*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Janvier 2023
12^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications scientifiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
- L'effet du processus d'admission sur le marché du travail
- L'impact d'une politique d'admission équitable au Texas
- Le remboursement proportionnel au revenu et la dette étudiante
- Les cours préparatoires et la participation universitaire
L'équipe de la veille de recherche du GREPA vous souhaite une bonne
année 2023!
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Bonne lecture!**
*Quels sont les effets liés à la manière dont les universités admettent
les étudiants?*
Bien que la plupart des universités n’utilisent que des critères
académiques dans leurs processus d’admissions, les universités les plus
prestigieuses intègrent aussi des critères non-académiques qui
permettent à certains étudiants n’atteignant pas le niveau académique
suffisant d’être admis. On appelle cette méthode d’admission les
admissions discrétionnaires.
Kamis, Pan et Seah (2023) s’intéressent aux effets liés à l’utilisation
des différentes formes d’admission. Spécifiquement, les auteurs
cherchent à savoir si les étudiants ont des conditions différentes sur
le marché du travail selon le processus d’admission qu’ils ont suivi. Il
s’agit, selon les auteurs, d’une question qui n’a jamais été étudiée
précédemment.
Les auteurs tentent d’identifier le lien causal avec une méthode de
régression par discontinuité. Ils exploitent une caractéristique
spéciale du processus d’admission de l’université de Singapour qui offre
aux candidats deux parcours d’admissions. Le premier est dit « régulier
» et basé uniquement sur les compétences académiques. Le second est dit
« discrétionnaire » et basé sur des qualités non-académiques. Ce dernier
processus vise les étudiants qui n’atteignent pas le seuil des critères
de l’admission régulière. En portant attention au décile inférieur des
étudiants admis par processus régulier, les auteurs isolent un groupe
contrôle qui sera comparé au groupe traitement (admission
discrétionnaire). L’échantillon est constitué des d’étudiants admis
entre 2009 et 2013 à l’université de Singapour. Le groupe contrôle est
composé de 2 157 observations et le groupe traitement de 1 278. Les
chercheurs ont couplé les données administratives de l’université avec
des dossiers fiscaux accessibles pour étudier l’impact du processus
d’admission sur le marché du travail.
Les résultats obtenus par les auteurs montrent des différences
significatives entre les groupes. Au niveau académique, les étudiants
admis par processus discrétionnaire avaient de 3,5 % à 3,8 % plus de
chance de s’inscrire à une mineure ou un seconde majeure au cours de
leur baccalauréat. Une majeure correspond à la (ou l’une des) discipline
principale de l’étudiant au cours de ses études de premier cycle alors
qu’une mineure correspond à une discipline secondaire. Ces étudiants
avaient aussi 6 % à 7 % plus de chances de participer à des programmes
d’échange étudiant à l’étranger. Au niveau non-académique, les auteurs
trouvent des effets sur le marché du travail. Les étudiants ayant
bénéficié de l’admission discrétionnaire avaient 3,9 % plus de chances
d’avoir un emploi à temps plein six mois après leur diplomation et
avaient un salaire moyen de 4,5 % à 5,3 % supérieur deux à trois ans
respectivement après la diplomation.
Kamis, Pan et Seah (2023) concluent que les étudiants admis par
processus discrétionnaire ont de meilleures performances sur le marché
du travail que les étudiants admis par le processus régulier. Ce
résultat suggère qu’une approche holistique d’admission peut permettre
aux universités d’identifier les meilleurs candidats potentiels aux bas
niveaux des performances académiques et d’améliorer les taux de placements.
_Pour en savoir plus : _
Kamis, R., Pan, J., & Seah, K. K. (2023). Do college admissions criteria
matter? Evidence from discretionary vs. grade-based admission policies.
/Economics of Education Review/, /92/, 102347.
https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347
<https://doi.org/10.1016/J.ECONEDUREV.2022.102347>
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*Une politique d’admission universitaire plus équitable peut-elle aussi
être plus efficace?*
Black, Denning et Rothstein (2023) tentent d’évaluer l’impact de
l’ouverture du processus d’admission universitaire à des étudiants de
milieux moins favorisés. Pour y arriver, ils étudient une réforme des
processus d’admission dans le réseau public universitaire au Texas en
1998. Cette réforme appelée la /Top Ten Percent Rule /(règle du dix
pourcent) a forcé les universités publiques (même les plus sélectives) à
garantir l’admission à tout étudiant finissant du secondaire dans le top
10 % de sa classe. Cette politique a permis à de nombreux étudiants
provenant d’écoles dans des milieux défavorisées d’accéder aux
meilleures institutions publiques d’enseignement supérieur.
Pour identifier l’effet de la réforme, les auteurs ont employé une
différence en différence qui compare les changements des conditions sur
le marché du travail des étudiants affectés par la réforme avec celles
de ceux qui ne le sont pas. Deux groupes d’étudiants risquent d’être
affectés par la réforme et constituent donc les groupes traitement. Il
s’agit des « /pulled in /», les étudiants du top 10 % d’écoles
défavorisés, et les « /pushed out/ », les étudiants d’écoles favorisées
dont les notes sont juste en-dessous du seuil du top 10 %. Le groupe
contrôle est quant à lui constitué d’étudiants au-delà de la moyenne,
mais qui n’aurait pas été admis à une université sélective (comme UT
Austin) avant ou après la réforme.
Les auteurs notent que l’admission des étudiants /pulled in /ont 6,6 %
plus de chance d’être admis dans un programme de premier cycle d’une
université publique et 5,3 % plus de chance d’être admis à UT Austin,
l’université la plus sélective. La réforme a aussi augmenté de 3,9 % la
probabilité de diplomation des/pulled /in. Neuf à onze ans après la
diplomation, les revenus de ce groupe étaient égaux ou supérieur au
scénario sans réforme. Du côté des /pushed out/ les auteurs ne trouvent
à peu près pas d’effets liés à la réforme. Le seul effet significatif
est la baisse de probabilité d’admission de 2,1 % à UT Austin.
Les auteurs argumentent que la politique du /Top Ten Percent Rule /a eu
des effets bénéfiques pour la société. Cette politique a amélioré les
conditions académiques et économiques de personnes provenant d’un milieu
défavorisé sans conduire à l’amenuisement de conditions d’autres
personnes. En ce sens il s’agirait d’un type de réforme à la fois
équitable et efficace.
_Pour en savoir plus: _
Black, S. E., Denning, J. T., & Rothstein, J. (2023). Winners and
Losers? The Effect of Gaining and Losing Access to Selective Colleges on
Education and Labor Market Outcomes. /American Economic Journal: Applied
Economics/, /15/(1), 26–67. https://doi.org/10.1257/APP.20200137
<https://doi.org/10.1257/APP.20200137>
*Le mode de remboursement de la dette étudiante a-t-il un impact sur les
risques de défauts de paiement?*
Herbst (2023) étudie le remboursement de la dette étudiante aux
États-Unis. La plupart des étudiants ayant une dette à rembourser sur
leurs prêts d’étude ont une entente de remboursement par versements
fixes. Toutefois, certaines ententes de remboursement sont
proportionnelles au revenu (RPR). Ces ententes font varier les paiements
minimums en fonction du revenu. Herbst tente d’évaluer l’impact du RPR
sur la santé financière des diplômés.
Pour réaliser cette étude, Herbst utilise les données d’une compagnie
est restée anonyme qu’il appelle /Large Loan Servicer/ (LLS) et qui gère
300 milliards de dollar US de dette étudiante pour le compte du
ministère de l’Éducation américain. L’échantillon utilisé est composé de
133 630 individus ayant une dette gérée par LLS entre 2010 et 2018 et
dont les caractéristiques les rendent admissible au programme de RPR.
Pour identifier l’effet causal, Herbst procède à la fois par méthode de
variable instrumentale et par différence en différence.
LLS fait des appels téléphoniques aléatoires aux emprunteurs qui sont
dans des situation de défaut de paiement. Au cours de ces appels les
agents de LLS proposent un plan de RPR. Herbst exploite cette méthode de
travail pour construire un indice d’agent (/agent score/) qui permet
d’estimer le changement d’un remboursement fixe vers un plan RPR.
L’indice d’agent est la variable instrumentale utilisée pour estimer les
variables d’intérêt. Les appels téléphoniques permettent aussi à
l’auteur de faire une évaluation par différence en différence. Avec
cette stratégie de recherche, Herbst compare les différences pré/post
appels téléphoniques entre les emprunteurs qui changent pour le plan RPR
et ceux qui restent sur le plan régulier.
À court terme, les résultats montrent que le plan RPR tend à réduire les
défauts de paiement de 19 % après dix jours et de 8 % après
quatre-vingt-dix jours. L’effet de ce changement tend toutefois à se
dissiper avec le temps. À plus long terme, Herbst trouve des effets
positifs sur la santé financière des emprunteurs. En particulier, les
emprunteurs ayant utilisé le plan RPR ont 1,8 % plus de chance
d’augmenter leur salaire quarante-deux mois après l’appel téléphonique.
La cote de crédit des emprunteurs augmente de 6,65 points un an après
l’appel et la probabilité d’avoir une hypothèque augmente de 9% quatre
ans après l’appel.
Herbst conclut que le remboursement proportionnel au revenu a des effets
positifs sur la santé financière des anciens étudiants. Selon lui, ces
résultats illustrent les bénéfices liés à la flexibilité des ententes de
remboursements de la dette étudiante et montre l’importance de
considérer les effets comportementaux lors de leur conception.
_Pour en savoir plus:_
Herbst, D. (2023). The Impact of Income-Driven Repayment on Student
Borrower Outcomes. /American Economic Journal: Applied Economics/,
/15/(1), 1–25. https://doi.org/10.1257/APP.20200362
<https://doi.org/10.1257/APP.20200362>
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Les cours préparatoires ont-ils un impact sur la participation
universitaire?*
Aux États-Unis plusieurs cours préparatoires (/Advance Placement
Course/) sont offerts aux étudiants du secondaire cherchant à augmenter
leurs chances d’être admis dans une institution d’enseignement supérieur
sélective. Conger, Long et McGhee (2023) évaluent l’effet des cours
préparatoires sur l’inscription universitaire.
Pour évaluer cet effet, les chercheurs ont élaboré une expérience par
assignation aléatoire. L’échantillon est composé de 1 800 étudiants
répartis à travers vingt-trois écoles secondaires aux États-Unis en 2012
dans lesquelles des cours préparatoires en science n’étaient pas
offerts. Ces étudiants ont été aléatoirement assignés soit à un cours
préparatoire en biologie, un cours préparatoire en chimie ou au groupe
contrôle. Les chercheurs ont ensuite évalué les variables d’intérêt à
l’aide d’un questionnaire et de données administratives de 2019 tirées
du NSC (/National Student Clearinghouse/).
Conger, Long et McGhee ne trouve aucun effet significatif entre la prise
de cours préparatoire en biologie ou chimie et les variables d’intérêts.
La prise de cours préparatoire n’affecte ni l’application à des
programmes de baccalauréat, ni l’inscription ou les résultats à l’examen
d’entrée (SAT), ou ni l’inscription universitaire en général.
Les auteurs soulignent toutefois que la majorité des étudiants ayant
suivi les cours préparatoires ont échoué l’examen associé à ce cours.
Conséquemment, il est probable que cet échec ait eu un effet délétère
sur les aspirations des étudiants. Les auteurs soulignent donc
l’importance d’offrir plus de soutien aux élèves avant même qu’ils
suivent les cours préparatoires afin de réduire les risques d’échec.
_Pour en savoir plus:_
Conger, D., Long, M. C., & McGhee, Jr. , R. (2023). Advanced Placement
and Initial College Enrollment: Evidence from an Experiment. /Education
Finance and Policy/, /18/(1), 52–73.
https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358 <https://doi.org/10.1162/EDFP_A_00358>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
Novembre 2022// 11^e édition
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/Un condensé mensuel des dernières publications s//cientifiques//sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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·Le financement à la performance et la dette étudiante
·La prime salariale et le niveau des université
·Les défis des étudiants d'origine latino-américaine au Québec
Prenez note que la Veille de recherche en enseignement supérieur prendra
congé pour le temps des fêtes. Nous serons de retour en janvier!
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*Quels sont les effets du financement à la performance sur la dette
**étudiante?***
Kelchenet coll. (2022) tentent déterminer l’effet despolitiquesde
financement basé sur la performance (FBP)sur la dette étudiante
américaine. La motivation des auteurs provient entre autres de
recherches antérieures qui montrent que les institutions affectées par
des politiques de FBP tendent à augmenter leurs frais de scolarité (Hu
et Villareal, 2019) ce qui pourrait avoir un effet sur la dette.
En utilisant les données provenant du ministère de l’éducation des
États-Unis, Kelchenet coll. (2022) construisent un échantillon composé
des universités américaines offrant des programmes de premier cycle de
deux ou quatre ans entre 1997 et2019. L’échantillon est composé de 571
universités à programme de quatre ans et 1 111 universités à programme
de deux ans. Afin d’identifier l’effet des FBP, les auteurs optent pour
une méthode de différence en différence. Le groupe traitement est
composédes universités ayant subi un changement de politique financement
vers le FBP et le groupe contrôle est composé des autres universités.
Les auteurs ont compilé les données sur la base deux modèles
statistiques, l’un à effet fixe et l’autre à deux étapes.
Les résultats de l’étude tendent à démontrer qu’il n’existe pas d’effets
significatif de l’adoption de politiques de FBP sur la dette étudiante.
Pour les universités à programme de deux ans, aucune des spécifications
de modèle ne montre d’effet significatif. Les résultats sont similaires
pour les universités à programmes de quatre ans. Toutefois, les auteurs
trouvent une augmentation significative de la dette étudiante pour les
étudiants n’étant pas récipiendaire d’aide financière (/Pell Grant/). Ce
résultat laisse penser que l’adoption de politiques de FBP peut avoir un
effet positif sur la dette des étudiants provenant de milieux plus aisés.
Les auteurs concluent que les résultats de leur recherche ouvrent la
voie à une plus grande analyse des politiques de financement à la
performance. Bien que le FBP n’augmente pas la taille de la dette
étudiante, les raisons de ce résultat ne sont toujours pas claires. Une
hypothèse à explorer selon les auteurs serait que le FPB améliore la
position des étudiants sur le marché du travail ce qui les placerait
dans de meilleures dispositions pour rembourser leur dette même si
celle-ci est plus grande.
_Pour en savoir plus:_
Kelchen, R., Ortagus, J., Rosinger, K. et Cassell, A. (2022). The
effects of state performance fundingpolicies on student loan debt.
/Economics//of Education Review/, 91, 102328.
_https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328_
<https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102328>
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*Comment la prime salariale liée à une éducation supérieure
change-t-elle selon le niveau de **l’université?***
Gomez (2022) présenteles variations salariales en Colombie selon le
niveau académique des universités.
L’étude s’appuie sur une caractéristique particulière du système
d’éducation colombien,à savoir l’existence de tests standardisés avant
et après une éducation de premier cycle universitaire. Les résultats de
ce test permettent de donner une mesure des habiletés innées diplômés
universitaires et donc de l’isoler de l’effet de l’éducation universitaire.
En combinant des bases données administratives avec celle de
l’institution colombien qui prend en charge les tests standardisés,
Gomez (2022) a été en mesure de récolter un échantillon de 108 007
observations d’étudiants universitaires ayant participé au test
standardisé de fin de baccalauréat en 2011. La variable indépendante de
l’étude est le rang des 230 universités colombienne. Gomez (2022)
classifie le rang des universités en quartiles selon les résultats
moyens obtenus par les étudiants aux tests de raisonnement quantitatif
et lecture critique. La variable d’intérêt est le taux de rendement de
l’éducation selon l’équation de Mincer (1974) contrôléselonles habiletés
innées des diplômés, l’âge, le sexe, le domaine d’étude et l’emplacement
de l’université.
Les résultats obtenus par Gomez montrent une corrélation
significativepositiveentre lerang d’une université et la prime salariale
pour les personnes qui y étudient. En effet, le fait d’avoir étudié dans
une université du premier quartile est associé à une augmentation de
12,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire. À l’inverse, le
fait d’avoir étudié dans une université du dernier quartile est associé
à une réduction de 10,7% du taux de rendement de l’éducation universitaire.
Gomez (2022) conclut qu’il existe un écart salarial lié au rang des
universités desquelles les travailleurs ont été diplômés. L’auteur
propose que les politiques d’enseignement supérieur devraient s’assurer
d’informer les étudiant des primes et pénalités salariales associées au
choix des institutions universitaires. D’autre part, une politique de
réduction des inégalités devrait s’efforcer d’améliorer les taux de
rendement des universités les moins bien cotées.
_Pour en savoir plus:_
Gomez, N. (2022). Returns to College Education in Colombia. /Higher
Education Policy/, 35(3), 692‑708.
_https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2_
<https://doi.org/10.1057/s41307-021-00224-2>__
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*Quels sont les défis auxquels font face les étudiants d’origine
latino-américaine dans les universités **québécoises?***
L’intégration de certains groupes d’individu dans le milieu
universitaire est un défi pour plusieurs universités. Soares et Magnan
(2022) explorentcette problématique dans le cas des étudiants
universitaires d’origine latino-américaine au Québec.
L’étude des auteurs est un rapport qualitatif qui relate plusieurs
expériences universitaires d’étudiants latino-américains. La
méthodologie consiste en une série d’entrevues avec dix étudiants qui
ont entamé un programme de baccalauréat. Parmi ce groupe, six ont obtenu
leur diplôme, deux ont cheminé vers un programme de certificat et deux
autres ont arrêté leurs études complètement. Les entrevues étaient
semi-dirigées et pendant celles-ci les répondants étaient questionnés
principalement sur l’ensemble de leur parcours scolaire au Québec. Les
auteures ont procédé à une analyse inductive des réponses ainsi qu’à une
analyse détaillée des thèmes codée à l’aide du logiciel /QDA Miner/.
L’analyse faite par les auteurs fait ressortir plusieurs thèmes et
enjeux récurrents parmi les expériences relatées. Parmi ces thèmes, les
auteurs mentionnent un sentiment d’affiliation particulièrement faible
avec l’université. Cette perception serait le résultat d’une absence de
réseau et de sens de communauté dans le milieu universitaire selon
plusieurs répondants. Un autre des défis des étudiants latino-américains
serait la difficulté à comprendre et incorporer les exigences liées à la
charge de travail au baccalauréat. Certains étudiants ne se sentaient
pas assez accompagnés ou dirigés lorsque venait le temps des réaliser
des tâches académiques comme la rédaction de travaux de session. Les
auteures notent enfinque plusieurs étudiants ayant réussi leur
baccalauréat avaient mis en œuvre différentes stratégies pour y arriver
notamment en comptant sur le soutien de leur famille et en allant
explorer eux-mêmes les différentes ressources offertes par leur université.
Soares et Magnan (2022) concluent en proposant certaines améliorations
que les universités peuvent mettre en place pour aider les étudiants
latino-américains à relever les défis auxquels défis ils font face.
D’abord, elles proposent que les universités s’assurent d’offrir de
l’information plus claire à propos du fonctionnement de l’université
ainsi que des attentes envers les étudiants. D’autre part, les
universités devraient, selon les auteures, intégrer une politique du
/care/où l’importance des relations personnelles à l’intérieur de la vie
étudiante est priorisée.
_Pour en savoir plus:_
Soares, R. de O. et Magnan, M.-O. (2022). “I didn’t know what to do,
where to go”: The voices of students whose parents were born in Latin
America on the need for care in Quebec universities. /Canadian Journal
of Higher Education/, 1‑14.
_https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581_
<https://journals.sfu.ca/cjhe/index.php/cjhe/article/view/189469/186581>
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
OCTOBRE 2022// 10^e édition
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l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
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·L'impact des programmes de soutien sur les choix de parcours universitaires
·La hausse des frais de scolarité et la progressivité des université
américaines
·Les examens d'admissions standardisés et l'égalité des chances
·L'impact de l'arrivée des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires
Bonjour à tous.
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Bonne lecture!**
*Comment aider les étudiants du secondaire à choisir leur parcours
universitaire?
*
Le choix entre l’inscription à un programme universitaire et le
placement sur le marché du travail fait l’objet de nombreux travaux. On
se questionne notamment à savoir pourquoi, à compétences égales, les
étudiants provenant d’une famille aisée choisissent de suivre un
parcours universitaire dans une plus grande proportion que les étudiants
d’autres familles. L’étude de Ballarino et coll. (2022) tente d’évaluer
ces décisions à la lumière des informations qu’ils reçoivent face à
l’enseignement supérieur. Pour y arriver, les chercheurs élaborent une
expérience à assignation aléatoire où l’information sur les choix de
programmes universitaires varie entre le groupe test et le groupe contrôle.
L’expérience a pris place à travers 62 écoles secondaires en Italie, se
concentrant sur les étudiants finissants leur diplôme. Les étudiants du
groupe traitement ont été rencontrés par des conseillers d’orientation
afin de les informer sur les coûts, le processus de sélection
universitaire et les opportunités d’emploi des différents programmes
d’étude universitaire. Chaque étudiant des écoles du groupe traitement
ont eu droit à trois séances d’information de deux heures chacune. Le
groupe contrôle n’a bénéficié d’aucune rencontre. Les auteurs ont
ensuite étudié la décision des étudiants de s’inscrire à l’université ou
non, et dans quel domaine d’étude. Les domaines étaient catégorisés
comme « faible », « intermédiaire » et « fort » selon leur probabilité à
générer des mesures favorables sur un ensemble d’indicateurs liés au
marché du travail incluant le taux de chômage, le taux d’activité et la
stabilité des emplois.
La campagne d’information a eu deux effets principaux. D’abord, la
campagne d’information a mené à une réduction des inscriptions
universitaires. Cet effet est particulièrement important chez les hommes
venant de familles moins éduquées ayant été exposé à l’intervention
alors qu’ils se sont inscrits à l’université dans une proportion qui est
de 5,5% inférieure. Il s’agit d’un résultat surprenant qui contredit les
recherches précédentes. Les auteurs attribuent ce résultat à la
structure du marché du travail italien où la présence de petites
entreprises à faible valeur ajoutée est plus grande qu’ailleurs.
Ensuite, parmi les étudiants s’étant inscrits à l’université, les
données montrent que l’intervention a mené à une augmentation des
inscriptions dans des domaines d’étude ayant une plus grand retour
salarial. Cet effet est particulièrement observable chez les femmes
provenant d’un milieu familial éduqué. Pour cette catégorie, le
traitement a mené à une augmentation des inscriptions dans les domaines
« intermédiaires » (+7,1%) tout en baissant les inscriptions dans les
domaines « faibles » (-4,6%). Ce résultat est quant à lui aligné avec
les précédentes études sur la question.
Les auteurs concluent que l’offre d’information sur les effets de
l’enseignement supérieur aux élèves du secondaire peut avoir des effets
permanents sur certains sous-groupes d’individus. Ces effets sont
toutefois modérés et pourraient ne pas s’aligner avec l’objectif de
politique publique d’augmentation de la participation à l’enseignement
supérieur, ou encore de mobilité sociale.
_Pour en savoir plus: _
Ballarino, G., Filippin, A., Abbiati, G., Argentin, G., Barone, C. et
Schizzerotto, A. (2022). The Effects of an Information Campaign beyond
University Enrolment: A Large-scale Field Experiment on the Choices of
High School Students. /Economics of Education Review/, 91, 102308.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102308
*Les hausses des frais de scolarité rendent-elles le système éducatif
moins progressif?
*
Aux États-Unis, les frais de scolarité universitaires ont augmenté
considérablement dans la dernière décennie, soulevant plusieurs débats
concernant l’accès à l’enseignement supérieur. Cook et Turner (2022)
contribuent à ce domaine d’étude en décrivant l’impact de la hausse des
frais entre 2012 et 2018 sur la progressivité des prix à l’enseignement
supérieur.
Lorsqu’on discute des prix de l’enseignement supérieur, une grande
attention est portée uniquement sur les frais de scolarités. Toutefois,
rappellent Cook et Turner (2022), une analyse complète doit aussi
comprendre les subventions que reçoivent les étudiants. En ce sens, le
fardeau fiscal des étudiants est déterminé par les frais de scolarité
nets, c’est-à-dire frais de scolarité moins les subventions, comme les
bourses d’études. De fait, le gouvernement fédéral a transféré près de
29 milliards $ US aux étudiants en 2019 à travers son programme de Pell
Grants et les états ont transféré près de 11,9 milliards $ US.
Les auteurs utilisent des données tirées du National Center for
Education Statistics (NCES) sur les frais et subventions aux étudiants
de 1987 à 2018, en portant une attention particulière à la période
2012-2018. L’approche empirique des auteurs repose sur une estimation
des frais de scolarité nets à l’aide d’une régression à moindre carrée
ordinaire où la variable indépendante est les frais de scolarité et la
variable dépendante est les frais de scolarité nets. Pour décrire la
progressivité des frais de scolarité, les auteurs observent comment les
coefficients de corrélation varient selon cinq catégories de revenus des
familles des étudiants (0-30k, 30k-48k, 48-k-75k, 75k-110k, et 110k+).
Les résultats obtenus par les auteurs montrent qu’il existe une certaine
progressivité dans le système des prix universitaire, en particulier
dans les établissements ayant une forte proportion d’activité de
recherche. Par exemple, dans les établissements les plus intensifs au
niveau de la recherche (qualifiés R1), les frais de scolarité nets des
étudiants les moins bien nantis augmentent de 0,30$ US par dollar
supplémentaire de frais de scolarité alors que ceux des étudiants les
mieux nantis augmentent de 0,73 $US par dollar supplémentaire de frais
de scolarité. Toutefois, cette progressivité tend à se dissiper dans les
établissements axés sur l’enseignement comme les collèges communautaires
(community colleges).
En regardant spécifiquement la période 2012-2018, les auteurs observent
que les frais de scolarité nets payés par les étudiants des familles
moins favorisées (revenu de moins de 110 000$) ont baissé dans tous les
types d’établissements. Parallèlement, ceux pour les étudiants provenant
des familles dans le premier échelon (plus de 110 000$) ont augmenté
dans les établissements de recherche R2 et les établissements sans
recherche.
Les auteurs concluent que la hausse des frais de scolarité observée dans
la dernière décennie n’a pas diminué la progressivité de la tarification
et l’a, au contraire, potentiellement améliorée en termes de frais de
scolarité nets. Ils soulignent toutefois que les universités
communiquent mal l’accessibilité des programmes de bourses aux étudiants
potentiels.
_Pour en savoir plus: _
Cook, E. E. et Turner, S. (2022). Progressivity of Pricing at US Public
Universities. /Economics of Education Review/, 88, 102239.
https://doi.org/10.1016/j.econedurev.2022.102239
*Les examens standardisés d’admission ont-ils un impact sur l’égalité
des chances?
*
Rosinger et coll. (2022) évaluent l’impact des admissions de candidats
en droit sur la base du Graduate Record Examination plutôt que sur la
base du Law school admission test. Ils évaluent comment ce changement
affecte la diversité et la sélectivité institutionnelle des facultés de
droit.
Pour identifier l’effet causal, les chercheurs emploient une méthode de
différence en différence. Les données étudiées par les auteurs
proviennent l’association du barreau américain (ABA) qui contient des
informations sur les admissions, inscriptions et pratiques d’aide
financière des facultés de droit. Les auteurs ont identifié un
échantillon de 57 facultés ayant procédé à une réforme des processus
d’admission entre 2016 et 2020. La variable indépendante de l’étude est
un indicateur dichotomique spécifiant si une faculté acceptait le test
GRE dans son processus d’admission ou non. Les variables dépendantes
sont le nombre d’étudiants de premières années étant noirs, hispaniques
ou autochtones (logarithmique), le nombre de candidats (logarithmique)
et le taux d’admission.
Les résultats obtenus par Rosinger et coll. (2022) montrent globalement
que l’intégration du test GRE dans les processus d’admission n’a eu
aucun effet statistiquement significatif sur la diversité des facultés
de droit. De plus, cette réforme a eu pour effet d’augmenter la
sélectivité des processus d’admission à cause de la hausse des
candidatures (de 6,6% à 9,5% selon les modèles) et de la baisse des taux
d’admission (de 2,4% à 2,9% selon les modèles).
Les auteurs concluent que l’effet des processus d’admission basés sur le
GRE sur la diversité et l’inclusion sont au mieux très faibles. À leurs
yeux il s’agit d’un changement qui n’offrent pas de solution à l’enjeu
égalité des chances.
_Pour en savoir plus:_
Rosinger, K. O., Ford, K. S., Posselt, J. et Choi, J. (2022). Exploring
the Impact of GRE-Accepting Admissions on Law School Diversity and
Selectivity. /The Review of Higher Education/, 46(1), 109‑144.
https://doi.org/10.1353/rhe.2022.0014
**
*Les diplômes de baccalauréat au niveau des collèges communautaires
peuvent-ils améliorer l’accès à l’enseignement supérieur?
*
Les collèges communautaires américains sont des institutions
d’enseignement supérieur offrant typiquement des certificats sur une
période d’étude de deux ans. Ces institutions ont été créées dans le but
d’élargir l’accès à l’enseignement supérieur tout en amélioration
l’adéquation entre enseignement et marché du travail. Pour améliorer ces
résultats, certains collèges communautaires ont commencé à offrir des
diplômes de baccalauréat d’une durée de quatre ans. Wright-Kim (2022)
examine l’effet des CCB (community colleges baccalaureate) sur
l’accessibilité de l’enseignement supérieur.
Pour réaliser l’étude, l’auteur établit une stratégie de différence en
différence pour identifier l’effet des CCB. L’échantillon utilisé est
composé de 702 collèges communautaires, dont 78 ayant mis en place des
CCB entre les années 1999 et 2019 et qui composeront le groupe
traitement. Wright-Kim a ensuite testé différents modèles pour une
grande variété de variables dépendantes telles que les inscriptions
totales, les inscriptions des personnes à faibles revenus et la
proportion des étudiants à faibles revenus.
Les résultats montrent un effet significatif de l’offre de CCB sur
l’inscription aux collèges communautaires. L’offre de CCB est associée à
une augmentation de 6% à 9,6% des inscriptions selon les modèles. Elle
s’accompagne aussi d’une augmentation de 11% à 16% d’étudiant en
équivalent temps plein selon les modèles. L’introduction des CCB semble
aussi avoir un impact important sur l’inscription des étudiants à faible
revenu. Celui augmente d’environ 15%.
À la lumière des résultats de son étude, Wright-Kim affirme que
l’introduction des diplômes de baccalauréat dans les collèges
communautaires leur permettraient de mieux remplir leur mission
d’accessibilité à l’enseignement supérieur. L’auteur recommande
d’ailleurs aux décideurs d’envisager d’augmenter l’offre de CCB dans les
collèges communautaires puisque cette pratique semble être en mesure
d’atteindre une multiplicité d’objectifs simultanément.
_Pour en savoir plus:_
Wright-Kim, J. (2022). The Impact of Offering Baccalaureate Degrees on
Institutional Enrollment in Community Colleges. /Community College
Review/, 00915521221125500. https://doi.org/10.1177/00915521221125500
**
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
différentes politiques d’intervention de l’État. Il est actif en
enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
publiques.
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Liste de diffusion Veille de recherche en enseignement supérieur --
veille(a)listes.grepa.ca
Pour vous désinscrire, envoyez un courriel à veille-quitter(a)listes.grepa.ca
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*VEILLE DE RECHERCHE EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR*
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Septembre 2022
9^e édition
/Un condensé mensuel des dernières publications académiques sur
l’enseignement supérieur/
*Ce mois-ci :***
**
·Les impacts d’une perte d’aide financière au mérite
·L’effet des programmes d’assistanat en ligne sur l’inscription
universitaire
·L’état de la dette étudiante des cycles supérieurs aux États-Unis
·L’impact de la réussite des examens de fin d’études sur le rendement
scolaire
La veille de recherche du GREPA a désormais un tout nouveau format!
Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes
éditions de la veille en cliquant ici
<https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest>.
Bonne lecture!**
*Quels sont les impacts d’une perte d’aide financière au mérite pour les
étudiants de premier cycle?*
Bien que plusieurs études aient été menées sur l’impact socio-économique
de l’aide financière au mérite, peu de recherches ont été effectuées sur
la perte de celle-ci pendant un cycle d’études. Avec cet article,
Cummings et coll. (2022) espèrent combler ce manque. Les chercheurs
portent une attention particulière aux sous-groupes qui peuvent être
touchés le plus par ce phénomène, soit les noirs et les étudiants à
faibles revenus.
Les chercheurs se basent sur les données administratives de l’État du
Tennessee au cours de la période 2011-2014. Spécifiquement, leur base de
données inclut les étudiants qui en sont à leur premier semestre d’étude
et qui bénéficient alors d’une bourse HOPE. L’échantillon est composé de
43 786 étudiants. Pour identifier le lien causal, Cummings et coll.
(2022) utilisent des régressions s’appuyant sur une discontinuité. Ils
exploitent le seuil d’éligibilité au renouvellement de la bourse HOPE
fixé à une GPA de 2,75 après le premier semestre d’étude. Seuls les
étudiants près de ce seuil sont considérés. Les étudiants ayant une
moyenne inférieure et ayant perdu la bourse constituent le groupe
traitement alors que les étudiants ayant une moyenne supérieure et ayant
conservé la bourse constituent le groupe contrôle.
L’analyse des données montre que les étudiants ayant perdu l’accès à la
bourse HOPE ont 2,5% plus de chances d'arrêter leurs études la session
suivante. Il s’agit d’un effet qui est encore plus grand chez les
étudiants blancs dans le groupe de revenu le plus élevé. Chez les
étudiants noirs, la perte d’aide financière mène à une augmentation de
4,9% des chances de transfert vers un /community college/. Enfin, la
perte d’aide financière n’a pas d’effet négatif statistiquement
significatif sur la diplomation dans les délais habituels pour
l’ensemble de l’échantillon. Cependant, les étudiants noirs ont des
probabilités 15,5% plus basses de compléter leur baccalauréat s’ils ont
perdu l’aide financière.
Selon les auteurs, les effets négatifs de la perte d’aide financière
semblent se concentrer en grande partie chez les étudiants noirs.
Conséquemment, les auteurs suggèrent que des interventions ciblées
envers les étudiants noirs pourraient réduire de manière importante les
impacts de la perte d’aide financière au mérite.
_Pour en savoir plus : _
Cummings, K. M., Deane, K. C., McCall, B. P. et DesJardins, S. L.
(2022). Exploring Race and Income Heterogeneity in the Effects of State
Merit Aid Loss Among Four-Year College Entrants, /The Journal of Higher
Education/. https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2042155
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2042155>
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*Est-ce que les programmes d’assistanat en ligne augmentent les
inscriptions universitaires?*
La complexité des procédures d’inscription et d’accès à l’aide
financière est un obstacle majeur à l’accès à l’éducation supérieure,
notamment pour les groupes les plus défavorisés. Plusieurs programmes
d’assistanats visent à accompagner les étudiants de ce processus afin de
réduire ces barrières. Philips et Reber (2022) étudient l’effet de tels
programmes d’assistanat virtuels pour vérifier leur efficacité en termes
d’inscription universitaire.
Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont travaillé avec l’organisme
californien /EdBoost Education/ ayant mis en place le programme
d'assistanat virtuel V-SOURCE. Ce programme est composé de deux
variantes, soit le programme /Milestone/ qui donne accès à un site web
et une série d’outils en ligne et le programme /Complete /qui inclut en
plus un conseiller personnel accessible à travers la plateforme. Ce
programme avait préalablement ciblé des écoles secondaires de six
différents comtés, ce qui a permis aux chercheurs d’établir un
échantillon de 6 500 étudiants participants à l’étude. Seuls les
étudiants étant potentiellement éligibles à l’admission dans une
université faisaient partie de l’échantillon. Ces étudiants ont ensuite
été répartis en trois groupes: deux groupes traitements pour chacune des
variantes et un groupe contrôle n’ayant pas accès aux ressources en ligne.
Les résultats de l’étude montrent que le programme d’assistanat virtuel
au processus d’admission produit certains effets désirables pendant les
procédures liées aux admissions. Notamment, les étudiants bénéficiant du
programme tendent à se sentir soutenus lors au cours du processus (8%
plus pour la variante /Milestone /et 15,2% plus pour la
variante/Complete/). Les étudiants ayant achevé la variante /Complete
/étaient aussi 5,4% plus susceptibles que ceux du groupe contrôle
d’effectuer au moins deux demandes d’admission.
Les impacts des deux programmes sur le taux d’application à l’université
sont positifs et statistiquement significatifs à des intervalles de
confiance d’au moins 95%. Les variantes /Milestone /et /Complete/
augmentent respectivement de 2,5% et 3,4% les niveaux d’application
autodéclarés. Toutefois, aucune des deux variantes ne semble avoir
d’impact statistiquement significatif sur l’admission, l’inscription ou
la persistance universitaire des étudiants y ayant participé.
Les auteurs concluent que, bien que ces programmes d'assistanat virtuel
réduisent les barrières d’accession à l’université dans certains cas
(surtout chez les étudiants hispanophones), leurs effets restent
généralement très modestes. Conséquemment, ils soulignent des
interventions plus intensives devraient être envisagées.
_Pour en savoir plus: _
Phillips, M. et Reber, S. (2022). Does Virtual Advising Increase College
Enrollment? Evidence from a Random-Assignment College Access Field
Experiment. /American Economic Journal: Economic Policy/, /14/(3),
198‑234.<https://doi.org/10.1257/POL.20200515>https://doi.org/10.1257/POL.20200515
<https://doi.org/10.1257/POL.20200515>
*Quel est l’état de la dette étudiante américaine des cycles supérieurs
chez les minorités visibles?*
Aux États-Unis, les étudiants afro-américains et hispaniques sont de
plus en plus représentés au sein des cycles supérieurs. L’un des outils
qui auraient permis cette ascension est les prêts étudiants. Toutefois,
l’accès aux prêts étudiants vient avec son lot de conséquences. Webber
et Burns (2022) étudient l’une d’entre elles, soit l’accumulation de
dettes chez les étudiants de ces communautés.
Les auteurs cherchent à décrire l’évolution de la dette étudiante aux
cycles supérieurs. Pour y arriver, ils utilisent les données des
questionnaires de la /National Postsecondary Student Aid Study /des
années 2000 et 2016. Il s’agit d’échantillons de 9 660 et 23 350
étudiants pour 2000 et 2016 respectivement.
Parmi les constats plus généraux, on note une augmentation de l’emprunt
et de l’endettement pour tous les types d’universités (public, privé à
but non lucratif et privé à but lucratif) entre 2000 et 2016.
L’augmentation moyenne des emprunts pendant cette période était de 11
620 $US dans les institutions publiques et 13 110 $US dans les
institutions privées.
En se concentrant sur certains sous-groupes, le portrait étayé par les
chercheurs montre que les dettes des noirs et des hispanophones sont
particulièrement grandes. Par exemple, pour étudier dans des universités
privées en 2016, les étudiants noirs empruntaient plus de 22 000 $US que
les blancs et les hispanophones empruntaient plus de 16 000 $US que les
blancs.
Les chercheurs notent que d’autres études ont montré que plusieurs
effets indésirables étaient liés à l’accumulation de dettes étudiantes,
comme la réduction de l’intérêt de travailler dans la fonction publique
ou la baisse de participation à la vie civique.
_Pour en savoir plus:_
Webber, K. L. et Burns, R. A. (2022). The Price of Access: Graduate
Student Debt for Students of Color 2000 to 2016. /The Journal of Higher
Education/, /93/(6),
934‑961.<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976
<https://doi.org/10.1080/00221546.2022.2044976>__
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*Quels sont les impacts de la réussite des examens de fin d’études sur
le succès postsecondaire?*
Dans plusieurs pays, les examens de fin d’études standardisés dans
certaines disciplines sont une étape commune pour les étudiants.
L’importance de ces examens est justifiée par l’idée que ces examens
améliorent les aptitudes et opportunités d’emplois des étudiants (Evers
& Walberg, 2002). Papay, Mantil et Murnane (2022) évaluent l’impact de
la réussite de tels examens sur le rendement scolaire des étudiants pour
vérifier si la théorie tient la route.
Pour y arriver, les chercheurs utilisent une base de données
longitudinale sur les étudiants du secondaire dans l’État du
Massachusetts sur la période 2003-2007 fusionnée avec les données du
/National Student Clearinghouse /(NSC) concernant l’inscription et la
diplomation des étudiants à l’université. Papay, Mantil et Murnane
(2022) utilisent des régressions s’appuyant sur une discontinuité. La
variable indépendante est le résultat à l’examen de mathématique de
dixième année alors que les principales variables dépendantes sont la
diplomation de l’école secondaire, l’inscription à l’université et la
diplomation de l’université. Pour bien analyser l’effet de la réussite,
seuls les étudiants ayant réussi ou échoué l’examen près du seuil de
réussite sont considérés dans les échantillons (N_1 = 35 304, N_2 = 25 284).
Les résultats obtenus montrent qu’il existe une relation positive entre
l’effet de traitement (réussite à l’examen) et la probabilité de
diplomation du secondaire. Cet effet est toutefois concentré au sein des
étudiants de familles à faibles revenus, où il monte à 3,3%. Quant à la
diplomation de l’université, la réussite à l’examen augmente de près de
1% sa probabilité, mais l’effet est cette fois-ci concentré chez les
étudiants de familles à hauts revenus (2,1%). D’autre part, la réussite
au test a aussi un effet différencié selon la classe sociale en ce qui
concerne l’inscription à l’université. Bien que la réussite à l’examen
augmente l’inscription de 2% chez les deux groupes, cette augmentation
se traduit par une plus grande probabilité d’inscription aux diplômes de
deux ans (/Two-year college/) chez les plus pauvres et par une plus
grande probabilité d’inscription aux diplômes de quatre ans (/Four-year
college/) chez les plus riches.
Les auteurs de l’étude concluent que leurs résultats tendent à démontrer
que la réussite aux examens de fin d’études a un impact positif sur les
rendements scolaires des étudiants. Bien qu’ils admettent que plusieurs
mécanismes semblent être à l’œuvre, les auteurs suggèrent que la
réussite agit comme un signal d’encouragement, surtout pour les
étudiants qui prévoyaient un échec. De surcroît, ils mentionnent
l’importance de trouver des formes alternatives d’encouragement à
l’éducation pour celles et ceux qui ne réussissent pas.
**
_Pour en savoir plus:_
Papay, J. P., Mantil, A. et Murnane, R. J. (2022). On the Threshold:
Impacts of Barely Passing High-School Exit Exams on Post-Secondary
Enrollment and Completion. /Educational Evaluation and Policy Analysis/
https://doi.org/10.3102/01623737221090258
<https://doi.org/10.3102/01623737221090258>__
Evers, W. M. & Walberg, H. J. (Eds.). (2002). /School accountability/.
Hoover Institution Press.
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Le Groupe de recherche en économie publique appliquée étudie les
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enseignement supérieur, en fiscalité et en simulations de politiques
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Le retour des vacances rime également avec l’arrivée de l’édition d’août 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur. Celle-ci abordera les sujets suivants :
1. Pourquoi le taux de diplomation a-t-il augmenté au cours des 30 dernières années ?;
2. Financement à la performance : comment a-t-il évolué au cours du dernier quart de siècle;
3. Internationalisation de l’enseignement supérieur : tendance vers la mobilité étudiante en ligne ?;
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Toute l'équipe vous souhaite un bon retour au travail !
Pourquoi le taux de diplomation a-t-il augmenté au cours des 30 dernières années ?
Utilisant plusieurs vagues de sondages longitudinaux nationaux menés auprès d’étudiants de niveau secondaire et universitaire entre 1988 et 2013, Denning, Eide, Mumford, Patterson et Warnick (2022) évaluent l’évolution du taux de diplomation depuis le début des années 1990. Ils empruntent la même stratégie empirique que Bound, Lovenheim et Turner (2010), soit une décomposition de Blinder-Oaxaca identifiant les facteurs liés à cette augmentation.
Les résultats de Denning et al. (2022) montrent que les facteurs institutionnels et individuels n’expliquent pas la hausse du taux de diplomation. Le principal facteur se démarquant est la moyenne cumulative pondérée (GPA) des étudiants. Les auteurs constatent que celle-ci est en augmentation depuis les années 1990, mais que cette variation n’est pas expliquée ni par un changement dans les caractéristiques des étudiants ni dans leur préparation aux études universitaires (ex. : en passant plus de temps à étudier). Les auteurs remarquent également que les hausses de la moyenne cumulative ne sont pas observées dans les institutions privées à but lucratif.
Les auteurs concluent que, comme le financement par étudiant a diminué, il est peu probable que les universités américaines aient consacré plus de ressources aux aides pédagogiques. Ils tendent plutôt vers l’explication qu’on soit en train de voir les résultats d’une inflation des résultats scolaires, portés par les incitatifs à améliorer les taux de diplomation au niveau national.
Pour en savoir plus :
Denning, J. T., Eide, E. R., Mumford, K. J., Patterson, R. W., & Warnick, M. (2022). Why have college completion rates increased?. American Economic Journal: Applied Economics, 14(3), 1-29. (https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20200525)
Financement à la performance : comment a-t-il évolué au cours du dernier quart de siècle
Ortagus et al. (2022) définissent les grandes tendances des 24 dernières années en matière de financement à la performance (performance based funding – PBF) aux États-Unis. Ils fournissent également un accès public à une base de données détaillée du PBF depuis 1997 jusqu’à 2020 dans divers États. Celle-ci rassemble notamment des informations telles que les montants et les parts du financement alloué au PBF ainsi que les critères d’évaluation utilisés. Elle indique aussi si le PBF était simplement un bonus aux subventions de base ou s’il était la composante principale du modèle de financement des États. Les auteurs ajoutent également une distinction entre deux types de PBF : celui approuvé, mais non financé et celui approuvé et financé.
Les conclusions de cette étude descriptive révèlent que le PBF a connu trois vagues d’adoption depuis le dernier quart de siècle. Les deux premières, une lors des années 1990 et la seconde au milieu des années 2000, étaient d’importance moindre comparativement à celle qui a suivi la grande récession de 2008. Les auteurs notent aussi que les modalités des systèmes incluants du PBF varient énormément dans le temps. Il arrive fréquemment que, bien que du PBF soit implémenté une année, aucun financement n’y soit alloué lors de cette période.
Les auteurs estiment qu’à l’heure actuelle environ 6,1 milliards de dollars américains sont alloués au PBF en enseignement supérieur aux États-Unis, représentant environ 9% des subventions totales dans ce secteur. 41 États américains ont inclus au moins une fois du PBF dans leur mode de financement au cours des 24 dernières années et 32 l’ont conservé en 2020. Toutefois, la portion du financement public attribuée à ce type de financement au sein de chaque État reste minime : 50% des États l’utilisant allouent moins de 7% de leur financement au PBF. En outre, la plupart incluent des mesures protectionnistes limitant la perte financière occasionnée aux institutions en cas de non-atteinte des objectifs.
Les auteurs remettent également en question l’existence de deux systèmes distincts de PBF (1.0 et 2.0). Le PBF 1.0 est principalement associé à des bonus, alors que le deuxième est lié à l’atteinte de critères de performance. En effet, ils nuancent leur point de vue en indiquant que la part des fonds alloués à ce mode de financement est plus importante que la façon dont il est distribué.
Enfin, les critères utilisés afin de financer les établissements selon un fonctionnement PBF varient à travers le temps : désormais, on inclue plus d’objectifs liés à l’arrimage avec le marché du travail. Les auteurs remarquent aussi une tendance « choose your own adventure », où les institutions elles-mêmes choisissent sur quels critères elles veulent être évaluées.
Ortagus et al. concluent en suggérant que les difficiles années financières à venir pourraient donner lieu à une nouvelle vague d’adoption de systèmes de financement basés sur le PBF.
Pour en savoir plus :
Rosinger, K. O., Ortagus, J., Kelchen, R., Cassell, A., & Brown, L. C. (2022). New Evidence on the Evolution and Landscape of Performance Funding for Higher Education. The Journal of Higher Education, 1-34. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221546.2022.2066269)
Lien vers la base de données (https://informedstates.org/pbf-funding-policies-dataset-download)
Internationalisation de l’enseignement supérieur : tendance vers la mobilité étudiante en ligne ?
En raison de la pandémie de COVID-19, plusieurs étudiants inscrits à un programme de mobilité internationale ont vu cette expérience transformée en une virtuelle. López-Duarte, Maley et Vidal-Suárez (2022) étudient la perception de ces étudiants par rapport à cette expérience, de même qu’à l’avenir de ce mode d’échange étudiant.
Les auteurs ont mené un sondage en ligne en juin 2020 auprès de 1194 étudiants de l’Université d’Oviedo en Espagne. Ceux-ci avaient, entre les années universitaires 2018-2019 et 2020-2021, participé à un programme de mobilité international standard ou, dans le cas de l’année 2020-2021, simplement été sélectionnés à participer.
Lors du début de la pandémie de COVID-19 en Europe en février 2020, les 297 étudiants enrôlés à ce moment dans un programme de mobilité internationale (PMI) ont dû choisir entre continuer leurs études dans leur pays d’accueil ou retourner en Espagne. Environ la moitié ont choisi la première option alors que la seconde moitié a choisi de poursuivre un programme de mobilité internationale virtuel (PMIV) dans leur pays d’origine.
Les auteurs ont constaté que la majorité (85%) des étudiants ayant choisi la deuxième option ont senti qu’ils ne sentaient pas faire partie de leur université d’accueil. Plus de la moitié ont aussi souligné la difficulté de se motiver à étudier seul en ligne. En outre, en comparant les deux types de cohortes, ceux ayant choisi l’option PMIV sont ceux qui ont atteint le niveau le moins élevé de développement personnel et professionnel. Toutefois, le développement de leur compétence langagière dépassait celui des cohortes restées dans un PMI standard. Enfin, les étudiants dans un PMIV n’ont pas relevé les difficultés techniques et informatiques comme étant un enjeu.
Quant à l’appréciation du programme, le sondage a révélé que 45% des étudiants considéraient qu’un PMIV était une alternative acceptable à un PMI dans le cadre d’une situation où le celui-ci n’est pas considérable (ex. : une pandémie mondiale). Toutefois, sans ces limitations, seulement 10% d’entre eux accepteraient une telle substitution.
Pour en savoir plus :
López-Duarte, C., Maley, J. F., & Vidal-Suárez, M. M. (2022). International mobility in higher education: students’ attitude to international credit virtual mobility programs. European Journal of Higher Education, 1-20. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21568235.2022.2068637)
L’édition de juin 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur abordera les sujets suivants :
1. L’impact de l’undermatching sur le taux de diplomation;
2. Les effets des pratiques pédagogiques à haut impact sur le taux de diplomation universitaire;
3. Les politiques de transferts entre universités : à quel point les interfaces en ligne appuient-elles les étudiants dans ce processus ?;
4. L’étude de la modélisation de l’allocation de la charge de travail universitaire : la problématique et les enjeux associés.
La veille de recherche en enseignement supérieur sera mise sur pause durant le mois de juillet, pour revenir en force dès le mois d’août.
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
L’undermatching : quel impact sur le taux de diplomation ?
Gansemer-Topf, Downey, et Genschel (2020) étudient le concept de surqualification à l’admission, c’est-à-dire le phénomène où des étudiants choisissent de s’inscrire à une université où les critères de sélection sont en deçà de leur capacité. Les auteurs se concentrent sur les caractéristiques de ces étudiants liées à l’obtention du diplôme.
Les auteurs utilisent deux bases de données nationales américaines pour établir les caractéristiques académiques et financières de ces étudiants, soit la Education Longitudinal Study de 2002 et la Beginning Postsecondary Students de 2004. Ils utilisent le Barron’s Selectivity Ratings pour classer les établissements.
Gansemer-Topf et al. identifient ensuite les étudiants qui sélectionnent des universités en deçà de leur niveau académique. Les auteurs regroupent les étudiants surqualifiés en deux groupes sur la base d’une analyse en composantes principales. Le premier groupe est lié à la réussite au secondaire alors que le second est lié au milieu socioéconomique. Les auteurs incluent notamment le niveau de mathématiques le plus difficile atteint au secondaire, de même que le plus haut niveau de scolarité des parents. Ils ajoutent également un indice d’intégration sociale ainsi qu’un index d’intégration académique après une année complète à l’université et une variable indiquant si le premier établissement fréquenté était une université offrant des programmes de quatre ans [qui correspondent au baccalauréat au Québec]. Les auteurs ont retenu le modèle statistique ayant le critère d’information d’Akaike (AIC) le plus élevé.
En termes de résultats des auteurs, retenons que plus un étudiant fréquente une université ayant des critères de sélection faible, plus faible est leur probabilité d’obtenir un diplôme. Les caractéristiques associées à l’obtention du diplôme dans les délais prescrits sont le fait d’être une femme, le fait de s’inscrire à une université offrant des programmes d’une durée de quatre ans, le fait d’avoir suivi des cours préparatoires aux calculs différentiel et intégral et le fait d’être intégré socialement au sein de l’établissement. Fait important, les variables d’ordre financières ne sont pas ressorties comme étant significatives, indiquant que le choix des étudiants surqualifiés ne semble pas influencé par des contraintes monétaires.
La méthodologie statistique est cependant assujettie à la critique. Rappelons que le critère d’Aikake n’est qu’une mesure évaluant la capacité d’une régression à reproduire un échantillon (comme le R-carré). Ce faisant, il n’est garant d’aucun lien de cause à effet. À ce titre, les résultats liant la surqualification à la probabilité d’obtention d’un diplôme suggèrent une relation causale inversée.
Pour en savoir plus :
Gansemer-Topf, A. M., Downey, J., & Genschel, U. (2020). Overcoming undermatching: Factors associated with degree attainment for academically undermatched students. Journal of College Student Retention: Research, Theory & Practice, 22(3), 402-424. (http://Overcoming%20undermatching:%20Factors%20associated%20with%20degree%2…)
Quel effet ont les pratiques pédagogiques à haut impact sur le taux de diplomation universitaire ?
Johnson et Stage (2018) se questionnent sur l’efficacité de certaines pratiques de grandes universités publiques américaines sur le taux de diplomation universitaire. L’Association of American Colleges and Universities (AAC&U) identifiaient, en 2008, dix pratiques estimées à « haut impact » afin de favoriser la réussite scolaire des étudiants. Les autrices ont exploré l’impact de ces mesures sur la diplomation. Parmi les pratiques mises de l’avant, on note la tenue de séminaires dédiés aux étudiants de première année, la création de communautés d’apprentissage, le développement de cours favorisant la rédaction, l’encouragement aux travaux collaboratifs, l’intégration d’étudiants de premier cycle en recherche, la production d’un projet de fin de formation (capstone projects), le suivi de stage, les échanges internationaux et l’accès à de l’aide pédagogique.
Les autrices utilisent des données provenant de l’Integrated Postsecondary Education Data System (IPEDS) et du Barron’s Profile of American Colleges (2015). Elles utilisent également un sondage envoyé aux responsables administratifs et pédagogiques de 244 institutions publiques. Il mesure le niveau d’intégration et d’accessibilité de ces pratiques au sein des établissements.
Les autrices utilisent plusieurs modèles de régression en moindres carrés ordinaires pour estimer les résultats. Les autrices n’ont pas de stratégie d’identification de lien de cause à effet. Leurs résultats suggèrent qu’aucune mesure n’a un impact sur le taux de diplomation. Dans le modèle jugé le plus pertinent, incluant des variables de contrôle institutionnel, la seule pratique statistiquement significative - la tenue de séminaires dédiés aux premières années - suggère un impact négatif, signifiant que son implantation mène à une baisse du taux de diplomation.
Enfin, les autrices notent que le nombre de pratiques implantées n’est pas corrélé avec le taux de diplomation, indiquant qu’une sélection soignée des pratiques à instaurer au sein d’un établissement serait potentiellement plus efficace.
Pour en savoir plus :
Johnson, S. R., & Stage, F. K. (2018). Academic engagement and student success: Do high-impact practices mean higher graduation rates?. The Journal of Higher Education, 89(5), 753-781. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221546.2018.1441107)
Les politiques de transferts entre universités : à quel point les interfaces en ligne appuient-elles les étudiants dans ce processus ?
Schudde, Bradley et Absher (2020) explorent comment les ressources numériques associées aux transferts interuniversitaires d’étudiants sont conviviales. S’intéressant plus particulièrement au cas des institutions texanes, elles ont mené des entrevues auprès du personnel chargé de ces tâches dans 20 community colleges. Leur recherche comprend deux angles : la perception des employés quant à la valeur de l’information disponible en ligne et l’utilité effective de cette information.
Au total, 26 membres du personnel dans 18 établissements différents ont été interviewés durant l’année 2016. En plus des entrevues, les autrices analysent les site web de chaque établissement afin d’évaluer le degré de facilité d’accès et leur utilité. Les autrices développent deux indices allant de 1 à 5 pour chacun de ces aspects, 1 étant la pire note possible et 5, la meilleure. Le degré de facilité d’accès est mesuré par une simulation de recueil d’informations d’un étudiant : le nombre de pages différentes, l’usage de la barre de recherche du site web, l’usage de Google en dernier recours et le besoin de retourner en arrière en cas d’emprunt d’un chemin erroné. Le niveau d’utilité est déterminé en fonction du détail des informations fournies, de même qu’une évaluation (subjective) de la qualité. Par exemple, une page incluant des liens brisés ou ne menant qu’à la page d’accueil du site web de l’université faisait baisser le niveau de qualité de l’information.
Leurs résultats suggèrent que le site web de la moitié des établissements étudiés offre des informations faciles d’accès et près de la moitié contiennent des informations considérées très utiles. Toutefois, les autrices notent que la plupart des sites web incluent des liens brisés et des informations incomplètes. Les entrevues ont révélé que le personnel des institutions a de la difficulté à trouver rapidement les informations nécessaires sur leur propre site web. De même, les répondants notent que dans plusieurs cas, l’information fournie en ligne n’est pas destinée aux étudiants, mais au personnel d’autres universités, sans aucune mention du public ciblé. Les employés indiquent également que la meilleure manière d’obtenir des informations claires et précises est de rencontrer un conseiller. Cependant, seuls neuf établissements sur les 20 étudiés incluaient les coordonnées du personnel à contacter.
Schudde et al. recommandent de garder les sites web à jour et d’effectuer une révision de leur plateforme numérique. Elles recommandent également de communiquer avec les institutions dont elles sont partenaires afin de leur fournir des informations exactes et claires à propos de leur établissement. Renforcer les liens entre les institutions serait également bénéfique. Enfin, les autrices suggèrent que les stratégies de communication concernant les transferts devraient également inclure les réseaux sociaux.
Pour en savoir plus :
Schudde, L., Bradley, D., & Absher, C. (2020). Navigating vertical transfer online: Access to and usefulness of transfer information on community college websites. Community College Review, 48(1), 3-30. (https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0091552119874500)
L’étude de la modélisation de l’allocation de la charge de travail universitaire : la problématique et les enjeux associés
Crisp (2022) explore la question de la distribution des tâches académiques au sein des universités, plus particulièrement le rôle de la personne responsable d’effectuer cette distribution. L’autrice utilise le cadre conceptuel de Bacchi, What’s the problem represented to be?, afin de cibler comment les gestionnaires universitaires allouent les tâches au sein de leur unité. Pour ce faire, 48 articles, deux rapports et trois communications présentées lors de conférences sont analysées selon les six questions proposées par le cadre. La majorité de ces articles provient de pays appartenant au Commonwealth, principalement l’Australie et le Royaume-Uni.
Les universités font face à une quantité limitée de ressources, que ce soit le temps de travail, le nombre d’employés ou le nombre d’heures allouées aux contrats. En outre, les charges de travail doivent être considérées comme étant justes et possibles à compléter durant l’année. Ces contraintes rendent nécessaire l’élaboration de modèles servant à optimiser l’allocation des charge de travail. Ces modèles servent notamment à de justifier les coûts de main-d’œuvre liés à leurs activités en fournissant des références communes à l’ensemble des établissements. Toutefois, les contraintes pédagogiques, qui affectent principalement les étudiants, ne sont pas prises en compte. Ceux-ci peuvent donc sortir perdant d’une allocation de travail donnée. De plus, Crisp note que de nombreuses tâches informelles ne sont pas comprises dans le calcul des tâches à accomplir. Notamment, on s’attend plus fréquemment des femmes professeures qu’elles accomplissent des tâches classifiées comme des « tâches ménagères académiques », amplifiant les enjeux d’équité. Enfin, peu d’incitatifs sont mis en place afin de revoir comment les charges de travail sont allouées.
L’autrice conclut en indiquant que la recherche future sur le sujet devrait se concentrer sur ce que peuvent faire les cadres intermédiaires, souvent pris entre l’arbre et l’écorce, qui doivent satisfaire les besoins parfois contradictoires du personnel administratif et du personnel enseignant.
Crisp, B. R. (2022). Academic workloads: what does a manager need to consider?. Journal of Higher Education Policy and Management, 1-16. (https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0091552119874500)
L’édition de mai 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur abordera les sujets suivants :
1. Évaluation comparative du financement des universités : tour d’horizon de l’Europe, du Canada et des États-Unis
2. Étude systématique des impacts du financement à la performance chez les universités américaines
3. Quels sont les impacts des community colleges sur leur environnement économique et social ?
4. Le lien entre les étudiants internationaux et le financement universitaire
5. La future baisse du bassin étudiant universitaire : le cas de la Taiwan
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Évaluation comparative du financement des universités : Colombie-Britannique, Danemark, France, Ontario, Norvège, Royaume-Uni et certains États américains
Le Groupe de recherche en économie publique appliquée (GREPA) a publié récemment un rapport effectuant une analyse comparative des modes de financement de huit juridictions, soit la Colombie-Britannique, l’Ontario, les établissements américains de la « Ivy League », la France, la Norvège, le Danemark et le Royaume-Uni. Ces juridictions sont explicitement mentionnées comme objet d’étude à l’appel d’intérêt conjointement élaboré du Ministère de l’Enseignement supérieur et des Fonds de recherche du Québec.
Ce rapport discute du financement des universités à travers deux paradigmes. Le premier consiste à décrire et analyser les modes de financement à la performance identifiés dans les juridictions de l’appel d’intérêt tout en prodiguant des recommandations quant à ces approches. Le second paradigme revêt une dimension normative et cherche plutôt à évaluer si le financement à la performance est quelque chose de désirable. Devrait-on financer les établissements à la performance ? Et, en guise de question de fond, qu’entend-on par « performance universitaire » ?
Le rapport conclue en donnant quelques recommandations, soit de rejoindre le niveau de financement du Danemark ou du Royaume-Uni, de réduire le pourcentage de financement dépendant des inscriptions étudiantes afin d’augmenter le financement inconditionnel, d’agir de façon prudente lors de l’implantation de financement à la performance, de prendre en compte des effets redistributifs lors d’une réforme à la formule de financement, de même que de mettre sur pied une base de données regroupées, systématisées et accessibles aux chercheurs quant au système universitaire québécois.
Le rapport complet est disponible ici. (https://frq.gouv.qc.ca/les-fonds-de-recherche-du-quebec-et-le-ministere-de-…)
Étude systématique des impacts du financement à la performance chez les universités américaines
Ortagus, Kelchen, Rosinger, et Voorhees (2020) ont effectué une synthèse systématique de 52 articles publiés entre 1998 et 2020 portant sur le financement à la performance implanté dans des universités américaines. Leur objectif était de relever les conséquences d’un tel mode de financement, autant celles souhaitées que celles induites involontairement.
Le principe du financement à la performance consiste à faire dépendre une partie ou l’ensemble du financement d’une institution à l’atteinte d’un objectif. En ce qui concerne les universités, l’objectif est d’améliorer l’output institutionnel tel que le nombre de diplômés et la durée moyenne des études, avec parfois des cibles visant l’équité (ex: le nombre de diplômés provenant de familles à faible revenu). Ce type de financement est de plus en plus répandu chez les universités américaines : 41 États ont adopté dans les 20 dernières années un certain degré de financement à la performance alors que seulement neuf n’en ont jamais intégré à leur système de financement.
Les auteurs ont noté que les études analysées montrent que l’effet de ce type de financement sur l’output des universités était en grande partie nul. Même dans les études les plus rigoureuses méthodologiquement (quasi-expérience), les seuls effets positifs, de taille modeste, se retrouvaient dans les politiques à la performance ciblant certains programmes seulement.
Les auteurs relèvent que les administrations publiques se préoccupent principalement de l’atteinte la plus rapide, la plus simple et la moins chère de la cible de performance, au détriment de méthodes qui aideraient véritablement les étudiants. Plusieurs études ont notamment constaté une hausse du nombre de diplômes dans des certifications de courte durée, alors qu’une baisse peut être notée dans les programmes d’associate degrees et de baccalauréats, de plus longue durée.
Les auteurs notent également que ce type de financement semble induire les universités à sélectionner de manière plus sévère leurs étudiants, en vue de prévenir l’abandon de leurs études. Cette manière de faire affecte de façon disproportionnée les étudiants venant de milieux plus défavorisés. Enfin, les auteurs relèvent que les collèges publics sont plus susceptibles d’être affectés négativement par un tel système de financement, étant donné qu’ils acceptent historiquement plus d’étudiants à risque de ne pas compléter leur éducation.
Pour en savoir plus :
Ortagus, J. C., Kelchen, R., Rosinger, K., & Voorhees, N. (2020). Performance-based funding in American higher education: A systematic synthesis of the intended and unintended consequences. Educational Evaluation and Policy Analysis, 42(4), 520-550. (https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.3102/0162373720953128?journalCode=e…)
Quels sont les impacts des community colleges sur leur environnement économique et social ?
Harmon, Bergeron et Johnson (2022) ont effectué une métasynthèse de 20 thèses doctorales publiées entre 2009 et 2020, qui portaient toutes sur le rôle des community colleges américains localisés hors des grands centres dans le développement de leur région respective, de même que leur impact sur le capital humain. Comme les auteurs le soulignent, les community colleges ont depuis leur création l’ambition de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur.
Les thèmes récurrents relatifs au développement du territoire, non spécifiquement lié à l’économie, soulignaient notamment le lien entre la communauté et le collège. Celui-ci contribue à créer une identité régionale face au territoire, à son histoire et aux spécialisations économiques de la région. Les auteurs notent que plusieurs thèses mettaient de l’avant le fait que les community colleges ont un impact positif général sur leur région. Ceux-ci permettent également d’agir en tant qu’instigateur de changement dans leur communauté.
En ce qui concerne le développement économique du milieu, les community colleges sont en mesure d’agir en tant que leader, particulièrement dans les actions conjointes avec les communautés autochtones locales. Ceux-ci contribuent également à la résilience de leur économie régionale, en étant en mesure d’agir rapidement et localement lorsque nécessaire et en ayant à cœur le développement de leur milieu.
Les thèses doctorales ont également montré que ces colleges joue un rôle dans le développement du capital humain, en appariant l’offre de formation aux besoins locaux. Plusieurs thèses notent que ces institutions agissent comme acteur de liaison entre leurs communautés et les besoins de formations : elles relèvent notamment l’importance des centres spéciaux de développement qui établissent des partenariats avec des entreprises du milieu.
Ce type de partenariats permettent d’approfondir les liens avec la communauté, sous la gouverne d’organisations formelles, mais aussi les relations plus informelles avec des acteurs clés liés à des industries de la région.
Pour en savoir plus :
Harmon, H. L., Bergeron Jr, L. J., & Johnson, J. D. (2022). Engaging Community Colleges in Rural Development: A Meta-Synthesis of Doctoral Dissertations. Community College Review, 00915521221087280. (https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/00915521221087280)
Le lien entre les étudiants internationaux et le financement universitaire
Bound, Braga, Khanna et Turner (2020) ont étudié si la hausse du nombre d’étudiants internationaux acceptés par les universités américaines était liée à la baisse de leur financement provenant de l’État. Les auteurs empruntent une simple régression à moindres carrés ordinaires en prenant en compte les effets fixes spécifiques à l’État américain étudié de même que ceux de la période ciblée. Les auteurs tirent leurs données du Integrated Postsecondary Education Data System (IPEDS) ainsi que des services d’immigration américains.
Suite à leurs analyses, ils ont pu relever qu’une diminution des subventions gouvernementales allouées aux universités publiques spécialisées en recherche était associée à une hausse des admissions d’étudiants internationaux. Les auteurs ont pu évaluer qu’une diminution de 10% des crédits budgétaires était liée à une augmentation de 16% de la proportion des étudiants étrangers dans l’ensemble de la population étudiante de premier cycle. Le même constat ne pouvait pas être observé chez les universités publiques hors de ce champ spécialisé, ni chez les universités privées.
Les auteurs explorent par la suite les détails de l’émission de visa F, qui distingue les étudiants selon leur pays d’origine ainsi que le cycle auquel les étudiants s’inscrivent. Ils notent que la majorité de la relation négative obtenue provient des étudiants chinois : une diminution de 10% des crédits budgétaires est liée à une augmentation de 26% des inscriptions provenant de la Chine. En outre, les étudiants du deuxième cycle, qui paient leur scolarité dans sa totalité, contrairement aux candidats au niveau doctoral, ont une élasticité de -1,4.
Bound et al. notent que l’ajout de deux étudiants internationaux supplémentaires est associé à la perte d’un étudiant local. Les auteurs font toutefois la mention que ce dernier résultat n’est pas à interpréter de manière causale.
Enfin, les auteurs relèvent que les universités de recherche sont plus à même d’être épargnées lors de diminution de subventions gouvernementales, étant donné que leurs sources de revenus sont plus diversifiées, notamment en raison des étudiants internationaux.
Pour en savoir plus :
Bound, J., Braga, B., Khanna, G., & Turner, S. (2020). A Passage to America: University Funding and International Students. American Economic Journal: Economic Policy, 12(1), 97-126. (https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/pol.20170620)
La future baisse du bassin étudiant universitaire : le cas de la Taiwan
Wu, Chang et Hu (2019) ont exploré la question de la diminution prévue des étudiants universitaires en raison d’une baisse dans le nombre de naissances, particulièrement aiguë à Taiwan. Utilisant des données de séries chronologiques disponibles depuis 1966, les auteurs cherchent à prédire l’impact des naissances, de même que l’évolution du nombre de personnes âgées de 18 ans, sur les inscriptions universitaires.
Afin de faire ces prédictions, Wu et al. empruntent un modèle ARIMAX et ARIMA. Les variables utilisées ont été fournies par l’État taiwanais, notamment le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Éducation. Les auteurs ont ainsi recouru au nombre de nouveau-nés annuellement, à la capacité des universités à admettre de nouveaux étudiants, au nombre de gens âgés de 18 ans pouvant décider d’aller à l’université et à l’écart entre ce dernier groupe et le nombre d’étudiants déjà inscrits à l’université. L’étude s’est particulièrement concentrée sur ce dernier écart, de même que la relation entre le nombre potentiel d’étudiants et le véritable nombre d’étudiants inscrits.
Leurs résultats indiquent que d’ici 2027, le nombre d’étudiants inscrits à l’université diminuera de 19,77%, passant de 275 177 à 220 764 en 10 ans. Le nombre de jeunes âgés de 18 ans diminuera également, passant de 269 092 en 2019 à 212 425 en 2027, une diminution de 21,06%. Les auteurs indiquent que les universités risquent de subir une pénurie d’étudiants, ou encore, d’un autre point de vue que les auteurs préfèrent, un surplus en termes de capacité dans les universités. Wu et al. suggèrent donc aux administrateurs de considérer la possibilité de fermer certaines universités jugées « non-efficace ».
Pour en savoir plus :
Wu, S. J., Chang, D. F., & Hu, H. (2019). Detecting the issue of higher education over-expanded under declining enrollment times. Higher Education Policy, 1-24. (https://link.springer.com/article/10.1057/s41307-019-00163-z)
L’édition d’avril 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur abordera les sujets suivants :
1. Comment l’information que reçoivent les étudiants affecte-t-elle leur performance dans le cours ?
2. Les interventions basées sur la pleine conscience : bénéfiques pour la santé mentale des étudiants
3. Connaître le taux d’abandon des études universitaires : pas d’effet dissuasif si les préférences culturelles pour un tel parcours sont fortes
4. Quels facteurs peuvent inciter les étudiants à s’inscrire à plus de cours ?
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Comment l’information que reçoivent les étudiants affecte-t-elle leur performance dans le cours ?
L’étude menée par Wright et Arora (2022) cherche combler l’écart entre les résultats que les étudiants espèrent obtenir dans le cadre d’un cours et les résultats qu’ils obtiennent réellement. Pour ce faire, les auteurs ont conduit une expérience de terrain dans un cours de macroéconomie d’une université de grande taille aux États-Unis. Ce cours a été sélectionné spécifiquement, car il est suivi par une large population d’étudiants, est standardisé pour tous les professeurs et possède un des plus hauts taux d’abandon et d’échec au sein de l’université. Les étudiants suivant ce cours sont généralement des étudiants de première année.
L’expérience a été menée auprès de 392 étudiants ayant accepté d’être suivis, ce qui équivaut à un taux de participation de 82%. Les étudiants ont été affectés aléatoirement au groupe traitement ou au groupe contrôle. Tous les étudiants participants ont été par la suite invité, dès la deuxième semaine de classe, à remplir un sondage afin de fournir diverses informations relatives à leur statut socioéconomique et académique. On retrouvait notamment leur performance académique passée, leur habitude d’étude, leurs attentes par rapport à la difficulté du cours, leur attitude face au risque et l’information qu’ils ont obtenue à propos du cours avant le début de la session.
Une fois ces informations recueillies, les étudiants du groupe traitement ont pu voir la distribution des résultats des cours enseignés par leurs professeurs dans le passé. Par la suite, l’ensemble des étudiants ont dû préciser la note qu’ils pensaient obtenir ainsi que le nombre d’heures d’étude qu’ils voulaient consacrer au cours. Les étudiants ont ensuite rempli au milieu de la session un sondage de suivi. La seule différence entre le groupe traitement et le groupe contrôle était donc l’accès à l’historique des résultats du cours.
Leurs résultats, provenant d’un modèle de régression linéaire incluant diverses variables de contrôle, indiquent que l’expérience semble avoir amélioré la probabilité des étudiants de réussir le cours. Alors qu’aucun effet statistiquement significatif n’a été noté sur les notes, la probabilité de réussir augmentait de 10 points de pourcentage dans le groupe traitement, un effet significatif à un niveau de confiance de 99%. Cet effet était plus fort sur les étudiantes, sur les étudiants plus performants et sur ceux provenant de milieux socioéconomiques plus favorisés. De même, les étudiants dont les attentes étaient élevées au début du cours ont particulièrement profité du traitement.
Pour en savoir plus :
Wright, N. A., & Arora, P. (2022). A for effort: Incomplete information and college students’ academic performance. Economics of Education Review, 88 (https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0272775722000152)
Les interventions basées sur la pleine conscience : bénéfiques pour la santé mentale des étudiants
Chiodelli et al. (2022) ont effectué une revue systématique de la littérature récente sur les impacts des interventions basées sur la pleine conscience chez les étudiants universitaires. La pleine conscience est définie comme l’habileté cognitive de pouvoir être dans le moment présent et d’ouvrir l’individu à de nouvelles expériences. Dans le cadre d’une intervention auprès de la population, la peine conscience peut être utilisé pour traiter l’anxiété, la dépression, la dépendance, les troubles alimentaires et la douleur chronique.
La revue systématique a permis de révéler 510 articles reliés aux mots-clés préalablement déterminés, dont 19 répondaient à l’ensemble des critères de la revue et ont constitué l’échantillon analysé. La plupart des articles étudiaient une population américaine (31,57%) et chinoise (15,78%). Les articles ont été publiés entre 2017 et 2018. En tout, 2166 étudiants ont participé à ces études empiriques, la majorité étant des femmes. La grande majorité des études concernait des interventions variant entre 45 et 120 minutes hebdomadairement et dont la durée complète du programme variait entre 3 et 20 semaines. Les principales variables dépendantes explorées par les différentes études étaient principalement la pleine conscience (18%), l’anxiété (17%), le stress (14%), la dépression (8%) et les impacts sur les résultats académiques (7%).
La revue de littérature révèle que, peu importe le nombre d’heures accordées aux interventions, les effets semblent positifs, améliorant donc la santé mentale des étudiants. La revue de littérature ne relève toutefois pas les effets quantitatifs rapportés par les différentes études. Les auteurs mentionnent néanmoins que près du tiers des études ne quantifiaient pas la taille des effets, rapportant seulement le niveau de significativité statistique. Les articles étudiés n’ont également pas observé le taux d’abandon des programmes mis en place.
Pour en savoir plus :
Chiodelli, R., Mello, L. T. N. D., Jesus, S. N. D., Beneton, E. R., Russel, T., & Andretta, I. (2020). Mindfulness-based interventions in undergraduate students: A systematic review. Journal of American College Health, 1-10. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/07448481.2020.1767109)
Connaître le taux d’abandon des études universitaires : pas d’effet dissuasif si les préférences culturelles pour un tel parcours sont fortes
Cattaneo et Wolter (2022) ont étudié l’effet dissuasif de connaître le risque d’abandon d’un programme universitaire sur les préférences des individus quant à leur scolarité. Ils ont utilisé le cas de la Suisse, qui comporte trois groupes linguistiques distincts selon la région : les germanophones en Suisse alémanique, les francophones en Suisse romande et les italophones en Suisse italienne. La population de la Suisse alémanique a comme particularité de préférer fortement un parcours pratique, optant à 80% pour une formation professionnelle à la suite de leur étude secondaire plutôt qu’un parcours académique. Cette proportion diminue plutôt à 50-60% pour la Suisse romande et la Suisse italienne.
À l’aide d’un sondage mené à l’automne 2019 auprès de 6014 Suisses, ils ont développé un cadre expérimental permettant d’évaluer si le fait de connaître le taux d’abandon d’études universitaires affecterait la préférence pour un tel parcours scolaire. Ils ont assigné aléatoirement les participants au sondage à quatre groupes distincts : le premier se faisait simplement demander s’il préférait que leur enfant (hypothétique) aille un parcours académique ou un parcours vocationnel. Les groupes suivants se voyaient également poser cette question, mais avec différentes informations additionnelles : un se faisait communiquer que le taux d’abandon d’un étudiant moyen à l’université était de 50% et l’autre de 80%. Enfin, le dernier groupe recevait des informations à propos des salaires moyens des individus provenant des deux parcours à l’âge de 50 ans, mais aucune sur le taux d’abandon.
Les auteurs évaluent l’effet du taux d’abandon sur la probabilité de préférer un parcours universitaire. Leurs résultats montrent que, dans les régions préférant culturellement un parcours universitaire, le fait de connaître le taux d’abandon n’a pas d’impact sur cette préférence. Cet effet devient significatif Suisse alémanique, accentuant encore plus les préférences pour un parcours vocationnel. Leur probabilité diminue en effet de 15,7 points de pourcentage. Cet effet est significatif à un niveau de confiance de 99%. Le fait de connaître la hauteur du salaire moyen à 50 ans selon les différents types de formation suivie n’avait pas d’impact sur cette propension.
Les auteurs concluent que de faire connaître à la population les taux d’abandon élevés des études universitaires ne semble pas avoir d’impact sur les comportements si la population a déjà une préférence forte pour un tel parcours scolaire.
Pour en savoir plus :
Cattaneo, M. A., & Wolter, S. C. (2022). “Against all odds” Does awareness of the risk of failure matter for educational choices?. Economics of Education Review, 87, 102225. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272775722000024?via%3Di…)
Quels facteurs peuvent inciter les étudiants à s’inscrire à plus de cours ?
McKinney et al. (2022) se sont penchés sur le processus de décision que les étudiants empruntent lors de leur choix de cours, plus précisément le nombre de cours suivis. Ils ont voulu examiner ce qui incitait les étudiants à faire des études à temps plein ou à temps partiel. Ils empruntent une approche de la théorie du choix rationnel pour analyser les décisions prises par les étudiants, en considérant que ceux-ci choisissent de maximiser leur bien-être une fois les différentes contraintes prises en compte. Ils font l’hypothèse que, pour certaines catégories d’étudiants, les coûts de s’inscrire à l’université à temps plein (frais de scolarité, frais de transport, salaires perdus, etc.) sont plus élevés que les bénéfices, et ce, suffisamment pour influencer leur comportement.
Pour évaluer leur hypothèse, ils ont mené des entrevues à l’automne 2018 et au printemps 2019 auprès de 16 étudiants et 8 conseillers pédagogiques dans un community college texan. Les auteurs ont retenu les nouveaux étudiants inscrits à au moins 12 crédits, ayant 18 ans et ayant vu une vidéo sur la persévérance académique. 400 étudiants ont ainsi été contactés.
Les auteurs ont noté que les facteurs les plus influents pour les étudiants étaient leur performance académique, les enjeux financiers et leur expérience avec le système d’appui de leur université. Les étudiants sentaient qu’ils devaient trouver un équilibre entre la durée de leur scolarité et le degré de difficulté de chacune de leur session : la flexibilité des cours, autant au niveau du format que du moment de leur offre, était un enjeu particulièrement important. En ce qui concerne les considérations financières, outre les frais de scolarité, les prix des manuels requis pour les cours, la distance à parcourir pour se rendre sur le campus, de même que les obligations familiales sont tous des facteurs que les étudiants considéraient dans le calcul du coût d’ajouter un cours supplémentaire. Les conseillers pédagogiques ont quant à eux indiqué qu’il était important pour les étudiants d’être considéré à temps plein, mais qu’ils les trouvaient peu préparés à cette charge de travail. Par exemple, certains effectuent des retours aux études, pensant pouvoir soutenir le même niveau que lors de leur premier passage à l’université, mais cette fois en ayant des enfants et un emploi à temps plein. Les conseillers ont également noté que de donner des encouragements aux étudiants, en marquant leurs accomplissements et en les orientant sur la prochaine étape de leur parcours.
Pour en savoir plus :
McKinney, L., Burridge, A. B., Lee, M. M., Bourdeau, G. V., & Miller-Waters, M. (2022). Incentivizing Full-Time Enrollment at Community Colleges: What Influences Students’ Decision to Take More Courses?. Community College Review, 50(2), 144-170. (https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/00915521211061416?journalCode=…)
L’édition de mars 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur abordera les sujets suivants :
* Le sommaire des crédits budgétaires 2022-2023 en enseignement supérieur;
* Les impacts à long terme des récessions sur l’éducation et le revenu;
* La perspective des étudiants de première génération sur la finalité de l’enseignement supérieur;
* L’impact des bourses au mérite sur les inscriptions.
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Sommaire des crédits budgétaires 2022-2023
Les crédits budgétaires déposés le 22 mars dernier témoignent d’une augmentation importante des fonds consacrés à l’enseignement supérieur. Les crédits alloués aux cégeps, excluant les régimes de retraite, augmentent de 8% (+202,1 M$) par rapport à l’an dernier. Pour les universités, la croissance des fonds, excluant les régimes de retraite, est plus modeste et s’établit à 5% (+201,0 M$). Signalons cependant une provision de 125,6M$ additionnels dont la répartition reste à annoncer.
Les crédits accordés à l’Aide financière aux études augmentent de 5,7% (+53,1 M$) dans l’ensemble, pour une augmentation de 8,3% (+61,0 M$) en bourses et une baisse de 4,0% (-7,8 M$) en frais d’intérêts sur les prêts. Une provision additionnelle de 53,0 M$ reste encore à annoncer entre le programme de prêts et bourses et le programme de « bourses incitatives ». D’autres mesures budgétaires touchant les programmes de prêts et de bourses, quantitativement de deuxième ordre, sont également au budget.
Au ministère de l’Économie et de l’Innovation, signalons une baisse de 2,9% (-30,0 M$) des crédits budgétaires accordés aux trois principaux programmes en soutien à la recherche. La caractéristique la plus remarquable est une baisse de 31,4% (-80,0M$) des crédits des organismes dédiés à la recherche et à l’innovation, une baisse de 26,2% (-88,3 M$) des crédits accordés au programme de Développement de la science de la recherche et de l’innovation, accompagnés d’une hausse de 31,7% (+138,3 M$) des crédits associés au programme d’interventions relatives au Fonds de développement économique. Le budget fait cependant état de la mise en oeuvre de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation, une dépense de 280 M$ par an, dont les modalités restent à détailler. D’autres mesures budgétaires en recherche, quantitativement de deuxième ordre, se retrouvent également au budget.
On note également une modification dans la composition des crédits budgétaires accordés aux directions administratives du ministère de l’Enseignement supérieur. La direction de la « Performance, du financement, des interventions régionales et [de] soutien à la gestion » voit ses crédits augmenter de 31,0% (+12,1 M$) alors que la direction de « Développement et [de] soutien des réseaux » diminue de 6,71% (-18,0 M$). La direction de « l’Accessibilité financière aux études, [aux] infrastructures et [aux] ressources informationnelles » perd quant à elle 11,7% (-3,0 M$) en crédits.
Ce tour d’horizon ne couvre pas l’ensemble du budget. D’autres mesures budgétaires touchant le réseau de l’enseignement supérieur pourraient se retrouver dans des crédits spécifiques à d’autres ministères, ou encore dans des crédits dont la finalité demeure à dévoiler. Rappelons finalement que ces crédits sont tributaires de leur continuité après l’élection présumée en octobre. En vertu du dernier sondage Léger, la Coalition Avenir Québec récolterait 41% des intentions de vote, suivi de 18% pour le Parti Libéral du Québec, de 14% des intentions de vote pour Québec solidaire (et la balance aux autres partis).
Pour en savoir davantage:
Gouvernement du Québec (2022). Budget 2022-2023, Votre gouvernement, Plan budgétaire, ISBN 978-2-550-91384-9, récupéré en ligne à partir de http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2022-2023/documents/Budget2223… (http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2022-2023/documents/Budget2223…)
Gouvernement du Québec (2022). Budget de dépenses 2022-2023 (vol. 3), Crédits et dépenses des portefeuilles (2022-2023), ISBN 978-2-550-91410-5, récupéré en ligne à partir de https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/budget_depenses/22-23/3-Credits… (https://www.tresor.gouv.qc.ca/fileadmin/PDF/budget_depenses/22-23/3-Credits…)
Léger (2022). Rapport: La politique au Québec, récupéré en ligne à partir de https://2g2ckk18vixp3neolz4b6605-wpengine.netdna-ssl.com/wp-content/uploads… (https://2g2ckk18vixp3neolz4b6605-wpengine.netdna-ssl.com/wp-content/uploads…)
Impact à long terme des récessions sur l’éducation et le revenu
S’intéressant à la récession de 1980-1982, Stuart (2022) estime ses effets à long terme sur les niveaux d’éducation et de revenu de 23 millions d’Américains nés entre 1950 et 1979. L’auteur a eu accès aux données du recensement de l’an 2000, de même qu’à la base de données de l’American Community Surveys de 2001 à 2013.
Tous les comtés étudiés n’ont pas été affectés par la récession avec la même intensité. L’auteur utilise donc une différence-en-différence pour comparer les comtés fortement affectés par la récession avec ceux qui l’ont vécue de manière plus douce. Il compare également la population jeune au début de la récession à la population plus âgée lors de la même période. Il cherche notamment à évaluer l’impact de la récession sur un indicateur de l’atteinte d’un baccalauréat ainsi que sur les revenus à long terme des individus. Afin d’isoler le rôle de la récession dans les changements économiques au sein des comtés, Stuart construit également une variable instrumentale qui prédit le changement du log de l’emploi au sein dudit comté lors de la même période de la crise en utilisant la structure économique de celui-ci en 1976.
L’effet à long terme de la récession de 1980-1982 sur le niveau de l’éducation a été important pour les individus qui avaient entre 0 et 13 ans en 1979, c’est-à-dire avant la récession. Chez ces personnes, une diminution de 10% du revenu par habitant entre 1978 et 1982 est liée à une réduction de 3% de la diplomation universitaire. Une réduction de même envergure du revenu par habitant ne semble pas avoir eu d’impact sur l’obtention d’un diplôme de niveau secondaire.
Pour ce qui est des revenus, Stuart constate que, pour les individus âgés entre 0 et 10 ans en 1979, une diminution de 10% du revenu par habitant entre 1978 et 1982 est lié à une réduction de leur revenu personnel de 2,2%, une baisse de 3,2% de leur revenu gagné et une augmentation de 13,9% de leur chance de vivre sous le seuil de la pauvreté.
Pour en savoir davantage:
Stuart, B. A. (2022). The long-run effects of recessions on education and income. American Economic Journal: Applied Economics, 14(1), 42-74. (https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20180055)
Que pensent les étudiants universitaires de première génération de la finalité de l’enseignement supérieur ?
Cuellar, Bencomo Garcia et Saichaie (2022) ont exploré la question de la raison d’être de l’enseignement supérieur. Les auteurs utilisent les données provenant d’entrevues semi-dirigées menées auprès d’étudiants de l’Université de Californie au printemps 2017 et à l’hiver 2018. Principalement d’origine latine, les 21 participants ont été recrutés dans le cadre d’un cours portant sur l’enseignement supérieur. La majorité d’entre eux était inscrite à une mineure en éducation et 11 étudiants s’identifiaient comme des étudiants de première génération.
Trois principaux thèmes sont ressortis de l’analyse de ces entrevues. Premièrement, la grande majorité des étudiants considère l’enseignement supérieur comme essentiel à la réussite personnelle. Les étudiants de première génération se distinguaient des étudiants dits continus par leur désir de changer de classe sociale :
« […] if you don’t go to college after high school, there’s not pretty much nothing for you to do other than working and staying in a low income job or living in a low income area » (Cuellar et al., 2022, p.283).
Pour les étudiants dont les parents avaient déjà fréquenté l’université, une inscription à un programme d’éducation supérieure est perçue comme plus naturelle et comme la prochaine étape dans leur parcours scolaire. Quelques étudiants ont également noté que leur perception des buts de l’enseignement supérieur a changé au fil de leur cheminement, réalisant que les bénéfices instrumentaux n’étaient pas nécessairement l’ultime objectif de la formation universitaire. Cette constatation ne différait pas selon les deux types d’étudiants. Enfin, plusieurs étudiants ont exprimé des opinions complexes et articulé des objectifs de l’enseignement supérieur, au-delà des bénéfices instrumentaux. Ces conclusions sont toutefois à interpréter avec attention, étant donné le biais de sélection dont l’étude souffre. Des étudiants dont la mineure est en éducation ne sont possiblement pas représentatifs de l’ensemble des étudiants universitaires.
Pour en savoir davantage:
Cuellar, M. G., Bencomo Garcia, A., & Saichaie, K. (2021). Reaffirming the Public Purposes of Higher Education: First-Generation and Continuing Generation Students’ Perspectives. The Journal of Higher Education, 1-24. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00221546.2021.1979849)
Quel est l’impact de bourses au mérite accordées après les admissions sur les décisions d’inscription ?
Les universités offrent parfois des bourses aux étudiants talentueux déjà acceptés dans leur programme afin de les attirer sur leur campus. Firoozy (2022) s’attarde à l’efficacité de ce type de bourses sur les inscriptions. Pour ce faire, l’auteur profite de l’assignation aléatoire d’une telle bourse offerte en 2015 dans le cadre d’un programme par une université publique californienne. Ce programme offrait la bourse de manière aléatoire à 750 étudiants parmi un bassin de 1500 étudiants méritants. L’objectif de l’université était d’améliorer le taux d’inscription des étudiants performants, le taux de diplomation de l’ensemble des étudiants et profiter d’un possible effet de pairs, qui pourraient encourager d’autres étudiants à s’inscrire à cette université en raison de la bourse.
Afin d’évaluer l’efficacité de cette bourse, Firoozi utilise un modèle de probabilité linéaire. Les résultats de la régression présentent un lien de cause à effet en raison de l’assignation aléatoire au groupe traitement. Les résultats sont donc crédibles.
Deux pourcents (2%) des étudiants ciblés se sont inscrits à l’université en question. Cet effet a été particulièrement fort pour les étudiants classés par l’université comme désavantagés, soit les étudiants de première génération avec un bas statut socioéconomique. Les auteurs ont également noté que sept pourcents (7%) des étudiants ont été plutôt incités à éviter toute autre université publique en Californie. Cet effet de substitution semble provenir du pouvoir de négociation de l’étudiant. L’auteur observe en effet des tentatives d’étudiants d’obtenir une meilleure contre-offre d’universités dont les capacités leur permettent d’être plus compétitives. Castleman et Terry Long (2016) ont également identifié que les bourses sur concours engendraient des effets de substitution entre établissements.
Firoozi (2022) recommande de réduire les offres de bourses aux étudiants désavantagés, par exemple en ajoutant un critère de revenu familial maximal, et de conserver ainsi une même efficacité.
Pour en savoir davantage:
Castleman, B. L., & Long, B. T. (2016). Looking beyond enrollment: The causal effect of need-based grants on college access, persistence, and graduation. Journal of Labor Economics, 34(4), 1023-1073. (https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/686643?journalCode=jole#:….)
Firoozi, D. (2022). The impact of post-admission merit scholarships on enrollment decisions and degree attainment: Evidence from randomization. Economics of Education Review, 86, 102221. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272775721001321)
Nous abordons les thèmes ci-dessous dans la deuxième édition 2022 de la veille de recherche en enseignement supérieur :
* Démystifier la formule de financement des universités québécoises
* Est-ce que les universités doivent être responsables de l’employabilité de leurs diplômés ?
* L’impact de cours en ligne sur la réussite des étudiants : effets sur les résultats scolaires et la durée des études
* Dons faits aux universités : quels sont les portraits types de donateurs universitaires ?
Bonne lecture ! Nous vous rappelons que vous pouvez également accéder aux précédentes éditions de la veille en cliquant ici (https://listes.grepa.ca/archives/list/veille@listes.grepa.ca/latest).
Démystifier la formule de financement des universités québécoises
Les assises économiques justifiant les subventions publiques dans l’enseignement supérieur sont connues. L’apport des systèmes universitaires, par leurs diplômés et leur production scientifique, aura mené le progrès social et économique des dernières décennies. Dès lors, une question centrale associée à leur financement public consiste à déterminer comment transmettre les subventions aux établissements universitaires. C’est ce qu’on appelle communément une « formule de financement ».
Cet ouvrage vise à démystifier cette formule de financement. Au Québec, plus de 70 % du financement public s’appuie sur les inscriptions étudiantes. Ce livre explore donc les effets des modifications possibles à la structure de la formule de financement pour évaluer les effets redistributifs induits, mais aussi comment les établissements pourraient changer leurs comportements d’inscriptions. Le livre s’interroge aussi sur les réformes qui seraient susceptibles d’être endossées par différents établissements en fonction de leurs intérêts, de l’évolution historique des autres composantes du financement universitaire, et il développe des perspectives prévisionnelles de financement.
Pour en savoir plus :
Bouchard St-Amant, P-A., Vallée, L., Raymond-Brousseau, L., B., & Allali, M. (2022). Démystifier la formule de financement des universités: compréhension des effets et des intérêts pour les institutions en enseignement supérieur. Presses de l'Université du Québec. 284 pages (https://www.puq.ca/catalogue/livres/demystifier-formule-financement-des-uni…)
Est-ce que les universités doivent être responsables de l’employabilité de leurs diplômés ?
Hartmann et Komljenovic (2021), dans une étude se concentrant sur les universités européennes, explorent la notion d’employabilité des étudiants dans le contexte de l’enseignement supérieur. Empruntant une perspective foucaldienne, les auteures étudient l’évolution de ce concept en fonction de son institutionnalisation au sein des établissements d’enseignement supérieur. Elles font l'hypothèse que des facteurs institutionnels, le taux de chômage national des jeunes adultes, la hauteur des frais de scolarité et les différents types de systèmes économiques capitalistes influencent le degré de responsabilité que les universités acceptent d’endosser quant au développement de l’employabilité de leurs étudiants.
À la suite de l’analyse d’un sondage diffusé en 2018 auprès d’associations européennes d’université et de bases de données EURYDICE et EUROSTAT, dont l’année de référence variait entre 2015 et 2018, les auteurs ont tout d’abord jeté un regard descriptif afin de mieux comprendre le dispositif d’employabilité. Elles ont ensuite exploré les différences entre les pays en utilisant de simples analyses de corrélations statistiques. Le sondage a permis de rejoindre 84 intervenants, principalement des membres de l’administration des établissements contactés, provenant de 26 pays européens, avec un taux de réponse de 11%. Le questionnaire comprenait cinq sections, touchants différents aspects de la perspective de l’établissement en matière d’employabilité, soit les stratégies institutionnelles, les activités et mesures visant à soutenir l'employabilité, les structures institutionnelles soutenant l'employabilité, la pratique des médias sociaux concernant l'employabilité et des données démographiques institutionnelles.
Leurs résultats indiquent que les facteurs institutionnels et le taux de chômage national des jeunes adultes n’influencent pas la culture de l’employabilité des universités. La hauteur des frais de scolarité était liée positivement avec l’importance de l’employabilité au sein des institutions. Enfin, les différents types d’économies capitalistes de pays européens, classifiés selon la méthodologie de Witt et al. (2018) et de Soskice et Hall (2001), avaient un fort pouvoir explicatif : les universités appartenant à un pays ayant une économie de marché coordonnée et les pays d’Europe de l’Est étaient moins sujettes à inclure l’employabilité dans leurs stratégies institutionnelles principales. Les universités localisées dans des pays adoptant un marché de marché libéral étaient les plus susceptibles d’admettre une plus grande importance à l’employabilité au sein de leur institution. Autre résultat intéressant, l’ensemble des pays, à l’exception des pays d’Europe de l’Est, accordait une très grande importance aux réseaux sociaux reliés à l’employabilité, tels que LinkedIn.
Pour en savoir plus :
Hartmann, E., & Komljenovic, J. (2021). The employability dispositif, or the re-articulation of the relationship between universities and their environment. Journal of Education Policy, 36(5), 708-733. (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02680939.2020.1725983)
L’impact de cours en ligne sur la réussite des étudiants : effets sur les résultats scolaires et la durée des études
Fischer et al. (2021) étudient l’impact des cours en ligne sur la réussite des étudiants. Pour ce faire, ils utilisent les données de trois cohortes de diplômés du système d’enseignement supérieur public californien, réparties au sein de 13 campus où les professeurs prenaient généralement l’initiative d’offrir des cours en ligne entre 2009 et 2017. Ils examinent plus particulièrement si ces cours ont affecté la durée des études de ces étudiants. Ils font l'hypothèse que les cours en ligne offrent généralement une plus grande flexibilité, qui pourrait favoriser la réussite d’un plus grand nombre de cours, accélérant ainsi l’obtention du diplôme. Cette flexibilité est toutefois acquise au détriment de la présence en classe ce qui implique un accompagnement institutionnel plus faible.
Les campus offraient 18 cours en ligne en 2009. Ce nombre a augmenté jusqu’à 109 en 2017. Ces cours étaient majoritairement durant la session d’été, de façon asynchrone et uniquement en ligne. Les auteurs se concentrent sur les cours essentiels pour l’obtention du diplôme. 8% des étudiants s’étaient inscrits à au moins un cours en ligne durant cette période et ceux-ci représentaient 3% de l’offre totale de cours en moyenne. La majorité des cours (63%) était également des cours à suivre durant la première année du programme.
Les auteurs utilisent un modèle de régression linéaire à variables instrumentales, où ils tentent d’évaluer la relation entre l’inscription à des cours en ligne et les résultats de l’étudiant, l’instrument étant l’offre de cours en ligne. Leurs résultats indiquent que l’inscription à des cours en ligne hausse la probabilité que l’étudiant termine sa scolarité dans les délais prescrits, soit quatre ans. Les auteurs indiquent toutefois que les coefficients calculés sont à interpréter de façon prudente. Les auteurs encouragent plus d’études dans ce champ de recherche, considérant que l’offre de cours en ligne a augmenté de manière importante au cours des deux dernières années.
Pour en savoir plus :
Fischer, C., Baker, R., Li, Q., Orona, G. A., & Warschauer, M. (2021). Increasing success in higher education: The relationships of online course taking with college completion and time-to-degree. Educational Evaluation and Policy Analysis, 01623737211055768. (https://journals.sagepub.com/doi/full/10.3102/01623737211055768)
Dons faits aux universités : quels sont les portraits types de donateurs universitaires ?
McNamee et Drezner (2021) explorent les différents types de donateurs d’une université privée aux États-Unis. Utilisant les données de 3 404 diplômés de cette université ayant fait un don à celle-ci entre 2001 et 2012, les auteurs analysent le profil de ces donateurs. Les caractéristiques étudiées incluent l’ethnie des donateurs, leur genre, l’estimation de leur richesse personnelle (estimée à l’externe par une compagnie privée engagée par l’université) et le nombre et le type d’activités universitaires auxquelles les diplômés ont participé lors de leur passage à cet établissement, en plus d’informations sur leur programme et les cours suivis.
Les auteurs, par l’entremise d’un modèle de hasard à temps discret (discrete-time hazard model), concluent que, contrairement à la littérature passée, le fait d’être actif dans les activités étudiantes (impliqués dans la greek life, soit les fraternités sur les campus universitaires américains) était lié à une diminution de la probabilité de faire un don peu après la diplomation. Les auteurs suggèrent que ce phénomène est restreint à l’institution étudiée. Parmi les autres résultats notables, on relève notamment que les personnes noires ou métisses sont plus susceptibles de faire un don rapidement.
Pour en savoir plus :
McNamee, C. D., & Drezner, N. D. (2021). Breaking Stereotypes About Alumni Donors: Who Gives First? A Discrete-Time Hazard Model. The Journal of Higher Education, 1-28. (https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00221546.2021.1964918?tab=perm…)