*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
Une image contenant texte, signe Description générée automatiquement
Mai 2023
16^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Financement à la performance et réussite scolaire
* L'impact des établissements universitaires sur l'innovation
scientifique
* L'information à l'admission et le parcours académique
* Les effets des programmes d'inscription double
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*
Le financement à la performance et la réussite scolaire*
Chan, Mabel et Mbekeani (2023) examinent comment le financement basé sur
la performance (FBP) affecte les écarts de réussite scolaire entre les
étudiants blancs et les étudiants appartenant à une minorité visible.
L'étude se concentre sur une période de onze ans (2004-2015) dans les
États du Tennessee et de l’Ohio. Ces juridictions ont introduit des
politiques de financement basées sur la performance (en 2009 pour l’Ohio
et 2010 pour le Tennessee). L’étude utilise des données tirées du
/Integrated Postsecondary Education Data System /(IPEDS) portant sur la
quasi-totalité des universités privées et publiques des deux États.
Parmi les informations contenues dans cette base de données, on retrouve
des indicateurs tels que le nombre annuel de certificats et de diplômes
délivrés par chaque établissement d'enseignement, ventilés selon le
groupe ethnique des diplômés. Au total, les auteurs ont recueilli des
données provenant d'un panel de 1 250 établissements.
Afin de mesurer l'impact des politiques de FBP, les auteurs utilisent
une méthode de contrôle synthétique. Cette approche repose sur la
création d’un modèle qui estime les indicateurs de réussite scolaire
tels que l’obtention de diplômes de premier cycle et la durée de la
scolarité dans les États étudiés en l’absence de politiques de FBP. Les
données générées par ce modèle représentent ainsi les scénarios «
contrefactuels ». Ces scénarios sont ensuite utilisés comme groupe
contrôle avec lequel les données réelles sont comparées.
Les résultats indiquent que la mise en œuvre du FBP semble exacerber les
écarts de réussite entre les étudiants de différentes ethnies. En effet,
l'étude montre qu’à la suite de l’implantation du FBP dans un État, le
nombre de diplômes accordés aux étudiants appartenant à une minorité
visible reste stable ou diminue alors que le nombre de diplômes accordés
aux étudiants blancs reste constant ou augmente. À noter qu’on observe
le même résultat, peu importe le type de certification accordée
(certificat d’étude postsecondaire, diplôme de baccalauréat de 2 ans ou
de 4 ans).
Selon les auteurs, les résultats de recherche antérieurs révélant de
faibles effets du FBP sur la réussite masquent l’hétérogénéité des
effets. Les auteurs avancent l’hypothèse que cette diversité d’effets
peut s’expliquer par la capacité institutionnelle variable des
établissements à répondre à ces politiques. Les établissements les mieux
équipés à répondre correctement aux normes d’équité sont aussi ceux qui
ont une moins grande proportion d’étudiants appartenant à une minorité
visible.
_Pour en savoir plus : _
__
Chan, M., Mabel, Z., & Mbekeani, P. P. (2023). Incentivizing Equity? The
Effects of Performance-Based Funding on Race-Based Gaps in College
Completion. The Journal of Higher Education, 1-33.
https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2082762
**
*Quels sont les liens entre l’innovation locale et l’établissement de
campus universitaires?*
Matthew Andrews (2023) s'intéresse à l'impact des établissements
d'enseignement supérieur sur l'invention locale aux États-Unis. Plus
précisément, l’auteur cherche à comprendre comment l’arrivée d’une
institution d’enseignement supérieur dans une localité affecte son
écosystème d’innovation.
La méthodologie de cette étude repose sur une analyse empirique de
l'impact des campus universitaires établis aux États-Unis. Étant donné
que l'effet sur l'innovation peut se manifester à long terme, l’étude se
limite aux institutions créées entre les années 1839 à 1954. La variable
étudiée est la création de brevets au niveau des comtés (county) où se
situent les universités et les données administratives relatives à cette
variable sont disponibles depuis l'année 1836.
Dans le but d'évaluer les impacts de l'établissement des institutions
d'enseignement supérieur, l'auteur emploie une méthode de régression par
différence-en-différence. Afin de garantir la présence d'un groupe de
contrôle, l'auteur sélectionne uniquement les institutions pour
lesquelles des informations qui indiquent que la création du campus
aurait pu avoir lieu dans un comté différent. Ces alternatives de
localisation (désignées comme "runner-up" selon la terminologie de
l'auteur) constituent le groupe de contrôle, tandis que les emplacements
réels des institutions forment le groupe de traitement. Grâce à cette
recherche historique, l'auteur parvient à sélectionner 64 institutions
d'enseignement supérieur sur la période étudiée.
Les résultats indiquent que l'établissement d'un campus universitaire
dans un compté mène à une augmentation significative du nombre de
brevets enregistrés dans cette région, haussant leurs nombres de 48%.
Cette augmentation est toutefois un effet indirect puisque seulement 5%
des brevets des comtés sélectionnés proviennent d’individus affiliés à
l’institution en question.
Un des mécanismes par lesquels cette augmentation est possible est la
croissance de la population, comme le souligne l’auteur. En effet,
l’établissement d’une institution d’enseignement supérieur est associé à
une augmentation de la population de 49% par rapport au groupe contrôle.
Conséquemment, il est probable qu’une politique visant la croissance
démographique ait le même impact sur l’innovation qu’une politique
visant l’implantation d’une université
_Pour en savoir plus : _
Andrews, M. J. (2023). How do institutions of higher education affect
local invention? Evidence from the establishment of US colleges.
American Economic Journal: Economic Policy, 15(2), 1-41. DOI:
10.1257/pol.20200320
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20200320>
***Comment l’information à l’admission affecte-t-elle le parcours
académique?*
Ma et coll. (2023) examinent l’effet d’un surplus d’information
concernant les politiques d’admission à l’université sur les choix de
parcours académiques des étudiants. Cet article présente les résultats
d'une expérience menée en Chine dans le but d’évaluer l'impact de
réformes récentes en matière d'admission à l'université.
En Chine, une réforme a changé le fonctionnement du cursus au premier
cycle dans plusieurs universités en 2020. Les étudiants ont maintenant
l’opportunité d’avoir une année de collège (un cheminement offrant
beaucoup de flexibilité en termes de choix de cours) suivi de trois ans
de baccalauréat dans une discipline spécifique. Il s’agit du parcours
college-then-major qui est l’alternative au parcours college-major (dans
lequel les étudiants doivent choisir immédiatement leur discipline de
baccalauréat).
Les auteurs ont exploité ce cadre pour élaborer une expérience par
assignation aléatoire. Dans un premier temps, ils ont rassemblé un
échantillon de 11 424 étudiants ayant obtenu leur diplôme d’études
secondaires et passé les épreuves d'entrée à l'université dans 268
différentes écoles réparties dans 28 provinces chinoises. Les auteurs de
l’étude ont ensuite séparé aléatoirement cet échantillon en un groupe
contrôle (n = 2 875) et trois groupes traitements (T1, T2 et T3). Chacun
des groupes traitement a par la suite reçu des informations
supplémentaires concernant les possibilités du parcours
college-then-major. Le groupe T1 recevait une liste de toutes les
disciplines spécifiques. Le groupe T2 recevait cette liste ainsi qu’une
explication des bénéfices du parcours college-then-major. Enfin, le
groupe T3 recevait la liste ainsi qu’une explication du mécanisme de
sélection dans le parcours college-then-major et des incertitudes qui y
sont associées.
Les résultats montrent que certaines des informations fournies aux
étudiants ont un impact sur leurs décisions quant à leur parcours
académique. En particulier, les étudiants qui reçoivent des informations
concernant les bénéfices (T2) du parcours college-then-major ont une
probabilité 6,2% plus élevée de choisir ce parcours. On n’observe pas de
différence significative entre les étudiants des autres groupes
traitement et le groupe contrôle. Toutefois, lorsqu’on se concentre sur
les étudiants qui disent avoir trop peu d’informations (avant
l’expérience), tous les groupes traitement choisissent le parcours
college-then-major dans une proportion plus élevée que le groupe contrôle.
Les auteurs estiment que les résultats obtenus revêtent des implications
significatives en matière de politiques publiques. Tout d'abord, ils
mettent en évidence l'importance de l'accès à l'information afin
d'améliorer la prise de décision des étudiants. Ensuite, ils montrent
que l'efficacité d'une campagne d'information est maximisée lorsqu'elle
cible spécifiquement les groupes confrontés à des obstacles d’accès.
_Pour en savoir plus: _
Ma, L., Li, X., Zhu, Q., & Ye, X. (2023). College-major choice to
college-then-major choice: Experimental evidence from Chinese college
admissions reforms. Economics of Education Review, 94, 102380.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102380
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Les nombreux effets des programmes d’inscription double*
Schaller et coll. (2023) s’intéressent à la question de l’inscription
double (dual enrollment) à l’université et de ses effets entre autres
sur la réussite académique. Il s’agit d’un phénomène en forte croissance
aux États-Unis qui permet aux étudiants de niveau secondaire de
s’inscrire à un ou des cours où ils reçoivent des crédits à la fois de
niveaux secondaire et universitaire. Ces cours sont généralement offerts
par des universités publiques.
Dans le but d'identifier les effets les plus importants de cette
pratique sur les résultats académiques, Schaller et coll. (2023)
procèdent à une revue systématique de la littérature ainsi qu'à une
méta-analyse portant sur la recherche en matière d'inscription double.
Le processus de sélection des articles adopté par les auteurs se fonde
sur les méthodologies décrites dans Cardona et col. (2023) de même que
Tranfield et coll. (2003). Dans leur étude, les auteurs ont restreint
leur recherche aux études quantitatives qui examinaient les effets de
l'inscription double sur diverses variables d'intérêt, permettant ainsi
d'identifier ces effets. On retrouve parmi ces variables la note globale
des étudiants, le délai de diplomation ainsi que les taux d’inscription
et de diplomation universitaire après 2 et 4 ans. Les auteurs ont retenu
40 articles et rapports à la suite de ce processus. De ces publications,
162 ampleurs d’effet (effect sizes) de l’inscription double ont été
retenues. Ces ampleurs d’effets font l’objet de la méta-analyse des
auteurs.
Les résultats montrent des effets positifs des programmes d’inscription
double sur la réussite des étudiants. L’effet moyen des programmes
d’inscription double sur la note globale (GPA) est de +0,15 (sur 4).
Similairement, l’effet moyen sur le nombre de crédits universitaires
obtenus est de +0,50. Les programmes d’inscription double réduisent
aussi le temps d’étude avant la diplomation d’environ 11 jours en
moyenne et 1,05 le nombre de semestres inscrit à l’université.
Les auteurs parviennent à la conclusion que l'inscription double est un
outil susceptible de réduire les coûts pour les étudiants et les
universités, en raison de ses effets sur la durée des études. En outre,
ce type de programme permet aux établissements en enseignement supérieur
de consolider leurs efforts de recrutement auprès des élèves de niveau
secondaire.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Schaller, T. K., Routon, P. W., Partridge, M. A., & Berry,
R. (2023). A Systematic Review and Meta-Analysis of Dual Enrollment
Research. Journal of College Student Retention: Research, Theory &
Practice. https://doi.org/10.1177/15210251231170331
_Aussi cité: _
Cardona, T., Cudney, E. A., Hoerl, R., & Snyder, J. (2023). Data mining
and machine learning retention models in higher education. Journal of
College Student Retention: Research, Theory, and Practice, 25(1), 51–75.
https://doi.org/10.1177/1521025120964920
Tranfield, D., Denyer, D., & Smart, P. (2003). Towards a methodology for
developing evidence-informed management knowledge by means of systematic
review. British Journal of Management, 14(3), 207–222.
https://doi.org/10.1111/1467-8551.00375
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Avril 2023
15^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'enseignement en ligne et la procrastination des étudiants
* L'effet de l'encadrement individuel à l'université
* L'impact des frais de scolarité sur les étudiants étrangers
* Les réseaux de pairs de même ethnicité à l'université et la
réussite professionnelle
Ce mois-ci, la veille de recherche en enseignement supérieur porte une
attention particulière sur l'étude de certains facteurs de réussite à
l'université.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
*Les effets de l'enseignement en ligne sont-ils amplifiés par la
procrastination?*
****
La popularité de l’enseignement universitaire en ligne a pavé la voie à
une grande renouée des chercheurs pour le sujet. De Paola, Gioia et
Scoppa (2023) étudient l'interaction entre la procrastination et
l’enseignement en ligne et leurs effets sur la réussite académique. En
somme, les auteures cherchent à savoir si les problèmes académiques liés
à la procrastination sont exacerbés par l’enseignement en ligne.
Les auteures étudient ce phénomène en utilisant les données
administratives de l’université Calabria située dans le sud de l’Italie.
Ces données portent sur quatre cohortes d’étudiants, soit celles ayant
commencé leur baccalauréat en 2016/2017 jusqu’à 2019/2020. Les données
portent sur les quatre années d’étude de ces cohortes. L’échantillon
complet est donc composé de 23 283 étudiants et 96 361 observations.
Bien que les activités d’enseignement soient généralement offertes en
ligne, la pandémie de COVID-19 a forcé l’université Calabria à offrir
exclusivement des cours en ligne pour la majeure partie du semestre
d’hiver 2020. Les auteures exploitent ce changement de méthode pour
effectuer une régression par différence en différence. Elles comparent
la différence des résultats aux examens des semestres d’hiver 2017, 2018
et 2019 à ceux de 2020.
Pour évaluer le niveau de procrastination, les auteures construisent une
variable basée sur le comportement des étudiants lors du processus
d'inscription au baccalauréat. Au début de ce processus, l’université
notifie tous les étudiants admis exactement à la même date. La variable
/Procrastination /attribue une valeur de 0 aux étudiants ayant complété
l’inscription dans les sept jours suivants la notification et une valeur
allant jusqu’à 6 pour les étudiants s’inscrivant à la dernière minute.
Les auteurs estiment qu’il s’agit d’un bon proxy pour évaluer le degré
de procrastination d’un étudiant. À leur analyse, les auteures intègrent
aussi des variables de contrôle par rapport aux cas de COVID-19 et à
l’accès internet afin d’isoler les effets liés à la pandémie elle-même.
De Paola, Gioia et Scoppa (2023) trouvent un impact négatif de
l’enseignement en ligne sur la réussite académique de l’ensemble des
étudiants. Le changement vers un l’enseignement en ligne est associé à
une réduction de 1,43 crédit réussi. Lorsqu’on porte attention aux
étudiants qui ont tendance à procrastiner, le changement vers les cours
en ligne est associé à une réduction de 1,77 crédit réussi. Les auteures
affirment que les résultats suggèrent bel et bien que les cours en ligne
ont des effets négatifs pires pour les étudiants qui procrastinent. À
cet effet, elles proposent d’étudier plus en détail les impacts de
programmes visant à améliorer l’auto-organisation de ces étudiants.
_Pour en savoir plus : _
De Paola, M., Gioia, F., & Scoppa, V. (2023). Online teaching,
procrastination and student achievement. /Economics of Education
Review/, 94, 102378. https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378>
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*L’encadrement individuel améliore-t-il la réussite à l’université?*
De plus en plus de soutien pédagogique est offert dans les universités
en vue d’améliorer les résultats académiques des étudiants en
difficulté. Valentine et Price (2023) étudient l’impact de l’une de ces
techniques, soit l’encadrement individuel (coaching) dans les collèges
communautaires (community colleges).
Pour étudier l’impact de l’encadrement individuel, les auteurs ont
travaillé de concert avec dix collèges communautaires de l’État de la
Caroline du Nord lors de la mise en place en 2016 d’un programme
d’encadrement individuel des étudiants. L’idée maîtresse de ce programme
est d’assigner des étudiants à un coach personnel dont le rôle est de
s’assurer proactivement que l’étudiant ait accès aux services d’aides
financières, administratives et académiques dont il a besoin.
Les auteurs ont réalisé une étude d’impact du programme en effectuant un
test par assignation aléatoire. L’échantillon étudié comprend des
étudiants de première année des cohortes de l’automne 2016 à l’automne
2018, soit un total de 10 796 étudiants. La moitié de ces étudiants ont
été aléatoirement assignée au groupe traitement et ont reçu l’aide du
programme en question alors que l’autre moitié ont été assignée au
groupe contrôle et n’ont pas eu accès au programme. Les variables
d’intérêt des chercheurs sont entre autres le taux de rétention des
étudiants et la complétion des crédits.
Les résultats montrent que les effets de l’encadrement individuel des
étudiants sont limités. D’abord, il n’y a aucun effet significatif sur
la rétention des étudiants à court terme, c’est-à-dire dans la première
année d’enseignement. Toutefois, le programme a un effet positif sur la
rétention à plus long terme. Les étudiants ayant eu accès à
l’encadrement individuel ont 1,7% plus de probabilités d’être encore
inscrits après deux années d’études. Ensuite, les auteurs ne trouvent
aucun effet significatif sur la complétion des crédits. Finalement,
l’encadrement peut avoir un effet particulier pour certains
sous-groupes. En particulier, la probabilité de rétention après un an et
demi d’étude chez ceux qui ont un encadrement personnel augmente pour
les hommes (+3,6%), les étudiants noirs (+3,0%) et les étudiants à temps
complet (+2,1%).
Valentine et Price (2023) pensent que les résultats de leur étude
suggèrent quelques implications pratiques et théoriques. Premièrement,
les effets de l’encadrement individuel sont observables sur le long
terme. Deuxièmement, les effets tendent à être ciblés chez certaines
parties de la population étudiante.
_Pour en savoir plus : _
Valentine, J. L., & Price, D. v. (2023). Coaching to Completion: Impacts
of Success Coaching on Community College Student Attainment in North
Carolina. /The Review of Higher Education/, 46(3), 343–371.
https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002
<https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002>
*Comment les frais de scolarité pour étudiants étrangers affectent-ils
leur comportement?*
Zullo et Churkina (2023) étudient l’effet de l’introduction de frais de
scolarité sur la mobilité des étudiants internationaux. Cette étude
repose sur un changement de politique publique concernant la facturation
des étudiants internationaux en Allemagne qui permet aux auteurs de
réaliser une étude quasi expérimentale.
Entre 2006 et 2014, un changement de politiques publiques imposé par la
Cour fédérale constitutionnelle d’Allemagne a permis aux États (Länder)
allemands d’imposer des frais de scolarité de 500 euros par semestre aux
étudiants internationaux, chose qui avant et après cette période a été
interdite à travers le pays. Des seize États, sept se sont prévalus de
cette opportunité et ont introduit des frais de scolarité pour les
étudiants internationaux.
Pour étudier l’effet des frais de scolarité, les auteurs utilisent deux
méthodes. Dans un premier temps, ils réalisent une régression par
différence-en-différence en comparant les États ayant introduit les
frais de scolarité (groupe traitement) à ceux n’ayant pas introduit de
frais de scolarité (groupe contrôle). Dans un second temps, ils
utilisent une méthode de contrôle synthétique. L’idée de cette approche
est de comparer les résultats des États ayant introduit les frais de
scolarité à un modèle contrefactuel où ces États n’auraient pas
introduit les frais de scolarité. Dans les deux cas, la variable
d’intérêt que les chercheurs observent est l’inscription universitaire
des étudiants internationaux.
Les résultats obtenus sont mitigés. Pour la méthode de
différence-en-différence, on observe une réduction de 11,3% des
effectifs étudiants étrangers de première année dans les États ayant
introduit les frais. Toutefois, lorsqu’on observe cet effet par État,
seulement un seul (la Basse-Saxe) montre une réduction à un niveau
significatif. La méthode de contrôle synthétique, quant à elle, suggère
que les inscriptions d’étudiants internationaux auraient très peu changé
si des frais n'avaient pas été introduits.
Les auteurs concluent que l’imposition des frais de scolarité n'a pas
créé de réallocation majeure des étudiants étrangers en Allemagne. Selon
eux, les frais de scolarité ne seraient pas un critère majeur dans le
choix d’emplacement d’étude des étudiants internationaux.
_Pour en savoir plus: _
Matteo Zullo & Olga Churkina (2023) A quasi-experiment in
internationalstudent mobility: Germany’s fee re-introductions, /European
Journal of Higher Education/, 13:1, 22-43,
https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451
<https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les réseaux de pairs de même ethnicité à l’université aident-ils les
étudiants à réussir leur carrière?*
Les facteurs de succès à l’université sont multiples et parmi ces
facteurs, la présence d’un réseau de soutien est potentiellement
importante. Être dans un milieu d’étude entouré de personnes d’un même
groupe peut faciliter la réussite à travers le référencement d’emploi et
l’effort déployé en classe. Chellman, Conger et Turner (2023) testent
cette hypothèse. Plus spécifiquement, ils étudient l’impact des réseaux
de personnes de même race/ethnicité à l’université sur les conditions de
travail après la diplomation.
La recherche des auteurs est réalisée grâce à des données
administratives d’un grand système d’enseignement postsecondaire urbain
(dont le nom n’est pas révélé) aux États-Unis. L’échantillon comprend
les étudiants de onze cohortes débutant aux semestres d’automne de 2000
à 2011. La taille complète de l’échantillon est de 151 181 étudiants.
Les données ont ensuite été fusionnées aux données administratives de
l’État dans lequel se trouvent les établissements d’enseignement.
L’analyse des auteurs porte sur quatre groupes ethniques, soit les
personnes d’origine asiatique et les habitants des îles du Pacifique
(AHIP), les personnes noires, les hispanophones et les personnes
blanches. Les variables d’intérêt des chercheurs comprennent la
diplomation, le revenu après la diplomation et la réussite scolaire.
Pour identifier l’effet des réseaux étudiants, les auteurs élaborent un
devis de recherche de différence-en-différence. Le postulat central de
l’étude est que les caractéristiques des étudiants avant leur
inscription ne sont pas corrélées avec une hausse de la part d'étudiants
de même ethnicité au sein de leur réseau social. Conséquemment, si on
isole les groupes d'étudiants qui ont vécu une hausse de la part de leur
ethnicité chez leurs pairs, on peut identifier les effets liés à cette
hausse. La méthode de différence-en-différence employée par les auteurs
compare les résultats des étudiants pour qui il y a eu une telle hausse
(groupe traitement) à ceux qui ne l’ont pas vécu (groupe contrôle). Il
faut noter ici qu’on ne peut pas déterminer directement si les étudiants
font partie d’un réseau de pair de même ethnicité. C’est pourquoi les
auteurs parlent de réseau potentiel.
Les résultats montrent que l’effet des réseaux potentiels est
différencié selon l’ethnicité concernée. Pour les étudiants noirs et les
étudiants blancs, une augmentation de 1% de la part du réseau potentiel
est associée à une augmentation significative du salaire de 0,6% et 0,4%
10 ans après l’admission. Cependant, il n’y a aucun effet significatif
pour les étudiants d’origine AHIP et les étudiants hispanophones.
D’autre part, la réussite scolaire (mesurée par le nombre de crédits
complétés) et la diplomation ne sont pas affectées par le réseau
potentiel des étudiants. Dernier résultat intéressant, les étudiants
hispanophones voient leur probabilité d’emploi réduite lorsqu’ils sont
dans une cohorte ayant subi une hausse de la part d’hispanophones.
Bien qu’il y ait des résultats significatifs, il faut toutefois
souligner que les effets trouvés restent relativement petits. Les
auteurs concluent donc que les différences de conditions sur les marchés
du travail entre les groupes ethniques ne peuvent être expliquées par
les réseaux potentiels des étudiants à l’université.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Conger, D., & Turner, L. J. (2023). Race and nativity
earnings gaps: The role of college networks. /Economics of Education
Review/, /93/, 102356. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102356
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Mars 2023
14^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Sommaire des crédits budgétaires à l'enseignement supérieur
* L'effet des crédits d'impôts conditionnel à la diplomation
* Le tutorat en ligne et la réussite académique
* L'impact des règles d'admission sur les finissants du secondaire
Puisque nous sommes à la fin du mois de mars, nous vous présentons une
sommaire des annonces en enseignement supérieur incluses dans le dernier
budget du Québec.
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éditions de la veille en cliquant ici
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*Sommaire des mesures budgétaires 2023-2024 en enseignement supérieur*
Le gouvernement québécois a déposé le 21 mars dernier le budget du
Québec. La composition des crédits dédiés à l’enseignement supérieur
suggère une certaine continuation des politiques antérieures.
*Chiffres d’ensemble*
Le budget québécois se base sur des estimations du niveau d’inflation de
6,7% en 2022 et de 3,5% en 2023. D’autre part, le taux de croissance du
PIB réel devrait passer de 2,8% en 2022 à 0,6% en 2023 (Ministère des
Finances du Québec, 2023a).
Les crédits alloués aux cégeps augmentent de 4,98% (+119,3 M$) par
rapport à l’an dernier. Ceux alloués aux universités augmentent de 5,12%
(+196,5 M$) par rapport à l’an dernier. Le budget au niveau des
infrastructures de l’enseignement supérieur connaîtra une augmentation
appréciable. Pour les cégeps, il s’agit d’une augmentation de 7,07%
(+21,6 M$) alors que pour les universités l’augmentation est de 6,25%
(+29,6 M$) par rapport à l’an dernier.
Les crédits accordés à l’aide financière aux études sont ceux qui
connaissent la plus grande croissance avec une augmentation de 11,6%
(+129,5 M$). La grande partie de cette augmentation provient des bourses
incitatives et autres bourses avec une croissance de 47,3% (+79 M$) en
raison notamment des « bourses Perspective Québec ». Les intérêts et
remboursements aux banques augmentent de 5,3% (+1,2 M$) et les bourses
consécutives aux prêts de 13% (+28 M$).
Les crédits alloués au Fonds de recherche du Québec augmentent
relativement faiblement avec une croissance de 0,87% (+2 M$) par rapport
à l’an dernier. Le gouvernement alloue aussi des crédits de 132,4 M$
dans un fonds provisoire additionnel pour des dépenses discrétionnaires.
*Mesures ciblées*
Le gouvernement poursuit ses investissements dans le but d’améliorer la
réussite universitaire, ayant, depuis 2018, l’ambition de « favoriser
l’accès, la persévérance et la diplomation ». Cette année, les crédits
alloués à ces mesures ont triplé (+67,8 M$) par rapport à l’an dernier.
La majeure partie de ces nouvelles dépenses (48,4 M$) correspond à la
bonification permanente de l’augmentation des frais de subsistance
inclus dans le calcul du Programme de prêts et bourses.
Le gouvernement prévoit améliorer la diplomation par une série de
nouvelles mesures : amélioration de la reconnaissance des acquis (5,3
M$), soutien à l’apprentissage du français (2,7 M$), soutien à la
location de locaux par les universités (20 M$), exemptions
additionnelles de frais de scolarité pour étudiants étrangers (10 M$) et
soutien à l’enseignement en milieu éloignés des grands centres (4
M$).D’autre part, le gouvernement engage des fonds additionnels (11 M$)
dans le soutien à la recherche et la transition numérique.
_Pour en savoir plus : _
Ministère des Finances du Québec (2023) /Budget 2023-2024 – Un Québec
engagé - Plan budgétaire/. (url
<http://www.finances.gouv.qc.ca/Budget_et_mise_a_jour/budget/documents/Budge…>)
Secrétariat du Conseil du trésor (2023) /Crédits et dépenses des
portefeuilles/. (url
<https://www.tresor.gouv.qc.ca/budget-de-depenses/budget-de-depenses-2023-20…>)
**
*Les crédits d’impôt post-diplomation ont-ils des effets bénéfiques?*
Dans le but d’encourager la persévérance scolaire, plusieurs provinces
(le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et le
Manitoba) ont, depuis 2005, mis en place des programmes de rétention des
diplômés (PRD) dont l’élément central estun crédit d’impôt aux diplômés
universitaires. Mikkola et Webb (2023) tentent d’évaluer l’impact de ces
mesures sur la migration interprovinciale et les conditions de vie des
diplômés.
Les PRD des différentes provinces consistent en des crédits d’impôt
non-remboursable allant de 15 000$ à 25 000$ conditionnel à la
diplomation de l’étudiant. Ces montants sont équivalent à 50% à 97% des
frais de scolarité. L’idée de ces crédits est qu’un travailleur
récemment diplômé pourra réduire son revenu imposé de manière à
compenser les frais de scolarité qu’il a engrangé.
Les auteurs utilisent un devis de recherche de différence en différence
afin d’identifier l’effet causal de ces politiques dans les quatre
provinces mentionnées. Ils utilisent deux bases de données pour y
arriver soit la/Longitudinal Administrative Databank /(LAD) et le
/Survey of Labour Income Dynamics/ (SLID). L’échantillon est constitué
d’étudiants canadiens de toutes les provinces (à l’exception du Québec)
ayant entre 18 et 28 ans entre les années 2005 et 2013. La taille
complète de l’échantillon est de plus de 2,6 millions d’observations.
Les chercheurs divisent l’échantillon en deux groupes soit, d’une part,
le groupe traitement composé des étudiants éligibles aux PRD dans les
provinces où le programme existe et, d’autre part, le groupe contrôle
constitué des étudiants des autres provinces. Cette stratégie empirique
permet de comparer les moyennes des deux groupes en regard de plusieurs
variables d’intérêt comme le taux d’abandon, le taux de persévérance
scolaire et l’endettement étudiant.
Les auteurs ne trouvent aucun effet significatif des PRD quant à la
migration interprovinciale, ce qui indique que ces programmes échouent
au chapitre de la rétention des diplômés. Les auteurs trouvent toutefois
un effet sur la taille des prêts encourus par les étudiants. Les
étudiants ayant accès au PRD ont en moyenne 123,10$ de moins en dettes
(par rapport à une dette moyenne de 620$) que les étudiants n’y ayant
pas accès. Selon certains des modèles de régression utilisés, les
résultats montrent aussi que les PRD pourraient aider à diminuer le taux
d’abandon universitaire. Les auteurs concluent que les implications
pratiques de leur recherche sont assez ambiguës. D’un côté, les PRD ne
semblent pas être un outil efficace pour s’assurer de la rétention des
talents dans une province. De l’autre, les PRD sont une manière de
réduire /ex post/ les frais de scolarité des personnes qui décident de
rester dans la province.
_Pour en savoir plus : _
Mikola, D., & Webb, M. D. (2023). Finish it and it is free: An
evaluation of college graduation subsidies. /Economics of Education
Review/, 93, 102355. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102355
*Le tutorat en ligne peut-il contribuer à l’amélioration des résultats
académiques?*
La pandémie de Covid-19 a rapidement changé les pratiques d’enseignement
universitaire en accélérant la transition vers les outils en ligne.
Hardt, Nagler et Rinckle (2023) tentent de mesurer l’effet sur la
réussite de l’une de ces nouvelles pratiques, soit le tutorat en ligne.
Pour mesurer cet effet, les auteurs ont développé un programme de
tutorat en ligne pour un cours obligatoires d’économie de premier cycle
au sein d’une grande université allemande. Les chercheurs ont envoyé un
courriel aux étudiants du cours annonçant ce programme. 226 étudiants se
sont inscrits au programme de tutorat. Les chercheurs ont ensuite
assigné aléatoirement les étudiants dans deux groupes. Les deux tiers de
l’échantillon, soit 145 étudiants, forment le groupe traitement et ont
suivi le programme de tutorat en ligne. Le reste de l’échantillon forme
le groupe contrôle.
Le programme de tutorat en ligne comprend cinq sessions de 90 minutes en
petits groupes dont l’essentiel du contenu porte sur la résolution
d’exercices et d’examens des années précédentes. La présence à ces
sessions n’est pas obligatoire et les chercheurs n’ont malheureusement
pas de données sur la participation réelle des étudiants aux sessions de
tutorat. À la fin du cours, les étudiants remplissent un questionnaire
portant sur leurs habitudes de travail ainsi que leur santé mentale.
Enfin, les chercheurs utilisent les données administratives des
étudiants et de leur parcours académique afin de compléter leur analyse.
Les résultats de l’expérience suggèrent que le programme de tutorat en
ligne a eu plusieurs impacts importants. D’abord, pour évaluer les
comportements d’étude des étudiants, les chercheurs ont élaboré un index
d’étude basé sur le questionnaire. Cet index reflète les réponses aux
questions concernant la motivation, l’étude continu, la préparation à
l’examen, etc. Les étudiants du groupe traitement ont une note moyenne
sur cet index 2,1 fois supérieur à l’écart-type de la distribution du
groupe contrôle. Ensuite, le programme semble avoir affecté la réussite
dans ce cours de manière importante. Les étudiants complétant ce cours
pouvaient obtenir 0, 5, ou 10 crédits selon leurs résultats. Le
programme de tutorat a réduit la probabilité d’obtenir 0 crédit de 24%
et augmenté les probabilités d’obtenir 5 et 10 crédits de 9% et 40%
respectivement. Toutefois, la santé mentale des étudiants ne semble pas
avoir été affectée par les programmes de tutorat.
Les auteurs concluent que les programmes de tutorats en ligne sont une
option intéressante pour une institution cherchant à améliorer les
résultats académiques des étudiants. Non seulement de tels programmes
semblent efficaces, mais leur coût de mise en place est relativement faible.
_Pour en savoir plus: _
Hardt, D., Nagler, M., & Rincke, J. (2023). Tutoring in (online) higher
education: Experimental evidence. /Economics of Education Review/, 92,
102350. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102350
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les règles d’admission universitaire induisent-elles un changement de
comportement chez les étudiants finissants?*
Parmi les outils à la disposition des décideurs pour encourager
l’apprentissage, une modification des incitatifs à l’étude est l’un des
plus importants. Rodriguez (2023) étudie l’effet des politiques
d’admission à la grandeur de l’État de la Caroline du Nord sur
l’implication et la réussite des étudiants.
Depuis 2009, pour être admis dans le système universitaire du University
of North Carolina (UNC), un étudiant finissant du secondaire doit avoir
un minimum de 2.0 de note globale pondérée (GPA) et 700 points à
l’examen d’admission standardisé (SAT). Rodriguez exploite ce changement
dans les règles d’admission afin d’évaluer ses effets sur les
comportements des étudiants lors de l’année avant leur admission à
l’université à l’aide d’une régression de discontinuité. Il utilise les
données administratives du réseau d’écoles secondaires (high schools) de
la Caroline du Nord. Son échantillon comporte 75 000 étudiants du
secondaire de la cohorte finissante de 2009 et ayant passé le SAT au
début de l’année scolaire. Tous les étudiants ont eu des scores de SAT
entre 600 et 800, soit près du seuil d’admission.
L’auteur divise l’échantillon en deux groupes. Le groupe traitement est
composé des étudiants ayant eu un score supérieur ou égal à 700 et le
groupe contrôle est composé des étudiants ayant eu un score inférieur à
700. L’idée derrière la conception de cette recherche est que les
étudiants près du seuil d’admission ont, dans l’ensemble et pour un
grand échantillon, des caractéristiques similaires à une exception :
ceux qui ont un score SAT au-dessus du seuil perçoivent une probabilité
d’admission positive et sont donc susceptibles d’être incités à changer
leur comportement d’étude.
Les résultats montrent plusieurs relations intéressantes quant aux
comportement des étudiants lors de leur dernière année du secondaire.
D’abord, les étudiants appartenant au groupe traitement obtenaient en
moyenne un GPA 0,08 points supérieurs aux autres, soit une augmentation
de 2,8%. Ensuite, ces étudiants avaient aussi 1,5 jour d’absence de
moins en moyenne et 0,07 moins de suspensions que les autres. L’auteur
ne trouve aucun effet significatif en ce qui concerne le nombre de cours
suivi. Finalement, les résultats montrent aussi que les étudiants du
groupe traitement ont réduit le nombre d’inscription à des cours
considérés comme « difficiles » au cours de leur parcours scolaire.
En somme, l’auteur défend que son étude montre que les seuils
d’admission basés sur les résultats de tests standardisés peuvent avoir
un effet positif sur l’engagement académique des étudiants. Cependant,
ils peuvent aussi avoir des conséquences involontaires néfastes comme la
sélection de cours stratégiques vers des domaines considérés comme plus
faciles.
_Pour en savoir plus:_
Rodriguez, V. (2023). Student effort response to shifts in university
admission policies. /Economics of Education Review/, 93, 102367.
https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.10236
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102367>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Février 2023
13^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'évolution des systèmes de gouvernance en Europe
* Les systèmes de gouvernance dans les pays en développement
* Les impacts de l'approche managériale sur le corps professoral
* Le rôle des agences d'assurance qualité en enseignement supérieur
Ce mois-ci nous vous proposons un numéro spécial sur la gouvernance de
l'enseignement supérieur. Merci à Alexandre Beaupré-Lavallée et Nathalie
Beaulac pour leur contribution.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Comment la gouvernance des universités européennes évolue-t-elle?*
Shattock (2021) fait une étude historique du changement de paradigme
ayant eu lieu dans les systèmes universitaires d’Europe. Depuis le début
des années 1990, de nombreux changements ont eu lieu dans les milieux
universitaires. L’auteur cherche à savoir si ces changements proviennent
d’une volonté de « moderniser » la gouvernance ou sont une réponse à
l’accroissement général du poids des institutions étatiques et une
pression publique plus forte pour la reddition de compte. La gouvernance
désigne l’ensemble des mécanismes de fonctionnement du système
universitaire du niveau ministériel jusque dans les universités
elles-mêmes.
Pour étayer son argument, Shattock se base sur des données d’entrevues
réalisées avec des acteurs du milieu universitaire de sept pays, soit le
Royaume-Uni, l’Allemagne, la Hongrie, la Norvège, le Portugal, la France
et l’Italie. Dans chacun des pays, une université axée sur la recherche
et une autre axée sur l’enseignement ont été sélectionnées pour la
récolte de données.
Le contenu de ces entrevues pousse l’auteur à souligner certains
constats. En particulier, il note que les gouvernements de ces pays ont
été très actifs dans la mise en place de systèmes de gestion des
universités, notamment à travers l’introduction du financement à la
performance. Shattock note aussi une différence importante dans
l’évolution de la gouvernance au Royaume-Uni et en Europe continentale.
Alors qu’au Royaume-Uni le gouvernement a encouragé une approche
managériale /top-down/ au détriment de la participation académique, les
gouvernements des pays continentaux ont quant à eux une réticence plus
marquée à intégrer des mécanismes de gouvernance externe aux universités.
Selon Shattock, les deux approches sont discutables puisqu’elles
impliquent un déséquilibre dans l’implication des parties prenantes au
sein de la gouvernance. L’auteur conclut que la modernisation des
systèmes universitaires en Europe évolue dans de mauvaises directions.
L’autonomie institutionnelle semble de plus en plus s’érodée à mesure
que les États tentent d’incorporer les structures universitaires au
système gouvernemental.
_Pour en savoir plus : _
Shattock, M. (2021). The ‘modernisation’ of university governance:
re-balancing the components in cross-European comparison. /Perspectives:
Policy and Practice in Higher Education/, 25(4), 127-131.
https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716
<https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716>
**
*Comment la gouvernance des pays en développement peut-elle être améliorée?*
La recherche sur la gouvernance de l’enseignement supérieur tend à
porter sur les systèmes ayant déjà des fonctionnements bien établis dans
des pays riches. En revanche, peu d’attention est portée à la mise en
place de systèmes de gouvernance dans des pays en développement. C’est
ce manque de littérature que Shin et coll. (2021) cherchent à combler.
Ces auteurs tentent d’identifier les conditions essentielles au bon
développement d’un système de gouvernance de l’enseignement supérieur
dans le sud de l’Asie.
Pour arriver à leurs objectifs, les auteurs utilisent le cadre
conceptuel élaboré par Fukuyama (2013). Ce dernier propose que la
qualité de la gouvernance de l’enseignement supérieur soit une fonction
de deux dimensions, soit l’autonomie des institutions universitaires et
leur capacité institutionnelle. Shin et coll. (2021) utilisent ce cadre
comme une matrice conceptuelle pour montrer l’état des systèmes de
gouvernance sud-asiatiques. La matrice est composée de quatre groupes
définis par deux niveaux d’autonomie (haute et basse) et deux niveaux de
capacité (haute et basse).
Dix pays asiatiques sont étudiés : le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka,
le Népal, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, la Corée du
Sud et Taïwan. Pour mesurer l’autonomie, les auteurs utilisent un indice
basé sur le University Autonomy Pool qui évalue le niveau de liberté
institutionnelle des universités dans leurs décisions selon la
législation en place dans un pays donné. La capacité institutionnelle
est quant à elle mesurée selon un indice composé de trois indicateurs,
soit le taux d’inscription post-secondaire brut, le nombre d’étudiants
par enseignant et les dépenses nationales en enseignement supérieur par
étudiant.
Les auteurs trouvent que la plupart des pays qui ont un grand niveau de
capacité institutionnelle ont aussi un haut niveau d’autonomie et
inversement (faible capacité et faible autonomie). Deux exceptions sont
notables : les universités chinoises ont beaucoup de moyens malgré une
faible autonomie et le Népal délègue une grande autonomie aux
universités malgré leur faible capacité. Aux vues de ces résultats, les
auteurs suggèrent que l’amélioration de la gouvernance dans les pays
sélectionnés devrait suivre des chemins différents selon les niveaux
d’autonomie et de capacité présents au sein des systèmes d’enseignement
supérieur.
_Pour en savoir plus :
_ Shin, J. C., Li, X., Nam, I., & Byun, B. K. (2021). Institutional
autonomy and capacity of higher education governance in South Asia: a
comparative perspective. /Higher Education Polic/y, 1-25.
https://doi.org/10.1057/s41307-020-00220-y
Fukuyama, F. (2013) ‘What is governance?’, /Governance/ 26(3): 347–368.
https://doi.org/10.1111/gove.12035
*Quels sont les impacts de l’approche managériale de gestion dans la vie
de chercheurs?*
Au cours des dernières décennies, plusieurs réformes dans la gouvernance
de l’enseignement supérieur visant une plus grande reddition de compte
axé sur la performance ont été mises en place à travers le monde. Le
milieu universitaire australien ne fait pas exception à ce phénomène.
Kenny et Fluck (2022) tentent d’évaluer l’impact de cette approche de
gestion qualifiée de « managériale » sur les conditions de travail des
chercheurs et enseignants touchés.
Le système de gouvernance de l’enseignement supérieur australien est,
depuis plusieurs années, axé sur la performance du corps professoral.
L’un des grands principes de ce système est la mesure de performance de
publication des chercheurs basée sur la qualité et la quantité des
publications scientifiques. Kenny et Fluck ont envoyé un questionnaire
de 80 questions à 2 526 membres du corps professoral universitaire
australien sur l’allocation du travail et la gestion de la performance.
À la question d’identifier les forces du modèle de gouvernance actuel,
31,8% des répondants n’arrivent pas à en trouver. La force qui ressort
le plus est la transparence (20,1%). Les chercheurs ont aussi posé
plusieurs questions concernant l’allocation des tâches d’enseignement. À
la question d’identifier l’obstacle principal à une allocation équitable
des tâches, la réponse la plus courante était l’omission de certaines
tâches académiques dans le travail des enseignants par les institutions
(27,4%).
L’analyse des résultats porte les auteurs à faire ressortir quelques
constats. D’abord, les pratiques de gouvernance liées à l’approche
managériale basée sur les résultats sont perçues comme ayant eu un
impact négatif sur les conditions de travail du corps professoral.
L’approche managériale utilisée en Australie ne semble pas assez bien
capturer l’ensemble des tâches liées au travail de professeur, ce qui
semble occasionner un excès de travail et de stress. Les auteurs
suggèrent que les politiques de gouvernances liées à la recherche
universitaire soient revues à la lumière de ces constats. En
particulier, ils proposent que ces politiques soient basées sur des
principes d’évaluation holistique et collégiale.
_Pour en savoir plus : _
Kenny, J., & Fluck, A. E. (2022). Emerging principles for the allocation
of academic work in universities. /Higher Education/, 83(6), 1371-1388.
https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quel est le rôle des agences d’assurance qualité en enseignement
supérieur?*
Dans plusieurs juridictions à travers le monde et particulièrement en
Europe, la gouvernance de l’enseignement supérieur s’exerce en partie à
travers des entités administratives qu’on appelle « agence d’assurance
qualité ». Elken et Stensaker (2022) s’intéressent aux développements
récents du rôle de ces agences dans la gouvernance de l’enseignement
supérieur en Europe. Plus spécifiquement, les auteurs cherchent à
comprendre les raisons derrière les responsabilités accrues attribuées à
ces agences dans les dernières décennies.
Le travail d’Elken et Stensaker est basé sur une étude de cas de six
agences d’assurances qualité européennes. Il s’agit d’agences au
Portugal, en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, en Irlande et en
Suède. Les auteurs ont compilé différentes sources documentaires
auxquelles des entrevues avec le personnel des agences se sont ajoutées.
Ces agences précises ont été sélectionnées parce qu’elles étaient les
agences européennes ayant fait l’objet d’importantes réformes visant à
étendre leur rôle respectif. En ce sens, cette étude de cas ne cherche
pas à montrer les cas les plus représentatifs, mais plutôt ceux à
l’avant-garde des changements de pratiques et qui pourraient dépeindre
l’avenir des agences d’assurance qualité.
Trois constats importants ressortent du processus de recherche. D’abord,
une tendance assez claire se dessine vers les fusions d’agences et/ou
réorganisations internes orchestrées par les autorités publiques.
Ensuite, le positionnement stratégique des agences influence grandes
leur processus de développement. Par exemple, les agences portugaise et
allemande ont toutes deux investi une bonne partie de leurs ressources
dans des activités de recherche, ce qui leur a permis d’obtenir de plus
grandes responsabilités de recherche à travers le temps. Finalement, la
plupart des agences ont commencé à diversifier leur champ d’activité
au-delà des tâches d’assurance qualité. Ces agences sont aujourd’hui
impliquées dans la recherche, le service conseil, l’analyse statistique
et la réglementation financière.
Ces constats portent les auteurs à conclure que les autorités publiques
en matière d’enseignement supérieur exercent un contrôle substantiel sur
les agences d’assurance qualité. Ces agences semblent aussi être
utilisées comme des outils pour tester de nouvelles pratiques de
gouvernance.
_Pour en savoir plus :
_Elken, M., & Stensaker, B. (2022). Bounded innovation or agency drift?
Developments in European higher education quality assurance. /Assessment
& Evaluation in Higher Education/, 1-12.
https://doi.org/10.1080/02602938.2022.2078476_
_
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
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Janvier 2023
12^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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- L'effet du processus d'admission sur le marché du travail
- L'impact d'une politique d'admission équitable au Texas
- Le remboursement proportionnel au revenu et la dette étudiante
- Les cours préparatoires et la participation universitaire
L'équipe de la veille de recherche du GREPA vous souhaite une bonne
année 2023!
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éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
*Quels sont les effets liés à la manière dont les universités admettent
les étudiants?*
Bien que la plupart des universités n’utilisent que des critères
académiques dans leurs processus d’admissions, les universités les plus
prestigieuses intègrent aussi des critères non-académiques qui
permettent à certains étudiants n’atteignant pas le niveau académique
suffisant d’être admis. On appelle cette méthode d’admission les
admissions discrétionnaires.
Kamis, Pan et Seah (2023) s’intéressent aux effets liés à l’utilisation
des différentes formes d’admission. Spécifiquement, les auteurs
cherchent à savoir si les étudiants ont des conditions différentes sur
le marché du travail selon le processus d’admission qu’ils ont suivi. Il
s’agit, selon les auteurs, d’une question qui n’a jamais été étudiée
précédemment.
Les auteurs tentent d’identifier le lien causal avec une méthode de
régression par discontinuité. Ils exploitent une caractéristique
spéciale du processus d’admission de l’université de Singapour qui offre
aux candidats deux parcours d’admissions. Le premier est dit « régulier
» et basé uniquement sur les compétences académiques. Le second est dit
« discrétionnaire » et basé sur des qualités non-académiques. Ce dernier
processus vise les étudiants qui n’atteignent pas le seuil des critères
de l’admission régulière. En portant attention au décile inférieur des
étudiants admis par processus régulier, les auteurs isolent un groupe
contrôle qui sera comparé au groupe traitement (admission
discrétionnaire). L’échantillon est constitué des d’étudiants admis
entre 2009 et 2013 à l’université de Singapour. Le groupe contrôle est
composé de 2 157 observations et le groupe traitement de 1 278. Les
chercheurs ont couplé les données administratives de l’université avec
des dossiers fiscaux accessibles pour étudier l’impact du processus
d’admission sur le marché du travail.
Les résultats obtenus par les auteurs montrent des différences
significatives entre les groupes. Au niveau académique, les étudiants
admis par processus discrétionnaire avaient de 3,5 % à 3,8 % plus de
chance de s’inscrire à une mineure ou un seconde majeure au cours de
leur baccalauréat. Une majeure correspond à la (ou l’une des) discipline
principale de l’étudiant au cours de ses études de premier cycle alors
qu’une mineure correspond à une discipline secondaire. Ces étudiants
avaient aussi 6 % à 7 % plus de chances de participer à des programmes
d’échange étudiant à l’étranger. Au niveau non-académique, les auteurs
trouvent des effets sur le marché du travail. Les étudiants ayant
bénéficié de l’admission discrétionnaire avaient 3,9 % plus de chances
d’avoir un emploi à temps plein six mois après leur diplomation et
avaient un salaire moyen de 4,5 % à 5,3 % supérieur deux à trois ans
respectivement après la diplomation.
Kamis, Pan et Seah (2023) concluent que les étudiants admis par
processus discrétionnaire ont de meilleures performances sur le marché
du travail que les étudiants admis par le processus régulier. Ce
résultat suggère qu’une approche holistique d’admission peut permettre
aux universités d’identifier les meilleurs candidats potentiels aux bas
niveaux des performances académiques et d’améliorer les taux de placements.
_Pour en savoir plus : _
Kamis, R., Pan, J., & Seah, K. K. (2023). Do college admissions criteria
matter? Evidence from discretionary vs. grade-based admission policies.
/Economics of Education Review/, /92/, 102347.
https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347
<https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347>
**
*Une politique d’admission universitaire plus équitable peut-elle aussi
être plus efficace?*
Black, Denning et Rothstein (2023) tentent d’évaluer l’impact de
l’ouverture du processus d’admission universitaire à des étudiants de
milieux moins favorisés. Pour y arriver, ils étudient une réforme des
processus d’admission dans le réseau public universitaire au Texas en
1998. Cette réforme appelée la /Top Ten Percent Rule /(règle du dix
pourcent) a forcé les universités publiques (même les plus sélectives) à
garantir l’admission à tout étudiant finissant du secondaire dans le top
10 % de sa classe. Cette politique a permis à de nombreux étudiants
provenant d’écoles dans des milieux défavorisées d’accéder aux
meilleures institutions publiques d’enseignement supérieur.
Pour identifier l’effet de la réforme, les auteurs ont employé une
différence en différence qui compare les changements des conditions sur
le marché du travail des étudiants affectés par la réforme avec celles
de ceux qui ne le sont pas. Deux groupes d’étudiants risquent d’être
affectés par la réforme et constituent donc les groupes traitement. Il
s’agit des « /pulled in /», les étudiants du top 10 % d’écoles
défavorisés, et les « /pushed out/ », les étudiants d’écoles favorisées
dont les notes sont juste en-dessous du seuil du top 10 %. Le groupe
contrôle est quant à lui constitué d’étudiants au-delà de la moyenne,
mais qui n’aurait pas été admis à une université sélective (comme UT
Austin) avant ou après la réforme.
Les auteurs notent que l’admission des étudiants /pulled in /ont 6,6 %
plus de chance d’être admis dans un programme de premier cycle d’une
université publique et 5,3 % plus de chance d’être admis à UT Austin,
l’université la plus sélective. La réforme a aussi augmenté de 3,9 % la
probabilité de diplomation des/pulled /in. Neuf à onze ans après la
diplomation, les revenus de ce groupe étaient égaux ou supérieur au
scénario sans réforme. Du côté des /pushed out/ les auteurs ne trouvent
à peu près pas d’effets liés à la réforme. Le seul effet significatif
est la baisse de probabilité d’admission de 2,1 % à UT Austin.
Les auteurs argumentent que la politique du /Top Ten Percent Rule /a eu
des effets bénéfiques pour la société. Cette politique a amélioré les
conditions académiques et économiques de personnes provenant d’un milieu
défavorisé sans conduire à l’amenuisement de conditions d’autres
personnes. En ce sens il s’agirait d’un type de réforme à la fois
équitable et efficace.
_Pour en savoir plus: _
Black, S. E., Denning, J. T., & Rothstein, J. (2023). Winners and
Losers? The Effect of Gaining and Losing Access to Selective Colleges on
Education and Labor Market Outcomes. /American Economic Journal: Applied
Economics/, /15/(1), 26–67. https://doi.org/10.1257/APP.20200137
<https://doi.org/10.1257/APP.20200137>
*Le mode de remboursement de la dette étudiante a-t-il un impact sur les
risques de défauts de paiement?*
Herbst (2023) étudie le remboursement de la dette étudiante aux
États-Unis. La plupart des étudiants ayant une dette à rembourser sur
leurs prêts d’étude ont une entente de remboursement par versements
fixes. Toutefois, certaines ententes de remboursement sont
proportionnelles au revenu (RPR). Ces ententes font varier les paiements
minimums en fonction du revenu. Herbst tente d’évaluer l’impact du RPR
sur la santé financière des diplômés.
Pour réaliser cette étude, Herbst utilise les données d’une compagnie
est restée anonyme qu’il appelle /Large Loan Servicer/ (LLS) et qui gère
300 milliards de dollar US de dette étudiante pour le compte du
ministère de l’Éducation américain. L’échantillon utilisé est composé de
133 630 individus ayant une dette gérée par LLS entre 2010 et 2018 et
dont les caractéristiques les rendent admissible au programme de RPR.
Pour identifier l’effet causal, Herbst procède à la fois par méthode de
variable instrumentale et par différence en différence.
LLS fait des appels téléphoniques aléatoires aux emprunteurs qui sont
dans des situation de défaut de paiement. Au cours de ces appels les
agents de LLS proposent un plan de RPR. Herbst exploite cette méthode de
travail pour construire un indice d’agent (/agent score/) qui permet
d’estimer le changement d’un remboursement fixe vers un plan RPR.
L’indice d’agent est la variable instrumentale utilisée pour estimer les
variables d’intérêt. Les appels téléphoniques permettent aussi à
l’auteur de faire une évaluation par différence en différence. Avec
cette stratégie de recherche, Herbst compare les différences pré/post
appels téléphoniques entre les emprunteurs qui changent pour le plan RPR
et ceux qui restent sur le plan régulier.
À court terme, les résultats montrent que le plan RPR tend à réduire les
défauts de paiement de 19 % après dix jours et de 8 % après
quatre-vingt-dix jours. L’effet de ce changement tend toutefois à se
dissiper avec le temps. À plus long terme, Herbst trouve des effets
positifs sur la santé financière des emprunteurs. En particulier, les
emprunteurs ayant utilisé le plan RPR ont 1,8 % plus de chance
d’augmenter leur salaire quarante-deux mois après l’appel téléphonique.
La cote de crédit des emprunteurs augmente de 6,65 points un an après
l’appel et la probabilité d’avoir une hypothèque augmente de 9% quatre
ans après l’appel.
Herbst conclut que le remboursement proportionnel au revenu a des effets
positifs sur la santé financière des anciens étudiants. Selon lui, ces
résultats illustrent les bénéfices liés à la flexibilité des ententes de
remboursements de la dette étudiante et montre l’importance de
considérer les effets comportementaux lors de leur conception.
_Pour en savoir plus:_
Herbst, D. (2023). The Impact of Income-Driven Repayment on Student
Borrower Outcomes. /American Economic Journal: Applied Economics/,
/15/(1), 1–25. https://doi.org/10.1257/APP.20200362
<https://doi.org/10.1257/APP.20200362>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Les cours préparatoires ont-ils un impact sur la participation
universitaire?*
Aux États-Unis plusieurs cours préparatoires (/Advance Placement
Course/) sont offerts aux étudiants du secondaire cherchant à augmenter
leurs chances d’être admis dans une institution d’enseignement supérieur
sélective. Conger, Long et McGhee (2023) évaluent l’effet des cours
préparatoires sur l’inscription universitaire.
Pour évaluer cet effet, les chercheurs ont élaboré une expérience par
assignation aléatoire. L’échantillon est composé de 1 800 étudiants
répartis à travers vingt-trois écoles secondaires aux États-Unis en 2012
dans lesquelles des cours préparatoires en science n’étaient pas
offerts. Ces étudiants ont été aléatoirement assignés soit à un cours
préparatoire en biologie, un cours préparatoire en chimie ou au groupe
contrôle. Les chercheurs ont ensuite évalué les variables d’intérêt à
l’aide d’un questionnaire et de données administratives de 2019 tirées
du NSC (/National Student Clearinghouse/).
Conger, Long et McGhee ne trouve aucun effet significatif entre la prise
de cours préparatoire en biologie ou chimie et les variables d’intérêts.
La prise de cours préparatoire n’affecte ni l’application à des
programmes de baccalauréat, ni l’inscription ou les résultats à l’examen
d’entrée (SAT), ou ni l’inscription universitaire en général.
Les auteurs soulignent toutefois que la majorité des étudiants ayant
suivi les cours préparatoires ont échoué l’examen associé à ce cours.
Conséquemment, il est probable que cet échec ait eu un effet délétère
sur les aspirations des étudiants. Les auteurs soulignent donc
l’importance d’offrir plus de soutien aux élèves avant même qu’ils
suivent les cours préparatoires afin de réduire les risques d’échec.
_Pour en savoir plus:_
Conger, D., Long, M. C., & McGhee, Jr. , R. (2023). Advanced Placement
and Initial College Enrollment: Evidence from an Experiment. /Education
Finance and Policy/, /18/(1), 52–73.
https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358 <https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
Novembre 2022// 11^e édition
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/Un condensé mensuel des dernières publications s//cientifiques//sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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·Le financement à la performance et la dette étudiante
·La prime salariale et le niveau des université
·Les défis des étudiants d'origine latino-américaine au Québec
Prenez note que la Veille de recherche en enseignement supérieur prendra
congé pour le temps des fêtes. Nous serons de retour en janvier!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
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Bonne lecture!**
*Quels sont les effets du financement à la performance sur la dette
**étudiante?***
Kelchenet coll. (2022) tentent déterminer l’effet despolitiquesde
financement basé sur la performance (FBP)sur la dette étudiante
américaine. La motivation des auteurs provient entre autres de
recherches antérieures qui montrent que les institutions affectées par
des politiques de FBP tendent à augmenter leurs frais de scolarité (Hu
et Villareal, 2019) ce qui pourrait avoir un effet sur la dette.
En utilisant les données provenant du ministère de l’éducation des
États-Unis, Kelchenet coll. (2022) construisent un échantillon composé
des universités américaines offrant des programmes de premier cycle de
deux ou quatre ans entre 1997 et2019. L’échantillon est composé de 571
universités à programme de quatre ans et 1 111 universités à programme
de deux ans. Afin d’identifier l’effet des FBP, les auteurs optent pour
une méthode de différence en différence. Le groupe traitement est
composédes universités ayant subi un changement de politique financement
vers le FBP et le groupe contrôle est composé des autres universités.
Les auteurs ont compilé les données sur la base deux modèles
statistiques, l’un à effet fixe et l’autre à deux étapes.
Les résultats de l’étude tendent à démontrer qu’il n’existe pas d’effets
significatif de l’adoption de politiques de FBP sur la dette étudiante.
Pour les universités à programme de deux ans, aucune des spécifications
de modèle ne montre d’effet significatif. Les résultats sont similaires
pour les universités à programmes de quatre ans. Toutefois, les auteurs
trouvent une augmentation significative de la dette étudiante pour les
étudiants n’étant pas récipiendaire d’aide financière (/Pell Grant/). Ce
résultat laisse penser que l’adoption de politiques de FBP peut avoir un
effet positif sur la dette des étudiants provenant de milieux plus aisés.
Les auteurs concluent que les résultats de leur recherche ouvrent la
voie à une plus grande analyse des politiques de financement à la
performance. Bien que le FBP n’augmente pas la taille de la dette
étudiante, les raisons de ce résultat ne sont toujours pas claires. Une
hypothèse à explorer selon les auteurs serait que le FPB améliore la
position des étudiants sur le marché du travail ce qui les placerait
dans de meilleures dispositions pour rembourser leur dette même si
celle-ci est plus grande.
_Pour en savoir plus:_
Kelchen, R., Ortagus, J., Rosinger, K. et Cassell, A. (2022). The
effects of state performance fundingpolicies on student loan debt.
/Economics//of Education Review/, 91, 102328.
_https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328_
<https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328>
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*Comment la prime salariale liée à une éducation supérieure
change-t-elle selon le niveau de **l’université?***
Gomez (2022) présenteles variations salariales en Colombie selon le
niveau académique des universités.
L’étude s’appuie sur une caractéristique particulière du système
d’éducation colombien,à savoir l’existence de tests standardisés avant
et après une éducation de premier cycle universitaire. Les résultats de
ce test permettent de donner une mesure des habiletés innées diplômés
universitaires et donc de l’isoler de l’effet de l’éducation universitaire.
En combinant des bases données administratives avec celle de
l’institution colombien qui prend en charge les tests standardisés,
Gomez (2022) a été en mesure de récolter un échantillon de 108 007
observations d’étudiants universitaires ayant participé au test
standardisé de fin de baccalauréat en 2011. La variable indépendante de
l’étude est le rang des 230 universités colombienne. Gomez (2022)
classifie le rang des universités en quartiles selon les résultats
moyens obtenus par les étudiants aux tests de raisonnement quantitatif
et lecture critique. La variable d’intérêt est le taux de rendement de
l’éducation selon l’équation de Mincer (1974) contrôléselonles habiletés
innées des diplômés, l’âge, le sexe, le domaine d’étude et l’emplacement
de l’université.
Les résultats obtenus par Gomez montrent une corrélation
significativepositiveentre lerang d’une université et la prime salariale
pour les personnes qui y étudient. En effet, le fait d’avoir étudié dans
une université du premier quartile est associé à une augmentation de
12,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire. À l’inverse, le
fait d’avoir étudié dans une université du dernier quartile est associé
à une réduction de 10,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire.
Gomez (2022) conclut qu’il existe un écart salarial lié au rang des
universités desquelles les travailleurs ont été diplômés. L’auteur
propose que les politiques d’enseignement supérieur devraient s’assurer
d’informer les étudiant des primes et pénalités salariales associées au
choix des institutions universitaires. D’autre part, une politique de
réduction des inégalités devrait s’efforcer d’améliorer les taux de
rendement des universités les moins bien cotées.
_Pour en savoir plus:_
Gomez, N. (2022). Returns to College Education in Colombia. /Higher
Education Policy/, 35(3), 692‑708.
_https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2_
<https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2>__
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*Quels sont les défis auxquels font face les étudiants d’origine
latino-américaine dans les universités **québécoises?***
L’intégration de certains groupes d’individu dans le milieu
universitaire est un défi pour plusieurs universités. Soares et Magnan
(2022) explorentcette problématique dans le cas des étudiants
universitaires d’origine latino-américaine au Québec.
L’étude des auteurs est un rapport qualitatif qui relate plusieurs
expériences universitaires d’étudiants latino-américains. La
méthodologie consiste en une série d’entrevues avec dix étudiants qui
ont entamé un programme de baccalauréat. Parmi ce groupe, six ont obtenu
leur diplôme, deux ont cheminé vers un programme de certificat et deux
autres ont arrêté leurs études complètement. Les entrevues étaient
semi-dirigées et pendant celles-ci les répondants étaient questionnés
principalement sur l’ensemble de leur parcours scolaire au Québec. Les
auteures ont procédé à une analyse inductive des réponses ainsi qu’à une
analyse détaillée des thèmes codée à l’aide du logiciel /QDA Miner/.
L’analyse faite par les auteurs fait ressortir plusieurs thèmes et
enjeux récurrents parmi les expériences relatées. Parmi ces thèmes, les
auteurs mentionnent un sentiment d’affiliation particulièrement faible
avec l’université. Cette perception serait le résultat d’une absence de
réseau et de sens de communauté dans le milieu universitaire selon
plusieurs répondants. Un autre des défis des étudiants latino-américains
serait la difficulté à comprendre et incorporer les exigences liées à la
charge de travail au baccalauréat. Certains étudiants ne se sentaient
pas assez accompagnés ou dirigés lorsque venait le temps des réaliser
des tâches académiques comme la rédaction de travaux de session. Les
auteures notent enfinque plusieurs étudiants ayant réussi leur
baccalauréat avaient mis en œuvre différentes stratégies pour y arriver
notamment en comptant sur le soutien de leur famille et en allant
explorer eux-mêmes les différentes ressources offertes par leur université.
Soares et Magnan (2022) concluent en proposant certaines améliorations
que les universités peuvent mettre en place pour aider les étudiants
latino-américains à relever les défis auxquels défis ils font face.
D’abord, elles proposent que les universités s’assurent d’offrir de
l’information plus claire à propos du fonctionnement de l’université
ainsi que des attentes envers les étudiants. D’autre part, les
universités devraient, selon les auteures, intégrer une politique du
/care/où l’importance des relations personnelles à l’intérieur de la vie
étudiante est priorisée.
_Pour en savoir plus:_
Soares, R. de O. et Magnan, M.-O. (2022). “I didn’t know what to do,
where to go”: The voices of students whose parents were born in Latin
America on the need for care in Quebec universities. /Canadian Journal
of Higher Education/, 1‑14.
_https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581_
<https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581>
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l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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·L'impact des programmes de soutien sur les choix de parcours universitaires
·La hausse des frais de scolarité et la progressivité des université
américaines
·Les examens d'admissions standardisés et l'égalité des chances
·L'impact de l'arrivée des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires
Bonjour à tous.
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Bonne lecture!**
*Comment aider les étudiants du secondaire à choisir leur parcours
universitaire?
*
Le choix entre l’inscription à un programme universitaire et le
placement sur le marché du travail fait l’objet de nombreux travaux. On
se questionne notamment à savoir pourquoi, à compétences égales, les
étudiants provenant d’une famille aisée choisissent de suivre un
parcours universitaire dans une plus grande proportion que les étudiants
d’autres familles. L’étude de Ballarino et coll. (2022) tente d’évaluer
ces décisions à la lumière des informations qu’ils reçoivent face à
l’enseignement supérieur. Pour y arriver, les chercheurs élaborent une
expérience à assignation aléatoire où l’information sur les choix de
programmes universitaires varie entre le groupe test et le groupe contrôle.
L’expérience a pris place à travers 62 écoles secondaires en Italie, se
concentrant sur les étudiants finissants leur diplôme. Les étudiants du
groupe traitement ont été rencontrés par des conseillers d’orientation
afin de les informer sur les coûts, le processus de sélection
universitaire et les opportunités d’emploi des différents programmes
d’étude universitaire. Chaque étudiant des écoles du groupe traitement
ont eu droit à trois séances d’information de deux heures chacune. Le
groupe contrôle n’a bénéficié d’aucune rencontre. Les auteurs ont
ensuite étudié la décision des étudiants de s’inscrire à l’université ou
non, et dans quel domaine d’étude. Les domaines étaient catégorisés
comme « faible », « intermédiaire » et « fort » selon leur probabilité à
générer des mesures favorables sur un ensemble d’indicateurs liés au
marché du travail incluant le taux de chômage, le taux d’activité et la
stabilité des emplois.
La campagne d’information a eu deux effets principaux. D’abord, la
campagne d’information a mené à une réduction des inscriptions
universitaires. Cet effet est particulièrement important chez les hommes
venant de familles moins éduquées ayant été exposé à l’intervention
alors qu’ils se sont inscrits à l’université dans une proportion qui est
de 5,5% inférieure. Il s’agit d’un résultat surprenant qui contredit les
recherches précédentes. Les auteurs attribuent ce résultat à la
structure du marché du travail italien où la présence de petites
entreprises à faible valeur ajoutée est plus grande qu’ailleurs.
Ensuite, parmi les étudiants s’étant inscrits à l’université, les
données montrent que l’intervention a mené à une augmentation des
inscriptions dans des domaines d’étude ayant une plus grand retour
salarial. Cet effet est particulièrement observable chez les femmes
provenant d’un milieu familial éduqué. Pour cette catégorie, le
traitement a mené à une augmentation des inscriptions dans les domaines
« intermédiaires » (+7,1%) tout en baissant les inscriptions dans les
domaines « faibles » (-4,6%). Ce résultat est quant à lui aligné avec
les précédentes études sur la question.
Les auteurs concluent que l’offre d’information sur les effets de
l’enseignement supérieur aux élèves du secondaire peut avoir des effets
permanents sur certains sous-groupes d’individus. Ces effets sont
toutefois modérés et pourraient ne pas s’aligner avec l’objectif de
politique publique d’augmentation de la participation à l’enseignement
supérieur, ou encore de mobilité sociale.
_Pour en savoir plus: _
Ballarino, G., Filippin, A., Abbiati, G., Argentin, G., Barone, C. et
Schizzerotto, A. (2022). The Effects of an Information Campaign beyond
University Enrolment: A Large-scale Field Experiment on the Choices of
High School Students. /Economics of Education Review/, 91, 102308.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102308
*Les hausses des frais de scolarité rendent-elles le système éducatif
moins progressif?
*
Aux États-Unis, les frais de scolarité universitaires ont augmenté
considérablement dans la dernière décennie, soulevant plusieurs débats
concernant l’accès à l’enseignement supérieur. Cook et Turner (2022)
contribuent à ce domaine d’étude en décrivant l’impact de la hausse des
frais entre 2012 et 2018 sur la progressivité des prix à l’enseignement
supérieur.
Lorsqu’on discute des prix de l’enseignement supérieur, une grande
attention est portée uniquement sur les frais de scolarités. Toutefois,
rappellent Cook et Turner (2022), une analyse complète doit aussi
comprendre les subventions que reçoivent les étudiants. En ce sens, le
fardeau fiscal des étudiants est déterminé par les frais de scolarité
nets, c’est-à-dire frais de scolarité moins les subventions, comme les
bourses d’études. De fait, le gouvernement fédéral a transféré près de
29 milliards $ US aux étudiants en 2019 à travers son programme de Pell
Grants et les états ont transféré près de 11,9 milliards $ US.
Les auteurs utilisent des données tirées du National Center for
Education Statistics (NCES) sur les frais et subventions aux étudiants
de 1987 à 2018, en portant une attention particulière à la période
2012-2018. L’approche empirique des auteurs repose sur une estimation
des frais de scolarité nets à l’aide d’une régression à moindre carrée
ordinaire où la variable indépendante est les frais de scolarité et la
variable dépendante est les frais de scolarité nets. Pour décrire la
progressivité des frais de scolarité, les auteurs observent comment les
coefficients de corrélation varient selon cinq catégories de revenus des
familles des étudiants (0-30k, 30k-48k, 48-k-75k, 75k-110k, et 110k+).
Les résultats obtenus par les auteurs montrent qu’il existe une certaine
progressivité dans le système des prix universitaire, en particulier
dans les établissements ayant une forte proportion d’activité de
recherche. Par exemple, dans les établissements les plus intensifs au
niveau de la recherche (qualifiés R1), les frais de scolarité nets des
étudiants les moins bien nantis augmentent de 0,30$ US par dollar
supplémentaire de frais de scolarité alors que ceux des étudiants les
mieux nantis augmentent de 0,73 $US par dollar supplémentaire de frais
de scolarité. Toutefois, cette progressivité tend à se dissiper dans les
établissements axés sur l’enseignement comme les collèges communautaires
(community colleges).
En regardant spécifiquement la période 2012-2018, les auteurs observent
que les frais de scolarité nets payés par les étudiants des familles
moins favorisées (revenu de moins de 110 000$) ont baissé dans tous les
types d’établissements. Parallèlement, ceux pour les étudiants provenant
des familles dans le premier échelon (plus de 110 000$) ont augmenté
dans les établissements de recherche R2 et les établissements sans
recherche.
Les auteurs concluent que la hausse des frais de scolarité observée dans
la dernière décennie n’a pas diminué la progressivité de la tarification
et l’a, au contraire, potentiellement améliorée en termes de frais de
scolarité nets. Ils soulignent toutefois que les universités
communiquent mal l’accessibilité des programmes de bourses aux étudiants
potentiels.
_Pour en savoir plus: _
Cook, E. E. et Turner, S. (2022). Progressivity of Pricing at US Public
Universities. /Economics of Education Review/, 88, 102239.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102239
*Les examens standardisés d’admission ont-ils un impact sur l’égalité
des chances?
*
Rosinger et coll. (2022) évaluent l’impact des admissions de candidats
en droit sur la base du Graduate Record Examination plutôt que sur la
base du Law school admission test. Ils évaluent comment ce changement
affecte la diversité et la sélectivité institutionnelle des facultés de
droit.
Pour identifier l’effet causal, les chercheurs emploient une méthode de
différence en différence. Les données étudiées par les auteurs
proviennent l’association du barreau américain (ABA) qui contient des
informations sur les admissions, inscriptions et pratiques d’aide
financière des facultés de droit. Les auteurs ont identifié un
échantillon de 57 facultés ayant procédé à une réforme des processus
d’admission entre 2016 et 2020. La variable indépendante de l’étude est
un indicateur dichotomique spécifiant si une faculté acceptait le test
GRE dans son processus d’admission ou non. Les variables dépendantes
sont le nombre d’étudiants de premières années étant noirs, hispaniques
ou autochtones (logarithmique), le nombre de candidats (logarithmique)
et le taux d’admission.
Les résultats obtenus par Rosinger et coll. (2022) montrent globalement
que l’intégration du test GRE dans les processus d’admission n’a eu
aucun effet statistiquement significatif sur la diversité des facultés
de droit. De plus, cette réforme a eu pour effet d’augmenter la
sélectivité des processus d’admission à cause de la hausse des
candidatures (de 6,6% à 9,5% selon les modèles) et de la baisse des taux
d’admission (de 2,4% à 2,9% selon les modèles).
Les auteurs concluent que l’effet des processus d’admission basés sur le
GRE sur la diversité et l’inclusion sont au mieux très faibles. À leurs
yeux il s’agit d’un changement qui n’offrent pas de solution à l’enjeu
égalité des chances.
_Pour en savoir plus:_
Rosinger, K. O., Ford, K. S., Posselt, J. et Choi, J. (2022). Exploring
the Impact of GRE-Accepting Admissions on Law School Diversity and
Selectivity. /The Review of Higher Education/, 46(1), 109‑144.
https://doi.org/10.1353/rhe.2022.0014
**
*Les diplômes de baccalauréat au niveau des collèges communautaires
peuvent-ils améliorer l’accès à l’enseignement supérieur?
*
Les collèges communautaires américains sont des institutions
d’enseignement supérieur offrant typiquement des certificats sur une
période d’étude de deux ans. Ces institutions ont été créées dans le but
d’élargir l’accès à l’enseignement supérieur tout en amélioration
l’adéquation entre enseignement et marché du travail. Pour améliorer ces
résultats, certains collèges communautaires ont commencé à offrir des
diplômes de baccalauréat d’une durée de quatre ans. Wright-Kim (2022)
examine l’effet des CCB (community colleges baccalaureate) sur
l’accessibilité de l’enseignement supérieur.
Pour réaliser l’étude, l’auteur établit une stratégie de différence en
différence pour identifier l’effet des CCB. L’échantillon utilisé est
composé de 702 collèges communautaires, dont 78 ayant mis en place des
CCB entre les années 1999 et 2019 et qui composeront le groupe
traitement. Wright-Kim a ensuite testé différents modèles pour une
grande variété de variables dépendantes telles que les inscriptions
totales, les inscriptions des personnes à faibles revenus et la
proportion des étudiants à faibles revenus.
Les résultats montrent un effet significatif de l’offre de CCB sur
l’inscription aux collèges communautaires. L’offre de CCB est associée à
une augmentation de 6% à 9,6% des inscriptions selon les modèles. Elle
s’accompagne aussi d’une augmentation de 11% à 16% d’étudiant en
équivalent temps plein selon les modèles. L’introduction des CCB semble
aussi avoir un impact important sur l’inscription des étudiants à faible
revenu. Celui augmente d’environ 15%.
À la lumière des résultats de son étude, Wright-Kim affirme que
l’introduction des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires leur permettraient de mieux remplir leur mission
d’accessibilité à l’enseignement supérieur. L’auteur recommande
d’ailleurs aux décideurs d’envisager d’augmenter l’offre de CCB dans les
collèges communautaires puisque cette pratique semble être en mesure
d’atteindre une multiplicité d’objectifs simultanément.
_Pour en savoir plus:_
Wright-Kim, J. (2022). The Impact of Offering Baccalaureate Degrees on
Institutional Enrollment in Community Colleges. /Community College
Review/, 00915521221125500. https://doi.org/10.1177/00915521221125500
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
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*Ce mois-ci :***
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·Les impacts d’une perte d’aide financière au mérite
·L’effet des programmes d’assistanat en ligne sur l’inscription
universitaire
·L’état de la dette étudiante des cycles supérieurs aux États-Unis
·L’impact de la réussite des examens de fin d’études sur le rendement
scolaire
La veille de recherche du GREPA a désormais un tout nouveau format!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Quels sont les impacts d’une perte d’aide financière au mérite pour les
étudiants de premier cycle?*
Bien que plusieurs études aient été menées sur l’impact socio-économique
de l’aide financière au mérite, peu de recherches ont été effectuées sur
la perte de celle-ci pendant un cycle d’études. Avec cet article,
Cummings et coll. (2022) espèrent combler ce manque. Les chercheurs
portent une attention particulière aux sous-groupes qui peuvent être
touchés le plus par ce phénomène, soit les noirs et les étudiants à
faibles revenus.
Les chercheurs se basent sur les données administratives de l’État du
Tennessee au cours de la période 2011-2014. Spécifiquement, leur base de
données inclut les étudiants qui en sont à leur premier semestre d’étude
et qui bénéficient alors d’une bourse HOPE. L’échantillon est composé de
43 786 étudiants. Pour identifier le lien causal, Cummings et coll.
(2022) utilisent des régressions s’appuyant sur une discontinuité. Ils
exploitent le seuil d’éligibilité au renouvellement de la bourse HOPE
fixé à une GPA de 2,75 après le premier semestre d’étude. Seuls les
étudiants près de ce seuil sont considérés. Les étudiants ayant une
moyenne inférieure et ayant perdu la bourse constituent le groupe
traitement alors que les étudiants ayant une moyenne supérieure et ayant
conservé la bourse constituent le groupe contrôle.
L’analyse des données montre que les étudiants ayant perdu l’accès à la
bourse HOPE ont 2,5% plus de chances d'arrêter leurs études la session
suivante. Il s’agit d’un effet qui est encore plus grand chez les
étudiants blancs dans le groupe de revenu le plus élevé. Chez les
étudiants noirs, la perte d’aide financière mène à une augmentation de
4,9% des chances de transfert vers un /community college/. Enfin, la
perte d’aide financière n’a pas d’effet négatif statistiquement
significatif sur la diplomation dans les délais habituels pour
l’ensemble de l’échantillon. Cependant, les étudiants noirs ont des
probabilités 15,5% plus basses de compléter leur baccalauréat s’ils ont
perdu l’aide financière.
Selon les auteurs, les effets négatifs de la perte d’aide financière
semblent se concentrer en grande partie chez les étudiants noirs.
Conséquemment, les auteurs suggèrent que des interventions ciblées
envers les étudiants noirs pourraient réduire de manière importante les
impacts de la perte d’aide financière au mérite.
_Pour en savoir plus : _
Cummings, K. M., Deane, K. C., McCall, B. P. et DesJardins, S. L.
(2022). Exploring Race and Income Heterogeneity in the Effects of State
Merit Aid Loss Among Four-Year College Entrants, /The Journal of Higher
Education/. https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2042155
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2042155>
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*Est-ce que les programmes d’assistanat en ligne augmentent les
inscriptions universitaires?*
La complexité des procédures d’inscription et d’accès à l’aide
financière est un obstacle majeur à l’accès à l’éducation supérieure,
notamment pour les groupes les plus défavorisés. Plusieurs programmes
d’assistanats visent à accompagner les étudiants de ce processus afin de
réduire ces barrières. Philips et Reber (2022) étudient l’effet de tels
programmes d’assistanat virtuels pour vérifier leur efficacité en termes
d’inscription universitaire.
Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont travaillé avec l’organisme
californien /EdBoost Education/ ayant mis en place le programme
d'assistanat virtuel V-SOURCE. Ce programme est composé de deux
variantes, soit le programme /Milestone/ qui donne accès à un site web
et une série d’outils en ligne et le programme /Complete /qui inclut en
plus un conseiller personnel accessible à travers la plateforme. Ce
programme avait préalablement ciblé des écoles secondaires de six
différents comtés, ce qui a permis aux chercheurs d’établir un
échantillon de 6 500 étudiants participants à l’étude. Seuls les
étudiants étant potentiellement éligibles à l’admission dans une
université faisaient partie de l’échantillon. Ces étudiants ont ensuite
été répartis en trois groupes: deux groupes traitements pour chacune des
variantes et un groupe contrôle n’ayant pas accès aux ressources en ligne.
Les résultats de l’étude montrent que le programme d’assistanat virtuel
au processus d’admission produit certains effets désirables pendant les
procédures liées aux admissions. Notamment, les étudiants bénéficiant du
programme tendent à se sentir soutenus lors au cours du processus (8%
plus pour la variante /Milestone /et 15,2% plus pour la
variante/Complete/). Les étudiants ayant achevé la variante /Complete
/étaient aussi 5,4% plus susceptibles que ceux du groupe contrôle
d’effectuer au moins deux demandes d’admission.
Les impacts des deux programmes sur le taux d’application à l’université
sont positifs et statistiquement significatifs à des intervalles de
confiance d’au moins 95%. Les variantes /Milestone /et /Complete/
augmentent respectivement de 2,5% et 3,4% les niveaux d’application
autodéclarés. Toutefois, aucune des deux variantes ne semble avoir
d’impact statistiquement significatif sur l’admission, l’inscription ou
la persistance universitaire des étudiants y ayant participé.
Les auteurs concluent que, bien que ces programmes d'assistanat virtuel
réduisent les barrières d’accession à l’université dans certains cas
(surtout chez les étudiants hispanophones), leurs effets restent
généralement très modestes. Conséquemment, ils soulignent des
interventions plus intensives devraient être envisagées.
_Pour en savoir plus: _
Phillips, M. et Reber, S. (2022). Does Virtual Advising Increase College
Enrollment? Evidence from a Random-Assignment College Access Field
Experiment. /American Economic Journal: Economic Policy/, /14/(3),
198‑234.<https://doi.org/10.1257/POL.20200515>https://doi.org/10.1257/POL.20200515
<https://doi.org/10.1257/POL.20200515>
*Quel est l’état de la dette étudiante américaine des cycles supérieurs
chez les minorités visibles?*
Aux États-Unis, les étudiants afro-américains et hispaniques sont de
plus en plus représentés au sein des cycles supérieurs. L’un des outils
qui auraient permis cette ascension est les prêts étudiants. Toutefois,
l’accès aux prêts étudiants vient avec son lot de conséquences. Webber
et Burns (2022) étudient l’une d’entre elles, soit l’accumulation de
dettes chez les étudiants de ces communautés.
Les auteurs cherchent à décrire l’évolution de la dette étudiante aux
cycles supérieurs. Pour y arriver, ils utilisent les données des
questionnaires de la /National Postsecondary Student Aid Study /des
années 2000 et 2016. Il s’agit d’échantillons de 9 660 et 23 350
étudiants pour 2000 et 2016 respectivement.
Parmi les constats plus généraux, on note une augmentation de l’emprunt
et de l’endettement pour tous les types d’universités (public, privé à
but non lucratif et privé à but lucratif) entre 2000 et 2016.
L’augmentation moyenne des emprunts pendant cette période était de 11
620 $US dans les institutions publiques et 13 110 $US dans les
institutions privées.
En se concentrant sur certains sous-groupes, le portrait étayé par les
chercheurs montre que les dettes des noirs et des hispanophones sont
particulièrement grandes. Par exemple, pour étudier dans des universités
privées en 2016, les étudiants noirs empruntaient plus de 22 000 $US que
les blancs et les hispanophones empruntaient plus de 16 000 $US que les
blancs.
Les chercheurs notent que d’autres études ont montré que plusieurs
effets indésirables étaient liés à l’accumulation de dettes étudiantes,
comme la réduction de l’intérêt de travailler dans la fonction publique
ou la baisse de participation à la vie civique.
_Pour en savoir plus:_
Webber, K. L. et Burns, R. A. (2022). The Price of Access: Graduate
Student Debt for Students of Color 2000 to 2016. /The Journal of Higher
Education/, /93/(6),
934‑961.<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quels sont les impacts de la réussite des examens de fin d’études sur
le succès postsecondaire?*
Dans plusieurs pays, les examens de fin d’études standardisés dans
certaines disciplines sont une étape commune pour les étudiants.
L’importance de ces examens est justifiée par l’idée que ces examens
améliorent les aptitudes et opportunités d’emplois des étudiants (Evers
& Walberg, 2002). Papay, Mantil et Murnane (2022) évaluent l’impact de
la réussite de tels examens sur le rendement scolaire des étudiants pour
vérifier si la théorie tient la route.
Pour y arriver, les chercheurs utilisent une base de données
longitudinale sur les étudiants du secondaire dans l’État du
Massachusetts sur la période 2003-2007 fusionnée avec les données du
/National Student Clearinghouse /(NSC) concernant l’inscription et la
diplomation des étudiants à l’université. Papay, Mantil et Murnane
(2022) utilisent des régressions s’appuyant sur une discontinuité. La
variable indépendante est le résultat à l’examen de mathématique de
dixième année alors que les principales variables dépendantes sont la
diplomation de l’école secondaire, l’inscription à l’université et la
diplomation de l’université. Pour bien analyser l’effet de la réussite,
seuls les étudiants ayant réussi ou échoué l’examen près du seuil de
réussite sont considérés dans les échantillons (N_1 = 35 304, N_2 = 25 284).
Les résultats obtenus montrent qu’il existe une relation positive entre
l’effet de traitement (réussite à l’examen) et la probabilité de
diplomation du secondaire. Cet effet est toutefois concentré au sein des
étudiants de familles à faibles revenus, où il monte à 3,3%. Quant à la
diplomation de l’université, la réussite à l’examen augmente de près de
1% sa probabilité, mais l’effet est cette fois-ci concentré chez les
étudiants de familles à hauts revenus (2,1%). D’autre part, la réussite
au test a aussi un effet différencié selon la classe sociale en ce qui
concerne l’inscription à l’université. Bien que la réussite à l’examen
augmente l’inscription de 2% chez les deux groupes, cette augmentation
se traduit par une plus grande probabilité d’inscription aux diplômes de
deux ans (/Two-year college/) chez les plus pauvres et par une plus
grande probabilité d’inscription aux diplômes de quatre ans (/Four-year
college/) chez les plus riches.
Les auteurs de l’étude concluent que leurs résultats tendent à démontrer
que la réussite aux examens de fin d’études a un impact positif sur les
rendements scolaires des étudiants. Bien qu’ils admettent que plusieurs
mécanismes semblent être à l’œuvre, les auteurs suggèrent que la
réussite agit comme un signal d’encouragement, surtout pour les
étudiants qui prévoyaient un échec. De surcroît, ils mentionnent
l’importance de trouver des formes alternatives d’encouragement à
l’éducation pour celles et ceux qui ne réussissent pas.
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_Pour en savoir plus:_
Papay, J. P., Mantil, A. et Murnane, R. J. (2022). On the Threshold:
Impacts of Barely Passing High-School Exit Exams on Post-Secondary
Enrollment and Completion. /Educational Evaluation and Policy Analysis/
https://doi.org/10.3102/01623737221090258
<https://doi.org/10.3102/01623737221090258>__
Evers, W. M. & Walberg, H. J. (Eds.). (2002). /School accountability/.
Hoover Institution Press.
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
veille(a)listes.grepa.ca
Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à
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Le retour des vacances rime également avec l’arrivée de l’édition d’août 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur. Celle-ci abordera les sujets suivants :
1. Pourquoi le taux de diplomation a-t-il augmenté au cours des 30 dernières années ?;
2. Financement à la performance : comment a-t-il évolué au cours du dernier quart de siècle;
3. Internationalisation de l’enseignement supérieur : tendance vers la mobilité étudiante en ligne ?;
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Toute l'équipe vous souhaite un bon retour au travail !
Pourquoi le taux de diplomation a-t-il augmenté au cours des 30 dernières années ?
Utilisant plusieurs vagues de sondages longitudinaux nationaux menés auprès d’étudiants de niveau secondaire et universitaire entre 1988 et 2013, Denning, Eide, Mumford, Patterson et Warnick (2022) évaluent l’évolution du taux de diplomation depuis le début des années 1990. Ils empruntent la même stratégie empirique que Bound, Lovenheim et Turner (2010), soit une décomposition de Blinder-Oaxaca identifiant les facteurs liés à cette augmentation.
Les résultats de Denning et al. (2022) montrent que les facteurs institutionnels et individuels n’expliquent pas la hausse du taux de diplomation. Le principal facteur se démarquant est la moyenne cumulative pondérée (GPA) des étudiants. Les auteurs constatent que celle-ci est en augmentation depuis les années 1990, mais que cette variation n’est pas expliquée ni par un changement dans les caractéristiques des étudiants ni dans leur préparation aux études universitaires (ex. : en passant plus de temps à étudier). Les auteurs remarquent également que les hausses de la moyenne cumulative ne sont pas observées dans les institutions privées à but lucratif.
Les auteurs concluent que, comme le financement par étudiant a diminué, il est peu probable que les universités américaines aient consacré plus de ressources aux aides pédagogiques. Ils tendent plutôt vers l’explication qu’on soit en train de voir les résultats d’une inflation des résultats scolaires, portés par les incitatifs à améliorer les taux de diplomation au niveau national.
Pour en savoir plus :
Denning, J. T., Eide, E. R., Mumford, K. J., Patterson, R. W., & Warnick, M. (2022). Why have college completion rates increased?. American Economic Journal: Applied Economics, 14(3), 1-29. (https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20200525)
Financement à la performance : comment a-t-il évolué au cours du dernier quart de siècle
Ortagus et al. (2022) définissent les grandes tendances des 24 dernières années en matière de financement à la performance (performance based funding – PBF) aux États-Unis. Ils fournissent également un accès public à une base de données détaillée du PBF depuis 1997 jusqu’à 2020 dans divers États. Celle-ci rassemble notamment des informations telles que les montants et les parts du financement alloué au PBF ainsi que les critères d’évaluation utilisés. Elle indique aussi si le PBF était simplement un bonus aux subventions de base ou s’il était la composante principale du modèle de financement des États. Les auteurs ajoutent également une distinction entre deux types de PBF : celui approuvé, mais non financé et celui approuvé et financé.
Les conclusions de cette étude descriptive révèlent que le PBF a connu trois vagues d’adoption depuis le dernier quart de siècle. Les deux premières, une lors des années 1990 et la seconde au milieu des années 2000, étaient d’importance moindre comparativement à celle qui a suivi la grande récession de 2008. Les auteurs notent aussi que les modalités des systèmes incluants du PBF varient énormément dans le temps. Il arrive fréquemment que, bien que du PBF soit implémenté une année, aucun financement n’y soit alloué lors de cette période.
Les auteurs estiment qu’à l’heure actuelle environ 6,1 milliards de dollars américains sont alloués au PBF en enseignement supérieur aux États-Unis, représentant environ 9% des subventions totales dans ce secteur. 41 États américains ont inclus au moins une fois du PBF dans leur mode de financement au cours des 24 dernières années et 32 l’ont conservé en 2020. Toutefois, la portion du financement public attribuée à ce type de financement au sein de chaque État reste minime : 50% des États l’utilisant allouent moins de 7% de leur financement au PBF. En outre, la plupart incluent des mesures protectionnistes limitant la perte financière occasionnée aux institutions en cas de non-atteinte des objectifs.
Les auteurs remettent également en question l’existence de deux systèmes distincts de PBF (1.0 et 2.0). Le PBF 1.0 est principalement associé à des bonus, alors que le deuxième est lié à l’atteinte de critères de performance. En effet, ils nuancent leur point de vue en indiquant que la part des fonds alloués à ce mode de financement est plus importante que la façon dont il est distribué.
Enfin, les critères utilisés afin de financer les établissements selon un fonctionnement PBF varient à travers le temps : désormais, on inclue plus d’objectifs liés à l’arrimage avec le marché du travail. Les auteurs remarquent aussi une tendance « choose your own adventure », où les institutions elles-mêmes choisissent sur quels critères elles veulent être évaluées.
Ortagus et al. concluent en suggérant que les difficiles années financières à venir pourraient donner lieu à une nouvelle vague d’adoption de systèmes de financement basés sur le PBF.
Pour en savoir plus :
Rosinger, K. O., Ortagus, J., Kelchen, R., Cassell, A., & Brown, L. C. (2022). New Evidence on the Evolution and Landscape of Performance Funding for Higher Education. The Journal of Higher Education, 1-34. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221546.2022.2066269)
Lien vers la base de données (https://informedstates.org/pbf-funding-policies-dataset-download)
Internationalisation de l’enseignement supérieur : tendance vers la mobilité étudiante en ligne ?
En raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs étudiants inscrits à un programme de mobilité internationale ont vu cette expérience transformée en une virtuelle. López-Duarte, Maley et Vidal-Suárez (2022) étudient la perception de ces étudiants par rapport à cette expérience, de même qu’à l’avenir de ce mode d’échange étudiant.
Les auteurs ont mené un sondage en ligne en juin 2020 auprès de 1194 étudiants de l’Université d’Oviedo en Espagne. Ceux-ci avaient, entre les années universitaires 2018-2019 et 2020-2021, participé à un programme de mobilité international standard ou, dans le cas de l’année 2020-2021, simplement été sélectionnés à participer.
Lors du début de la pandémie de COVID-19 en Europe en février 2020, les 297 étudiants enrôlés à ce moment dans un programme de mobilité internationale (PMI) ont dû choisir entre continuer leurs études dans leur pays d’accueil ou retourner en Espagne. Environ la moitié ont choisi la première option alors que la seconde moitié a choisi de poursuivre un programme de mobilité internationale virtuel (PMIV) dans leur pays d’origine.
Les auteurs ont constaté que la majorité (85%) des étudiants ayant choisi la deuxième option ont senti qu’ils ne sentaient pas faire partie de leur université d’accueil. Plus de la moitié ont aussi souligné la difficulté de se motiver à étudier seul en ligne. En outre, en comparant les deux types de cohortes, ceux ayant choisi l’option PMIV sont ceux qui ont atteint le niveau le moins élevé de développement personnel et professionnel. Toutefois, le développement de leur compétence langagière dépassait celui des cohortes restées dans un PMI standard. Enfin, les étudiants dans un PMIV n’ont pas relevé les difficultés techniques et informatiques comme étant un enjeu.
Quant à l’appréciation du programme, le sondage a révélé que 45% des étudiants considéraient qu’un PMIV était une alternative acceptable à un PMI dans le cadre d’une situation où le celui-ci n’est pas considérable (ex. : une pandémie mondiale). Toutefois, sans ces limitations, seulement 10% d’entre eux accepteraient une telle substitution.
Pour en savoir plus :
López-Duarte, C., Maley, J. F., & Vidal-Suárez, M. M. (2022). International mobility in higher education: students’ attitude to international credit virtual mobility programs. European Journal of Higher Education, 1-20. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21568235.2022.2068637)
L’édition de juin 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur abordera les sujets suivants :
1. L’impact de l’undermatching sur le taux de diplomation;
2. Les effets des pratiques pédagogiques à haut impact sur le taux de diplomation universitaire;
3. Les politiques de transferts entre universités : à quel point les interfaces en ligne appuient-elles les étudiants dans ce processus ?;
4. L’étude de la modélisation de l’allocation de la charge de travail universitaire : la problématique et les enjeux associés.
La veille de recherche en enseignement supérieur sera mise sur pause durant le mois de juillet, pour revenir en force dès le mois d’août.
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
L’undermatching : quel impact sur le taux de diplomation ?
Gansemer-Topf, Downey, et Genschel (2020) étudient le concept de surqualification à l’admission, c’est-à-dire le phénomène où des étudiants choisissent de s’inscrire à une université où les critères de sélection sont en deçà de leur capacité. Les auteurs se concentrent sur les caractéristiques de ces étudiants liées à l’obtention du diplôme.
Les auteurs utilisent deux bases de données nationales américaines pour établir les caractéristiques académiques et financières de ces étudiants, soit la Education Longitudinal Study de 2002 et la Beginning Postsecondary Students de 2004. Ils utilisent le Barron’s Selectivity Ratings pour classer les établissements.
Gansemer-Topf et al. identifient ensuite les étudiants qui sélectionnent des universités en deçà de leur niveau académique. Les auteurs regroupent les étudiants surqualifiés en deux groupes sur la base d’une analyse en composantes principales. Le premier groupe est lié à la réussite au secondaire alors que le second est lié au milieu socioéconomique. Les auteurs incluent notamment le niveau de mathématiques le plus difficile atteint au secondaire, de même que le plus haut niveau de scolarité des parents. Ils ajoutent également un indice d’intégration sociale ainsi qu’un index d’intégration académique après une année complète à l’université et une variable indiquant si le premier établissement fréquenté était une université offrant des programmes de quatre ans [qui correspondent au baccalauréat au Québec]. Les auteurs ont retenu le modèle statistique ayant le critère d’information d’Akaike (AIC) le plus élevé.
En termes de résultats des auteurs, retenons que plus un étudiant fréquente une université ayant des critères de sélection faible, plus faible est leur probabilité d’obtenir un diplôme. Les caractéristiques associées à l’obtention du diplôme dans les délais prescrits sont le fait d’être une femme, le fait de s’inscrire à une université offrant des programmes d’une durée de quatre ans, le fait d’avoir suivi des cours préparatoires aux calculs différentiel et intégral et le fait d’être intégré socialement au sein de l’établissement. Fait important, les variables d’ordre financières ne sont pas ressorties comme étant significatives, indiquant que le choix des étudiants surqualifiés ne semble pas influencé par des contraintes monétaires.
La méthodologie statistique est cependant assujettie à la critique. Rappelons que le critère d’Aikake n’est qu’une mesure évaluant la capacité d’une régression à reproduire un échantillon (comme le R-carré). Ce faisant, il n’est garant d’aucun lien de cause à effet. À ce titre, les résultats liant la surqualification à la probabilité d’obtention d’un diplôme suggèrent une relation causale inversée.
Pour en savoir plus :
Gansemer-Topf, A. M., Downey, J., & Genschel, U. (2020). Overcoming undermatching: Factors associated with degree attainment for academically undermatched students. Journal of College Student Retention: Research, Theory & Practice, 22(3), 402-424. (http://Overcoming%20undermatching:%20Factors%20associated%20with%20degree%2…)
Quel effet ont les pratiques pédagogiques à haut impact sur le taux de diplomation universitaire ?
Johnson et Stage (2018) se questionnent sur l’efficacité de certaines pratiques de grandes universités publiques américaines sur le taux de diplomation universitaire. L’Association of American Colleges and Universities (AAC&U) identifiaient, en 2008, dix pratiques estimées à « haut impact » afin de favoriser la réussite scolaire des étudiants. Les autrices ont exploré l’impact de ces mesures sur la diplomation. Parmi les pratiques mises de l’avant, on note la tenue de séminaires dédiés aux étudiants de première année, la création de communautés d’apprentissage, le développement de cours favorisant la rédaction, l’encouragement aux travaux collaboratifs, l’intégration d’étudiants de premier cycle en recherche, la production d’un projet de fin de formation (capstone projects), le suivi de stage, les échanges internationaux et l’accès à de l’aide pédagogique.
Les autrices utilisent des données provenant de l’Integrated Postsecondary Education Data System (IPEDS) et du Barron’s Profile of American Colleges (2015). Elles utilisent également un sondage envoyé aux responsables administratifs et pédagogiques de 244 institutions publiques. Il mesure le niveau d’intégration et d’accessibilité de ces pratiques au sein des établissements.
Les autrices utilisent plusieurs modèles de régression en moindres carrés ordinaires pour estimer les résultats. Les autrices n’ont pas de stratégie d’identification de lien de cause à effet. Leurs résultats suggèrent qu’aucune mesure n’a un impact sur le taux de diplomation. Dans le modèle jugé le plus pertinent, incluant des variables de contrôle institutionnel, la seule pratique statistiquement significative - la tenue de séminaires dédiés aux premières années - suggère un impact négatif, signifiant que son implantation mène à une baisse du taux de diplomation.
Enfin, les autrices notent que le nombre de pratiques implantées n’est pas corrélé avec le taux de diplomation, indiquant qu’une sélection soignée des pratiques à instaurer au sein d’un établissement serait potentiellement plus efficace.
Pour en savoir plus :
Johnson, S. R., & Stage, F. K. (2018). Academic engagement and student success: Do high-impact practices mean higher graduation rates?. The Journal of Higher Education, 89(5), 753-781. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221546.2018.1441107)
Les politiques de transferts entre universités : à quel point les interfaces en ligne appuient-elles les étudiants dans ce processus ?
Schudde, Bradley et Absher (2020) explorent comment les ressources numériques associées aux transferts interuniversitaires d’étudiants sont conviviales. S’intéressant plus particulièrement au cas des institutions texanes, elles ont mené des entrevues auprès du personnel chargé de ces tâches dans 20 community colleges. Leur recherche comprend deux angles : la perception des employés quant à la valeur de l’information disponible en ligne et l’utilité effective de cette information.
Au total, 26 membres du personnel dans 18 établissements différents ont été interviewés durant l’année 2016. En plus des entrevues, les autrices analysent les site web de chaque établissement afin d’évaluer le degré de facilité d’accès et leur utilité. Les autrices développent deux indices allant de 1 à 5 pour chacun de ces aspects, 1 étant la pire note possible et 5, la meilleure. Le degré de facilité d’accès est mesuré par une simulation de recueil d’informations d’un étudiant : le nombre de pages différentes, l’usage de la barre de recherche du site web, l’usage de Google en dernier recours et le besoin de retourner en arrière en cas d’emprunt d’un chemin erroné. Le niveau d’utilité est déterminé en fonction du détail des informations fournies, de même qu’une évaluation (subjective) de la qualité. Par exemple, une page incluant des liens brisés ou ne menant qu’à la page d’accueil du site web de l’université faisait baisser le niveau de qualité de l’information.
Leurs résultats suggèrent que le site web de la moitié des établissements étudiés offre des informations faciles d’accès et près de la moitié contiennent des informations considérées très utiles. Toutefois, les autrices notent que la plupart des sites web incluent des liens brisés et des informations incomplètes. Les entrevues ont révélé que le personnel des institutions a de la difficulté à trouver rapidement les informations nécessaires sur leur propre site web. De même, les répondants notent que dans plusieurs cas, l’information fournie en ligne n’est pas destinée aux étudiants, mais au personnel d’autres universités, sans aucune mention du public ciblé. Les employés indiquent également que la meilleure manière d’obtenir des informations claires et précises est de rencontrer un conseiller. Cependant, seuls neuf établissements sur les 20 étudiés incluaient les coordonnées du personnel à contacter.
Schudde et al. recommandent de garder les sites web à jour et d’effectuer une révision de leur plateforme numérique. Elles recommandent également de communiquer avec les institutions dont elles sont partenaires afin de leur fournir des informations exactes et claires à propos de leur établissement. Renforcer les liens entre les institutions serait également bénéfique. Enfin, les autrices suggèrent que les stratégies de communication concernant les transferts devraient également inclure les réseaux sociaux.
Pour en savoir plus :
Schudde, L., Bradley, D., & Absher, C. (2020). Navigating vertical transfer online: Access to and usefulness of transfer information on community college websites. Community College Review, 48(1), 3-30. (https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0091552119874500)
L’étude de la modélisation de l’allocation de la charge de travail universitaire : la problématique et les enjeux associés
Crisp (2022) explore la question de la distribution des tâches académiques au sein des universités, plus particulièrement le rôle de la personne responsable d’effectuer cette distribution. L’autrice utilise le cadre conceptuel de Bacchi, What’s the problem represented to be?, afin de cibler comment les gestionnaires universitaires allouent les tâches au sein de leur unité. Pour ce faire, 48 articles, deux rapports et trois communications présentées lors de conférences sont analysées selon les six questions proposées par le cadre. La majorité de ces articles provient de pays appartenant au Commonwealth, principalement l’Australie et le Royaume-Uni.
Les universités font face à une quantité limitée de ressources, que ce soit le temps de travail, le nombre d’employés ou le nombre d’heures allouées aux contrats. En outre, les charges de travail doivent être considérées comme étant justes et possibles à compléter durant l’année. Ces contraintes rendent nécessaire l’élaboration de modèles servant à optimiser l’allocation des charge de travail. Ces modèles servent notamment à de justifier les coûts de main-d’œuvre liés à leurs activités en fournissant des références communes à l’ensemble des établissements. Toutefois, les contraintes pédagogiques, qui affectent principalement les étudiants, ne sont pas prises en compte. Ceux-ci peuvent donc sortir perdant d’une allocation de travail donnée. De plus, Crisp note que de nombreuses tâches informelles ne sont pas comprises dans le calcul des tâches à accomplir. Notamment, on s’attend plus fréquemment des femmes professeures qu’elles accomplissent des tâches classifiées comme des « tâches ménagères académiques », amplifiant les enjeux d’équité. Enfin, peu d’incitatifs sont mis en place afin de revoir comment les charges de travail sont allouées.
L’autrice conclut en indiquant que la recherche future sur le sujet devrait se concentrer sur ce que peuvent faire les cadres intermédiaires, souvent pris entre l’arbre et l’écorce, qui doivent satisfaire les besoins parfois contradictoires du personnel administratif et du personnel enseignant.
Crisp, B. R. (2022). Academic workloads: what does a manager need to consider?. Journal of Higher Education Policy and Management, 1-16. (https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0091552119874500)