et du /College Scorecard/. Les données
portent sur la période allant de 2009 à 2019. La variable indépendante
de l’étude est ce que Corral et Ward appellent la « réinitialisation des
frais de scolarité » (tuition reset). Ils définissent cette pratique par
une baisse de 5% des frais de scolarité bruts (c.-à-d., en excluant la
variation d’aide financière aux études). Les variables dépendantes sont
les niveaux d’inscriptions selon la race/ethnicité et l’inscription
grâce aux /Pell Grant/, une bourse accessible seulement pour les
étudiants avec d’importants besoins financiers.
Les auteurs évaluent l’impact de la baisse des frais de scolarité en
utilisant un devis de recherche de différence en différence. Dans ce
contexte, les cohortes d’établissements ayant fait l’objet d’un tuition
reset sont catégorisées dans le groupe traitement alors que les autres
sont dans le groupe contrôle. Un même établissement peut contenir
plusieurs cohortes d’établissements s’il y a eu plusieurs baisses de
frais de scolarité. Le groupe de traitement final est composé de 649
observations alors que le groupe contrôle en contient 8 855.
Les résultats de l’étude montrent que les politiques de baisse de frais
de scolarité ne changent à peu près pas la démographie du corps
étudiant. Les auteurs ne trouvent aucune corrélation statistiquement
significative entre la politique du tuition reset et un changement au
niveau des inscriptions. Même en observant les sous-groupes selon la
race/ethnicité, aucune corrélation n’est observée. Toutefois, le nombre
d’inscriptions d’étudiant bénéficiant d’un /Pell Grant/ augmente de 6,6%.
Selon Corral et Ward (2023), la politique du tuition reset est un outil
intéressant afin d’améliorer la diversité socio-économique d’un
établissement postsecondaire. Elle reste toutefois inefficace pour
améliorer la diversité raciale et ethnique.
_Pour en savoir plus: _
Corral, D., & Ward, J. D. (2023). Calibrating Costs: Do Tuition Reset
Policies Affect Diverse Student Enrollment at Private Baccalaureate
Colleges?. /The Review of Higher Education/. DOI
10.1353/rhe.2024.a914959 <https://muse.jhu.edu/pub/1/article/909286/summary>
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*La classe inversée : bénéfique pour tous ?*
Avec l’approche pédagogique de la classe inversée, les étudiants
étudient le matériel à domicile avant le cours, permettant à la classe
de se concentrer sur des activités interactives et collaboratives. Il
s’agit d’une approche de plus en plus utilisée dans le milieu de
l’enseignement supérieur. Kiljunen, Sointu, Äikäs, Valtonen et Hirsto
(2023) examinent l'effet de la mise en œuvre de la classe inversée sur
les performances académiques des étudiants de l'Université de l'Est de
la Finlande (/University of Eastern Finland/). L'étude a été menée sur
un échantillon de 1592 étudiants inscrits dans 46 cours différents
utilisant la méthode de la classe inversée dans une grande variété de
domaines d'études entre 2016 et 2018. Les auteurs se concentrent sur
l’impact de la classe inversée sur la performance académique des
étudiants avec un historique de demandes de services adaptés.
Pour évaluer l’expérience des étudiants, un sondage électronique a été
administré à deux reprises, au début et à la fin du trimestre. Les
résultats de l’étude indiquent qu'il n'y a pas de différence
significative dans la performance académique entre les étudiants ayant
un historique de supports adaptés et ceux sans historique. Cela indique
que la classe inversée n'a pas eu d'impact discernable sur la réussite
académique globale des participants.
Les auteurs empruntent une méthode d’analyses de facteurs explicatifs
afin d’approfondir la compréhension de l'expérience des étudiants ayant
un historique de supports adaptés. Cette analyse révèle que ces
étudiants ont trouvé la classe inversée plus difficile que leurs pairs.
De plus, ils ont montré une préférence marquée pour les travaux
collaboratifs.
_Pour en savoir plus : _
Kiljunen, J., Sointu, E., Äikäs, A., Valtonen, T., & Hirsto, L. (2023).
Higher education and the flipped classroom approach: efficacy for
students with a history of learning disabilities. /Higher Education,
1-17/. https://doi.org/10.1007/s10734-023-01162-1
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion de la veille de recherche en enseignement supérieur
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Décembre 2023
21^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'accessibilité de l'aide financière et le réussite académique
* Évaluation de la performance au Brésil
* Enseignement magistral versus apprentissage actif
* Genre, formation et rétroaction par les pairs/
/
Bonjour à toutes et tous!
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*L’augmentation de la limite d’emprunts améliore-t-elle la situation des
étudiants?*
À l’automne 2007, un changement de politique d’aide financière aux
États-Unis a mené à une augmentation substantielle de la limite
d’endettement pour les emprunteurs étudiants. Black et coll. (2023)
profitent de ce contexte pour évaluer l’impact de l’accessibilité accrue
des prêts étudiants sur la réussite académique et la situation
financière après les études.
Pour des raisons d’accessibilité des données, l’étude porte
spécifiquement sur les étudiants de l’État du Texas. Pour obtenir leur
échantillon, les auteurs combinent deux bases de données, soit celle du
/Texas Higher Eduaction Coordinating Board/ et celle du /National Credit
Report/ provenant de la banque fédérale de New-York. L’échantillon
inclut les étudiants qui se sont inscrits au premier cycle universitaire
pour la première fois au cours de la période 2001 à 2008. La taille de
l’échantillon finale est de 143 850 individus.
Pour identifier l’effet causal, les auteurs procèdent par la méthode de
différence en différence. Pour ce faire, ils classifient les étudiants
dans deux catégories. La première est celle des étudiants «
sous-contrainte », c’est-à-dire ceux qui emprunteraient plus si la
limite était plus grande. Les auteurs les identifient en choisissant les
étudiants qui empruntent le montant exact de la limite avant la hausse.
Ceux qui ne répondent pas à ce critère sont classifiés comme étudiants «
sans contrainte ». Du point de vue de la recherche, le groupe «
sous-contrainte » correspond au groupe traitement alors que le groupe «
sans contrainte » correspond au groupe contrôle. L’effet causal est
identifié par la variation dans les moyennes des deux groupes avant et
après l’augmentation des limites d’emprunt. Parmi les variables
dépendantes mesurées, on note l’obtention d’un diplôme, le nombre de
crédits académiques, le taux de défaut de paiement sur les prêts et les
gains de revenus jusqu’à dix ans après le début des études.
Les résultats de l’étude montrent dans l'ensemble que la hausse de la
limite d’emprunt a des effets positifs sur plusieurs aspects. D’abord,
la hausse de la limite d’emprunt mène à une augmentation de 2,7% à 5,3%
du revenu des étudiants « sous-contrainte » après dix ans. Ensuite,
cette politique a aussi des effets bénéfiques sur le parcours
académique. Elle mène à une augmentation de 4,8% du taux d’inscription
universitaire trois ans après le début des études et une augmentation de
5,1% du taux de diplomation de premier cycle dix ans après le début des
études. Enfin, l’augmentation de la limite d’emprunt permet aussi de
réduire le taux de défaut de paiement de 1,8% dix ans après le début des
études.
Selon les auteurs, l’étude montre que la limitation de l’emprunt
étudiant est un cas classique de défaillance du marché où les créditeurs
sous-évaluent les rendements positifs liés à l’emprunt.
_Pour en savoir plus :_
Black, S. E., Denning, J. T., Dettling, L. J., Goodman, S., & Turner, L.
J. (2023). Taking It to the Limit: Effects of Increased Student Loan
Availability on Attainment, Earnings, and Financial Well-Being. American
Economic Review, 113(12), 3357–3400. https://doi.org/10.1257/AER.20210926
*
*
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*Est-ce que l’évaluation de la performance est efficace?*
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Machado, Terra et Tannuri-Pianto (2024) étudient la réponse des
institutions universitaires à l’intégration d’un système d’évaluation de
programme, le /National System of Higher Education Evaluation/ (SINAES)
au Brésil. Implanté en 2004, le SINAES a mis en place un indice
composite (le /Preliminary Program Grade/ - CPC) calculé une fois aux
trois ans pour chaque programme de premier cycle dans l’ensemble des
établissements publics et privés fédéraux. Les auteurs cherchent à
savoir si la note calculée par le CPC à l’année t a un effet sur le CPC
trois ans plus tard.
La forme du programme SINAES permet aux auteurs d’emprunter un design de
régression en discontinuité. En effet, le SINAES prévoit cinq niveaux
d’excellence de programmes, niveau atteint en fonction du CPC obtenu.
Par exemple, le niveau cinq, soit l’excellence parfaite, est atteint
lorsque le CPC d’un programme dépasse 3,945. Les auteurs exploitent donc
le fait que des programmes ayant des CPC près de ce seuil ont
probablement des caractéristiques semblables. Leurs données proviennent
du /National Institute for Education Research/ et couvrent la période de
2007 à 2018.
Les auteurs remarquent qu’être associé à un niveau plus faible que trois
est lié à une augmentation de 0,203 point du CPC trois ans plus tard.
Toutefois, les programmes d’études associés aux niveaux quatre et cinq
ne voient aucune amélioration de leur CPC. Les auteurs expliquent cette
situation par le fait que, lorsqu’un programme obtient un niveau de
trois ou moins, le SINAES prévoit des mesures punitives comme une
restriction de l’accès à de l’aide financière. Les éléments du CPC
contribuant le plus à l’augmentation de la note obtenue sont la qualité
des infrastructures, la qualité de l’enseignement mesurée par une
évaluation des étudiants, le niveau de dévouement des employés mesuré
par un indice et la part des professeurs détenant un doctorat. Toutefois
la performance des étudiants à un test standardisé et l’indice de valeur
additionnelle (value added) du programme n’ont pas d’impact sur le CPC
futur.
Les auteurs nuancent toutefois que les variables ayant contribué à
hausser le CPC sont des éléments potentiellement falsifiables par
l’administration. Enfin, les auteurs notent que leurs résultats sont
plus forts chez les établissements privés puisqu’ils font face à des
risques financiers plus grands que leurs pairs publics.
_Pour en savoir plus : _
Machado, A., Terra, R., & Tannuri-Pianto, M. (2024). Higher education
responses to accountability. Economics of Education Review, 98, 102493.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102493
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*Est-ce que l’enseignement magistral est plus ou moins efficace que
l’apprentissage actif chez les étudiants en sciences sociales?*
Les stratégies d’apprentissage en enseignement supérieur sont variées.
Toutefois, il peut être difficile d’évaluer si elles contribuent bel et
bien à une amélioration de la réussite des étudiants. Kozanitis et
Nenciovici se penchent sur le sujet. Plus particulièrement, ils
cherchent à savoir quelle stratégie d’apprentissage s’applique le mieux
aux étudiants en sciences humaines et sociales.
Les auteurs réalisent une méta-analyse portant sur un échantillon de 104
études. Ils étudient comment l’enseignement traditionnel magistral et
les techniques d’apprentissages actifs influencent la réussite scolaire
chez les étudiants universitaires. Les études incluses dans leur base de
données sont en date d’octobre 2019 ou plus ancienne.
Les auteurs montrent que l’effet moyen de l’apprentissage actif sur la
réussite, mesurée par une moyenne pondérée des effets calculés par les
études, est de 0,489 supérieur à celui de l’apprentissage magistral. Cet
effet est plus grand chez certains sous-groupes. Par exemple, les
classes de 20 étudiants ou moins et les cours plus avancés sont les
sous-groupes qui bénéficient le plus de l’usage de techniques
d’apprentissage actif. De même, certaines disciplines profitent plus de
ce type d’enseignement que d’autres. C’est notamment le cas de la
sociologie.
Toutefois, dans aucun cas l’enseignement magistral n’est associé à une
plus grande réussite de la part des étudiants. Enfin, aucune technique
particulière appartenant à l’apprentissage actif ne s’est distinguée,
supposant que la manière dont il est implanté influence peu la réussite.
_Pour en savoir plus: _
Kozanitis, A., & Nenciovici, L. (2022). Effect of active learning versus
traditional lecturing on the learning achievement of college students in
humanities and social sciences: a meta-analysis. Higher Education, 1-18.
https://doi.org/10.1007/s10734-022-00977-8
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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************
*Le genre et de la formation ont-ils un impact sur la rétroaction par
les pairs?*
La rétroaction par les pairs (peer feedback) est une méthode
d’enseignement de plus en plus populaire en enseignement universitaire.
Il s’agit de demander aux étudiants d’offrir entre eux des commentaires
sur leurs travaux. Ocampo et coll. (2023) étudient les effets du genre
et de la formation sur la rétroaction par les pairs sur cette même activité.
Pour arriver à évaluer ces impacts, les auteurs élaborent une expérience
par assignation aléatoire. Cette expérience a eu lieu dans une
université privée des Philippines. Les participants sont 240 étudiants
(120 femmes et 120 hommes) du baccalauréat en psychologie inscrits au
cours de rédaction scientifique. L’étude porte sur trois variables
indépendantes, soit le genre du participant (femme/homme), le genre
fictif de la personne recevant la rétroaction (femme/homme) ainsi que la
formation sur la rétroaction (avec/sans). Chaque participant pouvait
donc se retrouver dans l’un des huit groupes possibles. Les auteurs de
l’étude se sont assurés d’offrir une formation sur la rétroaction aux
participants sélectionnés dans le groupe « avec formation ».
Dans le cadre du cours, on a demandé aux participants d’offrir des
rétroactions écrites sur les travaux de leurs pairs. Pour chaque travail
remis, on indiquait à l’évaluateur le genre fictif et choisi
aléatoirement de la personne évaluée. Les rétroactions consistaient à
répondre aux deux questions suivantes : « Qu’est-ce que l’étudiant a
bien fait dans son travail? » et « Qu’est-ce que l’étudiant pourrait
améliorer dans son travail? ». Une fois les rétroactions complétées, les
auteurs de l’étude ont procédé à l’analyse textuelle de celle-ci sur
plusieurs dimensions comme le nombre de mots, la positivité des
commentaires ainsi que leur niveau d’information.
Pour la plupart des dimensions observées, les trois variables
indépendantes n’ont pas d’impact significatif. Toutefois, l’étude montre
que les femmes offrent un plus grand niveau de rétroaction que les
hommes, à la fois en termes de nombre de mots et de segments de
rétroaction. Les femmes tendent aussi à offrir des commentaires plus
positifs et plus informatifs pour les travaux de moyennes et faibles
qualités. D’autre part, lorsqu’on indique que la personne évaluée est un
homme, la rétroaction comporte plus de commentaires informatifs. Enfin,
le suivi d’une formation sur la rétroaction est lié à une augmentation
du nombre de vérifications positives, c’est-à-dire un commentaire
décrivant le travail ou une partie du travail comme bon ou bien.
_Pour en savoir plus : _
Ocampo, J. C., Panadero, E., Zamorano, D., Sánchez-Iglesias, I., & Diez
Ruiz, F. (2023). The effects of gender and training on peer feedback
characteristics. Assessment & Evaluation in Higher Education.
https://doi.org/10.1080/02602938.2023.2286432
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Novembre 2023
20^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'utilisation des données administrative en période de réforme
universitaire
* Les écoles préuniversitaires et le rendement académique
* Les étudiants et l'abandon universitaire
* L'approche de l'enseignement par /suivi souple
/
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***Comment les données administratives peuvent-elles être
instrumentalisées dans un contexte de réforme universitaire?*
Brown, Sowl et Steigleder (2023) étudient comment l’utilisation de
données au sein des institutions universitaires contribuent à influencer
les débats internes ainsi que les réformes implémentées. Pour ce faire,
les auteurs exploitent le cas du processus d’implantation de la réforme
/Pathways/ au sein du réseau /City University of New York/ (CUNY). Cette
réforme visait à uniformiser la formation générale offerte au
baccalauréat, qui pouvait être très inégale entre les différents
établissements du réseau.
Prenant la forme d’une étude de cas, les auteurs analysent plus de 471
documents internes tels que des mémos, des rapports institutionnels, des
discours ou des communications aux médias afin d’établir comment les
différents acteurs impliqués dans la réforme utilisent les données
institutionnelles pour établir leur position.
Les auteurs font deux constats. Tout d’abord, les données
institutionnelles prennent une place centrale. Cela rend la question de
leurs contrôle, leur analyse et leur utilisation incontournables à
l’analyse du débat. Notamment, dans le premier rapport visant à mettre
en place /Pathways/, la haute direction de CUNY soutient que son analyse
démontre « hors de tout doute » que le processus de transfert est
effectivement inégal entre les établissements. En réponse, les
professeurs contestent les sources des données, la validité des
conclusions de même que le processus même du développement du rapport.
Ils soulignent entre autres l’absence de mention du taux de diplomation.
En deuxième lieu, les auteurs remarquent que l’importance des données
renforce une culture où l’audit est primé. Par exemple, il a été préféré
d’inclure des indicateurs mesurables dans l’élaboration de curriculum
commun plutôt que de favoriser certaines positions qui favorisaient
plutôt la pédagogie.
_Pour en savoir plus :_
Brown, M., Sowl, S., & Steigleder, K. M. (2023). “May I Contribute Some
Data to the Discussion?”: Negotiating Data Politics Through General
Education Reform. /The Journal of Higher Education/, 1-45.
https://doi.org/10.1080/00221546.2023.2203629
*
*
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***La participation aux écoles préuniversitaires a-t-elle un impact sur
le rendement académique?*
**
En Caroline du Nord, les /Early college high schools/ (ECHS) sont de
petites écoles préuniversitaires établies à même le campus dont la
mission est de promouvoir la préparation aux études postsecondaires, en
particulier chez les groupes défavorisés. Fuller et coll. (2023) tentent
d’évaluer l’effet qu’a la participation aux programmes des ECHS sur les
rendements académiques des étudiants.
Pour identifier l’impact des ECHS, les auteurs tirent profit de leur
système d’inscription qui utilise en partie une loterie afin d’effectuer
une expérience par assignation aléatoire. Les auteurs utilisent des
données académiques et administratives provenant de plusieurs sources,
notamment le /North Carolina Department of Public Instruction/ (NCDPI).
Les données portent sur la période allant l’année scolaire 2004-05 à
l’année scolaire 2015-16. L’échantillon est composé de 3 758 étudiants
ayant participé à la loterie d’inscription. Parmi cet échantillon, les 2
174 étudiants ayant été sélectionnés font partie du groupe traitement
alors que les 1 584 autres font partie du groupe contrôle. Parmi les
variables d’intérêts, les chercheurs mesurent entre autres le niveau de
préparation aux études postsecondaires et au travail, les scores à des
tests standardisés, le niveau d’inscription postsecondaire et le taux de
diplomation.
Les résultats obtenus montrent que la participation à un programme ECHS
a plusieurs effets positifs sur le rendement académique. Parmi ces
effets, on note une amélioration de près de 0,3 point sur le score au
test standardisé ACT, une augmentation de 3,6% à 8,4% du nombre
d’inscriptions à des programmes de baccalauréat de 4 ans, et une
augmentation de 7,9% à 5,5% du taux de diplomation dans les programmes
de baccalauréat de 4 ans. L’analyse des résultats montre aussi que les
effets positifs des ECHS sont plus prononcés chez les groupes
défavorisés. Par exemple, chez les personnes désavantagées
économiquement, les scores ACT augmentent de 0,6 point, et l’inscription
et le taux de diplomation au baccalauréat de 4 ans augmentent
respectivement de 8,2% et 9,7%.
_Pour en savoir plus : _
Fuller, S., Lauen, D. L., & Unlu, F. (2023). Leveraging experimental and
observational evidence to assess the generalizability of the effects of
early colleges in North Carolina. /Education Finance and Policy/, 18(4),
568-596. https://doi.org/10.1162/edfp_a_00379
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*Pourquoi les étudiants universitaires abandonnent-ils leurs études?
*
La rétention des étudiants dans les collèges communautaires (/community
college/) est un enjeu crucial, autant pour les administrateurs que pour
les étudiants eux-mêmes. Sullivan, Bell et Nielsen (2023) adoptent une
approche phénoménologique centrée sur la perspective étudiante afin
d’examiner les facteurs qui influencent la décision des étudiants de
quitter leur programme. L'échantillon de 803 étudiants, avec un taux de
réponse de 16%, a été sélectionné au sein du Collège communautaire
Manchester (/Manchester Community College/) aux États-Unis, qui compte
plus de 8000 étudiants.
L'étude s'appuie sur des entrevues téléphoniques menées avec des
étudiants ayant abandonné leur programme entre la session d'hiver et la
session d'automne 2017. Les données recueillies sont analysées de
manière thématique afin d’identifier les facteurs les plus courants qui
mènent à un abandon des études.
Les résultats mettent en lumière diverses raisons motivant la décision
des étudiants de quitter leur programme. Sur l'ensemble de
l'échantillon, 40% des répondants déclarent avoir atteint leur objectif
académique ou avoir simplement transféré dans d'autres établissements.
Par ailleurs, 19% quittent en raison de problèmes familiaux ou
personnels, tandis que 12% citent des problèmes financiers comme motif
principal de leur départ. Moins de 2% des étudiants mentionnent des
difficultés académiques comme une raison de quitter leur programme.
Il s’avère que la résolution de la plupart des enjeux vécus par les
étudiants dépasse le champ d'action des établissements collégiaux. Les
auteurs soulignent l'interdépendance entre le statut socioéconomique des
étudiants et leur persévérance dans les études supérieures. Ces
résultats appellent à une réflexion sur les politiques éducatives
actuelles et suggèrent que des interventions plus holistiques, tenant
compte des réalités socioéconomiques des étudiants, sont nécessaires
pour améliorer la rétention dans les collèges communautaires.
_Pour en savoir plus: _
Sullivan, P., Bell, A., & Nielsen, D. (2023). The Complex Nature of
Student Retention at America’s Community Colleges. /Community College
Review/, https://doi.org/10.1177/00915521231163855
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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************
*Le suivi souple peut-il améliorer les chances de succès académique?
*
Un large pan de la littérature scientifique sur le succès académique
laisse penser que la qualité de l’enseignant est un facteur important.
Toutefois, moins d’intérêt a été porté sur les techniques qui mènent à
un bon enseignement au niveau postsecondaire. Carell et Kurlaender
(2023) visent à combler une partie de ce vide en étudiant l’impact du
suivi souple (light-touch intervention).
La technique du suivi souple consiste en ce que l’enseignant s’assure
d’envoyer aux étudiants des courriels personnalisés à des moments
stratégiques de la session universitaire. Ces courriels contiennent un
rappel des disponibilités du professeur, les clés de la réussite dans le
cours et un message démontrant que le professeur a conscience du rang
actuel de l’étudiant dans le cours.
Pour vérifier l’effet de cette approche, les auteurs élaborent une
expérience par assignation aléatoire. Les auteurs ont mis en place cette
expérience au sein d’un établissement universitaire américain (dont
l’identité est gardée secrète) au cours des sessions de printemps 2016
et automne 2017. Trente cours de 1er cycle ont été choisis au hasard et
l’échantillon final comprend 4 000 étudiants. La moitié des étudiants
se voyaient assignés au groupe traitement et bénéficiaient du suivi
souple alors que le reste était assigné au groupe contrôle et n’en
bénéficiait pas. Les auteurs ont utilisé les données administratives de
l’établissement pour collecter les renseignements nécessaires ainsi que
de questionnaires.
Les résultats montrent que l’approche du suivi souple a eu certains
effets positifs. En particulier, la perception des étudiants par rapport
à la disponibilité, l’attention et le suivi du professeur a augmenté
chez le groupe traitement. Toutefois, les chercheurs ne trouvent aucun
effet significatif pour l’ensemble de l’échantillon sur la note globale
ou le taux de réussite des étudiants. Certains effets significatifs ont
pu être dégagés pour certains sous-groupes. Par exemple, l’approche du
suivi souple aurait augmenté de 0,31 la note globale des étudiants de
première année. Les auteurs soulignent aussi que l’expérience aurait
potentiellement été victime d’un effet de contamination par lequel les
étudiants du groupe contrôle auraient bénéficié indirectement du suivi
souple.
_Pour en savoir plus : _
Carrell, S. E., & Kurlaender, M. (2023). My professor cares:
Experimental evidence on the role of faculty engagement. /American
Economic Journal: Economic Policy/, 15(4), 113-141. DOI:
10.1257/pol.20210699
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20210699>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
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19^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Les initiatives universitaires et l'embourgeoisement
* L'impact de l'aide financière du programme TEACH aux États-Unis
* Les effets de l'aide financière dans les populations autochtones
canadiennes
* La santé mentale des doctorants et les /mèmes/ internet/
/
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*Les universités participent-elles à l’embourgeoisement? *
En tant qu’institutions ancrées dans la communauté, les universités ne
sont pas que des lieux d’enseignement et de recherche, mais aussi des
leviers potentiels de développement urbain. Elles y participent
notamment à travers des « initiatives d’ancrage institutionnelles »
(ci-après IAI), c’est-à-dire des projets élaborés avec les ressources de
l’université, mais qui affectent la communauté près du campus. Garton
(2023) étudie l’impact des IAI sur l’embourgeoisement et plus
particulièrement l’effet de leur présence au sein d’une communauté.
Les IAI représentent tous les projets financés par l’université dédiés
au fonctionnement indirect des universités dans la communauté. Par
exemple, il peut s’agir d’un programme de soutien de financement
hypothécaire pour l’établissement du personnel dans la communauté ou à
la construction de route pour faciliter les déplacements.
L’auteur se base sur les données de recensement des États-Unis et le
/American Community Survey/. Les observations retenues sont dans la
période 1970-2010. L’unité d’observation est le secteur de recensement,
soit une aire géographique comprenant entre 2000 et 8000 personnes.
Garton (2023) emprunte la stratégie d’identification de la
différence-en-différence afin d’isoler l’effet causal de ces politiques.
Cette méthodologie compare l’évolution de certaines variables avant et
après la mise en place d’une politique d’IAI au sein d’un secteur de
recensement. Les secteurs de recensement d’une ville où des IAI ont eu
lieu sont intégrés dans le groupe traitement alors que les autres
secteurs sont dans le groupe contrôle. Afin de mesurer le degré
d’embourgeoisement, l’auteur utilise un indice composite composé de
variables pertinentes, telles que les prix immobiliers, le loyer, le
revenu moyen, le taux de pauvreté, etc.
Les résultats montrent que la présence des IAI a un effet négatif
statistiquement significatif. Les IAI ont ralenti le rythme de
l’embourgeoisement par rapport aux secteurs où elles étaient absentes.
En analysant les effets sur les composantes spécifiques de l’indice
d’embourgeoisement, Garton (2023) trouve que les IAI sont associés à une
baisse du taux de résidants détenant un diplôme de premier cycle
universitaire, une baisse du revenu par personne, et une augmentation du
taux de pauvreté.
Il s’agit d’un résultat surprenant pour l’auteur. Garton (2023) suggère
que deux effets peuvent l’expliquer. D’abord, les communautés visées par
les IAI auraient une plus grande capacité à résister aux déplacements de
population. Ensuite, les investissements des universités pourraient
avoir un effet d’éviction sur les investissements privés.
_Pour en savoir plus :_
Garton, P. M. (2023). Universities and Gentrification: The Effects of
Anchor Institution Initiatives on Rates of Neighborhood Change.
/Research in Higher Education/, 64(7), 987–1010.
https://doi.org/10.1007/s11162-023-09733-y
*
*
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***L’impact des aides financières dans les communautés en besoin*
**
Depuis 2007, les États-Unis ont mis en place un programme de soutien
financier (programme TEACH) ciblant spécifiquement les communautés à
faibles revenus afin d’augmenter leur taux de diplomation dans des
domaines fortement en demande. Peyton, van Dijk et Mason-Williams (2023)
étudient l’impact du programme TEACH sur la diplomation dans les
secteurs en demande sur le marché du travail.
L’étude se base sur les données recueillies dans quatre bases de
données, soit le /Integrated Postsecondary Education Data System/, le
/Federal Student Aid/, le /Elementary School Information System/, et le
/Bureau of Labor Statistics/. Ciblant les établissements d’enseignement
postsecondaire, les auteurs obtiennent un échantillon contenant 1 467
observations couvrant les années 2000 à 2014.
La méthode de recherche des auteurs est une étude quasi expérimentale
fondée sur la méthode d’appariement par score de propension (/Propensity
Score Matching/). L’idée de cette méthode est de créer des groupes
traitement et contrôle à partir de bases de données longitudinales en
fonction de covariables prédisant l’obtention du traitement. Dans le cas
qui nous occupe, la variable de traitement est la participation d’un
établissement au programme TEACH. Le groupe contrôle comprend les
établissements n’ayant pas participé, mais qui ont des caractéristiques
similaires aux universités ayant participé au programme TEACH. La
variable dépendante est le nombre de diplômes obtenus par les
établissements dans différents domaines d’étude.
Plusieurs résultats intéressants émergents de l’étude. Entre autres, les
résultats montrent qu’il y a une croissance de la diplomation similaire
entre les groupes traitement et contrôle, suggérant que le programme
TEACH n’a pas d’impact sur la diplomation. Cependant, il se pourrait
qu’il existe un impact significatif du programme TEACH pour certains
programmes. En effet, les auteurs ont trouvé des effets positifs
significatifs du programme de TEACH sur la production de diplômes dans
les domaines STIM. Toutefois, ce résultat ne semble pas robuste
puisqu’il n'est significatif que pour quelques spécifications du modèle
statistique.
Les résultats des auteurs sont concordants avec ceux déjà obtenus par
d’autres études. Selon les auteurs, plusieurs facteurs viennent limiter
l’impact du programme TEACH. En particulier, ils soulignent le manque de
visibilité du programme et des problèmes au niveau de l’accessibilité
des fonds pour les étudiants l’administration générale du programme.
_Pour en savoir plus : _
Peyton, D. J., van Dijk, W., & Mason-Williams, L. (2023). Meeting the
Moment: Impact of TEACH Grant on US Undergraduate Education Degree
Completion in High-Need Content Areas. /Higher Education Policy/, 36(3),
431–456. https://rdcu.be/dpQ9B
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*Aide financière aux études et peuples autochtones : application au
contexte canadien
*
L’aide financière aux étudiants (AFE) universitaires, sous forme de
prêts ou de bourses, incite généralement les individus à poursuivre
leurs études plus longtemps qu’ils ne l’auraient prévu. Jones (2023) se
concentre sur les impacts de l’AFE offerte aux étudiants autochtones
canadiens au cours des 50 dernières années. En 1977, le gouvernement
canadien implante un programme d’aide financière destiné aux étudiants
postsecondaires autochtones (/Post-Secondary Education Assistance
Program/ - PSEAP). Toutefois, en 1989, le financement de ce programme
est coupé, diminuant à la fois l’aide par étudiant allouée et le nombre
de bénéficiaires. Le programme devient alors le Post-Secondary Student
Support Program (PSSSP). L’auteur profite de ce changement dans le
financement afin d’évaluer les impacts sur la réussite scolaire des
étudiants autochtones.
À l’aide des données de recensement de 2006, l’auteur utilise un design
de différence-en-différence afin d’isoler l’effet causal de cette
politique. La population étudiée est la cohorte ayant gradué de l’école
secondaire entre 1982 et 1995. Toute personne s’identifiant comme
Premières Nations ou Inuit selon la définition du recensement canadien
est incluse dans le groupe traitement et considérée comme éligible au
PSEAP et au PSSSP.
L’auteur constate que la part de la population avec un diplôme d’études
collégiales (/community college degree/) diminue de 3,7% deux ans après
l’implantation du PSSSP par rapport au groupe contrôle. Six ans après
son introduction, la différence entre les deux groupes quant à
l’obtention de ce diplôme est de 4,3%. De plus, le taux de diplomation
secondaire (DES) pour cette tranche de la population diminue de 5% par
rapport au groupe contrôle. L’auteur note que la majorité de cet effet
provient des étudiants résidant dans les réserves autochtones. Elle
explique cette situation par le fait que les retours privés d’un DES
dans cet environnement sont probablement faibles, signifiant que les
étudiants ne voient peut-être pas la raison de terminer leurs études
secondaires s’ils ne peuvent poursuivre leurs études par la suite. Cet
effet est également plus important dans les provinces ayant de hauts
frais de scolarité, chez les nations autochtones les plus pauvres et là
où le taux de diplomation au secondaire était déjà faible.
Les effets à long terme de cette politique sur l’emploi sont également
peu reluisants. Le fait d’être éligible au PSSSP est associé à une
diminution de 1,4 semaine de travail et une augmentation de 2,7% de la
probabilité d’être au chômage comparativement au groupe contrôle.
L’auteur conclut en indiquant que ces résultats restent constants à
travers plusieurs exercices de robustesse, tel que limiter l’analyse aux
individus n’ayant jamais changé de province de résidence et en éliminant
les provinces ayant introduit de nouvelles politiques quant aux frais de
scolarité, comme le Québec et l’Alberta.
_Pour en savoir plus: _
Jones, M. E. (2023). Post-secondary funding and the educational
attainment of indigenous students. /Economics of Education Review/, 97,
102475. https://doi-org.banques.enap.ca/10.1016/j.econedurev.2023.102475
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*La santé mentale des étudiants au doctorat analysé à travers les /mèmes
/internet**
*
Il est maintenant connu que les étudiants universitaires connaissent des
niveaux de stress important, particulièrement chez les étudiants au
niveau doctoral. Afin d’étudier l’attitude et les perceptions du secteur
académique chez ces étudiants, Maples (2023) analyse 208 mèmes internet
(/internet memes/) publiés sur les réseaux sociaux Facebook et X
(anciennement Twitter) par le compte High-Impact PhD Memes. L’objet de
cette analyse de contenu est d’établir les thèmes les plus fréquemment
abordés et leur résonance avec la population universitaire.
L’avantage d’utiliser les mèmes pour étudier cette population est de
pouvoir déterminer des thèmes d’identité collective et des expériences
partagées sans avoir à faire des entrevues de grande envergure. Des
thèmes plus nichés peuvent également ressortir.
L’auteur a tout d’abord sélectionné son échantillon à l’aide des
publications de la page High-Impact PhD Memes d’août 2021 à février
2022. Ce compte est choisi pour son large public et son caractère
généraliste. La majorité des thèmes abordés par les mèmes sont associés
au syndrome de l’imposteur, les relations avec le corps professoral et
le processus de publication. Toutefois, les publications résonnant le
plus avec le public sont reliées au thème de l’accès à la littérature et
les problèmes financiers ou liés à l’emploi après la diplomation.
_Pour en savoir plus : _
Maples, G. W. (2023). High Impact, Low Mood: An Analysis of Graduate
Student Attitudes and Perceptions Through PHD Memes. /International
Journal of Doctoral Studies/, 18, 1. https://doi.org/10.28945/5075
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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