*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Septembre 2023
18^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* La charge d'étude et la réussite scolaire
* Le lien entre les informations sur les revenus et la préférence
politique concernant les frais de scolarité
* Les réseaux de connaissance à l'université et la réussite sur le
marché du travail
* La planification financières des établissements universitaires
Bonjour à toutes et tous!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
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*****Comment la charge d’étude affecte-t-elle les résultats académiques?*
La plupart des études sur la question de la charge d’étude à
l’université tendent à montrer qu’une hausse de celle-ci a un impact
positif sur les résultats scolaires. Phipps et Amaya (2023) réalisent
une première étude par sélection aléatoire sur ce sujet et arrivent à la
conclusion inverse.
L’étude se concentre sur les étudiants de l’académie militaire de West
Point aux États-Unis. Les auteurs utilisent les données administratives
de l’université portant sur les résultats académiques de 19 192
étudiants de première, deuxième et troisième années de 2001 à 2019.
Chaque semestre par étudiant est un point de donnée, ce qui porte la
taille de l’échantillon à 106 814 observations.
Les auteurs utilisent une particularité de West Point où les étudiants
se font attribuer aléatoirement par l’administration une charge de cours
additionnelle allant de zéro à deux crédits universitaires.
Crucialement, les étudiants n’ont pas le choix d’accepter cette charge
de cours supplémentaire. Cette configuration reproduit une expérience
naturelle par sélection aléatoire et permet d’identifier l’effet causal
de la charge d’étude.
Les auteurs peuvent ainsi recréer un groupe traitement composé des
semestres étudiants ayant reçu une attribution d’un ou deux crédits
supplémentaires et un groupe contrôle composé de ceux n’en ayant reçu
aucun. Deux variables d’intérêt principales sont mesurées par les
chercheurs, soit la note globale (GPA) pour les cours obligatoires et la
probabilité d’échouer au moins un cours.
Les résultats montrent que la charge de travail supplémentaire se fait
au détriment des résultats scolaires. L’attribution d’une charge d’étude
est associée à une baisse de la note globale de 0,03 à 0,05 pour un
crédit supplémentaire et de 0,06 à 0,11 pour deux crédits
supplémentaires. Quant à la probabilité d’échec, elle augmente 0,3% à
0,5% pour un crédit supplémentaire et de 0,5% à 1,0% pour deux crédits
supplémentaires.
Les auteurs que concluent que, toutes choses égales par ailleurs, la
charge de cours et la réussite scolaire se substituent l’un à l’autre.
Conséquemment, des politiques visant à augmenter le temps d’études
devraient aussi inclure des moyens de réduire les charges de temps des
activités non académiques des étudiants.
_Pour en savoir plus :_
Phipps, A., & Amaya, A. (2023). Are Students Time Constrained? Course
Load, GPA, and Failing. Course Load, GPA, and Failing. Journal of Public
Economics, 225, 104981. https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104981
**
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***Les préférences politiques concernant les frais de scolarité
dépendent-elles des informations sur les revenus?*
**
Les frais de scolarité sont un enjeu de politique publique et à cet
égard leur niveau est partiellement déterminé par les préférences
politiques des citoyens. Lergetporer et Woessmann (2023) tentent de
vérifier comment les croyances et les informations concernant les
bienfaits privés de l’éducation universitaire affectent les préférences
par rapport au niveau des frais de scolarité.
Les auteurs réalisent une expérimentation par sondage en cinq vagues.
Les vagues de sondage ont eu lieu en Allemagne au cours des mois d’avril
et juillet des années 2014-2017 et 2020. Les individus répondant aux
sondages ont été scindés en quatre groupes, soit trois groupes
traitements qui ont reçu des informations sur les bienfaits de
l’éducation universitaire et un groupe contrôle qui n’en a pas reçu. Les
auteurs visaient des tailles de 1 000 individus par groupes par sondage,
ce qui leur a permis d’obtenir un échantillon de 15 412 observations.
La variable d’intérêt de l’étude est mesurée par une question du sondage
qui demandait aux participants s’ils étaient en faveur ou en défaveur
avec l’idée que les étudiants paient des frais de scolarité. Les
variables indépendantes étaient mesurées selon les informations sur les
bienfaits de l’enseignement supérieur que recevaient les différents
groupes traitement. Le premier groupe traitement était informé de la
prime salariale des étudiants universitaires. Le second groupe recevait
des informations à propos de la hauteur des dépenses gouvernementales
couvrant les frais de scolarité. Enfin, le troisième groupe recevait des
informations concernant la disparité de l’accès aux études
universitaires en fonction du statut socioéconomique des individus.
Les résultats montrent que certaines informations ont des effets
importants sur les préférences politiques des citoyens. Lorsque les
individus sont informés des primes salariales liées à l’éducation
universitaire, le pourcentage d’appui pour une politique de frais de
scolarité augmente de 8,1%. Toutefois, il n’y a pas de changement
significatif d’appuis à une politique de frais de scolarité lorsque les
individus sont informés des dépenses publiques ou des statistiques
d’accès à l’enseignement supérieur. Selon les auteurs ces résultats
suggèrent que les campagnes d’information sont des outils
potentiellement importants en vue de procéder à des réformes de
politiques de financement des universités.
_Pour en savoir plus : _
Lergetporer, P., & Woessmann, L. (2023). Earnings information and public
preferences for university tuition: Evidence from representative
experiments. Journal of Public Economics, 226, 104968.
https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104968
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*Quel est l’impact de la formation d’un réseau de connaissances à
l’université et la réussite sur le marché du travail?
*
Est-ce que le réseau social développé lors des études universitaires
influence le niveau d’accomplissement sur le marché du travail ? C’est
le sujet des récents travaux d’Ilyés et Sebők (2023). Leur échantillon
couvre le parcours de 7 899 étudiants universitaires hongrois entre 2010
et 2017. Les chercheurs utilisent des données de panel provenant du
Centre d'études économiques et régionales (Centre for Economic and
Regional Studies), couvrant 50% de la population hongroise. Le niveau de
détail des données permet de connaître tous les programmes dans lesquels
un individu s’est inscrit, en fonction des semestres, de l'université
ainsi de son lieu de résidence. Les auteurs ont également des
informations sur les emplois occupés par les individus, de même que le
nom de leur employeur, leur salaire, la durée des emplois et le statut
de chômage.
Comme il n’est pas possible d’observer directement les liens sociaux que
créent les étudiants, les auteurs utilisent les cohortes de chaque
programme et université pour chaque semestre comme proxy. Ils étudient
l’impact d'avoir des pairs (c.-à-d. des étudiants de la même cohorte)
travaillant pour des employeurs potentiels en fonction de plusieurs
variables telles que la possibilité d'être engagé, le salaire horaire,
le prestige et la durée de l'emploi. Ils emploient une régression de
probabilité linéaire pour étudier la possibilité d’être engagé ainsi que
des modèles de régression linéaire à effet fixes pour les autres variables.
Les résultats de l'étude révèlent que les étudiants ayant des contacts
dans les entreprises où ils ont été embauchés bénéficient d'avantages
significatifs. Les étudiants ayant des connexions professionnelles au
sein de leur entreprise ont des revenus 12% plus élevés que ceux n’en
ayant pas. Cependant, cet effet disparaît lorsque l'on compare des
individus avec et sans liens sociaux au sein de la même firme. Les
auteurs en concluent que les contacts universitaires favorisent
l'embauche de personnes dans des entreprises où les nouveaux diplômés
(et probablement tous les travailleurs) gagnent généralement plus.
Les étudiants ayant des contacts dans les entreprises où ils ont été
embauchés occupent également des postes plus prestigieux, avec une
augmentation du prestige allant de 2,3% à 4,5%. Ces étudiants ont
également 1,6 fois plus de chances de rester au moins 1 à 2 ans au même
endroit. Enfin, la probabilité d'être embauché dans une entreprise
augmente de manière faible, mais quand même significative si des pairs y
sont déjà embauchés (+0,02%). Cet effet est cependant plus marqué pour
les liens créés au baccalauréat et dans des cohortes plus petites.
_Pour en savoir plus: _
Ilyés, V., & Sebők, A. (2023). University peers and career prospects:
The impact of university ties on early labor market outcomes. Economics
of Education Review, 96, 102456.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102456
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quels sont les étapes d’une bonne planification financière des
établissements universitaires?
*
Bien que la planification financière des universités soit un défi
complexe, certains outils comme la modélisation de scénario financier
(financial scenario modelling) permettent de rendre ce processus plus
simple. Afin d’appuyer les universités dans cette démarche, Cropper et
Cowton (2023) identifient les cinq étapes clés à cette modélisation,
appliquée au contexte universitaire du Royaume-Uni.
La première étape se concentre sur la sélection d’un logiciel approprié
pour la modélisation de scénarios financiers. Bien qu’Excel soit une
option régulièrement préférée par les établissements, les auteurs
soulignent quand même que d’autres logiciels peuvent être empruntés,
tels qu’Oracle BI ou Axiom.
La deuxième étape aborde l'identification des variables essentielles à
inclure dans le modèle. Les auteurs mentionnent la prise en compte de
certaines variables critiques pour le financement telles que les frais
de scolarité des étudiants nationaux et internationaux. Ils notent
également qu’une modélisation du lien entre le nombre d’étudiants et le
financement peut s’avérer utile à un établissement, étant donnée
l’importance de ce facteur dans les revenus des universités. C’est
pourquoi les auteurs proposent de suivre également l’évolution du taux
de rétention des étudiants ainsi que de ce qui influence leur
recrutement. Ils mentionnent également de ne pas oublier de prendre en
compte l’inflation lors de la planification sur plusieurs années.
La troisième étape se penche sur la construction du modèle. Les auteurs
recommandent l'utilisation de formules mathématiques pour lier et
modéliser les différentes variables. Une distinction entre les coûts
fixes et variables est préconisée, et il est recommandé de procéder à
plusieurs itérations pour affiner le modèle. La quatrième étape traite
de l’implantation du modèle. Les auteurs soulignent l’importance de
choisir un degré de sophistication approprié, balançant entre les
bénéfices de la simplicité d’un modèle et le niveau de détail qu’il peut
offrir. Ils suggèrent d’étudier un petit nombre de variables qui ont le
plus grand impact sur le financement. C’est également à ce moment que
l’institution choisit un scénario de base, duquel les analyses de
sensibilité seront basées.
Enfin, la cinquième étape se concentre sur l'évaluation continue du
modèle. Les administrateurs devraient réévaluer celui-ci à intervalle
régulier, en prenant en compte les commentaires des agents impliqués
dans l’utilisation du modèle.
_Pour en savoir plus : _
Cropper, P., & Cowton, C. J. (2023). Financial scenario modelling: a
guide for universities. Journal of Higher Education Policy and
Management, 1-14. https://doi.org/10.1080/1360080X.2023.2256627
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion de la veille de recherche en enseignement supérieur
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Août 2023
18^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Aide financière et persistance scolaire au Chili
* L'aide financière et l'obtention du diplôme au Brésil
* Les échecs d'accès à l'aide financière en Allemagne
* Le resserrement d'admissibilité à l'aide financière en Italie
Bonjour à toutes et tous! Nous vous proposons ce mois-ci une veille de
recherche axée sur les programmes d'aide financière aux études.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
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*********Les étudiants obtenant de l’aide financière sont-ils plus
persistants?***
**
Au cœur des enjeux entourant l'accès et la réussite universitaire, la
question de l'effet des prêts étudiants sur la persévérance demeure un
sujet d'intérêt majeur. Card et Solis (2022) étudient l'impact des prêts
étudiants sur la persévérance universitaire au Chili. Leur recherche
vise à évaluer comment l'éligibilité à un programme de prêts influence
les taux de diplomation et de rétention des étudiants.
Les auteurs se penchent sur l'effet spécifique de l'admissibilité au
programme de prêts chilien en se concentrant sur les étudiants de
première année universitaire qui repassent le /Prueba de Selección
Universitaria/ (PSU), un examen national d'admission à l'université. Les
étudiants dont le revenu familial se situe en dessous du 80e percentile
et qui obtiennent un score de 475 points au PSU deviennent éligibles à
un prêt couvrant 85% des frais de scolarité pour la durée restante de
leurs études universitaires. Le design particulier de ce programme
permet l'utilisation d'une méthodologie de régression en discontinuité
pour comparer le parcours universitaire des étudiants juste en dessous
et juste au-dessus de ce seuil.
Pour ce faire, les auteurs combinent des bases de données relatives aux
étudiants ayant passé le PSU avec des registres administratifs de
l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur chiliens. Cette
approche leur permet de suivre les étudiants même en cas de changement
d'institution, notamment s'ils décident de quitter l'université pour
s'inscrire à un programme de formation professionnelle (équivalent au
diplôme collégial technique au Québec). L’échantillon de cette étude
comprend 3 627 étudiants. Les auteurs soulignent que cette
sous-catégorie d’étudiants n’est pas représentative de l’ensemble de la
population universitaire, étant donné leurs plus faibles résultats
scolaires.
Les résultats montrent que l’admissibilité aux prêts est associée à une
augmentation significative des taux de réinscriptions dès la deuxième
année et jusqu’à cinq ans après la première inscription, correspondant à
la durée standard d’un baccalauréat au Chili. Plus précisément, les
étudiants marginalement admissibles présentent un taux de rétention
supérieur de 21 points de pourcentage par rapport à leurs pairs
marginalement non admissibles après la première année. Cette tendance se
maintient jusqu’à l’obtention du diplôme où les étudiants marginalement
admissibles ont un taux de diplomation 12 points de pourcentage plus
élevés. De plus, les auteurs observent une réduction du transfert vers
les écoles de formation professionnelle chez les étudiants bénéficiant
des prêts.
Fait notable, la transformation des prêts en bourses, une option
accessible aux étudiants atteignant un score de 550 points au PSU et se
situant dans le bas du 2e quintile du revenu familial, n’a aucun impact
sur le taux de réinscription ni sur le taux de diplomation. Les auteurs
interprètent ce résultat comme démontrant l’effet causal des prêts, qui
consiste à alléger les contraintes financières à l’enseignement
supérieur. Une fois ces contraintes levées, la décision de se réinscrire
n’est pas influencée par le coût de l’éducation universitaire, du moins
pour les étudiants issus de familles à faible revenu.
_Pour en savoir plus :_
Card, D., & Solis, A. (2022). Measuring the effect of student loans on
college persistence. /Education Finance and Policy/, 17(2), 335-366.
https://doi.org/10.1162/edfp_a_00342
**
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*
*
***L’aide financière rend-elle l’obtention du diplôme plus probable?***
Face au défi de l'accessibilité à l'enseignement supérieur pour les
étudiants issus de milieux défavorisés, la question de l'efficacité des
programmes d'aide financière étudiante (AFE) dans la promotion de la
réussite universitaire demeure une préoccupation majeure. L'étude menée
par Tenório de Freitas e Silva et Menezes Bezerra Sampaio (2023) se
penche sur l'impact du /Permanence Scholarship Program/ (PSP) sur la
durée des études et le taux de diplomation des étudiants brésiliens. Le
PSP est une bourse mensuelle destinée aux étudiants à faibles revenus,
offerte dans le cadre d’un programme plus vaste d'aide financière, le
/University for all Program/ (PROUNI).
L'étude comprend des étudiants inscrits dans des universités privées au
Brésil, avec des données recueillies à partir des recensements annuels
en enseignement supérieur colligé par la /Nacional Institute of Research
and Study Anísio Teixeira/ (INEP) de 2010 et 2017. Les auteurs ont ainsi
pu suivre le parcours de l’ensemble des étudiants brésiliens admissibles
au PROUNI pendant sept ans. La méthodologie adoptée par les auteurs
repose sur une analyse de survie, prenant la forme de trois approches
distinctes : l'estimateur de Kaplan-Meier, les risques concurrents et la
régression de Cox.
L’étude révèle que les étudiants bénéficiant du PSP ont réduit d'un an
la durée moyenne de leurs études. De plus, une augmentation
significative de la probabilité de diplomation dans les délais prévus
est observée, avec une augmentation de 9 points de pourcentage pour
l'obtention du diplôme en 3 ans et une augmentation de 7,6 points de
pourcentage pour la diplomation en moins de 4 ans. Cependant, malgré ces
améliorations, les étudiants bénéficiaires du PSP présentent une durée
d'études plus longue en comparaison avec la moyenne générale, prenant
environ six ans pour achever leur diplôme, contre trois ans pour les
autres étudiants. Par ailleurs, certaines catégories d'étudiants
bénéficient davantage du PSP, notamment les femmes, les personnes âgées
de plus de 30 ans et les récipiendaires de bourses de mérite, qui
présentent de plus grandes chances de réussir leur diplôme universitaire
dans les délais impartis.
_Pour en savoir plus : _
Tenório de Freitas e Silva, P. & Menezes Bezerra Sampaio, L.(2023). Does
student aid make a degree more likely? Evidence of the permanence
scholarship program from survival models. /International Journal of
Educational Development/, 96, 102697.
https://doi.org/10.1016/j.ijedudev.2022.102697
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*
*
***L’aversion à la dette et le programme de prêt des étudiants allemands*
Le gouvernement allemand a mis en place un généreux programme d’aide
financière aux études (BAföG), où 50% de cette allocation est composée
d'une subvention, tandis que les 50% restants consistent en un prêt à
taux d'intérêt nul. Malgré ces conditions avantageuses, seulement 28%
des étudiants éligibles profitent de ce programme. Fidan et Manger
(2022) tentent de trouver les explications probables à ce phénomène.
Se fondant sur l’état actuel de la littérature, les auteurs identifient
des échecs potentiels d’anticipation économique de la part des étudiants
qui pourrait influencer le faible taux d’application à la BAföG. Parmi
ceux-ci, l’information imparfaite, l’aversion au risque et à la dette
ainsi que le rôle des revenus étudiants sont déterminés comme des
facteurs pouvant expliquer cette situation. Fidan et Manger (2022)
construisent dans un premier temps un modèle microéconomique reflétant
le processus décisionnel des étudiants en incluant ces échecs. En
ajustant les paramètres à des niveaux vraisemblables, les auteurs
réalisent des simulations où 63,52% des individus éligibles n’appliquent
pas à la BAföG, ce qui correspond plus au moins aux niveaux observés.
Afin de tester leurs hypothèses, les auteurs utilisent les données
tirées du /German Socio-Economic Panel/ (GSOEP). Ce panel comprend des
informations sur 9170 étudiants allemands de 2001 à 2013. Les auteurs
restreignent leur échantillon à 412 étudiants étant éligibles à la BAföG
et dont les données socio-économiques sont complètes. En utilisant une
régression Probit groupée, les auteurs identifient des corrélations
entre la probabilité d’application à l’aide financière (variable
dépendante) et différents indicateurs socio-économiques (variables
indépendantes) tels que le revenu étudiant, celui des parents, et les
préférences aux risques et à la dette.
Les résultats de la régression montrent que le revenu des parents est
hautement corrélé avec la décision d’obtenir de l’aide financière,
montrant une surévaluation de leur importance dans le programme. Une
augmentation de 1% du revenu parental est associée à une augmentation de
34,4% de ne pas appliquer au soutien financier. Une hausse du revenu
étudiant est aussi faiblement associée à la non-application (+ 2,5%).
Finalement, le fait d’avoir une grande aversion au risque est associé à
une augmentation de 12,2% dans la probabilité de ne pas réclamer d’aide
financière. Les auteurs concluent en soutenant qu’une politique d’aide
financière visant à soutenir les étudiants les plus pauvres sans
discrimination à l’égard de leurs caractéristiques psychologiques doit
prendre en considération les comportements observés et s’assurer de bien
communiquer les informations concernant les risques.
_Pour en savoir plus: _
Fidan, M. & Manger, C. (2022). Why do German students reject free money?
/Education Economics/. 30:3, 303-319.
https://doi.org/10.1080/09645292.2021.1978937
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*
*
*Les effets du resserrement de l’admissibilité aux prêts et bourses sur
la réussite académique*
La plupart des programmes d’aide financière aux études (AFE) ont des
critères d’admissibilité basés sur les besoins afin de répondre à des
impératifs d’équité. Toutefois, en y attachant des critères basés sur le
mérite, les programmes peuvent devenir plus efficaces. Minaya, Agasisti
et Bratti (2022) étudient l’impact d’un tel changement survenu dans un
programme d’AFE en Italie.
En 2011, à la suite de coupes budgétaires, le programme d’AFE de la
région de Lombardie a resserré ses critères d’admissibilité pour le
maintien de l’aide financière après la première année d’étude. Le nombre
minimum de crédits réussi dans la première année est passé de 25 à 35
(sur 60). Les chercheurs ont concentré leur attention sur l’université
polytechnique de Milan (ci-après PoliMi) au cours de la période 2008 à
2018. À l’aide des données administratives de cet établissement, un
échantillon de 27 000 étudiants a été isolé.
Afin d’estimer l’impact du changement de règle, les chercheurs ont
utilisé un design de régression par différence-en-différence. Ils
comparent les données des étudiants bénéficiant de l’aide financière
(groupe traitement) à celles des étudiants n’en ayant pas bénéficié
(groupe contrôle). Les variables d’intérêts observés par les chercheurs
portaient principalement sur des indicateurs de réussite académique tels
que le nombre de crédits complétés, les notes moyennes, le taux de
rétention des étudiants et la probabilité de diplomation dans les délais
normaux.
Les auteurs montrent que le resserrement des règles d’admissibilité à un
effet globalement positif sur la réussite académique. À court terme, on
observe une hausse de 1,8 crédit complété lors de la première année
ainsi qu’une hausse de 0,3 de la note globale des étudiants. À plus long
terme, la probabilité de diplomation dans les délais normaux augmente de
9%. Toutefois, la réforme est aussi liée à des effets négatifs,
notamment pour les étudiants à « habiletés plus faibles » qui ont vu
leurs résultats académiques décliner. Enfin, il est important de noter
que, comme l’étude porte sur un seul établissement d’enseignement, la
validité externe des résultats est limitée.
_Pour en savoir plus : _
Minaya, V., Agasisti, T., & Bratti, M. (2022). When need meets merit:
The effect of increasing merit requirements in need-based student aid.
/European Economic Review/, 146, 104164.
https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2022.104164
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Juin 2023
17^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
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* Étudiants étrangers et marché du travail
* Les décisions de financement de l'enseignement supérieur pendant
la Covid-19
* L'effet des règles d'accès à l'assurance-emploi sur la diplomation
* L'accès au domaine d'étude préféré et les résultats académiques
Notre équipe fera une pause pour l'été. Nous serons de retour en septembre.
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*
**L’effet des étudiants étrangers sur l’offre de travail
*
L’internationalisation devient un aspect de plus en plus important des
systèmes d’enseignement supérieur. Beine et coll. (2023) se penchent sur
cette problématique en estimant l’apport à l’offre de travail causé par
l’influx d’étudiants étranger aux États-Unis.
Pour réaliser cette estimation, les auteurs se concentrent sur les
données portant sur les effectifs universitaires américains provenant du
Integrated /Postsecondary Education Data System/ (IPEDS) ainsi que celle
sur les caractéristiques de l’immigration obtenus auprès du US
Citizenship and Immigration Services (USCIS) pour la période allant de
2003 à 2017. En combinant les deux bases de données, les auteurs
parviennent à constituer un échantillon de 1 048 575 observations
d’étudiants étrangers ayant obtenu un visa de travail temporaire d’une
durée d’un an à la suite de l’obtention de leur diplôme. La variable
dépendante de l’étude correspond au nombre d’étudiants étrangers
diplômés qui ont été embauchés grâce à un visa temporaire alors que la
variable indépendante est représentée par le nombre d’étudiants
internationaux.
Afin de déterminer l’effet des étudiants étrangers sur le marché du
travail, les auteurs utilisent une stratégie d’identification causale
par régression linéaire empruntant la méthode par variables
instrumentales. Ils utilisent la variation entre les frais de scolarité
des étudiants internationaux et locaux pour estimer la part d’étudiants
internationaux dans les universités. Cette variation représente la
variable instrumentale non corrélée avec la variable dépendante.
Les résultats indiquent que 8% des bacheliers et 23% des diplômés de
maîtrise originaire de l’étranger obtiennent un premier emploi aux
États-Unis à la suite de leur diplomation. Lorsqu’on ventile en fonction
du programme, on observe une plus grande tendance à l’emploi des
diplômés provenant de programmes de STIM (sciences, technologies,
ingénierie et mathématiques) par rapport aux autres domaines d’étude. Ce
résultat est lié à une réforme importante concernant ce groupe en 2008,
qui a augmenté la durée des visas des diplômés de domaines STIM. La mise
en place de cette réforme est associée à une augmentation de 6,5% du
taux de premier emploi aux États-Unis des étudiants touchés.
Les auteurs concluent que l’influx d’étudiants étrangers a des impacts
importants sur le marché du travail national. De plus, ils soutiennent
que la conception des politiques migratoires dans ce domaine peut
contribuer à soutenir l’offre de travailleurs qualifiés sur le marché du
travail.
_Pour en savoir plus : _
__
Beine, M., Peri, G., & Raux, M. (2023). International college students’
impact on the US skilled labor supply. /Journal of Public Economics/,
223, 104917. https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2023.104917
**
*La prise de décision concernant les fonds en enseignement supérieur
dans un contexte déficitaire*
La pandémie de Covid-19 aura créé une pression importante sur la
gouvernance de l’enseignement supérieur. Gándara et coll. (2023) ont
profité de ce contexte pour étudier le processus décisionnel
gouvernemental concernant l’enseignement supérieur dans un contexte de
resserrement budgétaire important.
Dans une situation de récession, les économies des pays développés ont
tendance à réduire les budgets dédiés à l’enseignement supérieur. C’est
effectivement ce qui s’est produit en 2020 pendant la pandémie de
Covid-19 en Californie et au Texas. Les auteures cherchent à cibler les
déterminants des décisions relatives au financement de l’enseignement
supérieur dans ces cas spécifiques. Elles se concentrent notamment sur
la description des choix des décideurs en ce qui concerne le financement
de l’enseignement supérieur par rapport aux autres dépenses (p. ex.
enseignement primaire ou secondaire). De plus, elles examinent les choix
de dépenses au sein du budget de l’enseignement supérieur, tels que le
financement des établissements et l’aide financière aux étudiants). Le
choix du Texas et de la Californie comme cas d’étude est motivé par le
contraste idéologique que ce tandem représente, le premier État étant
plus conservateur et le second étant plus progressiste.
Les données de cette étude proviennent de deux sources. Premièrement,
les auteures ont réalisé 28 entrevues avec des acteurs clés des
gouvernements texan et californien. Deuxièmement, elles ont procédé à
l’analyse de 69 documents politiques liés aux processus décisionnels de
ces juridictions.
En Californie, les budgets pour l’enseignement supérieur ont été réduits
de 15% en 2020. Les décideurs ont décidé de prioriser l’aide financière
plutôt que le soutien aux établissements. Au Texas, le budget pour
l’enseignement supérieur a plutôt été réduit de 5%. Le Texas a aussi
attribué une plus grande part de son budget dans le soutien aux
établissements que la Californie.
Plusieurs tendances émergent de l’analyse de ces décisions de
financement. D’abord, les /community colleges/ ont été protégés des
coupes dans les deux États. Les auteures avancent que les liens
relativement étroits entre les dirigeants de ces collèges et les
décideurs ont mené à ce résultat. Ensuite, la décision de la Californie
de prioriser l’aide financière aurait été motivée par la pression de
groupes sociaux (notamment des étudiants et des parents) qui étaient
influents parmi la base électorale des décideurs. Enfin, les auteures
ont observé des différences notables entre les discours des décideurs
texans et californiens. Au Texas, les décideurs semblaient accorder une
importance centrale à la « valeur économique » de l’enseignement
supérieur. En Californie, les décisions ont plutôt été prises en tenant
compte à la fois de la valeur économique et des considérations d’équité
envers les groupes marginalisés.
Les auteures concluent que leurs résultats ont des implications en
matière de politiques publiques. Les périodes de contraction budgétaire
peuvent devenir une fenêtre d’opportunité pour les groupes voulant
défendre les /community colleges/. En outre, plusieurs décideurs
semblent enclins à s’appuyer sur le financement privé des universités en
temps de crise.
_Pour en savoir plus : _
Gándara, D., Billings, M. S., Rubin, P. G., & Hammond, L. (2023). “One
of the Weakest Budget Players in the State”: State Funding of Higher
Education at the Onset of the COVID-19 Pandemic. /Educational Evaluation
and Policy Analysis/. https://doi.org/10.3102/01623737231168812
***Quel est le lien entre les règles d’assurance-emploi et la diplomation?*
Les politiques publiques relatives au marché du travail peuvent exercer
une influence considérable sur les choix individuels en matière de
scolarité, particulièrement en enseignement supérieur. Cockx et coll.
(2023) examinent l’impact d’un changement dans les règles
administratives de l’assurance-emploi en Belgique sur les résultats
académiques.
En 2015, la Belgique adopte une réforme des règles d’assurance-emploi
dont l’objectif était de renforcer les incitatifs à l’emploi. Elle
modifie notamment « l’allocation d’activation », qui permet à un
individu qui quitte le système scolaire (suite à la diplomation ou
l’abandon) de percevoir des revenus pendant un an ou jusqu’à ce qu’il se
trouve un emploi. L’un des changements principaux amenés par la réforme
a été de réduire l’âge d’éligibilité à l’allocation d’activation de 29
ans à 24 ans.
Pour évaluer l’impact de ce changement, les chercheurs utilisent une
méthode de différence-en-différence. Ils utilisent les données
administratives des ministères de l’Enseignement supérieur des régions
linguistiques flamande et francophone. Leur échantillon, d’une taille de
252 009 observations, inclut les étudiants de nationalités belges âgés
de 22 et 24 ans au 31 décembre 2014. Le groupe contrôle de cet
échantillon est composé des étudiants de 22 ans qui ne perdent leur
éligibilité que deux ans plus tard. Le groupe traitement est composé des
étudiants de 24 ans qui perdent leur éligibilité immédiatement. Les
chercheurs ont ensuite analysé l’évolution des indicateurs académiques
des deux groupes au cours des deux années suivant la réforme.
Les résultats montrent que la réforme a eu un effet bénéfique sur la
rétention des étudiants. La réforme a causé une augmentation de 2,2% de
l’obtention de diplôme universitaire. D’autre part, elle est aussi
associée à une baisse de 1,1% de l’abandon des études. Les auteurs
notent aussi que les effets de la réforme étaient plus marqués dans la
région flamande que la région francophone.
Alors que l’objectif de la réforme belge est d’inciter les étudiants au
travail, celle-ci entraîne aussi une augmentation de la rétention des
étudiants à l’université. Les auteurs soulignent que, bien que cette
réforme apporte des bénéfices clairs au marché du travail belge, elle
induit probablement une baisse du bien-être liée à la perte des
allocations. Les effets de cette baisse devraient être étudiés plus en
détail pour avoir un portrait global des effets de la réforme.
_Pour en savoir plus: _
Cockx, B., Declercq K. & Dejemeppe M. (2023). Tightening eligibility
requirements for unemployment benefits. Impact on educational
attainment. /Economics of Education Review/.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102424
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*La préférence du domaine d’étude et ses impacts sur les résultats
académiques*
La performance académique est l’objet de plusieurs études dans le
domaine de l’enseignement supérieur. La capacité à s’inscrire dans son
champ d’études préféré est susceptible d’avoir un effet potentiel à cet
égard. Berlingieri et coll. (2023) examinent cette hypothèse dans le cas
spécifique des étudiants allemands.
Les auteurs utilisent les données provenant du /National Education Panel
Study/ (NEPS) concernant des étudiants de première année au premier
cycle en Allemagne lors du semestre d’hiver 2010/2011. Dans ce
questionnaire, on demande entre autres aux participants d’identifier
leur champ d’études préféré parmi les 59 champs possibles en Allemagne.
Les étudiants participent au questionnaire pendant trois ans.
L’échantillon final comprend 3 916 étudiants.
Pour identifier l’effet de la préférence du champ d’études, les auteurs
utilisent un devis de recherche par variable instrumentale. Ils
construisent un modèle permettant d’estimer la possibilité des étudiants
d’étudier dans leur champ d’études préféré sur la base de
l’accessibilité de ce champ d’études dans la région où résident leurs
parents. L’estimation de la préférence du champ d’études est la variable
instrumentale non corrélée aux variables d’intérêts qui sont les
résultats académiques.
Les résultats obtenus concordent avec la littérature scientifique sur la
question et montrent que d’étudier dans le bon champ d’études est
important pour la réussite. En effet, cela réduit la possibilité
d’abandon du programme de 20% et l’abandon universitaire de 11%. Cela
augmente aussi le niveau de diplomation dans les délais normaux de 25%.
D’autre part, lorsqu’on observe les caractéristiques socio-économiques
des étudiants, on réalise que ces chiffres affectent particulièrement
ceux issus de milieux défavorisés et les hommes.
En guise de conclusion, les auteurs soulignent que l’accès aux domaines
d’étude préféré demeure un déterminant important du succès académique,
particulièrement chez les individus provenant de milieux défavorisés. À
cet égard, ils ajoutent que s’assurer d’avoir des places dans tous les
programmes dans l’ensemble des régions pourrait aider à améliorer la
réussite académique.
_Pour en savoir plus : _
Berlingieri, F., Diegmann, A., & Sprietsma, M. (2023). Preferred field
of study and academic performance. /Economics of Education Review/, 95,
102409. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102409
**
Une image contenant texte, signe Description générée automatiquement**
**
Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
**
**
Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
veille(a)listes.grepa.ca
Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Mai 2023
16^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
* Financement à la performance et réussite scolaire
* L'impact des établissements universitaires sur l'innovation
scientifique
* L'information à l'admission et le parcours académique
* Les effets des programmes d'inscription double
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*
Le financement à la performance et la réussite scolaire*
Chan, Mabel et Mbekeani (2023) examinent comment le financement basé sur
la performance (FBP) affecte les écarts de réussite scolaire entre les
étudiants blancs et les étudiants appartenant à une minorité visible.
L'étude se concentre sur une période de onze ans (2004-2015) dans les
États du Tennessee et de l’Ohio. Ces juridictions ont introduit des
politiques de financement basées sur la performance (en 2009 pour l’Ohio
et 2010 pour le Tennessee). L’étude utilise des données tirées du
/Integrated Postsecondary Education Data System /(IPEDS) portant sur la
quasi-totalité des universités privées et publiques des deux États.
Parmi les informations contenues dans cette base de données, on retrouve
des indicateurs tels que le nombre annuel de certificats et de diplômes
délivrés par chaque établissement d'enseignement, ventilés selon le
groupe ethnique des diplômés. Au total, les auteurs ont recueilli des
données provenant d'un panel de 1 250 établissements.
Afin de mesurer l'impact des politiques de FBP, les auteurs utilisent
une méthode de contrôle synthétique. Cette approche repose sur la
création d’un modèle qui estime les indicateurs de réussite scolaire
tels que l’obtention de diplômes de premier cycle et la durée de la
scolarité dans les États étudiés en l’absence de politiques de FBP. Les
données générées par ce modèle représentent ainsi les scénarios «
contrefactuels ». Ces scénarios sont ensuite utilisés comme groupe
contrôle avec lequel les données réelles sont comparées.
Les résultats indiquent que la mise en œuvre du FBP semble exacerber les
écarts de réussite entre les étudiants de différentes ethnies. En effet,
l'étude montre qu’à la suite de l’implantation du FBP dans un État, le
nombre de diplômes accordés aux étudiants appartenant à une minorité
visible reste stable ou diminue alors que le nombre de diplômes accordés
aux étudiants blancs reste constant ou augmente. À noter qu’on observe
le même résultat, peu importe le type de certification accordée
(certificat d’étude postsecondaire, diplôme de baccalauréat de 2 ans ou
de 4 ans).
Selon les auteurs, les résultats de recherche antérieurs révélant de
faibles effets du FBP sur la réussite masquent l’hétérogénéité des
effets. Les auteurs avancent l’hypothèse que cette diversité d’effets
peut s’expliquer par la capacité institutionnelle variable des
établissements à répondre à ces politiques. Les établissements les mieux
équipés à répondre correctement aux normes d’équité sont aussi ceux qui
ont une moins grande proportion d’étudiants appartenant à une minorité
visible.
_Pour en savoir plus : _
__
Chan, M., Mabel, Z., & Mbekeani, P. P. (2023). Incentivizing Equity? The
Effects of Performance-Based Funding on Race-Based Gaps in College
Completion. The Journal of Higher Education, 1-33.
https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2082762
**
*Quels sont les liens entre l’innovation locale et l’établissement de
campus universitaires?*
Matthew Andrews (2023) s'intéresse à l'impact des établissements
d'enseignement supérieur sur l'invention locale aux États-Unis. Plus
précisément, l’auteur cherche à comprendre comment l’arrivée d’une
institution d’enseignement supérieur dans une localité affecte son
écosystème d’innovation.
La méthodologie de cette étude repose sur une analyse empirique de
l'impact des campus universitaires établis aux États-Unis. Étant donné
que l'effet sur l'innovation peut se manifester à long terme, l’étude se
limite aux institutions créées entre les années 1839 à 1954. La variable
étudiée est la création de brevets au niveau des comtés (county) où se
situent les universités et les données administratives relatives à cette
variable sont disponibles depuis l'année 1836.
Dans le but d'évaluer les impacts de l'établissement des institutions
d'enseignement supérieur, l'auteur emploie une méthode de régression par
différence-en-différence. Afin de garantir la présence d'un groupe de
contrôle, l'auteur sélectionne uniquement les institutions pour
lesquelles des informations qui indiquent que la création du campus
aurait pu avoir lieu dans un comté différent. Ces alternatives de
localisation (désignées comme "runner-up" selon la terminologie de
l'auteur) constituent le groupe de contrôle, tandis que les emplacements
réels des institutions forment le groupe de traitement. Grâce à cette
recherche historique, l'auteur parvient à sélectionner 64 institutions
d'enseignement supérieur sur la période étudiée.
Les résultats indiquent que l'établissement d'un campus universitaire
dans un compté mène à une augmentation significative du nombre de
brevets enregistrés dans cette région, haussant leurs nombres de 48%.
Cette augmentation est toutefois un effet indirect puisque seulement 5%
des brevets des comtés sélectionnés proviennent d’individus affiliés à
l’institution en question.
Un des mécanismes par lesquels cette augmentation est possible est la
croissance de la population, comme le souligne l’auteur. En effet,
l’établissement d’une institution d’enseignement supérieur est associé à
une augmentation de la population de 49% par rapport au groupe contrôle.
Conséquemment, il est probable qu’une politique visant la croissance
démographique ait le même impact sur l’innovation qu’une politique
visant l’implantation d’une université
_Pour en savoir plus : _
Andrews, M. J. (2023). How do institutions of higher education affect
local invention? Evidence from the establishment of US colleges.
American Economic Journal: Economic Policy, 15(2), 1-41. DOI:
10.1257/pol.20200320
<https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20200320>
***Comment l’information à l’admission affecte-t-elle le parcours
académique?*
Ma et coll. (2023) examinent l’effet d’un surplus d’information
concernant les politiques d’admission à l’université sur les choix de
parcours académiques des étudiants. Cet article présente les résultats
d'une expérience menée en Chine dans le but d’évaluer l'impact de
réformes récentes en matière d'admission à l'université.
En Chine, une réforme a changé le fonctionnement du cursus au premier
cycle dans plusieurs universités en 2020. Les étudiants ont maintenant
l’opportunité d’avoir une année de collège (un cheminement offrant
beaucoup de flexibilité en termes de choix de cours) suivi de trois ans
de baccalauréat dans une discipline spécifique. Il s’agit du parcours
college-then-major qui est l’alternative au parcours college-major (dans
lequel les étudiants doivent choisir immédiatement leur discipline de
baccalauréat).
Les auteurs ont exploité ce cadre pour élaborer une expérience par
assignation aléatoire. Dans un premier temps, ils ont rassemblé un
échantillon de 11 424 étudiants ayant obtenu leur diplôme d’études
secondaires et passé les épreuves d'entrée à l'université dans 268
différentes écoles réparties dans 28 provinces chinoises. Les auteurs de
l’étude ont ensuite séparé aléatoirement cet échantillon en un groupe
contrôle (n = 2 875) et trois groupes traitements (T1, T2 et T3). Chacun
des groupes traitement a par la suite reçu des informations
supplémentaires concernant les possibilités du parcours
college-then-major. Le groupe T1 recevait une liste de toutes les
disciplines spécifiques. Le groupe T2 recevait cette liste ainsi qu’une
explication des bénéfices du parcours college-then-major. Enfin, le
groupe T3 recevait la liste ainsi qu’une explication du mécanisme de
sélection dans le parcours college-then-major et des incertitudes qui y
sont associées.
Les résultats montrent que certaines des informations fournies aux
étudiants ont un impact sur leurs décisions quant à leur parcours
académique. En particulier, les étudiants qui reçoivent des informations
concernant les bénéfices (T2) du parcours college-then-major ont une
probabilité 6,2% plus élevée de choisir ce parcours. On n’observe pas de
différence significative entre les étudiants des autres groupes
traitement et le groupe contrôle. Toutefois, lorsqu’on se concentre sur
les étudiants qui disent avoir trop peu d’informations (avant
l’expérience), tous les groupes traitement choisissent le parcours
college-then-major dans une proportion plus élevée que le groupe contrôle.
Les auteurs estiment que les résultats obtenus revêtent des implications
significatives en matière de politiques publiques. Tout d'abord, ils
mettent en évidence l'importance de l'accès à l'information afin
d'améliorer la prise de décision des étudiants. Ensuite, ils montrent
que l'efficacité d'une campagne d'information est maximisée lorsqu'elle
cible spécifiquement les groupes confrontés à des obstacles d’accès.
_Pour en savoir plus: _
Ma, L., Li, X., Zhu, Q., & Ye, X. (2023). College-major choice to
college-then-major choice: Experimental evidence from Chinese college
admissions reforms. Economics of Education Review, 94, 102380.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102380
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les nombreux effets des programmes d’inscription double*
Schaller et coll. (2023) s’intéressent à la question de l’inscription
double (dual enrollment) à l’université et de ses effets entre autres
sur la réussite académique. Il s’agit d’un phénomène en forte croissance
aux États-Unis qui permet aux étudiants de niveau secondaire de
s’inscrire à un ou des cours où ils reçoivent des crédits à la fois de
niveaux secondaire et universitaire. Ces cours sont généralement offerts
par des universités publiques.
Dans le but d'identifier les effets les plus importants de cette
pratique sur les résultats académiques, Schaller et coll. (2023)
procèdent à une revue systématique de la littérature ainsi qu'à une
méta-analyse portant sur la recherche en matière d'inscription double.
Le processus de sélection des articles adopté par les auteurs se fonde
sur les méthodologies décrites dans Cardona et col. (2023) de même que
Tranfield et coll. (2003). Dans leur étude, les auteurs ont restreint
leur recherche aux études quantitatives qui examinaient les effets de
l'inscription double sur diverses variables d'intérêt, permettant ainsi
d'identifier ces effets. On retrouve parmi ces variables la note globale
des étudiants, le délai de diplomation ainsi que les taux d’inscription
et de diplomation universitaire après 2 et 4 ans. Les auteurs ont retenu
40 articles et rapports à la suite de ce processus. De ces publications,
162 ampleurs d’effet (effect sizes) de l’inscription double ont été
retenues. Ces ampleurs d’effets font l’objet de la méta-analyse des
auteurs.
Les résultats montrent des effets positifs des programmes d’inscription
double sur la réussite des étudiants. L’effet moyen des programmes
d’inscription double sur la note globale (GPA) est de +0,15 (sur 4).
Similairement, l’effet moyen sur le nombre de crédits universitaires
obtenus est de +0,50. Les programmes d’inscription double réduisent
aussi le temps d’étude avant la diplomation d’environ 11 jours en
moyenne et 1,05 le nombre de semestres inscrit à l’université.
Les auteurs parviennent à la conclusion que l'inscription double est un
outil susceptible de réduire les coûts pour les étudiants et les
universités, en raison de ses effets sur la durée des études. En outre,
ce type de programme permet aux établissements en enseignement supérieur
de consolider leurs efforts de recrutement auprès des élèves de niveau
secondaire.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Schaller, T. K., Routon, P. W., Partridge, M. A., & Berry,
R. (2023). A Systematic Review and Meta-Analysis of Dual Enrollment
Research. Journal of College Student Retention: Research, Theory &
Practice. https://doi.org/10.1177/15210251231170331
_Aussi cité: _
Cardona, T., Cudney, E. A., Hoerl, R., & Snyder, J. (2023). Data mining
and machine learning retention models in higher education. Journal of
College Student Retention: Research, Theory, and Practice, 25(1), 51–75.
https://doi.org/10.1177/1521025120964920
Tranfield, D., Denyer, D., & Smart, P. (2003). Towards a methodology for
developing evidence-informed management knowledge by means of systematic
review. British Journal of Management, 14(3), 207–222.
https://doi.org/10.1111/1467-8551.00375
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Avril 2023
15^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'enseignement en ligne et la procrastination des étudiants
* L'effet de l'encadrement individuel à l'université
* L'impact des frais de scolarité sur les étudiants étrangers
* Les réseaux de pairs de même ethnicité à l'université et la
réussite professionnelle
Ce mois-ci, la veille de recherche en enseignement supérieur porte une
attention particulière sur l'étude de certains facteurs de réussite à
l'université.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
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Bonne lecture!**
*Les effets de l'enseignement en ligne sont-ils amplifiés par la
procrastination?*
****
La popularité de l’enseignement universitaire en ligne a pavé la voie à
une grande renouée des chercheurs pour le sujet. De Paola, Gioia et
Scoppa (2023) étudient l'interaction entre la procrastination et
l’enseignement en ligne et leurs effets sur la réussite académique. En
somme, les auteures cherchent à savoir si les problèmes académiques liés
à la procrastination sont exacerbés par l’enseignement en ligne.
Les auteures étudient ce phénomène en utilisant les données
administratives de l’université Calabria située dans le sud de l’Italie.
Ces données portent sur quatre cohortes d’étudiants, soit celles ayant
commencé leur baccalauréat en 2016/2017 jusqu’à 2019/2020. Les données
portent sur les quatre années d’étude de ces cohortes. L’échantillon
complet est donc composé de 23 283 étudiants et 96 361 observations.
Bien que les activités d’enseignement soient généralement offertes en
ligne, la pandémie de COVID-19 a forcé l’université Calabria à offrir
exclusivement des cours en ligne pour la majeure partie du semestre
d’hiver 2020. Les auteures exploitent ce changement de méthode pour
effectuer une régression par différence en différence. Elles comparent
la différence des résultats aux examens des semestres d’hiver 2017, 2018
et 2019 à ceux de 2020.
Pour évaluer le niveau de procrastination, les auteures construisent une
variable basée sur le comportement des étudiants lors du processus
d'inscription au baccalauréat. Au début de ce processus, l’université
notifie tous les étudiants admis exactement à la même date. La variable
/Procrastination /attribue une valeur de 0 aux étudiants ayant complété
l’inscription dans les sept jours suivants la notification et une valeur
allant jusqu’à 6 pour les étudiants s’inscrivant à la dernière minute.
Les auteurs estiment qu’il s’agit d’un bon proxy pour évaluer le degré
de procrastination d’un étudiant. À leur analyse, les auteures intègrent
aussi des variables de contrôle par rapport aux cas de COVID-19 et à
l’accès internet afin d’isoler les effets liés à la pandémie elle-même.
De Paola, Gioia et Scoppa (2023) trouvent un impact négatif de
l’enseignement en ligne sur la réussite académique de l’ensemble des
étudiants. Le changement vers un l’enseignement en ligne est associé à
une réduction de 1,43 crédit réussi. Lorsqu’on porte attention aux
étudiants qui ont tendance à procrastiner, le changement vers les cours
en ligne est associé à une réduction de 1,77 crédit réussi. Les auteures
affirment que les résultats suggèrent bel et bien que les cours en ligne
ont des effets négatifs pires pour les étudiants qui procrastinent. À
cet effet, elles proposent d’étudier plus en détail les impacts de
programmes visant à améliorer l’auto-organisation de ces étudiants.
_Pour en savoir plus : _
De Paola, M., Gioia, F., & Scoppa, V. (2023). Online teaching,
procrastination and student achievement. /Economics of Education
Review/, 94, 102378. https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102378>
**
*L’encadrement individuel améliore-t-il la réussite à l’université?*
De plus en plus de soutien pédagogique est offert dans les universités
en vue d’améliorer les résultats académiques des étudiants en
difficulté. Valentine et Price (2023) étudient l’impact de l’une de ces
techniques, soit l’encadrement individuel (coaching) dans les collèges
communautaires (community colleges).
Pour étudier l’impact de l’encadrement individuel, les auteurs ont
travaillé de concert avec dix collèges communautaires de l’État de la
Caroline du Nord lors de la mise en place en 2016 d’un programme
d’encadrement individuel des étudiants. L’idée maîtresse de ce programme
est d’assigner des étudiants à un coach personnel dont le rôle est de
s’assurer proactivement que l’étudiant ait accès aux services d’aides
financières, administratives et académiques dont il a besoin.
Les auteurs ont réalisé une étude d’impact du programme en effectuant un
test par assignation aléatoire. L’échantillon étudié comprend des
étudiants de première année des cohortes de l’automne 2016 à l’automne
2018, soit un total de 10 796 étudiants. La moitié de ces étudiants ont
été aléatoirement assignée au groupe traitement et ont reçu l’aide du
programme en question alors que l’autre moitié ont été assignée au
groupe contrôle et n’ont pas eu accès au programme. Les variables
d’intérêt des chercheurs sont entre autres le taux de rétention des
étudiants et la complétion des crédits.
Les résultats montrent que les effets de l’encadrement individuel des
étudiants sont limités. D’abord, il n’y a aucun effet significatif sur
la rétention des étudiants à court terme, c’est-à-dire dans la première
année d’enseignement. Toutefois, le programme a un effet positif sur la
rétention à plus long terme. Les étudiants ayant eu accès à
l’encadrement individuel ont 1,7% plus de probabilités d’être encore
inscrits après deux années d’études. Ensuite, les auteurs ne trouvent
aucun effet significatif sur la complétion des crédits. Finalement,
l’encadrement peut avoir un effet particulier pour certains
sous-groupes. En particulier, la probabilité de rétention après un an et
demi d’étude chez ceux qui ont un encadrement personnel augmente pour
les hommes (+3,6%), les étudiants noirs (+3,0%) et les étudiants à temps
complet (+2,1%).
Valentine et Price (2023) pensent que les résultats de leur étude
suggèrent quelques implications pratiques et théoriques. Premièrement,
les effets de l’encadrement individuel sont observables sur le long
terme. Deuxièmement, les effets tendent à être ciblés chez certaines
parties de la population étudiante.
_Pour en savoir plus : _
Valentine, J. L., & Price, D. v. (2023). Coaching to Completion: Impacts
of Success Coaching on Community College Student Attainment in North
Carolina. /The Review of Higher Education/, 46(3), 343–371.
https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002
<https://doi.org/10.1353/RHE.2023.0002>
*Comment les frais de scolarité pour étudiants étrangers affectent-ils
leur comportement?*
Zullo et Churkina (2023) étudient l’effet de l’introduction de frais de
scolarité sur la mobilité des étudiants internationaux. Cette étude
repose sur un changement de politique publique concernant la facturation
des étudiants internationaux en Allemagne qui permet aux auteurs de
réaliser une étude quasi expérimentale.
Entre 2006 et 2014, un changement de politiques publiques imposé par la
Cour fédérale constitutionnelle d’Allemagne a permis aux États (Länder)
allemands d’imposer des frais de scolarité de 500 euros par semestre aux
étudiants internationaux, chose qui avant et après cette période a été
interdite à travers le pays. Des seize États, sept se sont prévalus de
cette opportunité et ont introduit des frais de scolarité pour les
étudiants internationaux.
Pour étudier l’effet des frais de scolarité, les auteurs utilisent deux
méthodes. Dans un premier temps, ils réalisent une régression par
différence-en-différence en comparant les États ayant introduit les
frais de scolarité (groupe traitement) à ceux n’ayant pas introduit de
frais de scolarité (groupe contrôle). Dans un second temps, ils
utilisent une méthode de contrôle synthétique. L’idée de cette approche
est de comparer les résultats des États ayant introduit les frais de
scolarité à un modèle contrefactuel où ces États n’auraient pas
introduit les frais de scolarité. Dans les deux cas, la variable
d’intérêt que les chercheurs observent est l’inscription universitaire
des étudiants internationaux.
Les résultats obtenus sont mitigés. Pour la méthode de
différence-en-différence, on observe une réduction de 11,3% des
effectifs étudiants étrangers de première année dans les États ayant
introduit les frais. Toutefois, lorsqu’on observe cet effet par État,
seulement un seul (la Basse-Saxe) montre une réduction à un niveau
significatif. La méthode de contrôle synthétique, quant à elle, suggère
que les inscriptions d’étudiants internationaux auraient très peu changé
si des frais n'avaient pas été introduits.
Les auteurs concluent que l’imposition des frais de scolarité n'a pas
créé de réallocation majeure des étudiants étrangers en Allemagne. Selon
eux, les frais de scolarité ne seraient pas un critère majeur dans le
choix d’emplacement d’étude des étudiants internationaux.
_Pour en savoir plus: _
Matteo Zullo & Olga Churkina (2023) A quasi-experiment in
internationalstudent mobility: Germany’s fee re-introductions, /European
Journal of Higher Education/, 13:1, 22-43,
https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451
<https://doi.org/10.1080/21568235.2021.1983451>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les réseaux de pairs de même ethnicité à l’université aident-ils les
étudiants à réussir leur carrière?*
Les facteurs de succès à l’université sont multiples et parmi ces
facteurs, la présence d’un réseau de soutien est potentiellement
importante. Être dans un milieu d’étude entouré de personnes d’un même
groupe peut faciliter la réussite à travers le référencement d’emploi et
l’effort déployé en classe. Chellman, Conger et Turner (2023) testent
cette hypothèse. Plus spécifiquement, ils étudient l’impact des réseaux
de personnes de même race/ethnicité à l’université sur les conditions de
travail après la diplomation.
La recherche des auteurs est réalisée grâce à des données
administratives d’un grand système d’enseignement postsecondaire urbain
(dont le nom n’est pas révélé) aux États-Unis. L’échantillon comprend
les étudiants de onze cohortes débutant aux semestres d’automne de 2000
à 2011. La taille complète de l’échantillon est de 151 181 étudiants.
Les données ont ensuite été fusionnées aux données administratives de
l’État dans lequel se trouvent les établissements d’enseignement.
L’analyse des auteurs porte sur quatre groupes ethniques, soit les
personnes d’origine asiatique et les habitants des îles du Pacifique
(AHIP), les personnes noires, les hispanophones et les personnes
blanches. Les variables d’intérêt des chercheurs comprennent la
diplomation, le revenu après la diplomation et la réussite scolaire.
Pour identifier l’effet des réseaux étudiants, les auteurs élaborent un
devis de recherche de différence-en-différence. Le postulat central de
l’étude est que les caractéristiques des étudiants avant leur
inscription ne sont pas corrélées avec une hausse de la part d'étudiants
de même ethnicité au sein de leur réseau social. Conséquemment, si on
isole les groupes d'étudiants qui ont vécu une hausse de la part de leur
ethnicité chez leurs pairs, on peut identifier les effets liés à cette
hausse. La méthode de différence-en-différence employée par les auteurs
compare les résultats des étudiants pour qui il y a eu une telle hausse
(groupe traitement) à ceux qui ne l’ont pas vécu (groupe contrôle). Il
faut noter ici qu’on ne peut pas déterminer directement si les étudiants
font partie d’un réseau de pair de même ethnicité. C’est pourquoi les
auteurs parlent de réseau potentiel.
Les résultats montrent que l’effet des réseaux potentiels est
différencié selon l’ethnicité concernée. Pour les étudiants noirs et les
étudiants blancs, une augmentation de 1% de la part du réseau potentiel
est associée à une augmentation significative du salaire de 0,6% et 0,4%
10 ans après l’admission. Cependant, il n’y a aucun effet significatif
pour les étudiants d’origine AHIP et les étudiants hispanophones.
D’autre part, la réussite scolaire (mesurée par le nombre de crédits
complétés) et la diplomation ne sont pas affectées par le réseau
potentiel des étudiants. Dernier résultat intéressant, les étudiants
hispanophones voient leur probabilité d’emploi réduite lorsqu’ils sont
dans une cohorte ayant subi une hausse de la part d’hispanophones.
Bien qu’il y ait des résultats significatifs, il faut toutefois
souligner que les effets trouvés restent relativement petits. Les
auteurs concluent donc que les différences de conditions sur les marchés
du travail entre les groupes ethniques ne peuvent être expliquées par
les réseaux potentiels des étudiants à l’université.
_Pour en savoir plus:_
Chellman, C., Conger, D., & Turner, L. J. (2023). Race and nativity
earnings gaps: The role of college networks. /Economics of Education
Review/, /93/, 102356. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102356
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
**
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
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Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Mars 2023
14^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* Sommaire des crédits budgétaires à l'enseignement supérieur
* L'effet des crédits d'impôts conditionnel à la diplomation
* Le tutorat en ligne et la réussite académique
* L'impact des règles d'admission sur les finissants du secondaire
Puisque nous sommes à la fin du mois de mars, nous vous présentons une
sommaire des annonces en enseignement supérieur incluses dans le dernier
budget du Québec.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Sommaire des mesures budgétaires 2023-2024 en enseignement supérieur*
Le gouvernement québécois a déposé le 21 mars dernier le budget du
Québec. La composition des crédits dédiés à l’enseignement supérieur
suggère une certaine continuation des politiques antérieures.
*Chiffres d’ensemble*
Le budget québécois se base sur des estimations du niveau d’inflation de
6,7% en 2022 et de 3,5% en 2023. D’autre part, le taux de croissance du
PIB réel devrait passer de 2,8% en 2022 à 0,6% en 2023 (Ministère des
Finances du Québec, 2023a).
Les crédits alloués aux cégeps augmentent de 4,98% (+119,3 M$) par
rapport à l’an dernier. Ceux alloués aux universités augmentent de 5,12%
(+196,5 M$) par rapport à l’an dernier. Le budget au niveau des
infrastructures de l’enseignement supérieur connaîtra une augmentation
appréciable. Pour les cégeps, il s’agit d’une augmentation de 7,07%
(+21,6 M$) alors que pour les universités l’augmentation est de 6,25%
(+29,6 M$) par rapport à l’an dernier.
Les crédits accordés à l’aide financière aux études sont ceux qui
connaissent la plus grande croissance avec une augmentation de 11,6%
(+129,5 M$). La grande partie de cette augmentation provient des bourses
incitatives et autres bourses avec une croissance de 47,3% (+79 M$) en
raison notamment des « bourses Perspective Québec ». Les intérêts et
remboursements aux banques augmentent de 5,3% (+1,2 M$) et les bourses
consécutives aux prêts de 13% (+28 M$).
Les crédits alloués au Fonds de recherche du Québec augmentent
relativement faiblement avec une croissance de 0,87% (+2 M$) par rapport
à l’an dernier. Le gouvernement alloue aussi des crédits de 132,4 M$
dans un fonds provisoire additionnel pour des dépenses discrétionnaires.
*Mesures ciblées*
Le gouvernement poursuit ses investissements dans le but d’améliorer la
réussite universitaire, ayant, depuis 2018, l’ambition de « favoriser
l’accès, la persévérance et la diplomation ». Cette année, les crédits
alloués à ces mesures ont triplé (+67,8 M$) par rapport à l’an dernier.
La majeure partie de ces nouvelles dépenses (48,4 M$) correspond à la
bonification permanente de l’augmentation des frais de subsistance
inclus dans le calcul du Programme de prêts et bourses.
Le gouvernement prévoit améliorer la diplomation par une série de
nouvelles mesures : amélioration de la reconnaissance des acquis (5,3
M$), soutien à l’apprentissage du français (2,7 M$), soutien à la
location de locaux par les universités (20 M$), exemptions
additionnelles de frais de scolarité pour étudiants étrangers (10 M$) et
soutien à l’enseignement en milieu éloignés des grands centres (4
M$).D’autre part, le gouvernement engage des fonds additionnels (11 M$)
dans le soutien à la recherche et la transition numérique.
_Pour en savoir plus : _
Ministère des Finances du Québec (2023) /Budget 2023-2024 – Un Québec
engagé - Plan budgétaire/. (url
<http://www.finances.gouv.qc.ca/Budget_et_mise_a_jour/budget/documents/Budge…>)
Secrétariat du Conseil du trésor (2023) /Crédits et dépenses des
portefeuilles/. (url
<https://www.tresor.gouv.qc.ca/budget-de-depenses/budget-de-depenses-2023-20…>)
**
*Les crédits d’impôt post-diplomation ont-ils des effets bénéfiques?*
Dans le but d’encourager la persévérance scolaire, plusieurs provinces
(le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et le
Manitoba) ont, depuis 2005, mis en place des programmes de rétention des
diplômés (PRD) dont l’élément central estun crédit d’impôt aux diplômés
universitaires. Mikkola et Webb (2023) tentent d’évaluer l’impact de ces
mesures sur la migration interprovinciale et les conditions de vie des
diplômés.
Les PRD des différentes provinces consistent en des crédits d’impôt
non-remboursable allant de 15 000$ à 25 000$ conditionnel à la
diplomation de l’étudiant. Ces montants sont équivalent à 50% à 97% des
frais de scolarité. L’idée de ces crédits est qu’un travailleur
récemment diplômé pourra réduire son revenu imposé de manière à
compenser les frais de scolarité qu’il a engrangé.
Les auteurs utilisent un devis de recherche de différence en différence
afin d’identifier l’effet causal de ces politiques dans les quatre
provinces mentionnées. Ils utilisent deux bases de données pour y
arriver soit la/Longitudinal Administrative Databank /(LAD) et le
/Survey of Labour Income Dynamics/ (SLID). L’échantillon est constitué
d’étudiants canadiens de toutes les provinces (à l’exception du Québec)
ayant entre 18 et 28 ans entre les années 2005 et 2013. La taille
complète de l’échantillon est de plus de 2,6 millions d’observations.
Les chercheurs divisent l’échantillon en deux groupes soit, d’une part,
le groupe traitement composé des étudiants éligibles aux PRD dans les
provinces où le programme existe et, d’autre part, le groupe contrôle
constitué des étudiants des autres provinces. Cette stratégie empirique
permet de comparer les moyennes des deux groupes en regard de plusieurs
variables d’intérêt comme le taux d’abandon, le taux de persévérance
scolaire et l’endettement étudiant.
Les auteurs ne trouvent aucun effet significatif des PRD quant à la
migration interprovinciale, ce qui indique que ces programmes échouent
au chapitre de la rétention des diplômés. Les auteurs trouvent toutefois
un effet sur la taille des prêts encourus par les étudiants. Les
étudiants ayant accès au PRD ont en moyenne 123,10$ de moins en dettes
(par rapport à une dette moyenne de 620$) que les étudiants n’y ayant
pas accès. Selon certains des modèles de régression utilisés, les
résultats montrent aussi que les PRD pourraient aider à diminuer le taux
d’abandon universitaire. Les auteurs concluent que les implications
pratiques de leur recherche sont assez ambiguës. D’un côté, les PRD ne
semblent pas être un outil efficace pour s’assurer de la rétention des
talents dans une province. De l’autre, les PRD sont une manière de
réduire /ex post/ les frais de scolarité des personnes qui décident de
rester dans la province.
_Pour en savoir plus : _
Mikola, D., & Webb, M. D. (2023). Finish it and it is free: An
evaluation of college graduation subsidies. /Economics of Education
Review/, 93, 102355. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2023.102355
*Le tutorat en ligne peut-il contribuer à l’amélioration des résultats
académiques?*
La pandémie de Covid-19 a rapidement changé les pratiques d’enseignement
universitaire en accélérant la transition vers les outils en ligne.
Hardt, Nagler et Rinckle (2023) tentent de mesurer l’effet sur la
réussite de l’une de ces nouvelles pratiques, soit le tutorat en ligne.
Pour mesurer cet effet, les auteurs ont développé un programme de
tutorat en ligne pour un cours obligatoires d’économie de premier cycle
au sein d’une grande université allemande. Les chercheurs ont envoyé un
courriel aux étudiants du cours annonçant ce programme. 226 étudiants se
sont inscrits au programme de tutorat. Les chercheurs ont ensuite
assigné aléatoirement les étudiants dans deux groupes. Les deux tiers de
l’échantillon, soit 145 étudiants, forment le groupe traitement et ont
suivi le programme de tutorat en ligne. Le reste de l’échantillon forme
le groupe contrôle.
Le programme de tutorat en ligne comprend cinq sessions de 90 minutes en
petits groupes dont l’essentiel du contenu porte sur la résolution
d’exercices et d’examens des années précédentes. La présence à ces
sessions n’est pas obligatoire et les chercheurs n’ont malheureusement
pas de données sur la participation réelle des étudiants aux sessions de
tutorat. À la fin du cours, les étudiants remplissent un questionnaire
portant sur leurs habitudes de travail ainsi que leur santé mentale.
Enfin, les chercheurs utilisent les données administratives des
étudiants et de leur parcours académique afin de compléter leur analyse.
Les résultats de l’expérience suggèrent que le programme de tutorat en
ligne a eu plusieurs impacts importants. D’abord, pour évaluer les
comportements d’étude des étudiants, les chercheurs ont élaboré un index
d’étude basé sur le questionnaire. Cet index reflète les réponses aux
questions concernant la motivation, l’étude continu, la préparation à
l’examen, etc. Les étudiants du groupe traitement ont une note moyenne
sur cet index 2,1 fois supérieur à l’écart-type de la distribution du
groupe contrôle. Ensuite, le programme semble avoir affecté la réussite
dans ce cours de manière importante. Les étudiants complétant ce cours
pouvaient obtenir 0, 5, ou 10 crédits selon leurs résultats. Le
programme de tutorat a réduit la probabilité d’obtenir 0 crédit de 24%
et augmenté les probabilités d’obtenir 5 et 10 crédits de 9% et 40%
respectivement. Toutefois, la santé mentale des étudiants ne semble pas
avoir été affectée par les programmes de tutorat.
Les auteurs concluent que les programmes de tutorats en ligne sont une
option intéressante pour une institution cherchant à améliorer les
résultats académiques des étudiants. Non seulement de tels programmes
semblent efficaces, mais leur coût de mise en place est relativement faible.
_Pour en savoir plus: _
Hardt, D., Nagler, M., & Rincke, J. (2023). Tutoring in (online) higher
education: Experimental evidence. /Economics of Education Review/, 92,
102350. https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102350
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
**
*Les règles d’admission universitaire induisent-elles un changement de
comportement chez les étudiants finissants?*
Parmi les outils à la disposition des décideurs pour encourager
l’apprentissage, une modification des incitatifs à l’étude est l’un des
plus importants. Rodriguez (2023) étudie l’effet des politiques
d’admission à la grandeur de l’État de la Caroline du Nord sur
l’implication et la réussite des étudiants.
Depuis 2009, pour être admis dans le système universitaire du University
of North Carolina (UNC), un étudiant finissant du secondaire doit avoir
un minimum de 2.0 de note globale pondérée (GPA) et 700 points à
l’examen d’admission standardisé (SAT). Rodriguez exploite ce changement
dans les règles d’admission afin d’évaluer ses effets sur les
comportements des étudiants lors de l’année avant leur admission à
l’université à l’aide d’une régression de discontinuité. Il utilise les
données administratives du réseau d’écoles secondaires (high schools) de
la Caroline du Nord. Son échantillon comporte 75 000 étudiants du
secondaire de la cohorte finissante de 2009 et ayant passé le SAT au
début de l’année scolaire. Tous les étudiants ont eu des scores de SAT
entre 600 et 800, soit près du seuil d’admission.
L’auteur divise l’échantillon en deux groupes. Le groupe traitement est
composé des étudiants ayant eu un score supérieur ou égal à 700 et le
groupe contrôle est composé des étudiants ayant eu un score inférieur à
700. L’idée derrière la conception de cette recherche est que les
étudiants près du seuil d’admission ont, dans l’ensemble et pour un
grand échantillon, des caractéristiques similaires à une exception :
ceux qui ont un score SAT au-dessus du seuil perçoivent une probabilité
d’admission positive et sont donc susceptibles d’être incités à changer
leur comportement d’étude.
Les résultats montrent plusieurs relations intéressantes quant aux
comportement des étudiants lors de leur dernière année du secondaire.
D’abord, les étudiants appartenant au groupe traitement obtenaient en
moyenne un GPA 0,08 points supérieurs aux autres, soit une augmentation
de 2,8%. Ensuite, ces étudiants avaient aussi 1,5 jour d’absence de
moins en moyenne et 0,07 moins de suspensions que les autres. L’auteur
ne trouve aucun effet significatif en ce qui concerne le nombre de cours
suivi. Finalement, les résultats montrent aussi que les étudiants du
groupe traitement ont réduit le nombre d’inscription à des cours
considérés comme « difficiles » au cours de leur parcours scolaire.
En somme, l’auteur défend que son étude montre que les seuils
d’admission basés sur les résultats de tests standardisés peuvent avoir
un effet positif sur l’engagement académique des étudiants. Cependant,
ils peuvent aussi avoir des conséquences involontaires néfastes comme la
sélection de cours stratégiques vers des domaines considérés comme plus
faciles.
_Pour en savoir plus:_
Rodriguez, V. (2023). Student effort response to shifts in university
admission policies. /Economics of Education Review/, 93, 102367.
https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.10236
<https://doi-org/10.1016/j.econedurev.2023.102367>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Février 2023
13^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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* L'évolution des systèmes de gouvernance en Europe
* Les systèmes de gouvernance dans les pays en développement
* Les impacts de l'approche managériale sur le corps professoral
* Le rôle des agences d'assurance qualité en enseignement supérieur
Ce mois-ci nous vous proposons un numéro spécial sur la gouvernance de
l'enseignement supérieur. Merci à Alexandre Beaupré-Lavallée et Nathalie
Beaulac pour leur contribution.
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Comment la gouvernance des universités européennes évolue-t-elle?*
Shattock (2021) fait une étude historique du changement de paradigme
ayant eu lieu dans les systèmes universitaires d’Europe. Depuis le début
des années 1990, de nombreux changements ont eu lieu dans les milieux
universitaires. L’auteur cherche à savoir si ces changements proviennent
d’une volonté de « moderniser » la gouvernance ou sont une réponse à
l’accroissement général du poids des institutions étatiques et une
pression publique plus forte pour la reddition de compte. La gouvernance
désigne l’ensemble des mécanismes de fonctionnement du système
universitaire du niveau ministériel jusque dans les universités
elles-mêmes.
Pour étayer son argument, Shattock se base sur des données d’entrevues
réalisées avec des acteurs du milieu universitaire de sept pays, soit le
Royaume-Uni, l’Allemagne, la Hongrie, la Norvège, le Portugal, la France
et l’Italie. Dans chacun des pays, une université axée sur la recherche
et une autre axée sur l’enseignement ont été sélectionnées pour la
récolte de données.
Le contenu de ces entrevues pousse l’auteur à souligner certains
constats. En particulier, il note que les gouvernements de ces pays ont
été très actifs dans la mise en place de systèmes de gestion des
universités, notamment à travers l’introduction du financement à la
performance. Shattock note aussi une différence importante dans
l’évolution de la gouvernance au Royaume-Uni et en Europe continentale.
Alors qu’au Royaume-Uni le gouvernement a encouragé une approche
managériale /top-down/ au détriment de la participation académique, les
gouvernements des pays continentaux ont quant à eux une réticence plus
marquée à intégrer des mécanismes de gouvernance externe aux universités.
Selon Shattock, les deux approches sont discutables puisqu’elles
impliquent un déséquilibre dans l’implication des parties prenantes au
sein de la gouvernance. L’auteur conclut que la modernisation des
systèmes universitaires en Europe évolue dans de mauvaises directions.
L’autonomie institutionnelle semble de plus en plus s’érodée à mesure
que les États tentent d’incorporer les structures universitaires au
système gouvernemental.
_Pour en savoir plus : _
Shattock, M. (2021). The ‘modernisation’ of university governance:
re-balancing the components in cross-European comparison. /Perspectives:
Policy and Practice in Higher Education/, 25(4), 127-131.
https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716
<https://doi.org/10.1080/13603108.2021.1956716>
**
*Comment la gouvernance des pays en développement peut-elle être améliorée?*
La recherche sur la gouvernance de l’enseignement supérieur tend à
porter sur les systèmes ayant déjà des fonctionnements bien établis dans
des pays riches. En revanche, peu d’attention est portée à la mise en
place de systèmes de gouvernance dans des pays en développement. C’est
ce manque de littérature que Shin et coll. (2021) cherchent à combler.
Ces auteurs tentent d’identifier les conditions essentielles au bon
développement d’un système de gouvernance de l’enseignement supérieur
dans le sud de l’Asie.
Pour arriver à leurs objectifs, les auteurs utilisent le cadre
conceptuel élaboré par Fukuyama (2013). Ce dernier propose que la
qualité de la gouvernance de l’enseignement supérieur soit une fonction
de deux dimensions, soit l’autonomie des institutions universitaires et
leur capacité institutionnelle. Shin et coll. (2021) utilisent ce cadre
comme une matrice conceptuelle pour montrer l’état des systèmes de
gouvernance sud-asiatiques. La matrice est composée de quatre groupes
définis par deux niveaux d’autonomie (haute et basse) et deux niveaux de
capacité (haute et basse).
Dix pays asiatiques sont étudiés : le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka,
le Népal, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, la Corée du
Sud et Taïwan. Pour mesurer l’autonomie, les auteurs utilisent un indice
basé sur le University Autonomy Pool qui évalue le niveau de liberté
institutionnelle des universités dans leurs décisions selon la
législation en place dans un pays donné. La capacité institutionnelle
est quant à elle mesurée selon un indice composé de trois indicateurs,
soit le taux d’inscription post-secondaire brut, le nombre d’étudiants
par enseignant et les dépenses nationales en enseignement supérieur par
étudiant.
Les auteurs trouvent que la plupart des pays qui ont un grand niveau de
capacité institutionnelle ont aussi un haut niveau d’autonomie et
inversement (faible capacité et faible autonomie). Deux exceptions sont
notables : les universités chinoises ont beaucoup de moyens malgré une
faible autonomie et le Népal délègue une grande autonomie aux
universités malgré leur faible capacité. Aux vues de ces résultats, les
auteurs suggèrent que l’amélioration de la gouvernance dans les pays
sélectionnés devrait suivre des chemins différents selon les niveaux
d’autonomie et de capacité présents au sein des systèmes d’enseignement
supérieur.
_Pour en savoir plus :
_ Shin, J. C., Li, X., Nam, I., & Byun, B. K. (2021). Institutional
autonomy and capacity of higher education governance in South Asia: a
comparative perspective. /Higher Education Polic/y, 1-25.
https://doi.org/10.1057/s41307-020-00220-y
Fukuyama, F. (2013) ‘What is governance?’, /Governance/ 26(3): 347–368.
https://doi.org/10.1111/gove.12035
*Quels sont les impacts de l’approche managériale de gestion dans la vie
de chercheurs?*
Au cours des dernières décennies, plusieurs réformes dans la gouvernance
de l’enseignement supérieur visant une plus grande reddition de compte
axé sur la performance ont été mises en place à travers le monde. Le
milieu universitaire australien ne fait pas exception à ce phénomène.
Kenny et Fluck (2022) tentent d’évaluer l’impact de cette approche de
gestion qualifiée de « managériale » sur les conditions de travail des
chercheurs et enseignants touchés.
Le système de gouvernance de l’enseignement supérieur australien est,
depuis plusieurs années, axé sur la performance du corps professoral.
L’un des grands principes de ce système est la mesure de performance de
publication des chercheurs basée sur la qualité et la quantité des
publications scientifiques. Kenny et Fluck ont envoyé un questionnaire
de 80 questions à 2 526 membres du corps professoral universitaire
australien sur l’allocation du travail et la gestion de la performance.
À la question d’identifier les forces du modèle de gouvernance actuel,
31,8% des répondants n’arrivent pas à en trouver. La force qui ressort
le plus est la transparence (20,1%). Les chercheurs ont aussi posé
plusieurs questions concernant l’allocation des tâches d’enseignement. À
la question d’identifier l’obstacle principal à une allocation équitable
des tâches, la réponse la plus courante était l’omission de certaines
tâches académiques dans le travail des enseignants par les institutions
(27,4%).
L’analyse des résultats porte les auteurs à faire ressortir quelques
constats. D’abord, les pratiques de gouvernance liées à l’approche
managériale basée sur les résultats sont perçues comme ayant eu un
impact négatif sur les conditions de travail du corps professoral.
L’approche managériale utilisée en Australie ne semble pas assez bien
capturer l’ensemble des tâches liées au travail de professeur, ce qui
semble occasionner un excès de travail et de stress. Les auteurs
suggèrent que les politiques de gouvernances liées à la recherche
universitaire soient revues à la lumière de ces constats. En
particulier, ils proposent que ces politiques soient basées sur des
principes d’évaluation holistique et collégiale.
_Pour en savoir plus : _
Kenny, J., & Fluck, A. E. (2022). Emerging principles for the allocation
of academic work in universities. /Higher Education/, 83(6), 1371-1388.
https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1007/s10734-021-00747-y>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quel est le rôle des agences d’assurance qualité en enseignement
supérieur?*
Dans plusieurs juridictions à travers le monde et particulièrement en
Europe, la gouvernance de l’enseignement supérieur s’exerce en partie à
travers des entités administratives qu’on appelle « agence d’assurance
qualité ». Elken et Stensaker (2022) s’intéressent aux développements
récents du rôle de ces agences dans la gouvernance de l’enseignement
supérieur en Europe. Plus spécifiquement, les auteurs cherchent à
comprendre les raisons derrière les responsabilités accrues attribuées à
ces agences dans les dernières décennies.
Le travail d’Elken et Stensaker est basé sur une étude de cas de six
agences d’assurances qualité européennes. Il s’agit d’agences au
Portugal, en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, en Irlande et en
Suède. Les auteurs ont compilé différentes sources documentaires
auxquelles des entrevues avec le personnel des agences se sont ajoutées.
Ces agences précises ont été sélectionnées parce qu’elles étaient les
agences européennes ayant fait l’objet d’importantes réformes visant à
étendre leur rôle respectif. En ce sens, cette étude de cas ne cherche
pas à montrer les cas les plus représentatifs, mais plutôt ceux à
l’avant-garde des changements de pratiques et qui pourraient dépeindre
l’avenir des agences d’assurance qualité.
Trois constats importants ressortent du processus de recherche. D’abord,
une tendance assez claire se dessine vers les fusions d’agences et/ou
réorganisations internes orchestrées par les autorités publiques.
Ensuite, le positionnement stratégique des agences influence grandes
leur processus de développement. Par exemple, les agences portugaise et
allemande ont toutes deux investi une bonne partie de leurs ressources
dans des activités de recherche, ce qui leur a permis d’obtenir de plus
grandes responsabilités de recherche à travers le temps. Finalement, la
plupart des agences ont commencé à diversifier leur champ d’activité
au-delà des tâches d’assurance qualité. Ces agences sont aujourd’hui
impliquées dans la recherche, le service conseil, l’analyse statistique
et la réglementation financière.
Ces constats portent les auteurs à conclure que les autorités publiques
en matière d’enseignement supérieur exercent un contrôle substantiel sur
les agences d’assurance qualité. Ces agences semblent aussi être
utilisées comme des outils pour tester de nouvelles pratiques de
gouvernance.
_Pour en savoir plus :
_Elken, M., & Stensaker, B. (2022). Bounded innovation or agency drift?
Developments in European higher education quality assurance. /Assessment
& Evaluation in Higher Education/, 1-12.
https://doi.org/10.1080/02602938.2022.2078476_
_
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Janvier 2023
12^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
- L'effet du processus d'admission sur le marché du travail
- L'impact d'une politique d'admission équitable au Texas
- Le remboursement proportionnel au revenu et la dette étudiante
- Les cours préparatoires et la participation universitaire
L'équipe de la veille de recherche du GREPA vous souhaite une bonne
année 2023!
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Bonne lecture!**
*Quels sont les effets liés à la manière dont les universités admettent
les étudiants?*
Bien que la plupart des universités n’utilisent que des critères
académiques dans leurs processus d’admissions, les universités les plus
prestigieuses intègrent aussi des critères non-académiques qui
permettent à certains étudiants n’atteignant pas le niveau académique
suffisant d’être admis. On appelle cette méthode d’admission les
admissions discrétionnaires.
Kamis, Pan et Seah (2023) s’intéressent aux effets liés à l’utilisation
des différentes formes d’admission. Spécifiquement, les auteurs
cherchent à savoir si les étudiants ont des conditions différentes sur
le marché du travail selon le processus d’admission qu’ils ont suivi. Il
s’agit, selon les auteurs, d’une question qui n’a jamais été étudiée
précédemment.
Les auteurs tentent d’identifier le lien causal avec une méthode de
régression par discontinuité. Ils exploitent une caractéristique
spéciale du processus d’admission de l’université de Singapour qui offre
aux candidats deux parcours d’admissions. Le premier est dit « régulier
» et basé uniquement sur les compétences académiques. Le second est dit
« discrétionnaire » et basé sur des qualités non-académiques. Ce dernier
processus vise les étudiants qui n’atteignent pas le seuil des critères
de l’admission régulière. En portant attention au décile inférieur des
étudiants admis par processus régulier, les auteurs isolent un groupe
contrôle qui sera comparé au groupe traitement (admission
discrétionnaire). L’échantillon est constitué des d’étudiants admis
entre 2009 et 2013 à l’université de Singapour. Le groupe contrôle est
composé de 2 157 observations et le groupe traitement de 1 278. Les
chercheurs ont couplé les données administratives de l’université avec
des dossiers fiscaux accessibles pour étudier l’impact du processus
d’admission sur le marché du travail.
Les résultats obtenus par les auteurs montrent des différences
significatives entre les groupes. Au niveau académique, les étudiants
admis par processus discrétionnaire avaient de 3,5 % à 3,8 % plus de
chance de s’inscrire à une mineure ou un seconde majeure au cours de
leur baccalauréat. Une majeure correspond à la (ou l’une des) discipline
principale de l’étudiant au cours de ses études de premier cycle alors
qu’une mineure correspond à une discipline secondaire. Ces étudiants
avaient aussi 6 % à 7 % plus de chances de participer à des programmes
d’échange étudiant à l’étranger. Au niveau non-académique, les auteurs
trouvent des effets sur le marché du travail. Les étudiants ayant
bénéficié de l’admission discrétionnaire avaient 3,9 % plus de chances
d’avoir un emploi à temps plein six mois après leur diplomation et
avaient un salaire moyen de 4,5 % à 5,3 % supérieur deux à trois ans
respectivement après la diplomation.
Kamis, Pan et Seah (2023) concluent que les étudiants admis par
processus discrétionnaire ont de meilleures performances sur le marché
du travail que les étudiants admis par le processus régulier. Ce
résultat suggère qu’une approche holistique d’admission peut permettre
aux universités d’identifier les meilleurs candidats potentiels aux bas
niveaux des performances académiques et d’améliorer les taux de placements.
_Pour en savoir plus : _
Kamis, R., Pan, J., & Seah, K. K. (2023). Do college admissions criteria
matter? Evidence from discretionary vs. grade-based admission policies.
/Economics of Education Review/, /92/, 102347.
https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347
<https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347>
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*Une politique d’admission universitaire plus équitable peut-elle aussi
être plus efficace?*
Black, Denning et Rothstein (2023) tentent d’évaluer l’impact de
l’ouverture du processus d’admission universitaire à des étudiants de
milieux moins favorisés. Pour y arriver, ils étudient une réforme des
processus d’admission dans le réseau public universitaire au Texas en
1998. Cette réforme appelée la /Top Ten Percent Rule /(règle du dix
pourcent) a forcé les universités publiques (même les plus sélectives) à
garantir l’admission à tout étudiant finissant du secondaire dans le top
10 % de sa classe. Cette politique a permis à de nombreux étudiants
provenant d’écoles dans des milieux défavorisées d’accéder aux
meilleures institutions publiques d’enseignement supérieur.
Pour identifier l’effet de la réforme, les auteurs ont employé une
différence en différence qui compare les changements des conditions sur
le marché du travail des étudiants affectés par la réforme avec celles
de ceux qui ne le sont pas. Deux groupes d’étudiants risquent d’être
affectés par la réforme et constituent donc les groupes traitement. Il
s’agit des « /pulled in /», les étudiants du top 10 % d’écoles
défavorisés, et les « /pushed out/ », les étudiants d’écoles favorisées
dont les notes sont juste en-dessous du seuil du top 10 %. Le groupe
contrôle est quant à lui constitué d’étudiants au-delà de la moyenne,
mais qui n’aurait pas été admis à une université sélective (comme UT
Austin) avant ou après la réforme.
Les auteurs notent que l’admission des étudiants /pulled in /ont 6,6 %
plus de chance d’être admis dans un programme de premier cycle d’une
université publique et 5,3 % plus de chance d’être admis à UT Austin,
l’université la plus sélective. La réforme a aussi augmenté de 3,9 % la
probabilité de diplomation des/pulled /in. Neuf à onze ans après la
diplomation, les revenus de ce groupe étaient égaux ou supérieur au
scénario sans réforme. Du côté des /pushed out/ les auteurs ne trouvent
à peu près pas d’effets liés à la réforme. Le seul effet significatif
est la baisse de probabilité d’admission de 2,1 % à UT Austin.
Les auteurs argumentent que la politique du /Top Ten Percent Rule /a eu
des effets bénéfiques pour la société. Cette politique a amélioré les
conditions académiques et économiques de personnes provenant d’un milieu
défavorisé sans conduire à l’amenuisement de conditions d’autres
personnes. En ce sens il s’agirait d’un type de réforme à la fois
équitable et efficace.
_Pour en savoir plus: _
Black, S. E., Denning, J. T., & Rothstein, J. (2023). Winners and
Losers? The Effect of Gaining and Losing Access to Selective Colleges on
Education and Labor Market Outcomes. /American Economic Journal: Applied
Economics/, /15/(1), 26–67. https://doi.org/10.1257/APP.20200137
<https://doi.org/10.1257/APP.20200137>
*Le mode de remboursement de la dette étudiante a-t-il un impact sur les
risques de défauts de paiement?*
Herbst (2023) étudie le remboursement de la dette étudiante aux
États-Unis. La plupart des étudiants ayant une dette à rembourser sur
leurs prêts d’étude ont une entente de remboursement par versements
fixes. Toutefois, certaines ententes de remboursement sont
proportionnelles au revenu (RPR). Ces ententes font varier les paiements
minimums en fonction du revenu. Herbst tente d’évaluer l’impact du RPR
sur la santé financière des diplômés.
Pour réaliser cette étude, Herbst utilise les données d’une compagnie
est restée anonyme qu’il appelle /Large Loan Servicer/ (LLS) et qui gère
300 milliards de dollar US de dette étudiante pour le compte du
ministère de l’Éducation américain. L’échantillon utilisé est composé de
133 630 individus ayant une dette gérée par LLS entre 2010 et 2018 et
dont les caractéristiques les rendent admissible au programme de RPR.
Pour identifier l’effet causal, Herbst procède à la fois par méthode de
variable instrumentale et par différence en différence.
LLS fait des appels téléphoniques aléatoires aux emprunteurs qui sont
dans des situation de défaut de paiement. Au cours de ces appels les
agents de LLS proposent un plan de RPR. Herbst exploite cette méthode de
travail pour construire un indice d’agent (/agent score/) qui permet
d’estimer le changement d’un remboursement fixe vers un plan RPR.
L’indice d’agent est la variable instrumentale utilisée pour estimer les
variables d’intérêt. Les appels téléphoniques permettent aussi à
l’auteur de faire une évaluation par différence en différence. Avec
cette stratégie de recherche, Herbst compare les différences pré/post
appels téléphoniques entre les emprunteurs qui changent pour le plan RPR
et ceux qui restent sur le plan régulier.
À court terme, les résultats montrent que le plan RPR tend à réduire les
défauts de paiement de 19 % après dix jours et de 8 % après
quatre-vingt-dix jours. L’effet de ce changement tend toutefois à se
dissiper avec le temps. À plus long terme, Herbst trouve des effets
positifs sur la santé financière des emprunteurs. En particulier, les
emprunteurs ayant utilisé le plan RPR ont 1,8 % plus de chance
d’augmenter leur salaire quarante-deux mois après l’appel téléphonique.
La cote de crédit des emprunteurs augmente de 6,65 points un an après
l’appel et la probabilité d’avoir une hypothèque augmente de 9% quatre
ans après l’appel.
Herbst conclut que le remboursement proportionnel au revenu a des effets
positifs sur la santé financière des anciens étudiants. Selon lui, ces
résultats illustrent les bénéfices liés à la flexibilité des ententes de
remboursements de la dette étudiante et montre l’importance de
considérer les effets comportementaux lors de leur conception.
_Pour en savoir plus:_
Herbst, D. (2023). The Impact of Income-Driven Repayment on Student
Borrower Outcomes. /American Economic Journal: Applied Economics/,
/15/(1), 1–25. https://doi.org/10.1257/APP.20200362
<https://doi.org/10.1257/APP.20200362>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Les cours préparatoires ont-ils un impact sur la participation
universitaire?*
Aux États-Unis plusieurs cours préparatoires (/Advance Placement
Course/) sont offerts aux étudiants du secondaire cherchant à augmenter
leurs chances d’être admis dans une institution d’enseignement supérieur
sélective. Conger, Long et McGhee (2023) évaluent l’effet des cours
préparatoires sur l’inscription universitaire.
Pour évaluer cet effet, les chercheurs ont élaboré une expérience par
assignation aléatoire. L’échantillon est composé de 1 800 étudiants
répartis à travers vingt-trois écoles secondaires aux États-Unis en 2012
dans lesquelles des cours préparatoires en science n’étaient pas
offerts. Ces étudiants ont été aléatoirement assignés soit à un cours
préparatoire en biologie, un cours préparatoire en chimie ou au groupe
contrôle. Les chercheurs ont ensuite évalué les variables d’intérêt à
l’aide d’un questionnaire et de données administratives de 2019 tirées
du NSC (/National Student Clearinghouse/).
Conger, Long et McGhee ne trouve aucun effet significatif entre la prise
de cours préparatoire en biologie ou chimie et les variables d’intérêts.
La prise de cours préparatoire n’affecte ni l’application à des
programmes de baccalauréat, ni l’inscription ou les résultats à l’examen
d’entrée (SAT), ou ni l’inscription universitaire en général.
Les auteurs soulignent toutefois que la majorité des étudiants ayant
suivi les cours préparatoires ont échoué l’examen associé à ce cours.
Conséquemment, il est probable que cet échec ait eu un effet délétère
sur les aspirations des étudiants. Les auteurs soulignent donc
l’importance d’offrir plus de soutien aux élèves avant même qu’ils
suivent les cours préparatoires afin de réduire les risques d’échec.
_Pour en savoir plus:_
Conger, D., Long, M. C., & McGhee, Jr. , R. (2023). Advanced Placement
and Initial College Enrollment: Evidence from an Experiment. /Education
Finance and Policy/, /18/(1), 52–73.
https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358 <https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358>
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Novembre 2022// 11^e édition
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l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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·Le financement à la performance et la dette étudiante
·La prime salariale et le niveau des université
·Les défis des étudiants d'origine latino-américaine au Québec
Prenez note que la Veille de recherche en enseignement supérieur prendra
congé pour le temps des fêtes. Nous serons de retour en janvier!
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*Quels sont les effets du financement à la performance sur la dette
**étudiante?***
Kelchenet coll. (2022) tentent déterminer l’effet despolitiquesde
financement basé sur la performance (FBP)sur la dette étudiante
américaine. La motivation des auteurs provient entre autres de
recherches antérieures qui montrent que les institutions affectées par
des politiques de FBP tendent à augmenter leurs frais de scolarité (Hu
et Villareal, 2019) ce qui pourrait avoir un effet sur la dette.
En utilisant les données provenant du ministère de l’éducation des
États-Unis, Kelchenet coll. (2022) construisent un échantillon composé
des universités américaines offrant des programmes de premier cycle de
deux ou quatre ans entre 1997 et2019. L’échantillon est composé de 571
universités à programme de quatre ans et 1 111 universités à programme
de deux ans. Afin d’identifier l’effet des FBP, les auteurs optent pour
une méthode de différence en différence. Le groupe traitement est
composédes universités ayant subi un changement de politique financement
vers le FBP et le groupe contrôle est composé des autres universités.
Les auteurs ont compilé les données sur la base deux modèles
statistiques, l’un à effet fixe et l’autre à deux étapes.
Les résultats de l’étude tendent à démontrer qu’il n’existe pas d’effets
significatif de l’adoption de politiques de FBP sur la dette étudiante.
Pour les universités à programme de deux ans, aucune des spécifications
de modèle ne montre d’effet significatif. Les résultats sont similaires
pour les universités à programmes de quatre ans. Toutefois, les auteurs
trouvent une augmentation significative de la dette étudiante pour les
étudiants n’étant pas récipiendaire d’aide financière (/Pell Grant/). Ce
résultat laisse penser que l’adoption de politiques de FBP peut avoir un
effet positif sur la dette des étudiants provenant de milieux plus aisés.
Les auteurs concluent que les résultats de leur recherche ouvrent la
voie à une plus grande analyse des politiques de financement à la
performance. Bien que le FBP n’augmente pas la taille de la dette
étudiante, les raisons de ce résultat ne sont toujours pas claires. Une
hypothèse à explorer selon les auteurs serait que le FPB améliore la
position des étudiants sur le marché du travail ce qui les placerait
dans de meilleures dispositions pour rembourser leur dette même si
celle-ci est plus grande.
_Pour en savoir plus:_
Kelchen, R., Ortagus, J., Rosinger, K. et Cassell, A. (2022). The
effects of state performance fundingpolicies on student loan debt.
/Economics//of Education Review/, 91, 102328.
_https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328_
<https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328>
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*Comment la prime salariale liée à une éducation supérieure
change-t-elle selon le niveau de **l’université?***
Gomez (2022) présenteles variations salariales en Colombie selon le
niveau académique des universités.
L’étude s’appuie sur une caractéristique particulière du système
d’éducation colombien,à savoir l’existence de tests standardisés avant
et après une éducation de premier cycle universitaire. Les résultats de
ce test permettent de donner une mesure des habiletés innées diplômés
universitaires et donc de l’isoler de l’effet de l’éducation universitaire.
En combinant des bases données administratives avec celle de
l’institution colombien qui prend en charge les tests standardisés,
Gomez (2022) a été en mesure de récolter un échantillon de 108 007
observations d’étudiants universitaires ayant participé au test
standardisé de fin de baccalauréat en 2011. La variable indépendante de
l’étude est le rang des 230 universités colombienne. Gomez (2022)
classifie le rang des universités en quartiles selon les résultats
moyens obtenus par les étudiants aux tests de raisonnement quantitatif
et lecture critique. La variable d’intérêt est le taux de rendement de
l’éducation selon l’équation de Mincer (1974) contrôléselonles habiletés
innées des diplômés, l’âge, le sexe, le domaine d’étude et l’emplacement
de l’université.
Les résultats obtenus par Gomez montrent une corrélation
significativepositiveentre lerang d’une université et la prime salariale
pour les personnes qui y étudient. En effet, le fait d’avoir étudié dans
une université du premier quartile est associé à une augmentation de
12,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire. À l’inverse, le
fait d’avoir étudié dans une université du dernier quartile est associé
à une réduction de 10,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire.
Gomez (2022) conclut qu’il existe un écart salarial lié au rang des
universités desquelles les travailleurs ont été diplômés. L’auteur
propose que les politiques d’enseignement supérieur devraient s’assurer
d’informer les étudiant des primes et pénalités salariales associées au
choix des institutions universitaires. D’autre part, une politique de
réduction des inégalités devrait s’efforcer d’améliorer les taux de
rendement des universités les moins bien cotées.
_Pour en savoir plus:_
Gomez, N. (2022). Returns to College Education in Colombia. /Higher
Education Policy/, 35(3), 692‑708.
_https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2_
<https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2>__
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*Quels sont les défis auxquels font face les étudiants d’origine
latino-américaine dans les universités **québécoises?***
L’intégration de certains groupes d’individu dans le milieu
universitaire est un défi pour plusieurs universités. Soares et Magnan
(2022) explorentcette problématique dans le cas des étudiants
universitaires d’origine latino-américaine au Québec.
L’étude des auteurs est un rapport qualitatif qui relate plusieurs
expériences universitaires d’étudiants latino-américains. La
méthodologie consiste en une série d’entrevues avec dix étudiants qui
ont entamé un programme de baccalauréat. Parmi ce groupe, six ont obtenu
leur diplôme, deux ont cheminé vers un programme de certificat et deux
autres ont arrêté leurs études complètement. Les entrevues étaient
semi-dirigées et pendant celles-ci les répondants étaient questionnés
principalement sur l’ensemble de leur parcours scolaire au Québec. Les
auteures ont procédé à une analyse inductive des réponses ainsi qu’à une
analyse détaillée des thèmes codée à l’aide du logiciel /QDA Miner/.
L’analyse faite par les auteurs fait ressortir plusieurs thèmes et
enjeux récurrents parmi les expériences relatées. Parmi ces thèmes, les
auteurs mentionnent un sentiment d’affiliation particulièrement faible
avec l’université. Cette perception serait le résultat d’une absence de
réseau et de sens de communauté dans le milieu universitaire selon
plusieurs répondants. Un autre des défis des étudiants latino-américains
serait la difficulté à comprendre et incorporer les exigences liées à la
charge de travail au baccalauréat. Certains étudiants ne se sentaient
pas assez accompagnés ou dirigés lorsque venait le temps des réaliser
des tâches académiques comme la rédaction de travaux de session. Les
auteures notent enfinque plusieurs étudiants ayant réussi leur
baccalauréat avaient mis en œuvre différentes stratégies pour y arriver
notamment en comptant sur le soutien de leur famille et en allant
explorer eux-mêmes les différentes ressources offertes par leur université.
Soares et Magnan (2022) concluent en proposant certaines améliorations
que les universités peuvent mettre en place pour aider les étudiants
latino-américains à relever les défis auxquels défis ils font face.
D’abord, elles proposent que les universités s’assurent d’offrir de
l’information plus claire à propos du fonctionnement de l’université
ainsi que des attentes envers les étudiants. D’autre part, les
universités devraient, selon les auteures, intégrer une politique du
/care/où l’importance des relations personnelles à l’intérieur de la vie
étudiante est priorisée.
_Pour en savoir plus:_
Soares, R. de O. et Magnan, M.-O. (2022). “I didn’t know what to do,
where to go”: The voices of students whose parents were born in Latin
America on the need for care in Quebec universities. /Canadian Journal
of Higher Education/, 1‑14.
_https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581_
<https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581>
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différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
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OCTOBRE 2022// 10^e édition
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/Un condensé mensuel des dernières publications s//cientifiques//sur
l’enseignement supérieur/
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·L'impact des programmes de soutien sur les choix de parcours universitaires
·La hausse des frais de scolarité et la progressivité des université
américaines
·Les examens d'admissions standardisés et l'égalité des chances
·L'impact de l'arrivée des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires
Bonjour à tous.
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*Comment aider les étudiants du secondaire à choisir leur parcours
universitaire?
*
Le choix entre l’inscription à un programme universitaire et le
placement sur le marché du travail fait l’objet de nombreux travaux. On
se questionne notamment à savoir pourquoi, à compétences égales, les
étudiants provenant d’une famille aisée choisissent de suivre un
parcours universitaire dans une plus grande proportion que les étudiants
d’autres familles. L’étude de Ballarino et coll. (2022) tente d’évaluer
ces décisions à la lumière des informations qu’ils reçoivent face à
l’enseignement supérieur. Pour y arriver, les chercheurs élaborent une
expérience à assignation aléatoire où l’information sur les choix de
programmes universitaires varie entre le groupe test et le groupe contrôle.
L’expérience a pris place à travers 62 écoles secondaires en Italie, se
concentrant sur les étudiants finissants leur diplôme. Les étudiants du
groupe traitement ont été rencontrés par des conseillers d’orientation
afin de les informer sur les coûts, le processus de sélection
universitaire et les opportunités d’emploi des différents programmes
d’étude universitaire. Chaque étudiant des écoles du groupe traitement
ont eu droit à trois séances d’information de deux heures chacune. Le
groupe contrôle n’a bénéficié d’aucune rencontre. Les auteurs ont
ensuite étudié la décision des étudiants de s’inscrire à l’université ou
non, et dans quel domaine d’étude. Les domaines étaient catégorisés
comme « faible », « intermédiaire » et « fort » selon leur probabilité à
générer des mesures favorables sur un ensemble d’indicateurs liés au
marché du travail incluant le taux de chômage, le taux d’activité et la
stabilité des emplois.
La campagne d’information a eu deux effets principaux. D’abord, la
campagne d’information a mené à une réduction des inscriptions
universitaires. Cet effet est particulièrement important chez les hommes
venant de familles moins éduquées ayant été exposé à l’intervention
alors qu’ils se sont inscrits à l’université dans une proportion qui est
de 5,5% inférieure. Il s’agit d’un résultat surprenant qui contredit les
recherches précédentes. Les auteurs attribuent ce résultat à la
structure du marché du travail italien où la présence de petites
entreprises à faible valeur ajoutée est plus grande qu’ailleurs.
Ensuite, parmi les étudiants s’étant inscrits à l’université, les
données montrent que l’intervention a mené à une augmentation des
inscriptions dans des domaines d’étude ayant une plus grand retour
salarial. Cet effet est particulièrement observable chez les femmes
provenant d’un milieu familial éduqué. Pour cette catégorie, le
traitement a mené à une augmentation des inscriptions dans les domaines
« intermédiaires » (+7,1%) tout en baissant les inscriptions dans les
domaines « faibles » (-4,6%). Ce résultat est quant à lui aligné avec
les précédentes études sur la question.
Les auteurs concluent que l’offre d’information sur les effets de
l’enseignement supérieur aux élèves du secondaire peut avoir des effets
permanents sur certains sous-groupes d’individus. Ces effets sont
toutefois modérés et pourraient ne pas s’aligner avec l’objectif de
politique publique d’augmentation de la participation à l’enseignement
supérieur, ou encore de mobilité sociale.
_Pour en savoir plus: _
Ballarino, G., Filippin, A., Abbiati, G., Argentin, G., Barone, C. et
Schizzerotto, A. (2022). The Effects of an Information Campaign beyond
University Enrolment: A Large-scale Field Experiment on the Choices of
High School Students. /Economics of Education Review/, 91, 102308.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102308
*Les hausses des frais de scolarité rendent-elles le système éducatif
moins progressif?
*
Aux États-Unis, les frais de scolarité universitaires ont augmenté
considérablement dans la dernière décennie, soulevant plusieurs débats
concernant l’accès à l’enseignement supérieur. Cook et Turner (2022)
contribuent à ce domaine d’étude en décrivant l’impact de la hausse des
frais entre 2012 et 2018 sur la progressivité des prix à l’enseignement
supérieur.
Lorsqu’on discute des prix de l’enseignement supérieur, une grande
attention est portée uniquement sur les frais de scolarités. Toutefois,
rappellent Cook et Turner (2022), une analyse complète doit aussi
comprendre les subventions que reçoivent les étudiants. En ce sens, le
fardeau fiscal des étudiants est déterminé par les frais de scolarité
nets, c’est-à-dire frais de scolarité moins les subventions, comme les
bourses d’études. De fait, le gouvernement fédéral a transféré près de
29 milliards $ US aux étudiants en 2019 à travers son programme de Pell
Grants et les états ont transféré près de 11,9 milliards $ US.
Les auteurs utilisent des données tirées du National Center for
Education Statistics (NCES) sur les frais et subventions aux étudiants
de 1987 à 2018, en portant une attention particulière à la période
2012-2018. L’approche empirique des auteurs repose sur une estimation
des frais de scolarité nets à l’aide d’une régression à moindre carrée
ordinaire où la variable indépendante est les frais de scolarité et la
variable dépendante est les frais de scolarité nets. Pour décrire la
progressivité des frais de scolarité, les auteurs observent comment les
coefficients de corrélation varient selon cinq catégories de revenus des
familles des étudiants (0-30k, 30k-48k, 48-k-75k, 75k-110k, et 110k+).
Les résultats obtenus par les auteurs montrent qu’il existe une certaine
progressivité dans le système des prix universitaire, en particulier
dans les établissements ayant une forte proportion d’activité de
recherche. Par exemple, dans les établissements les plus intensifs au
niveau de la recherche (qualifiés R1), les frais de scolarité nets des
étudiants les moins bien nantis augmentent de 0,30$ US par dollar
supplémentaire de frais de scolarité alors que ceux des étudiants les
mieux nantis augmentent de 0,73 $US par dollar supplémentaire de frais
de scolarité. Toutefois, cette progressivité tend à se dissiper dans les
établissements axés sur l’enseignement comme les collèges communautaires
(community colleges).
En regardant spécifiquement la période 2012-2018, les auteurs observent
que les frais de scolarité nets payés par les étudiants des familles
moins favorisées (revenu de moins de 110 000$) ont baissé dans tous les
types d’établissements. Parallèlement, ceux pour les étudiants provenant
des familles dans le premier échelon (plus de 110 000$) ont augmenté
dans les établissements de recherche R2 et les établissements sans
recherche.
Les auteurs concluent que la hausse des frais de scolarité observée dans
la dernière décennie n’a pas diminué la progressivité de la tarification
et l’a, au contraire, potentiellement améliorée en termes de frais de
scolarité nets. Ils soulignent toutefois que les universités
communiquent mal l’accessibilité des programmes de bourses aux étudiants
potentiels.
_Pour en savoir plus: _
Cook, E. E. et Turner, S. (2022). Progressivity of Pricing at US Public
Universities. /Economics of Education Review/, 88, 102239.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102239
*Les examens standardisés d’admission ont-ils un impact sur l’égalité
des chances?
*
Rosinger et coll. (2022) évaluent l’impact des admissions de candidats
en droit sur la base du Graduate Record Examination plutôt que sur la
base du Law school admission test. Ils évaluent comment ce changement
affecte la diversité et la sélectivité institutionnelle des facultés de
droit.
Pour identifier l’effet causal, les chercheurs emploient une méthode de
différence en différence. Les données étudiées par les auteurs
proviennent l’association du barreau américain (ABA) qui contient des
informations sur les admissions, inscriptions et pratiques d’aide
financière des facultés de droit. Les auteurs ont identifié un
échantillon de 57 facultés ayant procédé à une réforme des processus
d’admission entre 2016 et 2020. La variable indépendante de l’étude est
un indicateur dichotomique spécifiant si une faculté acceptait le test
GRE dans son processus d’admission ou non. Les variables dépendantes
sont le nombre d’étudiants de premières années étant noirs, hispaniques
ou autochtones (logarithmique), le nombre de candidats (logarithmique)
et le taux d’admission.
Les résultats obtenus par Rosinger et coll. (2022) montrent globalement
que l’intégration du test GRE dans les processus d’admission n’a eu
aucun effet statistiquement significatif sur la diversité des facultés
de droit. De plus, cette réforme a eu pour effet d’augmenter la
sélectivité des processus d’admission à cause de la hausse des
candidatures (de 6,6% à 9,5% selon les modèles) et de la baisse des taux
d’admission (de 2,4% à 2,9% selon les modèles).
Les auteurs concluent que l’effet des processus d’admission basés sur le
GRE sur la diversité et l’inclusion sont au mieux très faibles. À leurs
yeux il s’agit d’un changement qui n’offrent pas de solution à l’enjeu
égalité des chances.
_Pour en savoir plus:_
Rosinger, K. O., Ford, K. S., Posselt, J. et Choi, J. (2022). Exploring
the Impact of GRE-Accepting Admissions on Law School Diversity and
Selectivity. /The Review of Higher Education/, 46(1), 109‑144.
https://doi.org/10.1353/rhe.2022.0014
**
*Les diplômes de baccalauréat au niveau des collèges communautaires
peuvent-ils améliorer l’accès à l’enseignement supérieur?
*
Les collèges communautaires américains sont des institutions
d’enseignement supérieur offrant typiquement des certificats sur une
période d’étude de deux ans. Ces institutions ont été créées dans le but
d’élargir l’accès à l’enseignement supérieur tout en amélioration
l’adéquation entre enseignement et marché du travail. Pour améliorer ces
résultats, certains collèges communautaires ont commencé à offrir des
diplômes de baccalauréat d’une durée de quatre ans. Wright-Kim (2022)
examine l’effet des CCB (community colleges baccalaureate) sur
l’accessibilité de l’enseignement supérieur.
Pour réaliser l’étude, l’auteur établit une stratégie de différence en
différence pour identifier l’effet des CCB. L’échantillon utilisé est
composé de 702 collèges communautaires, dont 78 ayant mis en place des
CCB entre les années 1999 et 2019 et qui composeront le groupe
traitement. Wright-Kim a ensuite testé différents modèles pour une
grande variété de variables dépendantes telles que les inscriptions
totales, les inscriptions des personnes à faibles revenus et la
proportion des étudiants à faibles revenus.
Les résultats montrent un effet significatif de l’offre de CCB sur
l’inscription aux collèges communautaires. L’offre de CCB est associée à
une augmentation de 6% à 9,6% des inscriptions selon les modèles. Elle
s’accompagne aussi d’une augmentation de 11% à 16% d’étudiant en
équivalent temps plein selon les modèles. L’introduction des CCB semble
aussi avoir un impact important sur l’inscription des étudiants à faible
revenu. Celui augmente d’environ 15%.
À la lumière des résultats de son étude, Wright-Kim affirme que
l’introduction des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires leur permettraient de mieux remplir leur mission
d’accessibilité à l’enseignement supérieur. L’auteur recommande
d’ailleurs aux décideurs d’envisager d’augmenter l’offre de CCB dans les
collèges communautaires puisque cette pratique semble être en mesure
d’atteindre une multiplicité d’objectifs simultanément.
_Pour en savoir plus:_
Wright-Kim, J. (2022). The Impact of Offering Baccalaureate Degrees on
Institutional Enrollment in Community Colleges. /Community College
Review/, 00915521221125500. https://doi.org/10.1177/00915521221125500
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