*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Décembre 2023
21^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'accessibilité de l'aide financière et le réussite académique
* Évaluation de la performance au Brésil
* Enseignement magistral versus apprentissage actif
* Genre, formation et rétroaction par les pairs/
/
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*L’augmentation de la limite d’emprunts améliore-t-elle la situation des
étudiants?*
À l’automne 2007, un changement de politique d’aide financière aux
États-Unis a mené à une augmentation substantielle de la limite
d’endettement pour les emprunteurs étudiants. Black et coll. (2023)
profitent de ce contexte pour évaluer l’impact de l’accessibilité accrue
des prêts étudiants sur la réussite académique et la situation
financière après les études.
Pour des raisons d’accessibilité des données, l’étude porte
spécifiquement sur les étudiants de l’État du Texas. Pour obtenir leur
échantillon, les auteurs combinent deux bases de données, soit celle du
/Texas Higher Eduaction Coordinating Board/ et celle du /National Credit
Report/ provenant de la banque fédérale de New-York. L’échantillon
inclut les étudiants qui se sont inscrits au premier cycle universitaire
pour la première fois au cours de la période 2001 à 2008. La taille de
l’échantillon finale est de 143 850 individus.
Pour identifier l’effet causal, les auteurs procèdent par la méthode de
différence en différence. Pour ce faire, ils classifient les étudiants
dans deux catégories. La première est celle des étudiants «
sous-contrainte », c’est-à-dire ceux qui emprunteraient plus si la
limite était plus grande. Les auteurs les identifient en choisissant les
étudiants qui empruntent le montant exact de la limite avant la hausse.
Ceux qui ne répondent pas à ce critère sont classifiés comme étudiants «
sans contrainte ». Du point de vue de la recherche, le groupe «
sous-contrainte » correspond au groupe traitement alors que le groupe «
sans contrainte » correspond au groupe contrôle. L’effet causal est
identifié par la variation dans les moyennes des deux groupes avant et
après l’augmentation des limites d’emprunt. Parmi les variables
dépendantes mesurées, on note l’obtention d’un diplôme, le nombre de
crédits académiques, le taux de défaut de paiement sur les prêts et les
gains de revenus jusqu’à dix ans après le début des études.
Les résultats de l’étude montrent dans l'ensemble que la hausse de la
limite d’emprunt a des effets positifs sur plusieurs aspects. D’abord,
la hausse de la limite d’emprunt mène à une augmentation de 2,7% à 5,3%
du revenu des étudiants « sous-contrainte » après dix ans. Ensuite,
cette politique a aussi des effets bénéfiques sur le parcours
académique. Elle mène à une augmentation de 4,8% du taux d’inscription
universitaire trois ans après le début des études et une augmentation de
5,1% du taux de diplomation de premier cycle dix ans après le début des
études. Enfin, l’augmentation de la limite d’emprunt permet aussi de
réduire le taux de défaut de paiement de 1,8% dix ans après le début des
études.
Selon les auteurs, l’étude montre que la limitation de l’emprunt
étudiant est un cas classique de défaillance du marché où les créditeurs
sous-évaluent les rendements positifs liés à l’emprunt.
_Pour en savoir plus :_
Black, S. E., Denning, J. T., Dettling, L. J., Goodman, S., & Turner, L.
J. (2023). Taking It to the Limit: Effects of Increased Student Loan
Availability on Attainment, Earnings, and Financial Well-Being. American
Economic Review, 113(12), 3357–3400. https://doi.org/10.1257/AER.20210926
*
*
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*Est-ce que l’évaluation de la performance est efficace?*
**
Machado, Terra et Tannuri-Pianto (2024) étudient la réponse des
institutions universitaires à l’intégration d’un système d’évaluation de
programme, le /National System of Higher Education Evaluation/ (SINAES)
au Brésil. Implanté en 2004, le SINAES a mis en place un indice
composite (le /Preliminary Program Grade/ - CPC) calculé une fois aux
trois ans pour chaque programme de premier cycle dans l’ensemble des
établissements publics et privés fédéraux. Les auteurs cherchent à
savoir si la note calculée par le CPC à l’année t a un effet sur le CPC
trois ans plus tard.
La forme du programme SINAES permet aux auteurs d’emprunter un design de
régression en discontinuité. En effet, le SINAES prévoit cinq niveaux
d’excellence de programmes, niveau atteint en fonction du CPC obtenu.
Par exemple, le niveau cinq, soit l’excellence parfaite, est atteint
lorsque le CPC d’un programme dépasse 3,945. Les auteurs exploitent donc
le fait que des programmes ayant des CPC près de ce seuil ont
probablement des caractéristiques semblables. Leurs données proviennent
du /National Institute for Education Research/ et couvrent la période de
2007 à 2018.
Les auteurs remarquent qu’être associé à un niveau plus faible que trois
est lié à une augmentation de 0,203 point du CPC trois ans plus tard.
Toutefois, les programmes d’études associés aux niveaux quatre et cinq
ne voient aucune amélioration de leur CPC. Les auteurs expliquent cette
situation par le fait que, lorsqu’un programme obtient un niveau de
trois ou moins, le SINAES prévoit des mesures punitives comme une
restriction de l’accès à de l’aide financière. Les éléments du CPC
contribuant le plus à l’augmentation de la note obtenue sont la qualité
des infrastructures, la qualité de l’enseignement mesurée par une
évaluation des étudiants, le niveau de dévouement des employés mesuré
par un indice et la part des professeurs détenant un doctorat. Toutefois
la performance des étudiants à un test standardisé et l’indice de valeur
additionnelle (value added) du programme n’ont pas d’impact sur le CPC
futur.
Les auteurs nuancent toutefois que les variables ayant contribué à
hausser le CPC sont des éléments potentiellement falsifiables par
l’administration. Enfin, les auteurs notent que leurs résultats sont
plus forts chez les établissements privés puisqu’ils font face à des
risques financiers plus grands que leurs pairs publics.
_Pour en savoir plus : _
Machado, A., Terra, R., & Tannuri-Pianto, M. (2024). Higher education
responses to accountability. Economics of Education Review, 98, 102493.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102493
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*Est-ce que l’enseignement magistral est plus ou moins efficace que
l’apprentissage actif chez les étudiants en sciences sociales?*
Les stratégies d’apprentissage en enseignement supérieur sont variées.
Toutefois, il peut être difficile d’évaluer si elles contribuent bel et
bien à une amélioration de la réussite des étudiants. Kozanitis et
Nenciovici se penchent sur le sujet. Plus particulièrement, ils
cherchent à savoir quelle stratégie d’apprentissage s’applique le mieux
aux étudiants en sciences humaines et sociales.
Les auteurs réalisent une méta-analyse portant sur un échantillon de 104
études. Ils étudient comment l’enseignement traditionnel magistral et
les techniques d’apprentissages actifs influencent la réussite scolaire
chez les étudiants universitaires. Les études incluses dans leur base de
données sont en date d’octobre 2019 ou plus ancienne.
Les auteurs montrent que l’effet moyen de l’apprentissage actif sur la
réussite, mesurée par une moyenne pondérée des effets calculés par les
études, est de 0,489 supérieur à celui de l’apprentissage magistral. Cet
effet est plus grand chez certains sous-groupes. Par exemple, les
classes de 20 étudiants ou moins et les cours plus avancés sont les
sous-groupes qui bénéficient le plus de l’usage de techniques
d’apprentissage actif. De même, certaines disciplines profitent plus de
ce type d’enseignement que d’autres. C’est notamment le cas de la
sociologie.
Toutefois, dans aucun cas l’enseignement magistral n’est associé à une
plus grande réussite de la part des étudiants. Enfin, aucune technique
particulière appartenant à l’apprentissage actif ne s’est distinguée,
supposant que la manière dont il est implanté influence peu la réussite.
_Pour en savoir plus: _
Kozanitis, A., & Nenciovici, L. (2022). Effect of active learning versus
traditional lecturing on the learning achievement of college students in
humanities and social sciences: a meta-analysis. Higher Education, 1-18.
https://doi.org/10.1007/s10734-022-00977-8
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Le genre et de la formation ont-ils un impact sur la rétroaction par
les pairs?*
La rétroaction par les pairs (peer feedback) est une méthode
d’enseignement de plus en plus populaire en enseignement universitaire.
Il s’agit de demander aux étudiants d’offrir entre eux des commentaires
sur leurs travaux. Ocampo et coll. (2023) étudient les effets du genre
et de la formation sur la rétroaction par les pairs sur cette même activité.
Pour arriver à évaluer ces impacts, les auteurs élaborent une expérience
par assignation aléatoire. Cette expérience a eu lieu dans une
université privée des Philippines. Les participants sont 240 étudiants
(120 femmes et 120 hommes) du baccalauréat en psychologie inscrits au
cours de rédaction scientifique. L’étude porte sur trois variables
indépendantes, soit le genre du participant (femme/homme), le genre
fictif de la personne recevant la rétroaction (femme/homme) ainsi que la
formation sur la rétroaction (avec/sans). Chaque participant pouvait
donc se retrouver dans l’un des huit groupes possibles. Les auteurs de
l’étude se sont assurés d’offrir une formation sur la rétroaction aux
participants sélectionnés dans le groupe « avec formation ».
Dans le cadre du cours, on a demandé aux participants d’offrir des
rétroactions écrites sur les travaux de leurs pairs. Pour chaque travail
remis, on indiquait à l’évaluateur le genre fictif et choisi
aléatoirement de la personne évaluée. Les rétroactions consistaient à
répondre aux deux questions suivantes : « Qu’est-ce que l’étudiant a
bien fait dans son travail? » et « Qu’est-ce que l’étudiant pourrait
améliorer dans son travail? ». Une fois les rétroactions complétées, les
auteurs de l’étude ont procédé à l’analyse textuelle de celle-ci sur
plusieurs dimensions comme le nombre de mots, la positivité des
commentaires ainsi que leur niveau d’information.
Pour la plupart des dimensions observées, les trois variables
indépendantes n’ont pas d’impact significatif. Toutefois, l’étude montre
que les femmes offrent un plus grand niveau de rétroaction que les
hommes, à la fois en termes de nombre de mots et de segments de
rétroaction. Les femmes tendent aussi à offrir des commentaires plus
positifs et plus informatifs pour les travaux de moyennes et faibles
qualités. D’autre part, lorsqu’on indique que la personne évaluée est un
homme, la rétroaction comporte plus de commentaires informatifs. Enfin,
le suivi d’une formation sur la rétroaction est lié à une augmentation
du nombre de vérifications positives, c’est-à-dire un commentaire
décrivant le travail ou une partie du travail comme bon ou bien.
_Pour en savoir plus : _
Ocampo, J. C., Panadero, E., Zamorano, D., Sánchez-Iglesias, I., & Diez
Ruiz, F. (2023). The effects of gender and training on peer feedback
characteristics. Assessment & Evaluation in Higher Education.
https://doi.org/10.1080/02602938.2023.2286432
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Novembre 2023
20^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'utilisation des données administrative en période de réforme
universitaire
* Les écoles préuniversitaires et le rendement académique
* Les étudiants et l'abandon universitaire
* L'approche de l'enseignement par /suivi souple
/
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***Comment les données administratives peuvent-elles être
instrumentalisées dans un contexte de réforme universitaire?*
Brown, Sowl et Steigleder (2023) étudient comment l’utilisation de
données au sein des institutions universitaires contribuent à influencer
les débats internes ainsi que les réformes implémentées. Pour ce faire,
les auteurs exploitent le cas du processus d’implantation de la réforme
/Pathways/ au sein du réseau /City University of New York/ (CUNY). Cette
réforme visait à uniformiser la formation générale offerte au
baccalauréat, qui pouvait être très inégale entre les différents
établissements du réseau.
Prenant la forme d’une étude de cas, les auteurs analysent plus de 471
documents internes tels que des mémos, des rapports institutionnels, des
discours ou des communications aux médias afin d’établir comment les
différents acteurs impliqués dans la réforme utilisent les données
institutionnelles pour établir leur position.
Les auteurs font deux constats. Tout d’abord, les données
institutionnelles prennent une place centrale. Cela rend la question de
leurs contrôle, leur analyse et leur utilisation incontournables à
l’analyse du débat. Notamment, dans le premier rapport visant à mettre
en place /Pathways/, la haute direction de CUNY soutient que son analyse
démontre « hors de tout doute » que le processus de transfert est
effectivement inégal entre les établissements. En réponse, les
professeurs contestent les sources des données, la validité des
conclusions de même que le processus même du développement du rapport.
Ils soulignent entre autres l’absence de mention du taux de diplomation.
En deuxième lieu, les auteurs remarquent que l’importance des données
renforce une culture où l’audit est primé. Par exemple, il a été préféré
d’inclure des indicateurs mesurables dans l’élaboration de curriculum
commun plutôt que de favoriser certaines positions qui favorisaient
plutôt la pédagogie.
_Pour en savoir plus :_
Brown, M., Sowl, S., & Steigleder, K. M. (2023). “May I Contribute Some
Data to the Discussion?”: Negotiating Data Politics Through General
Education Reform. /The Journal of Higher Education/, 1-45.
https://doi.org/10.1080/00221546.2023.2203629
*
*
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***La participation aux écoles préuniversitaires a-t-elle un impact sur
le rendement académique?*
**
En Caroline du Nord, les /Early college high schools/ (ECHS) sont de
petites écoles préuniversitaires établies à même le campus dont la
mission est de promouvoir la préparation aux études postsecondaires, en
particulier chez les groupes défavorisés. Fuller et coll. (2023) tentent
d’évaluer l’effet qu’a la participation aux programmes des ECHS sur les
rendements académiques des étudiants.
Pour identifier l’impact des ECHS, les auteurs tirent profit de leur
système d’inscription qui utilise en partie une loterie afin d’effectuer
une expérience par assignation aléatoire. Les auteurs utilisent des
données académiques et administratives provenant de plusieurs sources,
notamment le /North Carolina Department of Public Instruction/ (NCDPI).
Les données portent sur la période allant l’année scolaire 2004-05 à
l’année scolaire 2015-16. L’échantillon est composé de 3 758 étudiants
ayant participé à la loterie d’inscription. Parmi cet échantillon, les 2
174 étudiants ayant été sélectionnés font partie du groupe traitement
alors que les 1 584 autres font partie du groupe contrôle. Parmi les
variables d’intérêts, les chercheurs mesurent entre autres le niveau de
préparation aux études postsecondaires et au travail, les scores à des
tests standardisés, le niveau d’inscription postsecondaire et le taux de
diplomation.
Les résultats obtenus montrent que la participation à un programme ECHS
a plusieurs effets positifs sur le rendement académique. Parmi ces
effets, on note une amélioration de près de 0,3 point sur le score au
test standardisé ACT, une augmentation de 3,6% à 8,4% du nombre
d’inscriptions à des programmes de baccalauréat de 4 ans, et une
augmentation de 7,9% à 5,5% du taux de diplomation dans les programmes
de baccalauréat de 4 ans. L’analyse des résultats montre aussi que les
effets positifs des ECHS sont plus prononcés chez les groupes
défavorisés. Par exemple, chez les personnes désavantagées
économiquement, les scores ACT augmentent de 0,6 point, et l’inscription
et le taux de diplomation au baccalauréat de 4 ans augmentent
respectivement de 8,2% et 9,7%.
_Pour en savoir plus : _
Fuller, S., Lauen, D. L., & Unlu, F. (2023). Leveraging experimental and
observational evidence to assess the generalizability of the effects of
early colleges in North Carolina. /Education Finance and Policy/, 18(4),
568-596. https://doi.org/10.1162/edfp_a_00379
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*Pourquoi les étudiants universitaires abandonnent-ils leurs études?
*
La rétention des étudiants dans les collèges communautaires (/community
college/) est un enjeu crucial, autant pour les administrateurs que pour
les étudiants eux-mêmes. Sullivan, Bell et Nielsen (2023) adoptent une
approche phénoménologique centrée sur la perspective étudiante afin
d’examiner les facteurs qui influencent la décision des étudiants de
quitter leur programme. L'échantillon de 803 étudiants, avec un taux de
réponse de 16%, a été sélectionné au sein du Collège communautaire
Manchester (/Manchester Community College/) aux États-Unis, qui compte
plus de 8000 étudiants.
L'étude s'appuie sur des entrevues téléphoniques menées avec des
étudiants ayant abandonné leur programme entre la session d'hiver et la
session d'automne 2017. Les données recueillies sont analysées de
manière thématique afin d’identifier les facteurs les plus courants qui
mènent à un abandon des études.
Les résultats mettent en lumière diverses raisons motivant la décision
des étudiants de quitter leur programme. Sur l'ensemble de
l'échantillon, 40% des répondants déclarent avoir atteint leur objectif
académique ou avoir simplement transféré dans d'autres établissements.
Par ailleurs, 19% quittent en raison de problèmes familiaux ou
personnels, tandis que 12% citent des problèmes financiers comme motif
principal de leur départ. Moins de 2% des étudiants mentionnent des
difficultés académiques comme une raison de quitter leur programme.
Il s’avère que la résolution de la plupart des enjeux vécus par les
étudiants dépasse le champ d'action des établissements collégiaux. Les
auteurs soulignent l'interdépendance entre le statut socioéconomique des
étudiants et leur persévérance dans les études supérieures. Ces
résultats appellent à une réflexion sur les politiques éducatives
actuelles et suggèrent que des interventions plus holistiques, tenant
compte des réalités socioéconomiques des étudiants, sont nécessaires
pour améliorer la rétention dans les collèges communautaires.
_Pour en savoir plus: _
Sullivan, P., Bell, A., & Nielsen, D. (2023). The Complex Nature of
Student Retention at America’s Community Colleges. /Community College
Review/, https://doi.org/10.1177/00915521231163855
<https://doi.org/10.1177/00915521231163855>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Le suivi souple peut-il améliorer les chances de succès académique?
*
Un large pan de la littérature scientifique sur le succès académique
laisse penser que la qualité de l’enseignant est un facteur important.
Toutefois, moins d’intérêt a été porté sur les techniques qui mènent à
un bon enseignement au niveau postsecondaire. Carell et Kurlaender
(2023) visent à combler une partie de ce vide en étudiant l’impact du
suivi souple (light-touch intervention).
La technique du suivi souple consiste en ce que l’enseignant s’assure
d’envoyer aux étudiants des courriels personnalisés à des moments
stratégiques de la session universitaire. Ces courriels contiennent un
rappel des disponibilités du professeur, les clés de la réussite dans le
cours et un message démontrant que le professeur a conscience du rang
actuel de l’étudiant dans le cours.
Pour vérifier l’effet de cette approche, les auteurs élaborent une
expérience par assignation aléatoire. Les auteurs ont mis en place cette
expérience au sein d’un établissement universitaire américain (dont
l’identité est gardée secrète) au cours des sessions de printemps 2016
et automne 2017. Trente cours de 1er cycle ont été choisis au hasard et
l’échantillon final comprend 4 000 étudiants. La moitié des étudiants
se voyaient assignés au groupe traitement et bénéficiaient du suivi
souple alors que le reste était assigné au groupe contrôle et n’en
bénéficiait pas. Les auteurs ont utilisé les données administratives de
l’établissement pour collecter les renseignements nécessaires ainsi que
de questionnaires.
Les résultats montrent que l’approche du suivi souple a eu certains
effets positifs. En particulier, la perception des étudiants par rapport
à la disponibilité, l’attention et le suivi du professeur a augmenté
chez le groupe traitement. Toutefois, les chercheurs ne trouvent aucun
effet significatif pour l’ensemble de l’échantillon sur la note globale
ou le taux de réussite des étudiants. Certains effets significatifs ont
pu être dégagés pour certains sous-groupes. Par exemple, l’approche du
suivi souple aurait augmenté de 0,31 la note globale des étudiants de
première année. Les auteurs soulignent aussi que l’expérience aurait
potentiellement été victime d’un effet de contamination par lequel les
étudiants du groupe contrôle auraient bénéficié indirectement du suivi
souple.
_Pour en savoir plus : _
Carrell, S. E., & Kurlaender, M. (2023). My professor cares:
Experimental evidence on the role of faculty engagement. /American
Economic Journal: Economic Policy/, 15(4), 113-141. DOI:
10.1257/pol.20210699
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20210699>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
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Octobre 2023
19^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Les initiatives universitaires et l'embourgeoisement
* L'impact de l'aide financière du programme TEACH aux États-Unis
* Les effets de l'aide financière dans les populations autochtones
canadiennes
* La santé mentale des doctorants et les /mèmes/ internet/
/
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*Les universités participent-elles à l’embourgeoisement? *
En tant qu’institutions ancrées dans la communauté, les universités ne
sont pas que des lieux d’enseignement et de recherche, mais aussi des
leviers potentiels de développement urbain. Elles y participent
notamment à travers des « initiatives d’ancrage institutionnelles »
(ci-après IAI), c’est-à-dire des projets élaborés avec les ressources de
l’université, mais qui affectent la communauté près du campus. Garton
(2023) étudie l’impact des IAI sur l’embourgeoisement et plus
particulièrement l’effet de leur présence au sein d’une communauté.
Les IAI représentent tous les projets financés par l’université dédiés
au fonctionnement indirect des universités dans la communauté. Par
exemple, il peut s’agir d’un programme de soutien de financement
hypothécaire pour l’établissement du personnel dans la communauté ou à
la construction de route pour faciliter les déplacements.
L’auteur se base sur les données de recensement des États-Unis et le
/American Community Survey/. Les observations retenues sont dans la
période 1970-2010. L’unité d’observation est le secteur de recensement,
soit une aire géographique comprenant entre 2000 et 8000 personnes.
Garton (2023) emprunte la stratégie d’identification de la
différence-en-différence afin d’isoler l’effet causal de ces politiques.
Cette méthodologie compare l’évolution de certaines variables avant et
après la mise en place d’une politique d’IAI au sein d’un secteur de
recensement. Les secteurs de recensement d’une ville où des IAI ont eu
lieu sont intégrés dans le groupe traitement alors que les autres
secteurs sont dans le groupe contrôle. Afin de mesurer le degré
d’embourgeoisement, l’auteur utilise un indice composite composé de
variables pertinentes, telles que les prix immobiliers, le loyer, le
revenu moyen, le taux de pauvreté, etc.
Les résultats montrent que la présence des IAI a un effet négatif
statistiquement significatif. Les IAI ont ralenti le rythme de
l’embourgeoisement par rapport aux secteurs où elles étaient absentes.
En analysant les effets sur les composantes spécifiques de l’indice
d’embourgeoisement, Garton (2023) trouve que les IAI sont associés à une
baisse du taux de résidants détenant un diplôme de premier cycle
universitaire, une baisse du revenu par personne, et une augmentation du
taux de pauvreté.
Il s’agit d’un résultat surprenant pour l’auteur. Garton (2023) suggère
que deux effets peuvent l’expliquer. D’abord, les communautés visées par
les IAI auraient une plus grande capacité à résister aux déplacements de
population. Ensuite, les investissements des universités pourraient
avoir un effet d’éviction sur les investissements privés.
_Pour en savoir plus :_
Garton, P. M. (2023). Universities and Gentrification: The Effects of
Anchor Institution Initiatives on Rates of Neighborhood Change.
/Research in Higher Education/, 64(7), 987–1010.
https://doi.org/10.1007/s11162-023-09733-y
*
*
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***L’impact des aides financières dans les communautés en besoin*
**
Depuis 2007, les États-Unis ont mis en place un programme de soutien
financier (programme TEACH) ciblant spécifiquement les communautés à
faibles revenus afin d’augmenter leur taux de diplomation dans des
domaines fortement en demande. Peyton, van Dijk et Mason-Williams (2023)
étudient l’impact du programme TEACH sur la diplomation dans les
secteurs en demande sur le marché du travail.
L’étude se base sur les données recueillies dans quatre bases de
données, soit le /Integrated Postsecondary Education Data System/, le
/Federal Student Aid/, le /Elementary School Information System/, et le
/Bureau of Labor Statistics/. Ciblant les établissements d’enseignement
postsecondaire, les auteurs obtiennent un échantillon contenant 1 467
observations couvrant les années 2000 à 2014.
La méthode de recherche des auteurs est une étude quasi expérimentale
fondée sur la méthode d’appariement par score de propension (/Propensity
Score Matching/). L’idée de cette méthode est de créer des groupes
traitement et contrôle à partir de bases de données longitudinales en
fonction de covariables prédisant l’obtention du traitement. Dans le cas
qui nous occupe, la variable de traitement est la participation d’un
établissement au programme TEACH. Le groupe contrôle comprend les
établissements n’ayant pas participé, mais qui ont des caractéristiques
similaires aux universités ayant participé au programme TEACH. La
variable dépendante est le nombre de diplômes obtenus par les
établissements dans différents domaines d’étude.
Plusieurs résultats intéressants émergents de l’étude. Entre autres, les
résultats montrent qu’il y a une croissance de la diplomation similaire
entre les groupes traitement et contrôle, suggérant que le programme
TEACH n’a pas d’impact sur la diplomation. Cependant, il se pourrait
qu’il existe un impact significatif du programme TEACH pour certains
programmes. En effet, les auteurs ont trouvé des effets positifs
significatifs du programme de TEACH sur la production de diplômes dans
les domaines STIM. Toutefois, ce résultat ne semble pas robuste
puisqu’il n'est significatif que pour quelques spécifications du modèle
statistique.
Les résultats des auteurs sont concordants avec ceux déjà obtenus par
d’autres études. Selon les auteurs, plusieurs facteurs viennent limiter
l’impact du programme TEACH. En particulier, ils soulignent le manque de
visibilité du programme et des problèmes au niveau de l’accessibilité
des fonds pour les étudiants l’administration générale du programme.
_Pour en savoir plus : _
Peyton, D. J., van Dijk, W., & Mason-Williams, L. (2023). Meeting the
Moment: Impact of TEACH Grant on US Undergraduate Education Degree
Completion in High-Need Content Areas. /Higher Education Policy/, 36(3),
431–456. https://rdcu.be/dpQ9B
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*Aide financière aux études et peuples autochtones : application au
contexte canadien
*
L’aide financière aux étudiants (AFE) universitaires, sous forme de
prêts ou de bourses, incite généralement les individus à poursuivre
leurs études plus longtemps qu’ils ne l’auraient prévu. Jones (2023) se
concentre sur les impacts de l’AFE offerte aux étudiants autochtones
canadiens au cours des 50 dernières années. En 1977, le gouvernement
canadien implante un programme d’aide financière destiné aux étudiants
postsecondaires autochtones (/Post-Secondary Education Assistance
Program/ - PSEAP). Toutefois, en 1989, le financement de ce programme
est coupé, diminuant à la fois l’aide par étudiant allouée et le nombre
de bénéficiaires. Le programme devient alors le Post-Secondary Student
Support Program (PSSSP). L’auteur profite de ce changement dans le
financement afin d’évaluer les impacts sur la réussite scolaire des
étudiants autochtones.
À l’aide des données de recensement de 2006, l’auteur utilise un design
de différence-en-différence afin d’isoler l’effet causal de cette
politique. La population étudiée est la cohorte ayant gradué de l’école
secondaire entre 1982 et 1995. Toute personne s’identifiant comme
Premières Nations ou Inuit selon la définition du recensement canadien
est incluse dans le groupe traitement et considérée comme éligible au
PSEAP et au PSSSP.
L’auteur constate que la part de la population avec un diplôme d’études
collégiales (/community college degree/) diminue de 3,7% deux ans après
l’implantation du PSSSP par rapport au groupe contrôle. Six ans après
son introduction, la différence entre les deux groupes quant à
l’obtention de ce diplôme est de 4,3%. De plus, le taux de diplomation
secondaire (DES) pour cette tranche de la population diminue de 5% par
rapport au groupe contrôle. L’auteur note que la majorité de cet effet
provient des étudiants résidant dans les réserves autochtones. Elle
explique cette situation par le fait que les retours privés d’un DES
dans cet environnement sont probablement faibles, signifiant que les
étudiants ne voient peut-être pas la raison de terminer leurs études
secondaires s’ils ne peuvent poursuivre leurs études par la suite. Cet
effet est également plus important dans les provinces ayant de hauts
frais de scolarité, chez les nations autochtones les plus pauvres et là
où le taux de diplomation au secondaire était déjà faible.
Les effets à long terme de cette politique sur l’emploi sont également
peu reluisants. Le fait d’être éligible au PSSSP est associé à une
diminution de 1,4 semaine de travail et une augmentation de 2,7% de la
probabilité d’être au chômage comparativement au groupe contrôle.
L’auteur conclut en indiquant que ces résultats restent constants à
travers plusieurs exercices de robustesse, tel que limiter l’analyse aux
individus n’ayant jamais changé de province de résidence et en éliminant
les provinces ayant introduit de nouvelles politiques quant aux frais de
scolarité, comme le Québec et l’Alberta.
_Pour en savoir plus: _
Jones, M. E. (2023). Post-secondary funding and the educational
attainment of indigenous students. /Economics of Education Review/, 97,
102475. https://doi-org.banques.enap.ca/10.1016/j.econedurev.2023.102475
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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************
*La santé mentale des étudiants au doctorat analysé à travers les /mèmes
/internet**
*
Il est maintenant connu que les étudiants universitaires connaissent des
niveaux de stress important, particulièrement chez les étudiants au
niveau doctoral. Afin d’étudier l’attitude et les perceptions du secteur
académique chez ces étudiants, Maples (2023) analyse 208 mèmes internet
(/internet memes/) publiés sur les réseaux sociaux Facebook et X
(anciennement Twitter) par le compte High-Impact PhD Memes. L’objet de
cette analyse de contenu est d’établir les thèmes les plus fréquemment
abordés et leur résonance avec la population universitaire.
L’avantage d’utiliser les mèmes pour étudier cette population est de
pouvoir déterminer des thèmes d’identité collective et des expériences
partagées sans avoir à faire des entrevues de grande envergure. Des
thèmes plus nichés peuvent également ressortir.
L’auteur a tout d’abord sélectionné son échantillon à l’aide des
publications de la page High-Impact PhD Memes d’août 2021 à février
2022. Ce compte est choisi pour son large public et son caractère
généraliste. La majorité des thèmes abordés par les mèmes sont associés
au syndrome de l’imposteur, les relations avec le corps professoral et
le processus de publication. Toutefois, les publications résonnant le
plus avec le public sont reliées au thème de l’accès à la littérature et
les problèmes financiers ou liés à l’emploi après la diplomation.
_Pour en savoir plus : _
Maples, G. W. (2023). High Impact, Low Mood: An Analysis of Graduate
Student Attitudes and Perceptions Through PHD Memes. /International
Journal of Doctoral Studies/, 18, 1. https://doi.org/10.28945/5075
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**
Une image contenant texte, signe Description générée automatiquement**
**
Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion de la veille de recherche en enseignement supérieur
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Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Septembre 2023
18^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* La charge d'étude et la réussite scolaire
* Le lien entre les informations sur les revenus et la préférence
politique concernant les frais de scolarité
* Les réseaux de connaissance à l'université et la réussite sur le
marché du travail
* La planification financières des établissements universitaires
Bonjour à toutes et tous!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
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*****Comment la charge d’étude affecte-t-elle les résultats académiques?*
La plupart des études sur la question de la charge d’étude à
l’université tendent à montrer qu’une hausse de celle-ci a un impact
positif sur les résultats scolaires. Phipps et Amaya (2023) réalisent
une première étude par sélection aléatoire sur ce sujet et arrivent à la
conclusion inverse.
L’étude se concentre sur les étudiants de l’académie militaire de West
Point aux États-Unis. Les auteurs utilisent les données administratives
de l’université portant sur les résultats académiques de 19 192
étudiants de première, deuxième et troisième années de 2001 à 2019.
Chaque semestre par étudiant est un point de donnée, ce qui porte la
taille de l’échantillon à 106 814 observations.
Les auteurs utilisent une particularité de West Point où les étudiants
se font attribuer aléatoirement par l’administration une charge de cours
additionnelle allant de zéro à deux crédits universitaires.
Crucialement, les étudiants n’ont pas le choix d’accepter cette charge
de cours supplémentaire. Cette configuration reproduit une expérience
naturelle par sélection aléatoire et permet d’identifier l’effet causal
de la charge d’étude.
Les auteurs peuvent ainsi recréer un groupe traitement composé des
semestres étudiants ayant reçu une attribution d’un ou deux crédits
supplémentaires et un groupe contrôle composé de ceux n’en ayant reçu
aucun. Deux variables d’intérêt principales sont mesurées par les
chercheurs, soit la note globale (GPA) pour les cours obligatoires et la
probabilité d’échouer au moins un cours.
Les résultats montrent que la charge de travail supplémentaire se fait
au détriment des résultats scolaires. L’attribution d’une charge d’étude
est associée à une baisse de la note globale de 0,03 à 0,05 pour un
crédit supplémentaire et de 0,06 à 0,11 pour deux crédits
supplémentaires. Quant à la probabilité d’échec, elle augmente 0,3% à
0,5% pour un crédit supplémentaire et de 0,5% à 1,0% pour deux crédits
supplémentaires.
Les auteurs que concluent que, toutes choses égales par ailleurs, la
charge de cours et la réussite scolaire se substituent l’un à l’autre.
Conséquemment, des politiques visant à augmenter le temps d’études
devraient aussi inclure des moyens de réduire les charges de temps des
activités non académiques des étudiants.
_Pour en savoir plus :_
Phipps, A., & Amaya, A. (2023). Are Students Time Constrained? Course
Load, GPA, and Failing. Course Load, GPA, and Failing. Journal of Public
Economics, 225, 104981. https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104981
**
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***Les préférences politiques concernant les frais de scolarité
dépendent-elles des informations sur les revenus?*
**
Les frais de scolarité sont un enjeu de politique publique et à cet
égard leur niveau est partiellement déterminé par les préférences
politiques des citoyens. Lergetporer et Woessmann (2023) tentent de
vérifier comment les croyances et les informations concernant les
bienfaits privés de l’éducation universitaire affectent les préférences
par rapport au niveau des frais de scolarité.
Les auteurs réalisent une expérimentation par sondage en cinq vagues.
Les vagues de sondage ont eu lieu en Allemagne au cours des mois d’avril
et juillet des années 2014-2017 et 2020. Les individus répondant aux
sondages ont été scindés en quatre groupes, soit trois groupes
traitements qui ont reçu des informations sur les bienfaits de
l’éducation universitaire et un groupe contrôle qui n’en a pas reçu. Les
auteurs visaient des tailles de 1 000 individus par groupes par sondage,
ce qui leur a permis d’obtenir un échantillon de 15 412 observations.
La variable d’intérêt de l’étude est mesurée par une question du sondage
qui demandait aux participants s’ils étaient en faveur ou en défaveur
avec l’idée que les étudiants paient des frais de scolarité. Les
variables indépendantes étaient mesurées selon les informations sur les
bienfaits de l’enseignement supérieur que recevaient les différents
groupes traitement. Le premier groupe traitement était informé de la
prime salariale des étudiants universitaires. Le second groupe recevait
des informations à propos de la hauteur des dépenses gouvernementales
couvrant les frais de scolarité. Enfin, le troisième groupe recevait des
informations concernant la disparité de l’accès aux études
universitaires en fonction du statut socioéconomique des individus.
Les résultats montrent que certaines informations ont des effets
importants sur les préférences politiques des citoyens. Lorsque les
individus sont informés des primes salariales liées à l’éducation
universitaire, le pourcentage d’appui pour une politique de frais de
scolarité augmente de 8,1%. Toutefois, il n’y a pas de changement
significatif d’appuis à une politique de frais de scolarité lorsque les
individus sont informés des dépenses publiques ou des statistiques
d’accès à l’enseignement supérieur. Selon les auteurs ces résultats
suggèrent que les campagnes d’information sont des outils
potentiellement importants en vue de procéder à des réformes de
politiques de financement des universités.
_Pour en savoir plus : _
Lergetporer, P., & Woessmann, L. (2023). Earnings information and public
preferences for university tuition: Evidence from representative
experiments. Journal of Public Economics, 226, 104968.
https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104968
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*Quel est l’impact de la formation d’un réseau de connaissances à
l’université et la réussite sur le marché du travail?
*
Est-ce que le réseau social développé lors des études universitaires
influence le niveau d’accomplissement sur le marché du travail ? C’est
le sujet des récents travaux d’Ilyés et Sebők (2023). Leur échantillon
couvre le parcours de 7 899 étudiants universitaires hongrois entre 2010
et 2017. Les chercheurs utilisent des données de panel provenant du
Centre d'études économiques et régionales (Centre for Economic and
Regional Studies), couvrant 50% de la population hongroise. Le niveau de
détail des données permet de connaître tous les programmes dans lesquels
un individu s’est inscrit, en fonction des semestres, de l'université
ainsi de son lieu de résidence. Les auteurs ont également des
informations sur les emplois occupés par les individus, de même que le
nom de leur employeur, leur salaire, la durée des emplois et le statut
de chômage.
Comme il n’est pas possible d’observer directement les liens sociaux que
créent les étudiants, les auteurs utilisent les cohortes de chaque
programme et université pour chaque semestre comme proxy. Ils étudient
l’impact d'avoir des pairs (c.-à-d. des étudiants de la même cohorte)
travaillant pour des employeurs potentiels en fonction de plusieurs
variables telles que la possibilité d'être engagé, le salaire horaire,
le prestige et la durée de l'emploi. Ils emploient une régression de
probabilité linéaire pour étudier la possibilité d’être engagé ainsi que
des modèles de régression linéaire à effet fixes pour les autres variables.
Les résultats de l'étude révèlent que les étudiants ayant des contacts
dans les entreprises où ils ont été embauchés bénéficient d'avantages
significatifs. Les étudiants ayant des connexions professionnelles au
sein de leur entreprise ont des revenus 12% plus élevés que ceux n’en
ayant pas. Cependant, cet effet disparaît lorsque l'on compare des
individus avec et sans liens sociaux au sein de la même firme. Les
auteurs en concluent que les contacts universitaires favorisent
l'embauche de personnes dans des entreprises où les nouveaux diplômés
(et probablement tous les travailleurs) gagnent généralement plus.
Les étudiants ayant des contacts dans les entreprises où ils ont été
embauchés occupent également des postes plus prestigieux, avec une
augmentation du prestige allant de 2,3% à 4,5%. Ces étudiants ont
également 1,6 fois plus de chances de rester au moins 1 à 2 ans au même
endroit. Enfin, la probabilité d'être embauché dans une entreprise
augmente de manière faible, mais quand même significative si des pairs y
sont déjà embauchés (+0,02%). Cet effet est cependant plus marqué pour
les liens créés au baccalauréat et dans des cohortes plus petites.
_Pour en savoir plus: _
Ilyés, V., & Sebők, A. (2023). University peers and career prospects:
The impact of university ties on early labor market outcomes. Economics
of Education Review, 96, 102456.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102456
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quels sont les étapes d’une bonne planification financière des
établissements universitaires?
*
Bien que la planification financière des universités soit un défi
complexe, certains outils comme la modélisation de scénario financier
(financial scenario modelling) permettent de rendre ce processus plus
simple. Afin d’appuyer les universités dans cette démarche, Cropper et
Cowton (2023) identifient les cinq étapes clés à cette modélisation,
appliquée au contexte universitaire du Royaume-Uni.
La première étape se concentre sur la sélection d’un logiciel approprié
pour la modélisation de scénarios financiers. Bien qu’Excel soit une
option régulièrement préférée par les établissements, les auteurs
soulignent quand même que d’autres logiciels peuvent être empruntés,
tels qu’Oracle BI ou Axiom.
La deuxième étape aborde l'identification des variables essentielles à
inclure dans le modèle. Les auteurs mentionnent la prise en compte de
certaines variables critiques pour le financement telles que les frais
de scolarité des étudiants nationaux et internationaux. Ils notent
également qu’une modélisation du lien entre le nombre d’étudiants et le
financement peut s’avérer utile à un établissement, étant donnée
l’importance de ce facteur dans les revenus des universités. C’est
pourquoi les auteurs proposent de suivre également l’évolution du taux
de rétention des étudiants ainsi que de ce qui influence leur
recrutement. Ils mentionnent également de ne pas oublier de prendre en
compte l’inflation lors de la planification sur plusieurs années.
La troisième étape se penche sur la construction du modèle. Les auteurs
recommandent l'utilisation de formules mathématiques pour lier et
modéliser les différentes variables. Une distinction entre les coûts
fixes et variables est préconisée, et il est recommandé de procéder à
plusieurs itérations pour affiner le modèle. La quatrième étape traite
de l’implantation du modèle. Les auteurs soulignent l’importance de
choisir un degré de sophistication approprié, balançant entre les
bénéfices de la simplicité d’un modèle et le niveau de détail qu’il peut
offrir. Ils suggèrent d’étudier un petit nombre de variables qui ont le
plus grand impact sur le financement. C’est également à ce moment que
l’institution choisit un scénario de base, duquel les analyses de
sensibilité seront basées.
Enfin, la cinquième étape se concentre sur l'évaluation continue du
modèle. Les administrateurs devraient réévaluer celui-ci à intervalle
régulier, en prenant en compte les commentaires des agents impliqués
dans l’utilisation du modèle.
_Pour en savoir plus : _
Cropper, P., & Cowton, C. J. (2023). Financial scenario modelling: a
guide for universities. Journal of Higher Education Policy and
Management, 1-14. https://doi.org/10.1080/1360080X.2023.2256627
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Août 2023
18^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Aide financière et persistance scolaire au Chili
* L'aide financière et l'obtention du diplôme au Brésil
* Les échecs d'accès à l'aide financière en Allemagne
* Le resserrement d'admissibilité à l'aide financière en Italie
Bonjour à toutes et tous! Nous vous proposons ce mois-ci une veille de
recherche axée sur les programmes d'aide financière aux études.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
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*********Les étudiants obtenant de l’aide financière sont-ils plus
persistants?***
**
Au cœur des enjeux entourant l'accès et la réussite universitaire, la
question de l'effet des prêts étudiants sur la persévérance demeure un
sujet d'intérêt majeur. Card et Solis (2022) étudient l'impact des prêts
étudiants sur la persévérance universitaire au Chili. Leur recherche
vise à évaluer comment l'éligibilité à un programme de prêts influence
les taux de diplomation et de rétention des étudiants.
Les auteurs se penchent sur l'effet spécifique de l'admissibilité au
programme de prêts chilien en se concentrant sur les étudiants de
première année universitaire qui repassent le /Prueba de Selección
Universitaria/ (PSU), un examen national d'admission à l'université. Les
étudiants dont le revenu familial se situe en dessous du 80e percentile
et qui obtiennent un score de 475 points au PSU deviennent éligibles à
un prêt couvrant 85% des frais de scolarité pour la durée restante de
leurs études universitaires. Le design particulier de ce programme
permet l'utilisation d'une méthodologie de régression en discontinuité
pour comparer le parcours universitaire des étudiants juste en dessous
et juste au-dessus de ce seuil.
Pour ce faire, les auteurs combinent des bases de données relatives aux
étudiants ayant passé le PSU avec des registres administratifs de
l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur chiliens. Cette
approche leur permet de suivre les étudiants même en cas de changement
d'institution, notamment s'ils décident de quitter l'université pour
s'inscrire à un programme de formation professionnelle (équivalent au
diplôme collégial technique au Québec). L’échantillon de cette étude
comprend 3 627 étudiants. Les auteurs soulignent que cette
sous-catégorie d’étudiants n’est pas représentative de l’ensemble de la
population universitaire, étant donné leurs plus faibles résultats
scolaires.
Les résultats montrent que l’admissibilité aux prêts est associée à une
augmentation significative des taux de réinscriptions dès la deuxième
année et jusqu’à cinq ans après la première inscription, correspondant à
la durée standard d’un baccalauréat au Chili. Plus précisément, les
étudiants marginalement admissibles présentent un taux de rétention
supérieur de 21 points de pourcentage par rapport à leurs pairs
marginalement non admissibles après la première année. Cette tendance se
maintient jusqu’à l’obtention du diplôme où les étudiants marginalement
admissibles ont un taux de diplomation 12 points de pourcentage plus
élevés. De plus, les auteurs observent une réduction du transfert vers
les écoles de formation professionnelle chez les étudiants bénéficiant
des prêts.
Fait notable, la transformation des prêts en bourses, une option
accessible aux étudiants atteignant un score de 550 points au PSU et se
situant dans le bas du 2e quintile du revenu familial, n’a aucun impact
sur le taux de réinscription ni sur le taux de diplomation. Les auteurs
interprètent ce résultat comme démontrant l’effet causal des prêts, qui
consiste à alléger les contraintes financières à l’enseignement
supérieur. Une fois ces contraintes levées, la décision de se réinscrire
n’est pas influencée par le coût de l’éducation universitaire, du moins
pour les étudiants issus de familles à faible revenu.
_Pour en savoir plus :_
Card, D., & Solis, A. (2022). Measuring the effect of student loans on
college persistence. /Education Finance and Policy/, 17(2), 335-366.
https://doi.org/10.1162/edfp_a_00342
**
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*
*
***L’aide financière rend-elle l’obtention du diplôme plus probable?***
Face au défi de l'accessibilité à l'enseignement supérieur pour les
étudiants issus de milieux défavorisés, la question de l'efficacité des
programmes d'aide financière étudiante (AFE) dans la promotion de la
réussite universitaire demeure une préoccupation majeure. L'étude menée
par Tenório de Freitas e Silva et Menezes Bezerra Sampaio (2023) se
penche sur l'impact du /Permanence Scholarship Program/ (PSP) sur la
durée des études et le taux de diplomation des étudiants brésiliens. Le
PSP est une bourse mensuelle destinée aux étudiants à faibles revenus,
offerte dans le cadre d’un programme plus vaste d'aide financière, le
/University for all Program/ (PROUNI).
L'étude comprend des étudiants inscrits dans des universités privées au
Brésil, avec des données recueillies à partir des recensements annuels
en enseignement supérieur colligé par la /Nacional Institute of Research
and Study Anísio Teixeira/ (INEP) de 2010 et 2017. Les auteurs ont ainsi
pu suivre le parcours de l’ensemble des étudiants brésiliens admissibles
au PROUNI pendant sept ans. La méthodologie adoptée par les auteurs
repose sur une analyse de survie, prenant la forme de trois approches
distinctes : l'estimateur de Kaplan-Meier, les risques concurrents et la
régression de Cox.
L’étude révèle que les étudiants bénéficiant du PSP ont réduit d'un an
la durée moyenne de leurs études. De plus, une augmentation
significative de la probabilité de diplomation dans les délais prévus
est observée, avec une augmentation de 9 points de pourcentage pour
l'obtention du diplôme en 3 ans et une augmentation de 7,6 points de
pourcentage pour la diplomation en moins de 4 ans. Cependant, malgré ces
améliorations, les étudiants bénéficiaires du PSP présentent une durée
d'études plus longue en comparaison avec la moyenne générale, prenant
environ six ans pour achever leur diplôme, contre trois ans pour les
autres étudiants. Par ailleurs, certaines catégories d'étudiants
bénéficient davantage du PSP, notamment les femmes, les personnes âgées
de plus de 30 ans et les récipiendaires de bourses de mérite, qui
présentent de plus grandes chances de réussir leur diplôme universitaire
dans les délais impartis.
_Pour en savoir plus : _
Tenório de Freitas e Silva, P. & Menezes Bezerra Sampaio, L.(2023). Does
student aid make a degree more likely? Evidence of the permanence
scholarship program from survival models. /International Journal of
Educational Development/, 96, 102697.
https://doi.org/10.1016/j.ijedudev.2022.102697
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*
***L’aversion à la dette et le programme de prêt des étudiants allemands*
Le gouvernement allemand a mis en place un généreux programme d’aide
financière aux études (BAföG), où 50% de cette allocation est composée
d'une subvention, tandis que les 50% restants consistent en un prêt à
taux d'intérêt nul. Malgré ces conditions avantageuses, seulement 28%
des étudiants éligibles profitent de ce programme. Fidan et Manger
(2022) tentent de trouver les explications probables à ce phénomène.
Se fondant sur l’état actuel de la littérature, les auteurs identifient
des échecs potentiels d’anticipation économique de la part des étudiants
qui pourrait influencer le faible taux d’application à la BAföG. Parmi
ceux-ci, l’information imparfaite, l’aversion au risque et à la dette
ainsi que le rôle des revenus étudiants sont déterminés comme des
facteurs pouvant expliquer cette situation. Fidan et Manger (2022)
construisent dans un premier temps un modèle microéconomique reflétant
le processus décisionnel des étudiants en incluant ces échecs. En
ajustant les paramètres à des niveaux vraisemblables, les auteurs
réalisent des simulations où 63,52% des individus éligibles n’appliquent
pas à la BAföG, ce qui correspond plus au moins aux niveaux observés.
Afin de tester leurs hypothèses, les auteurs utilisent les données
tirées du /German Socio-Economic Panel/ (GSOEP). Ce panel comprend des
informations sur 9170 étudiants allemands de 2001 à 2013. Les auteurs
restreignent leur échantillon à 412 étudiants étant éligibles à la BAföG
et dont les données socio-économiques sont complètes. En utilisant une
régression Probit groupée, les auteurs identifient des corrélations
entre la probabilité d’application à l’aide financière (variable
dépendante) et différents indicateurs socio-économiques (variables
indépendantes) tels que le revenu étudiant, celui des parents, et les
préférences aux risques et à la dette.
Les résultats de la régression montrent que le revenu des parents est
hautement corrélé avec la décision d’obtenir de l’aide financière,
montrant une surévaluation de leur importance dans le programme. Une
augmentation de 1% du revenu parental est associée à une augmentation de
34,4% de ne pas appliquer au soutien financier. Une hausse du revenu
étudiant est aussi faiblement associée à la non-application (+ 2,5%).
Finalement, le fait d’avoir une grande aversion au risque est associé à
une augmentation de 12,2% dans la probabilité de ne pas réclamer d’aide
financière. Les auteurs concluent en soutenant qu’une politique d’aide
financière visant à soutenir les étudiants les plus pauvres sans
discrimination à l’égard de leurs caractéristiques psychologiques doit
prendre en considération les comportements observés et s’assurer de bien
communiquer les informations concernant les risques.
_Pour en savoir plus: _
Fidan, M. & Manger, C. (2022). Why do German students reject free money?
/Education Economics/. 30:3, 303-319.
https://doi.org/10.1080/09645292.2021.1978937
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*
*
*Les effets du resserrement de l’admissibilité aux prêts et bourses sur
la réussite académique*
La plupart des programmes d’aide financière aux études (AFE) ont des
critères d’admissibilité basés sur les besoins afin de répondre à des
impératifs d’équité. Toutefois, en y attachant des critères basés sur le
mérite, les programmes peuvent devenir plus efficaces. Minaya, Agasisti
et Bratti (2022) étudient l’impact d’un tel changement survenu dans un
programme d’AFE en Italie.
En 2011, à la suite de coupes budgétaires, le programme d’AFE de la
région de Lombardie a resserré ses critères d’admissibilité pour le
maintien de l’aide financière après la première année d’étude. Le nombre
minimum de crédits réussi dans la première année est passé de 25 à 35
(sur 60). Les chercheurs ont concentré leur attention sur l’université
polytechnique de Milan (ci-après PoliMi) au cours de la période 2008 à
2018. À l’aide des données administratives de cet établissement, un
échantillon de 27 000 étudiants a été isolé.
Afin d’estimer l’impact du changement de règle, les chercheurs ont
utilisé un design de régression par différence-en-différence. Ils
comparent les données des étudiants bénéficiant de l’aide financière
(groupe traitement) à celles des étudiants n’en ayant pas bénéficié
(groupe contrôle). Les variables d’intérêts observés par les chercheurs
portaient principalement sur des indicateurs de réussite académique tels
que le nombre de crédits complétés, les notes moyennes, le taux de
rétention des étudiants et la probabilité de diplomation dans les délais
normaux.
Les auteurs montrent que le resserrement des règles d’admissibilité à un
effet globalement positif sur la réussite académique. À court terme, on
observe une hausse de 1,8 crédit complété lors de la première année
ainsi qu’une hausse de 0,3 de la note globale des étudiants. À plus long
terme, la probabilité de diplomation dans les délais normaux augmente de
9%. Toutefois, la réforme est aussi liée à des effets négatifs,
notamment pour les étudiants à « habiletés plus faibles » qui ont vu
leurs résultats académiques décliner. Enfin, il est important de noter
que, comme l’étude porte sur un seul établissement d’enseignement, la
validité externe des résultats est limitée.
_Pour en savoir plus : _
Minaya, V., Agasisti, T., & Bratti, M. (2022). When need meets merit:
The effect of increasing merit requirements in need-based student aid.
/European Economic Review/, 146, 104164.
https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2022.104164
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
**
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Liste de diffusion de la veille de recherche en enseignement supérieur
-- veille(a)listes.grepa.ca
Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Juin 2023
17^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Étudiants étrangers et marché du travail
* Les décisions de financement de l'enseignement supérieur pendant
la Covid-19
* L'effet des règles d'accès à l'assurance-emploi sur la diplomation
* L'accès au domaine d'étude préféré et les résultats académiques
Notre équipe fera une pause pour l'été. Nous serons de retour en septembre.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*
**L’effet des étudiants étrangers sur l’offre de travail
*
L’internationalisation devient un aspect de plus en plus important des
systèmes d’enseignement supérieur. Beine et coll. (2023) se penchent sur
cette problématique en estimant l’apport à l’offre de travail causé par
l’influx d’étudiants étranger aux États-Unis.
Pour réaliser cette estimation, les auteurs se concentrent sur les
données portant sur les effectifs universitaires américains provenant du
Integrated /Postsecondary Education Data System/ (IPEDS) ainsi que celle
sur les caractéristiques de l’immigration obtenus auprès du US
Citizenship and Immigration Services (USCIS) pour la période allant de
2003 à 2017. En combinant les deux bases de données, les auteurs
parviennent à constituer un échantillon de 1 048 575 observations
d’étudiants étrangers ayant obtenu un visa de travail temporaire d’une
durée d’un an à la suite de l’obtention de leur diplôme. La variable
dépendante de l’étude correspond au nombre d’étudiants étrangers
diplômés qui ont été embauchés grâce à un visa temporaire alors que la
variable indépendante est représentée par le nombre d’étudiants
internationaux.
Afin de déterminer l’effet des étudiants étrangers sur le marché du
travail, les auteurs utilisent une stratégie d’identification causale
par régression linéaire empruntant la méthode par variables
instrumentales. Ils utilisent la variation entre les frais de scolarité
des étudiants internationaux et locaux pour estimer la part d’étudiants
internationaux dans les universités. Cette variation représente la
variable instrumentale non corrélée avec la variable dépendante.
Les résultats indiquent que 8% des bacheliers et 23% des diplômés de
maîtrise originaire de l’étranger obtiennent un premier emploi aux
États-Unis à la suite de leur diplomation. Lorsqu’on ventile en fonction
du programme, on observe une plus grande tendance à l’emploi des
diplômés provenant de programmes de STIM (sciences, technologies,
ingénierie et mathématiques) par rapport aux autres domaines d’étude. Ce
résultat est lié à une réforme importante concernant ce groupe en 2008,
qui a augmenté la durée des visas des diplômés de domaines STIM. La mise
en place de cette réforme est associée à une augmentation de 6,5% du
taux de premier emploi aux États-Unis des étudiants touchés.
Les auteurs concluent que l’influx d’étudiants étrangers a des impacts
importants sur le marché du travail national. De plus, ils soutiennent
que la conception des politiques migratoires dans ce domaine peut
contribuer à soutenir l’offre de travailleurs qualifiés sur le marché du
travail.
_Pour en savoir plus : _
__
Beine, M., Peri, G., & Raux, M. (2023). International college students’
impact on the US skilled labor supply. /Journal of Public Economics/,
223, 104917. https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104917
**
*La prise de décision concernant les fonds en enseignement supérieur
dans un contexte déficitaire*
La pandémie de Covid-19 aura créé une pression importante sur la
gouvernance de l’enseignement supérieur. Gándara et coll. (2023) ont
profité de ce contexte pour étudier le processus décisionnel
gouvernemental concernant l’enseignement supérieur dans un contexte de
resserrement budgétaire important.
Dans une situation de récession, les économies des pays développés ont
tendance à réduire les budgets dédiés à l’enseignement supérieur. C’est
effectivement ce qui s’est produit en 2020 pendant la pandémie de
Covid-19 en Californie et au Texas. Les auteures cherchent à cibler les
déterminants des décisions relatives au financement de l’enseignement
supérieur dans ces cas spécifiques. Elles se concentrent notamment sur
la description des choix des décideurs en ce qui concerne le financement
de l’enseignement supérieur par rapport aux autres dépenses (p. ex.
enseignement primaire ou secondaire). De plus, elles examinent les choix
de dépenses au sein du budget de l’enseignement supérieur, tels que le
financement des établissements et l’aide financière aux étudiants). Le
choix du Texas et de la Californie comme cas d’étude est motivé par le
contraste idéologique que ce tandem représente, le premier État étant
plus conservateur et le second étant plus progressiste.
Les données de cette étude proviennent de deux sources. Premièrement,
les auteures ont réalisé 28 entrevues avec des acteurs clés des
gouvernements texan et californien. Deuxièmement, elles ont procédé à
l’analyse de 69 documents politiques liés aux processus décisionnels de
ces juridictions.
En Californie, les budgets pour l’enseignement supérieur ont été réduits
de 15% en 2020. Les décideurs ont décidé de prioriser l’aide financière
plutôt que le soutien aux établissements. Au Texas, le budget pour
l’enseignement supérieur a plutôt été réduit de 5%. Le Texas a aussi
attribué une plus grande part de son budget dans le soutien aux
établissements que la Californie.
Plusieurs tendances émergent de l’analyse de ces décisions de
financement. D’abord, les /community colleges/ ont été protégés des
coupes dans les deux États. Les auteures avancent que les liens
relativement étroits entre les dirigeants de ces collèges et les
décideurs ont mené à ce résultat. Ensuite, la décision de la Californie
de prioriser l’aide financière aurait été motivée par la pression de
groupes sociaux (notamment des étudiants et des parents) qui étaient
influents parmi la base électorale des décideurs. Enfin, les auteures
ont observé des différences notables entre les discours des décideurs
texans et californiens. Au Texas, les décideurs semblaient accorder une
importance centrale à la « valeur économique » de l’enseignement
supérieur. En Californie, les décisions ont plutôt été prises en tenant
compte à la fois de la valeur économique et des considérations d’équité
envers les groupes marginalisés.
Les auteures concluent que leurs résultats ont des implications en
matière de politiques publiques. Les périodes de contraction budgétaire
peuvent devenir une fenêtre d’opportunité pour les groupes voulant
défendre les /community colleges/. En outre, plusieurs décideurs
semblent enclins à s’appuyer sur le financement privé des universités en
temps de crise.
_Pour en savoir plus : _
Gándara, D., Billings, M. S., Rubin, P. G., & Hammond, L. (2023). “One
of the Weakest Budget Players in the State”: State Funding of Higher
Education at the Onset of the COVID-19 Pandemic. /Educational Evaluation
and Policy Analysis/. https://doi.org/10.3102/01623737231168812
***Quel est le lien entre les règles d’assurance-emploi et la diplomation?*
Les politiques publiques relatives au marché du travail peuvent exercer
une influence considérable sur les choix individuels en matière de
scolarité, particulièrement en enseignement supérieur. Cockx et coll.
(2023) examinent l’impact d’un changement dans les règles
administratives de l’assurance-emploi en Belgique sur les résultats
académiques.
En 2015, la Belgique adopte une réforme des règles d’assurance-emploi
dont l’objectif était de renforcer les incitatifs à l’emploi. Elle
modifie notamment « l’allocation d’activation », qui permet à un
individu qui quitte le système scolaire (suite à la diplomation ou
l’abandon) de percevoir des revenus pendant un an ou jusqu’à ce qu’il se
trouve un emploi. L’un des changements principaux amenés par la réforme
a été de réduire l’âge d’éligibilité à l’allocation d’activation de 29
ans à 24 ans.
Pour évaluer l’impact de ce changement, les chercheurs utilisent une
méthode de différence-en-différence. Ils utilisent les données
administratives des ministères de l’Enseignement supérieur des régions
linguistiques flamande et francophone. Leur échantillon, d’une taille de
252 009 observations, inclut les étudiants de nationalités belges âgés
de 22 et 24 ans au 31 décembre 2014. Le groupe contrôle de cet
échantillon est composé des étudiants de 22 ans qui ne perdent leur
éligibilité que deux ans plus tard. Le groupe traitement est composé des
étudiants de 24 ans qui perdent leur éligibilité immédiatement. Les
chercheurs ont ensuite analysé l’évolution des indicateurs académiques
des deux groupes au cours des deux années suivant la réforme.
Les résultats montrent que la réforme a eu un effet bénéfique sur la
rétention des étudiants. La réforme a causé une augmentation de 2,2% de
l’obtention de diplôme universitaire. D’autre part, elle est aussi
associée à une baisse de 1,1% de l’abandon des études. Les auteurs
notent aussi que les effets de la réforme étaient plus marqués dans la
région flamande que la région francophone.
Alors que l’objectif de la réforme belge est d’inciter les étudiants au
travail, celle-ci entraîne aussi une augmentation de la rétention des
étudiants à l’université. Les auteurs soulignent que, bien que cette
réforme apporte des bénéfices clairs au marché du travail belge, elle
induit probablement une baisse du bien-être liée à la perte des
allocations. Les effets de cette baisse devraient être étudiés plus en
détail pour avoir un portrait global des effets de la réforme.
_Pour en savoir plus: _
Cockx, B., Declercq K. & Dejemeppe M. (2023). Tightening eligibility
requirements for unemployment benefits. Impact on educational
attainment. /Economics of Education Review/.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102424
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*La préférence du domaine d’étude et ses impacts sur les résultats
académiques*
La performance académique est l’objet de plusieurs études dans le
domaine de l’enseignement supérieur. La capacité à s’inscrire dans son
champ d’études préféré est susceptible d’avoir un effet potentiel à cet
égard. Berlingieri et coll. (2023) examinent cette hypothèse dans le cas
spécifique des étudiants allemands.
Les auteurs utilisent les données provenant du /National Education Panel
Study/ (NEPS) concernant des étudiants de première année au premier
cycle en Allemagne lors du semestre d’hiver 2010/2011. Dans ce
questionnaire, on demande entre autres aux participants d’identifier
leur champ d’études préféré parmi les 59 champs possibles en Allemagne.
Les étudiants participent au questionnaire pendant trois ans.
L’échantillon final comprend 3 916 étudiants.
Pour identifier l’effet de la préférence du champ d’études, les auteurs
utilisent un devis de recherche par variable instrumentale. Ils
construisent un modèle permettant d’estimer la possibilité des étudiants
d’étudier dans leur champ d’études préféré sur la base de
l’accessibilité de ce champ d’études dans la région où résident leurs
parents. L’estimation de la préférence du champ d’études est la variable
instrumentale non corrélée aux variables d’intérêts qui sont les
résultats académiques.
Les résultats obtenus concordent avec la littérature scientifique sur la
question et montrent que d’étudier dans le bon champ d’études est
important pour la réussite. En effet, cela réduit la possibilité
d’abandon du programme de 20% et l’abandon universitaire de 11%. Cela
augmente aussi le niveau de diplomation dans les délais normaux de 25%.
D’autre part, lorsqu’on observe les caractéristiques socio-économiques
des étudiants, on réalise que ces chiffres affectent particulièrement
ceux issus de milieux défavorisés et les hommes.
En guise de conclusion, les auteurs soulignent que l’accès aux domaines
d’étude préféré demeure un déterminant important du succès académique,
particulièrement chez les individus provenant de milieux défavorisés. À
cet égard, ils ajoutent que s’assurer d’avoir des places dans tous les
programmes dans l’ensemble des régions pourrait aider à améliorer la
réussite académique.
_Pour en savoir plus : _
Berlingieri, F., Diegmann, A., & Sprietsma, M. (2023). Preferred field
of study and academic performance. /Economics of Education Review/, 95,
102409. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102409
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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l’enseignement supérieur/
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* Financement à la performance et réussite scolaire
* L'impact des établissements universitaires sur l'innovation
scientifique
* L'information à l'admission et le parcours académique
* Les effets des programmes d'inscription double
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*
Le financement à la performance et la réussite scolaire*
Chan, Mabel et Mbekeani (2023) examinent comment le financement basé sur
la performance (FBP) affecte les écarts de réussite scolaire entre les
étudiants blancs et les étudiants appartenant à une minorité visible.
L'étude se concentre sur une période de onze ans (2004-2015) dans les
États du Tennessee et de l’Ohio. Ces juridictions ont introduit des
politiques de financement basées sur la performance (en 2009 pour l’Ohio
et 2010 pour le Tennessee). L’étude utilise des données tirées du
/Integrated Postsecondary Education Data System /(IPEDS) portant sur la
quasi-totalité des universités privées et publiques des deux États.
Parmi les informations contenues dans cette base de données, on retrouve
des indicateurs tels que le nombre annuel de certificats et de diplômes
délivrés par chaque établissement d'enseignement, ventilés selon le
groupe ethnique des diplômés. Au total, les auteurs ont recueilli des
données provenant d'un panel de 1 250 établissements.
Afin de mesurer l'impact des politiques de FBP, les auteurs utilisent
une méthode de contrôle synthétique. Cette approche repose sur la
création d’un modèle qui estime les indicateurs de réussite scolaire
tels que l’obtention de diplômes de premier cycle et la durée de la
scolarité dans les États étudiés en l’absence de politiques de FBP. Les
données générées par ce modèle représentent ainsi les scénarios «
contrefactuels ». Ces scénarios sont ensuite utilisés comme groupe
contrôle avec lequel les données réelles sont comparées.
Les résultats indiquent que la mise en œuvre du FBP semble exacerber les
écarts de réussite entre les étudiants de différentes ethnies. En effet,
l'étude montre qu’à la suite de l’implantation du FBP dans un État, le
nombre de diplômes accordés aux étudiants appartenant à une minorité
visible reste stable ou diminue alors que le nombre de diplômes accordés
aux étudiants blancs reste constant ou augmente. À noter qu’on observe
le même résultat, peu importe le type de certification accordée
(certificat d’étude postsecondaire, diplôme de baccalauréat de 2 ans ou
de 4 ans).
Selon les auteurs, les résultats de recherche antérieurs révélant de
faibles effets du FBP sur la réussite masquent l’hétérogénéité des
effets. Les auteurs avancent l’hypothèse que cette diversité d’effets
peut s’expliquer par la capacité institutionnelle variable des
établissements à répondre à ces politiques. Les établissements les mieux
équipés à répondre correctement aux normes d’équité sont aussi ceux qui
ont une moins grande proportion d’étudiants appartenant à une minorité
visible.
_Pour en savoir plus : _
__
Chan, M., Mabel, Z., & Mbekeani, P. P. (2023). Incentivizing Equity? The
Effects of Performance-Based Funding on Race-Based Gaps in College
Completion. The Journal of Higher Education, 1-33.
https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2082762
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*Quels sont les liens entre l’innovation locale et l’établissement de
campus universitaires?*
Matthew Andrews (2023) s'intéresse à l'impact des établissements
d'enseignement supérieur sur l'invention locale aux États-Unis. Plus
précisément, l’auteur cherche à comprendre comment l’arrivée d’une
institution d’enseignement supérieur dans une localité affecte son
écosystème d’innovation.
La méthodologie de cette étude repose sur une analyse empirique de
l'impact des campus universitaires établis aux États-Unis. Étant donné
que l'effet sur l'innovation peut se manifester à long terme, l’étude se
limite aux institutions créées entre les années 1839 à 1954. La variable
étudiée est la création de brevets au niveau des comtés (county) où se
situent les universités et les données administratives relatives à cette
variable sont disponibles depuis l'année 1836.
Dans le but d'évaluer les impacts de l'établissement des institutions
d'enseignement supérieur, l'auteur emploie une méthode de régression par
différence-en-différence. Afin de garantir la présence d'un groupe de
contrôle, l'auteur sélectionne uniquement les institutions pour
lesquelles des informations qui indiquent que la création du campus
aurait pu avoir lieu dans un comté différent. Ces alternatives de
localisation (désignées comme "runner-up" selon la terminologie de
l'auteur) constituent le groupe de contrôle, tandis que les emplacements
réels des institutions forment le groupe de traitement. Grâce à cette
recherche historique, l'auteur parvient à sélectionner 64 institutions
d'enseignement supérieur sur la période étudiée.
Les résultats indiquent que l'établissement d'un campus universitaire
dans un compté mène à une augmentation significative du nombre de
brevets enregistrés dans cette région, haussant leurs nombres de 48%.
Cette augmentation est toutefois un effet indirect puisque seulement 5%
des brevets des comtés sélectionnés proviennent d’individus affiliés à
l’institution en question.
Un des mécanismes par lesquels cette augmentation est possible est la
croissance de la population, comme le souligne l’auteur. En effet,
l’établissement d’une institution d’enseignement supérieur est associé à
une augmentation de la population de 49% par rapport au groupe contrôle.
Conséquemment, il est probable qu’une politique visant la croissance
démographique ait le même impact sur l’innovation qu’une politique
visant l’implantation d’une université
_Pour en savoir plus : _
Andrews, M. J. (2023). How do institutions of higher education affect
local invention? Evidence from the establishment of US colleges.
American Economic Journal: Economic Policy, 15(2), 1-41. DOI:
10.1257/pol.20200320
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20200320>
***Comment l’information à l’admission affecte-t-elle le parcours
académique?*
Ma et coll. (2023) examinent l’effet d’un surplus d’information
concernant les politiques d’admission à l’université sur les choix de
parcours académiques des étudiants. Cet article présente les résultats
d'une expérience menée en Chine dans le but d’évaluer l'impact de
réformes récentes en matière d'admission à l'université.
En Chine, une réforme a changé le fonctionnement du cursus au premier
cycle dans plusieurs universités en 2020. Les étudiants ont maintenant
l’opportunité d’avoir une année de collège (un cheminement offrant
beaucoup de flexibilité en termes de choix de cours) suivi de trois ans
de baccalauréat dans une discipline spécifique. Il s’agit du parcours
college-then-major qui est l’alternative au parcours college-major (dans
lequel les étudiants doivent choisir immédiatement leur discipline de
baccalauréat).
Les auteurs ont exploité ce cadre pour élaborer une expérience par
assignation aléatoire. Dans un premier temps, ils ont rassemblé un
échantillon de 11 424 étudiants ayant obtenu leur diplôme d’études
secondaires et passé les épreuves d'entrée à l'université dans 268
différentes écoles réparties dans 28 provinces chinoises. Les auteurs de
l’étude ont ensuite séparé aléatoirement cet échantillon en un groupe
contrôle (n = 2 875) et trois groupes traitements (T1, T2 et T3). Chacun
des groupes traitement a par la suite reçu des informations
supplémentaires concernant les possibilités du parcours
college-then-major. Le groupe T1 recevait une liste de toutes les
disciplines spécifiques. Le groupe T2 recevait cette liste ainsi qu’une
explication des bénéfices du parcours college-then-major. Enfin, le
groupe T3 recevait la liste ainsi qu’une explication du mécanisme de
sélection dans le parcours college-then-major et des incertitudes qui y
sont associées.
Les résultats montrent que certaines des informations fournies aux
étudiants ont un impact sur leurs décisions quant à leur parcours
académique. En particulier, les étudiants qui reçoivent des informations
concernant les bénéfices (T2) du parcours college-then-major ont une
probabilité 6,2% plus élevée de choisir ce parcours. On n’observe pas de
différence significative entre les étudiants des autres groupes
traitement et le groupe contrôle. Toutefois, lorsqu’on se concentre sur
les étudiants qui disent avoir trop peu d’informations (avant
l’expérience), tous les groupes traitement choisissent le parcours
college-then-major dans une proportion plus élevée que le groupe contrôle.
Les auteurs estiment que les résultats obtenus revêtent des implications
significatives en matière de politiques publiques. Tout d'abord, ils
mettent en évidence l'importance de l'accès à l'information afin
d'améliorer la prise de décision des étudiants. Ensuite, ils montrent
que l'efficacité d'une campagne d'information est maximisée lorsqu'elle
cible spécifiquement les groupes confrontés à des obstacles d’accès.
_Pour en savoir plus: _
Ma, L., Li, X., Zhu, Q., & Ye, X. (2023). College-major choice to
college-then-major choice: Experimental evidence from Chinese college
admissions reforms. Economics of Education Review, 94, 102380.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102380
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les nombreux effets des programmes d’inscription double*
Schaller et coll. (2023) s’intéressent à la question de l’inscription
double (dual enrollment) à l’université et de ses effets entre autres
sur la réussite académique. Il s’agit d’un phénomène en forte croissance
aux États-Unis qui permet aux étudiants de niveau secondaire de
s’inscrire à un ou des cours où ils reçoivent des crédits à la fois de
niveaux secondaire et universitaire. Ces cours sont généralement offerts
par des universités publiques.
Dans le but d'identifier les effets les plus importants de cette
pratique sur les résultats académiques, Schaller et coll. (2023)
procèdent à une revue systématique de la littérature ainsi qu'à une
méta-analyse portant sur la recherche en matière d'inscription double.
Le processus de sélection des articles adopté par les auteurs se fonde
sur les méthodologies décrites dans Cardona et col. (2023) de même que
Tranfield et coll. (2003). Dans leur étude, les auteurs ont restreint
leur recherche aux études quantitatives qui examinaient les effets de
l'inscription double sur diverses variables d'intérêt, permettant ainsi
d'identifier ces effets. On retrouve parmi ces variables la note globale
des étudiants, le délai de diplomation ainsi que les taux d’inscription
et de diplomation universitaire après 2 et 4 ans. Les auteurs ont retenu
40 articles et rapports à la suite de ce processus. De ces publications,
162 ampleurs d’effet (effect sizes) de l’inscription double ont été
retenues. Ces ampleurs d’effets font l’objet de la méta-analyse des
auteurs.
Les résultats montrent des effets positifs des programmes d’inscription
double sur la réussite des étudiants. L’effet moyen des programmes
d’inscription double sur la note globale (GPA) est de +0,15 (sur 4).
Similairement, l’effet moyen sur le nombre de crédits universitaires
obtenus est de +0,50. Les programmes d’inscription double réduisent
aussi le temps d’étude avant la diplomation d’environ 11 jours en
moyenne et 1,05 le nombre de semestres inscrit à l’université.
Les auteurs parviennent à la conclusion que l'inscription double est un
outil susceptible de réduire les coûts pour les étudiants et les
universités, en raison de ses effets sur la durée des études. En outre,
ce type de programme permet aux établissements en enseignement supérieur
de consolider leurs efforts de recrutement auprès des élèves de niveau
secondaire.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Schaller, T. K., Routon, P. W., Partridge, M. A., & Berry,
R. (2023). A Systematic Review and Meta-Analysis of Dual Enrollment
Research. Journal of College Student Retention: Research, Theory &
Practice. https://doi.org/10.1177/15210251231170331
_Aussi cité: _
Cardona, T., Cudney, E. A., Hoerl, R., & Snyder, J. (2023). Data mining
and machine learning retention models in higher education. Journal of
College Student Retention: Research, Theory, and Practice, 25(1), 51–75.
https://doi.org/10.1177/1521025120964920
Tranfield, D., Denyer, D., & Smart, P. (2003). Towards a methodology for
developing evidence-informed management knowledge by means of systematic
review. British Journal of Management, 14(3), 207–222.
https://doi.org/10.1111/1467-8551.00375
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Avril 2023
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*Ce mois-ci :***
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* L'enseignement en ligne et la procrastination des étudiants
* L'effet de l'encadrement individuel à l'université
* L'impact des frais de scolarité sur les étudiants étrangers
* Les réseaux de pairs de même ethnicité à l'université et la
réussite professionnelle
Ce mois-ci, la veille de recherche en enseignement supérieur porte une
attention particulière sur l'étude de certains facteurs de réussite à
l'université.
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*Les effets de l'enseignement en ligne sont-ils amplifiés par la
procrastination?*
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La popularité de l’enseignement universitaire en ligne a pavé la voie à
une grande renouée des chercheurs pour le sujet. De Paola, Gioia et
Scoppa (2023) étudient l'interaction entre la procrastination et
l’enseignement en ligne et leurs effets sur la réussite académique. En
somme, les auteures cherchent à savoir si les problèmes académiques liés
à la procrastination sont exacerbés par l’enseignement en ligne.
Les auteures étudient ce phénomène en utilisant les données
administratives de l’université Calabria située dans le sud de l’Italie.
Ces données portent sur quatre cohortes d’étudiants, soit celles ayant
commencé leur baccalauréat en 2016/2017 jusqu’à 2019/2020. Les données
portent sur les quatre années d’étude de ces cohortes. L’échantillon
complet est donc composé de 23 283 étudiants et 96 361 observations.
Bien que les activités d’enseignement soient généralement offertes en
ligne, la pandémie de COVID-19 a forcé l’université Calabria à offrir
exclusivement des cours en ligne pour la majeure partie du semestre
d’hiver 2020. Les auteures exploitent ce changement de méthode pour
effectuer une régression par différence en différence. Elles comparent
la différence des résultats aux examens des semestres d’hiver 2017, 2018
et 2019 à ceux de 2020.
Pour évaluer le niveau de procrastination, les auteures construisent une
variable basée sur le comportement des étudiants lors du processus
d'inscription au baccalauréat. Au début de ce processus, l’université
notifie tous les étudiants admis exactement à la même date. La variable
/Procrastination /attribue une valeur de 0 aux étudiants ayant complété
l’inscription dans les sept jours suivants la notification et une valeur
allant jusqu’à 6 pour les étudiants s’inscrivant à la dernière minute.
Les auteurs estiment qu’il s’agit d’un bon proxy pour évaluer le degré
de procrastination d’un étudiant. À leur analyse, les auteures intègrent
aussi des variables de contrôle par rapport aux cas de COVID-19 et à
l’accès internet afin d’isoler les effets liés à la pandémie elle-même.
De Paola, Gioia et Scoppa (2023) trouvent un impact négatif de
l’enseignement en ligne sur la réussite académique de l’ensemble des
étudiants. Le changement vers un l’enseignement en ligne est associé à
une réduction de 1,43 crédit réussi. Lorsqu’on porte attention aux
étudiants qui ont tendance à procrastiner, le changement vers les cours
en ligne est associé à une réduction de 1,77 crédit réussi. Les auteures
affirment que les résultats suggèrent bel et bien que les cours en ligne
ont des effets négatifs pires pour les étudiants qui procrastinent. À
cet effet, elles proposent d’étudier plus en détail les impacts de
programmes visant à améliorer l’auto-organisation de ces étudiants.
_Pour en savoir plus : _
De Paola, M., Gioia, F., & Scoppa, V. (2023). Online teaching,
procrastination and student achievement. /Economics of Education
Review/, 94, 102378. https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378>
**
*L’encadrement individuel améliore-t-il la réussite à l’université?*
De plus en plus de soutien pédagogique est offert dans les universités
en vue d’améliorer les résultats académiques des étudiants en
difficulté. Valentine et Price (2023) étudient l’impact de l’une de ces
techniques, soit l’encadrement individuel (coaching) dans les collèges
communautaires (community colleges).
Pour étudier l’impact de l’encadrement individuel, les auteurs ont
travaillé de concert avec dix collèges communautaires de l’État de la
Caroline du Nord lors de la mise en place en 2016 d’un programme
d’encadrement individuel des étudiants. L’idée maîtresse de ce programme
est d’assigner des étudiants à un coach personnel dont le rôle est de
s’assurer proactivement que l’étudiant ait accès aux services d’aides
financières, administratives et académiques dont il a besoin.
Les auteurs ont réalisé une étude d’impact du programme en effectuant un
test par assignation aléatoire. L’échantillon étudié comprend des
étudiants de première année des cohortes de l’automne 2016 à l’automne
2018, soit un total de 10 796 étudiants. La moitié de ces étudiants ont
été aléatoirement assignée au groupe traitement et ont reçu l’aide du
programme en question alors que l’autre moitié ont été assignée au
groupe contrôle et n’ont pas eu accès au programme. Les variables
d’intérêt des chercheurs sont entre autres le taux de rétention des
étudiants et la complétion des crédits.
Les résultats montrent que les effets de l’encadrement individuel des
étudiants sont limités. D’abord, il n’y a aucun effet significatif sur
la rétention des étudiants à court terme, c’est-à-dire dans la première
année d’enseignement. Toutefois, le programme a un effet positif sur la
rétention à plus long terme. Les étudiants ayant eu accès à
l’encadrement individuel ont 1,7% plus de probabilités d’être encore
inscrits après deux années d’études. Ensuite, les auteurs ne trouvent
aucun effet significatif sur la complétion des crédits. Finalement,
l’encadrement peut avoir un effet particulier pour certains
sous-groupes. En particulier, la probabilité de rétention après un an et
demi d’étude chez ceux qui ont un encadrement personnel augmente pour
les hommes (+3,6%), les étudiants noirs (+3,0%) et les étudiants à temps
complet (+2,1%).
Valentine et Price (2023) pensent que les résultats de leur étude
suggèrent quelques implications pratiques et théoriques. Premièrement,
les effets de l’encadrement individuel sont observables sur le long
terme. Deuxièmement, les effets tendent à être ciblés chez certaines
parties de la population étudiante.
_Pour en savoir plus : _
Valentine, J. L., & Price, D. v. (2023). Coaching to Completion: Impacts
of Success Coaching on Community College Student Attainment in North
Carolina. /The Review of Higher Education/, 46(3), 343–371.
https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002
<https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002>
*Comment les frais de scolarité pour étudiants étrangers affectent-ils
leur comportement?*
Zullo et Churkina (2023) étudient l’effet de l’introduction de frais de
scolarité sur la mobilité des étudiants internationaux. Cette étude
repose sur un changement de politique publique concernant la facturation
des étudiants internationaux en Allemagne qui permet aux auteurs de
réaliser une étude quasi expérimentale.
Entre 2006 et 2014, un changement de politiques publiques imposé par la
Cour fédérale constitutionnelle d’Allemagne a permis aux États (Länder)
allemands d’imposer des frais de scolarité de 500 euros par semestre aux
étudiants internationaux, chose qui avant et après cette période a été
interdite à travers le pays. Des seize États, sept se sont prévalus de
cette opportunité et ont introduit des frais de scolarité pour les
étudiants internationaux.
Pour étudier l’effet des frais de scolarité, les auteurs utilisent deux
méthodes. Dans un premier temps, ils réalisent une régression par
différence-en-différence en comparant les États ayant introduit les
frais de scolarité (groupe traitement) à ceux n’ayant pas introduit de
frais de scolarité (groupe contrôle). Dans un second temps, ils
utilisent une méthode de contrôle synthétique. L’idée de cette approche
est de comparer les résultats des États ayant introduit les frais de
scolarité à un modèle contrefactuel où ces États n’auraient pas
introduit les frais de scolarité. Dans les deux cas, la variable
d’intérêt que les chercheurs observent est l’inscription universitaire
des étudiants internationaux.
Les résultats obtenus sont mitigés. Pour la méthode de
différence-en-différence, on observe une réduction de 11,3% des
effectifs étudiants étrangers de première année dans les États ayant
introduit les frais. Toutefois, lorsqu’on observe cet effet par État,
seulement un seul (la Basse-Saxe) montre une réduction à un niveau
significatif. La méthode de contrôle synthétique, quant à elle, suggère
que les inscriptions d’étudiants internationaux auraient très peu changé
si des frais n'avaient pas été introduits.
Les auteurs concluent que l’imposition des frais de scolarité n'a pas
créé de réallocation majeure des étudiants étrangers en Allemagne. Selon
eux, les frais de scolarité ne seraient pas un critère majeur dans le
choix d’emplacement d’étude des étudiants internationaux.
_Pour en savoir plus: _
Matteo Zullo & Olga Churkina (2023) A quasi-experiment in
internationalstudent mobility: Germany’s fee re-introductions, /European
Journal of Higher Education/, 13:1, 22-43,
https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451
<https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les réseaux de pairs de même ethnicité à l’université aident-ils les
étudiants à réussir leur carrière?*
Les facteurs de succès à l’université sont multiples et parmi ces
facteurs, la présence d’un réseau de soutien est potentiellement
importante. Être dans un milieu d’étude entouré de personnes d’un même
groupe peut faciliter la réussite à travers le référencement d’emploi et
l’effort déployé en classe. Chellman, Conger et Turner (2023) testent
cette hypothèse. Plus spécifiquement, ils étudient l’impact des réseaux
de personnes de même race/ethnicité à l’université sur les conditions de
travail après la diplomation.
La recherche des auteurs est réalisée grâce à des données
administratives d’un grand système d’enseignement postsecondaire urbain
(dont le nom n’est pas révélé) aux États-Unis. L’échantillon comprend
les étudiants de onze cohortes débutant aux semestres d’automne de 2000
à 2011. La taille complète de l’échantillon est de 151 181 étudiants.
Les données ont ensuite été fusionnées aux données administratives de
l’État dans lequel se trouvent les établissements d’enseignement.
L’analyse des auteurs porte sur quatre groupes ethniques, soit les
personnes d’origine asiatique et les habitants des îles du Pacifique
(AHIP), les personnes noires, les hispanophones et les personnes
blanches. Les variables d’intérêt des chercheurs comprennent la
diplomation, le revenu après la diplomation et la réussite scolaire.
Pour identifier l’effet des réseaux étudiants, les auteurs élaborent un
devis de recherche de différence-en-différence. Le postulat central de
l’étude est que les caractéristiques des étudiants avant leur
inscription ne sont pas corrélées avec une hausse de la part d'étudiants
de même ethnicité au sein de leur réseau social. Conséquemment, si on
isole les groupes d'étudiants qui ont vécu une hausse de la part de leur
ethnicité chez leurs pairs, on peut identifier les effets liés à cette
hausse. La méthode de différence-en-différence employée par les auteurs
compare les résultats des étudiants pour qui il y a eu une telle hausse
(groupe traitement) à ceux qui ne l’ont pas vécu (groupe contrôle). Il
faut noter ici qu’on ne peut pas déterminer directement si les étudiants
font partie d’un réseau de pair de même ethnicité. C’est pourquoi les
auteurs parlent de réseau potentiel.
Les résultats montrent que l’effet des réseaux potentiels est
différencié selon l’ethnicité concernée. Pour les étudiants noirs et les
étudiants blancs, une augmentation de 1% de la part du réseau potentiel
est associée à une augmentation significative du salaire de 0,6% et 0,4%
10 ans après l’admission. Cependant, il n’y a aucun effet significatif
pour les étudiants d’origine AHIP et les étudiants hispanophones.
D’autre part, la réussite scolaire (mesurée par le nombre de crédits
complétés) et la diplomation ne sont pas affectées par le réseau
potentiel des étudiants. Dernier résultat intéressant, les étudiants
hispanophones voient leur probabilité d’emploi réduite lorsqu’ils sont
dans une cohorte ayant subi une hausse de la part d’hispanophones.
Bien qu’il y ait des résultats significatifs, il faut toutefois
souligner que les effets trouvés restent relativement petits. Les
auteurs concluent donc que les différences de conditions sur les marchés
du travail entre les groupes ethniques ne peuvent être expliquées par
les réseaux potentiels des étudiants à l’université.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Conger, D., & Turner, L. J. (2023). Race and nativity
earnings gaps: The role of college networks. /Economics of Education
Review/, /93/, 102356. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102356
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
**
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Mars 2023
14^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Sommaire des crédits budgétaires à l'enseignement supérieur
* L'effet des crédits d'impôts conditionnel à la diplomation
* Le tutorat en ligne et la réussite académique
* L'impact des règles d'admission sur les finissants du secondaire
Puisque nous sommes à la fin du mois de mars, nous vous présentons une
sommaire des annonces en enseignement supérieur incluses dans le dernier
budget du Québec.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Sommaire des mesures budgétaires 2023-2024 en enseignement supérieur*
Le gouvernement québécois a déposé le 21 mars dernier le budget du
Québec. La composition des crédits dédiés à l’enseignement supérieur
suggère une certaine continuation des politiques antérieures.
*Chiffres d’ensemble*
Le budget québécois se base sur des estimations du niveau d’inflation de
6,7% en 2022 et de 3,5% en 2023. D’autre part, le taux de croissance du
PIB réel devrait passer de 2,8% en 2022 à 0,6% en 2023 (Ministère des
Finances du Québec, 2023a).
Les crédits alloués aux cégeps augmentent de 4,98% (+119,3 M$) par
rapport à l’an dernier. Ceux alloués aux universités augmentent de 5,12%
(+196,5 M$) par rapport à l’an dernier. Le budget au niveau des
infrastructures de l’enseignement supérieur connaîtra une augmentation
appréciable. Pour les cégeps, il s’agit d’une augmentation de 7,07%
(+21,6 M$) alors que pour les universités l’augmentation est de 6,25%
(+29,6 M$) par rapport à l’an dernier.
Les crédits accordés à l’aide financière aux études sont ceux qui
connaissent la plus grande croissance avec une augmentation de 11,6%
(+129,5 M$). La grande partie de cette augmentation provient des bourses
incitatives et autres bourses avec une croissance de 47,3% (+79 M$) en
raison notamment des « bourses Perspective Québec ». Les intérêts et
remboursements aux banques augmentent de 5,3% (+1,2 M$) et les bourses
consécutives aux prêts de 13% (+28 M$).
Les crédits alloués au Fonds de recherche du Québec augmentent
relativement faiblement avec une croissance de 0,87% (+2 M$) par rapport
à l’an dernier. Le gouvernement alloue aussi des crédits de 132,4 M$
dans un fonds provisoire additionnel pour des dépenses discrétionnaires.
*Mesures ciblées*
Le gouvernement poursuit ses investissements dans le but d’améliorer la
réussite universitaire, ayant, depuis 2018, l’ambition de « favoriser
l’accès, la persévérance et la diplomation ». Cette année, les crédits
alloués à ces mesures ont triplé (+67,8 M$) par rapport à l’an dernier.
La majeure partie de ces nouvelles dépenses (48,4 M$) correspond à la
bonification permanente de l’augmentation des frais de subsistance
inclus dans le calcul du Programme de prêts et bourses.
Le gouvernement prévoit améliorer la diplomation par une série de
nouvelles mesures : amélioration de la reconnaissance des acquis (5,3
M$), soutien à l’apprentissage du français (2,7 M$), soutien à la
location de locaux par les universités (20 M$), exemptions
additionnelles de frais de scolarité pour étudiants étrangers (10 M$) et
soutien à l’enseignement en milieu éloignés des grands centres (4
M$).D’autre part, le gouvernement engage des fonds additionnels (11 M$)
dans le soutien à la recherche et la transition numérique.
_Pour en savoir plus : _
Ministère des Finances du Québec (2023) /Budget 2023-2024 – Un Québec
engagé - Plan budgétaire/. (url
<http://www.finances.gouv.qc.ca/Budget_et_mise_a_jour/budget/documents/Budge…>)
Secrétariat du Conseil du trésor (2023) /Crédits et dépenses des
portefeuilles/. (url
<https://www.tresor.gouv.qc.ca/budget-de-depenses/budget-de-depenses-2023-20…>)
**
*Les crédits d’impôt post-diplomation ont-ils des effets bénéfiques?*
Dans le but d’encourager la persévérance scolaire, plusieurs provinces
(le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et le
Manitoba) ont, depuis 2005, mis en place des programmes de rétention des
diplômés (PRD) dont l’élément central estun crédit d’impôt aux diplômés
universitaires. Mikkola et Webb (2023) tentent d’évaluer l’impact de ces
mesures sur la migration interprovinciale et les conditions de vie des
diplômés.
Les PRD des différentes provinces consistent en des crédits d’impôt
non-remboursable allant de 15 000$ à 25 000$ conditionnel à la
diplomation de l’étudiant. Ces montants sont équivalent à 50% à 97% des
frais de scolarité. L’idée de ces crédits est qu’un travailleur
récemment diplômé pourra réduire son revenu imposé de manière à
compenser les frais de scolarité qu’il a engrangé.
Les auteurs utilisent un devis de recherche de différence en différence
afin d’identifier l’effet causal de ces politiques dans les quatre
provinces mentionnées. Ils utilisent deux bases de données pour y
arriver soit la/Longitudinal Administrative Databank /(LAD) et le
/Survey of Labour Income Dynamics/ (SLID). L’échantillon est constitué
d’étudiants canadiens de toutes les provinces (à l’exception du Québec)
ayant entre 18 et 28 ans entre les années 2005 et 2013. La taille
complète de l’échantillon est de plus de 2,6 millions d’observations.
Les chercheurs divisent l’échantillon en deux groupes soit, d’une part,
le groupe traitement composé des étudiants éligibles aux PRD dans les
provinces où le programme existe et, d’autre part, le groupe contrôle
constitué des étudiants des autres provinces. Cette stratégie empirique
permet de comparer les moyennes des deux groupes en regard de plusieurs
variables d’intérêt comme le taux d’abandon, le taux de persévérance
scolaire et l’endettement étudiant.
Les auteurs ne trouvent aucun effet significatif des PRD quant à la
migration interprovinciale, ce qui indique que ces programmes échouent
au chapitre de la rétention des diplômés. Les auteurs trouvent toutefois
un effet sur la taille des prêts encourus par les étudiants. Les
étudiants ayant accès au PRD ont en moyenne 123,10$ de moins en dettes
(par rapport à une dette moyenne de 620$) que les étudiants n’y ayant
pas accès. Selon certains des modèles de régression utilisés, les
résultats montrent aussi que les PRD pourraient aider à diminuer le taux
d’abandon universitaire. Les auteurs concluent que les implications
pratiques de leur recherche sont assez ambiguës. D’un côté, les PRD ne
semblent pas être un outil efficace pour s’assurer de la rétention des
talents dans une province. De l’autre, les PRD sont une manière de
réduire /ex post/ les frais de scolarité des personnes qui décident de
rester dans la province.
_Pour en savoir plus : _
Mikola, D., & Webb, M. D. (2023). Finish it and it is free: An
evaluation of college graduation subsidies. /Economics of Education
Review/, 93, 102355. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102355
*Le tutorat en ligne peut-il contribuer à l’amélioration des résultats
académiques?*
La pandémie de Covid-19 a rapidement changé les pratiques d’enseignement
universitaire en accélérant la transition vers les outils en ligne.
Hardt, Nagler et Rinckle (2023) tentent de mesurer l’effet sur la
réussite de l’une de ces nouvelles pratiques, soit le tutorat en ligne.
Pour mesurer cet effet, les auteurs ont développé un programme de
tutorat en ligne pour un cours obligatoires d’économie de premier cycle
au sein d’une grande université allemande. Les chercheurs ont envoyé un
courriel aux étudiants du cours annonçant ce programme. 226 étudiants se
sont inscrits au programme de tutorat. Les chercheurs ont ensuite
assigné aléatoirement les étudiants dans deux groupes. Les deux tiers de
l’échantillon, soit 145 étudiants, forment le groupe traitement et ont
suivi le programme de tutorat en ligne. Le reste de l’échantillon forme
le groupe contrôle.
Le programme de tutorat en ligne comprend cinq sessions de 90 minutes en
petits groupes dont l’essentiel du contenu porte sur la résolution
d’exercices et d’examens des années précédentes. La présence à ces
sessions n’est pas obligatoire et les chercheurs n’ont malheureusement
pas de données sur la participation réelle des étudiants aux sessions de
tutorat. À la fin du cours, les étudiants remplissent un questionnaire
portant sur leurs habitudes de travail ainsi que leur santé mentale.
Enfin, les chercheurs utilisent les données administratives des
étudiants et de leur parcours académique afin de compléter leur analyse.
Les résultats de l’expérience suggèrent que le programme de tutorat en
ligne a eu plusieurs impacts importants. D’abord, pour évaluer les
comportements d’étude des étudiants, les chercheurs ont élaboré un index
d’étude basé sur le questionnaire. Cet index reflète les réponses aux
questions concernant la motivation, l’étude continu, la préparation à
l’examen, etc. Les étudiants du groupe traitement ont une note moyenne
sur cet index 2,1 fois supérieur à l’écart-type de la distribution du
groupe contrôle. Ensuite, le programme semble avoir affecté la réussite
dans ce cours de manière importante. Les étudiants complétant ce cours
pouvaient obtenir 0, 5, ou 10 crédits selon leurs résultats. Le
programme de tutorat a réduit la probabilité d’obtenir 0 crédit de 24%
et augmenté les probabilités d’obtenir 5 et 10 crédits de 9% et 40%
respectivement. Toutefois, la santé mentale des étudiants ne semble pas
avoir été affectée par les programmes de tutorat.
Les auteurs concluent que les programmes de tutorats en ligne sont une
option intéressante pour une institution cherchant à améliorer les
résultats académiques des étudiants. Non seulement de tels programmes
semblent efficaces, mais leur coût de mise en place est relativement faible.
_Pour en savoir plus: _
Hardt, D., Nagler, M., & Rincke, J. (2023). Tutoring in (online) higher
education: Experimental evidence. /Economics of Education Review/, 92,
102350. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102350
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les règles d’admission universitaire induisent-elles un changement de
comportement chez les étudiants finissants?*
Parmi les outils à la disposition des décideurs pour encourager
l’apprentissage, une modification des incitatifs à l’étude est l’un des
plus importants. Rodriguez (2023) étudie l’effet des politiques
d’admission à la grandeur de l’État de la Caroline du Nord sur
l’implication et la réussite des étudiants.
Depuis 2009, pour être admis dans le système universitaire du University
of North Carolina (UNC), un étudiant finissant du secondaire doit avoir
un minimum de 2.0 de note globale pondérée (GPA) et 700 points à
l’examen d’admission standardisé (SAT). Rodriguez exploite ce changement
dans les règles d’admission afin d’évaluer ses effets sur les
comportements des étudiants lors de l’année avant leur admission à
l’université à l’aide d’une régression de discontinuité. Il utilise les
données administratives du réseau d’écoles secondaires (high schools) de
la Caroline du Nord. Son échantillon comporte 75 000 étudiants du
secondaire de la cohorte finissante de 2009 et ayant passé le SAT au
début de l’année scolaire. Tous les étudiants ont eu des scores de SAT
entre 600 et 800, soit près du seuil d’admission.
L’auteur divise l’échantillon en deux groupes. Le groupe traitement est
composé des étudiants ayant eu un score supérieur ou égal à 700 et le
groupe contrôle est composé des étudiants ayant eu un score inférieur à
700. L’idée derrière la conception de cette recherche est que les
étudiants près du seuil d’admission ont, dans l’ensemble et pour un
grand échantillon, des caractéristiques similaires à une exception :
ceux qui ont un score SAT au-dessus du seuil perçoivent une probabilité
d’admission positive et sont donc susceptibles d’être incités à changer
leur comportement d’étude.
Les résultats montrent plusieurs relations intéressantes quant aux
comportement des étudiants lors de leur dernière année du secondaire.
D’abord, les étudiants appartenant au groupe traitement obtenaient en
moyenne un GPA 0,08 points supérieurs aux autres, soit une augmentation
de 2,8%. Ensuite, ces étudiants avaient aussi 1,5 jour d’absence de
moins en moyenne et 0,07 moins de suspensions que les autres. L’auteur
ne trouve aucun effet significatif en ce qui concerne le nombre de cours
suivi. Finalement, les résultats montrent aussi que les étudiants du
groupe traitement ont réduit le nombre d’inscription à des cours
considérés comme « difficiles » au cours de leur parcours scolaire.
En somme, l’auteur défend que son étude montre que les seuils
d’admission basés sur les résultats de tests standardisés peuvent avoir
un effet positif sur l’engagement académique des étudiants. Cependant,
ils peuvent aussi avoir des conséquences involontaires néfastes comme la
sélection de cours stratégiques vers des domaines considérés comme plus
faciles.
_Pour en savoir plus:_
Rodriguez, V. (2023). Student effort response to shifts in university
admission policies. /Economics of Education Review/, 93, 102367.
https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.10236
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102367>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Février 2023
13^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'évolution des systèmes de gouvernance en Europe
* Les systèmes de gouvernance dans les pays en développement
* Les impacts de l'approche managériale sur le corps professoral
* Le rôle des agences d'assurance qualité en enseignement supérieur
Ce mois-ci nous vous proposons un numéro spécial sur la gouvernance de
l'enseignement supérieur. Merci à Alexandre Beaupré-Lavallée et Nathalie
Beaulac pour leur contribution.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Comment la gouvernance des universités européennes évolue-t-elle?*
Shattock (2021) fait une étude historique du changement de paradigme
ayant eu lieu dans les systèmes universitaires d’Europe. Depuis le début
des années 1990, de nombreux changements ont eu lieu dans les milieux
universitaires. L’auteur cherche à savoir si ces changements proviennent
d’une volonté de « moderniser » la gouvernance ou sont une réponse à
l’accroissement général du poids des institutions étatiques et une
pression publique plus forte pour la reddition de compte. La gouvernance
désigne l’ensemble des mécanismes de fonctionnement du système
universitaire du niveau ministériel jusque dans les universités
elles-mêmes.
Pour étayer son argument, Shattock se base sur des données d’entrevues
réalisées avec des acteurs du milieu universitaire de sept pays, soit le
Royaume-Uni, l’Allemagne, la Hongrie, la Norvège, le Portugal, la France
et l’Italie. Dans chacun des pays, une université axée sur la recherche
et une autre axée sur l’enseignement ont été sélectionnées pour la
récolte de données.
Le contenu de ces entrevues pousse l’auteur à souligner certains
constats. En particulier, il note que les gouvernements de ces pays ont
été très actifs dans la mise en place de systèmes de gestion des
universités, notamment à travers l’introduction du financement à la
performance. Shattock note aussi une différence importante dans
l’évolution de la gouvernance au Royaume-Uni et en Europe continentale.
Alors qu’au Royaume-Uni le gouvernement a encouragé une approche
managériale /top-down/ au détriment de la participation académique, les
gouvernements des pays continentaux ont quant à eux une réticence plus
marquée à intégrer des mécanismes de gouvernance externe aux universités.
Selon Shattock, les deux approches sont discutables puisqu’elles
impliquent un déséquilibre dans l’implication des parties prenantes au
sein de la gouvernance. L’auteur conclut que la modernisation des
systèmes universitaires en Europe évolue dans de mauvaises directions.
L’autonomie institutionnelle semble de plus en plus s’érodée à mesure
que les États tentent d’incorporer les structures universitaires au
système gouvernemental.
_Pour en savoir plus : _
Shattock, M. (2021). The ‘modernisation’ of university governance:
re-balancing the components in cross-European comparison. /Perspectives:
Policy and Practice in Higher Education/, 25(4), 127-131.
https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716
<https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716>
**
*Comment la gouvernance des pays en développement peut-elle être améliorée?*
La recherche sur la gouvernance de l’enseignement supérieur tend à
porter sur les systèmes ayant déjà des fonctionnements bien établis dans
des pays riches. En revanche, peu d’attention est portée à la mise en
place de systèmes de gouvernance dans des pays en développement. C’est
ce manque de littérature que Shin et coll. (2021) cherchent à combler.
Ces auteurs tentent d’identifier les conditions essentielles au bon
développement d’un système de gouvernance de l’enseignement supérieur
dans le sud de l’Asie.
Pour arriver à leurs objectifs, les auteurs utilisent le cadre
conceptuel élaboré par Fukuyama (2013). Ce dernier propose que la
qualité de la gouvernance de l’enseignement supérieur soit une fonction
de deux dimensions, soit l’autonomie des institutions universitaires et
leur capacité institutionnelle. Shin et coll. (2021) utilisent ce cadre
comme une matrice conceptuelle pour montrer l’état des systèmes de
gouvernance sud-asiatiques. La matrice est composée de quatre groupes
définis par deux niveaux d’autonomie (haute et basse) et deux niveaux de
capacité (haute et basse).
Dix pays asiatiques sont étudiés : le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka,
le Népal, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, la Corée du
Sud et Taïwan. Pour mesurer l’autonomie, les auteurs utilisent un indice
basé sur le University Autonomy Pool qui évalue le niveau de liberté
institutionnelle des universités dans leurs décisions selon la
législation en place dans un pays donné. La capacité institutionnelle
est quant à elle mesurée selon un indice composé de trois indicateurs,
soit le taux d’inscription post-secondaire brut, le nombre d’étudiants
par enseignant et les dépenses nationales en enseignement supérieur par
étudiant.
Les auteurs trouvent que la plupart des pays qui ont un grand niveau de
capacité institutionnelle ont aussi un haut niveau d’autonomie et
inversement (faible capacité et faible autonomie). Deux exceptions sont
notables : les universités chinoises ont beaucoup de moyens malgré une
faible autonomie et le Népal délègue une grande autonomie aux
universités malgré leur faible capacité. Aux vues de ces résultats, les
auteurs suggèrent que l’amélioration de la gouvernance dans les pays
sélectionnés devrait suivre des chemins différents selon les niveaux
d’autonomie et de capacité présents au sein des systèmes d’enseignement
supérieur.
_Pour en savoir plus :
_ Shin, J. C., Li, X., Nam, I., & Byun, B. K. (2021). Institutional
autonomy and capacity of higher education governance in South Asia: a
comparative perspective. /Higher Education Polic/y, 1-25.
https://doi.org/10.1057/s41307-020-00220-y
Fukuyama, F. (2013) ‘What is governance?’, /Governance/ 26(3): 347–368.
https://doi.org/10.1111/gove.12035
*Quels sont les impacts de l’approche managériale de gestion dans la vie
de chercheurs?*
Au cours des dernières décennies, plusieurs réformes dans la gouvernance
de l’enseignement supérieur visant une plus grande reddition de compte
axé sur la performance ont été mises en place à travers le monde. Le
milieu universitaire australien ne fait pas exception à ce phénomène.
Kenny et Fluck (2022) tentent d’évaluer l’impact de cette approche de
gestion qualifiée de « managériale » sur les conditions de travail des
chercheurs et enseignants touchés.
Le système de gouvernance de l’enseignement supérieur australien est,
depuis plusieurs années, axé sur la performance du corps professoral.
L’un des grands principes de ce système est la mesure de performance de
publication des chercheurs basée sur la qualité et la quantité des
publications scientifiques. Kenny et Fluck ont envoyé un questionnaire
de 80 questions à 2 526 membres du corps professoral universitaire
australien sur l’allocation du travail et la gestion de la performance.
À la question d’identifier les forces du modèle de gouvernance actuel,
31,8% des répondants n’arrivent pas à en trouver. La force qui ressort
le plus est la transparence (20,1%). Les chercheurs ont aussi posé
plusieurs questions concernant l’allocation des tâches d’enseignement. À
la question d’identifier l’obstacle principal à une allocation équitable
des tâches, la réponse la plus courante était l’omission de certaines
tâches académiques dans le travail des enseignants par les institutions
(27,4%).
L’analyse des résultats porte les auteurs à faire ressortir quelques
constats. D’abord, les pratiques de gouvernance liées à l’approche
managériale basée sur les résultats sont perçues comme ayant eu un
impact négatif sur les conditions de travail du corps professoral.
L’approche managériale utilisée en Australie ne semble pas assez bien
capturer l’ensemble des tâches liées au travail de professeur, ce qui
semble occasionner un excès de travail et de stress. Les auteurs
suggèrent que les politiques de gouvernances liées à la recherche
universitaire soient revues à la lumière de ces constats. En
particulier, ils proposent que ces politiques soient basées sur des
principes d’évaluation holistique et collégiale.
_Pour en savoir plus : _
Kenny, J., & Fluck, A. E. (2022). Emerging principles for the allocation
of academic work in universities. /Higher Education/, 83(6), 1371-1388.
https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Quel est le rôle des agences d’assurance qualité en enseignement
supérieur?*
Dans plusieurs juridictions à travers le monde et particulièrement en
Europe, la gouvernance de l’enseignement supérieur s’exerce en partie à
travers des entités administratives qu’on appelle « agence d’assurance
qualité ». Elken et Stensaker (2022) s’intéressent aux développements
récents du rôle de ces agences dans la gouvernance de l’enseignement
supérieur en Europe. Plus spécifiquement, les auteurs cherchent à
comprendre les raisons derrière les responsabilités accrues attribuées à
ces agences dans les dernières décennies.
Le travail d’Elken et Stensaker est basé sur une étude de cas de six
agences d’assurances qualité européennes. Il s’agit d’agences au
Portugal, en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, en Irlande et en
Suède. Les auteurs ont compilé différentes sources documentaires
auxquelles des entrevues avec le personnel des agences se sont ajoutées.
Ces agences précises ont été sélectionnées parce qu’elles étaient les
agences européennes ayant fait l’objet d’importantes réformes visant à
étendre leur rôle respectif. En ce sens, cette étude de cas ne cherche
pas à montrer les cas les plus représentatifs, mais plutôt ceux à
l’avant-garde des changements de pratiques et qui pourraient dépeindre
l’avenir des agences d’assurance qualité.
Trois constats importants ressortent du processus de recherche. D’abord,
une tendance assez claire se dessine vers les fusions d’agences et/ou
réorganisations internes orchestrées par les autorités publiques.
Ensuite, le positionnement stratégique des agences influence grandes
leur processus de développement. Par exemple, les agences portugaise et
allemande ont toutes deux investi une bonne partie de leurs ressources
dans des activités de recherche, ce qui leur a permis d’obtenir de plus
grandes responsabilités de recherche à travers le temps. Finalement, la
plupart des agences ont commencé à diversifier leur champ d’activité
au-delà des tâches d’assurance qualité. Ces agences sont aujourd’hui
impliquées dans la recherche, le service conseil, l’analyse statistique
et la réglementation financière.
Ces constats portent les auteurs à conclure que les autorités publiques
en matière d’enseignement supérieur exercent un contrôle substantiel sur
les agences d’assurance qualité. Ces agences semblent aussi être
utilisées comme des outils pour tester de nouvelles pratiques de
gouvernance.
_Pour en savoir plus :
_Elken, M., & Stensaker, B. (2022). Bounded innovation or agency drift?
Developments in European higher education quality assurance. /Assessment
& Evaluation in Higher Education/, 1-12.
https://doi.org/10.1080/02602938.2022.2078476_
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différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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